Blasphème et anathème

Un appel pour une déclaration de guerre

 

"Blasphème, nom masculin. Injure, outrage fait à la religion, à la divinité et, par extension, à tout ce qui est jugé respectable".

Pour les suppôts, gardiens, juges, bourreaux, illuminés, fidèles… des religions, de toutes les religions, d'ici et d'ailleurs, d'hier, d'aujourd'hui et de demain, religieuses ou athées (exemples : la stalinisme, le maoïsme…), il est blasphématoire de :

         critiquer les dogmes ou, même seulement, de les analyser, de les soumettre à la critique de la raison et de l'Histoire, de s'interroger à leur sujet… ;

         dénoncer la morbidité de ces pratiques mortifères que sont les flagellations, les jeunes, les privations, les pénitences… ;

         rire d'un morceau de bois (quand bien même il serait décoré d'un pantin !), d'un bout de tissu, d'un tas d'os, d'un squelette à deux têtes, trois bras, quatre jambes… ;

         démontrer l'imposture d'un soit-disant miracle ;

         vouloir être le propre sujet de son destin, c'est-à-dire de sa vie ;

         prétendre à la libre disposition de son propre corps ;

         considérer comme idolâtrie l'agenouillement devant une statue, un tableau, une quelconque relique… ;

         déclarer incompréhensible et en dehors de la raison ces mystères qui font que, par exemple, "trois = un", "l'un est dans l'autre mais pas réciproquement"… ;

         douter de la sincérité d'une repentance quand, d'une part, celle-ci est sélective dans le temps, dans l'espace et quant à son objet et que, d'autre part, elle est aussitôt contredite ;

         trouver curieuse cette continuelle symbiose du sabre et du goupillon (ou de tout autre colifichet de même nature) ;

         assimiler à la plus primitive anthropophagie cette coutume de manger le corps de son dieu et de boire son sang ;

         opposer l'entêtement des faits, de l'Histoire et de la Science, c'est-à-dire du réel, aux allégations les plus mensongères ;

         vouloir vivre quand on s'efforce de vous apprendre à… mourir ;

         nier l'humain au profit d'un ordre qui, même s'il est qualifié de divin, échappe tant à l'intelligence qu'aux sens et, même à cette forme particulière de bon sens qu'est… le sens populaire ;

         se révolter contre un ordre séculier que l'on veut calquer sur un ordre divin pour mieux et plus en exclure les femmes, les parias, les apostats… ;

         s'outrer de la misère d'une pensée dogmatique qui n'a d'excellence que celle de la… petitesse ;

         affirmer le possible quand on vous dit que les jeux sont faits et qu'il faut accepter de… subir ;

         vouloir affirmer la vie contre la mort ;

         rester debout quand on vous ordonne de rester agenouillé, pour ne pas dire à plat ventre ;

        

         bref d'être quand vous devez vous contenter de paraître dans l'attente.

 

 

A l'origine, le terme anathème  (du grec anathêma, "offrande votive") désignait une offrande faite à Dieu par les premiers chrétiens. Par la suite, lorsque la secte vaticanesque s'est constitué en ordre, il a désigné l'exclusion prononcée par l’Église contre ses fidèles qui ne se soumettent pas à son autorité ou combattent ses dogmes. Dans le langage populaire, il a pris le sens d'opprobre public (Jeter l’anathème sur quelqu’un).

C'est donc au double sens d'exclusion – non pas d'une quelconque secte mais de… l'humain – et d'opprobre/accusation que je dirai :

Anathème sur la religion – toutes les religions, en termes aussi bien de croyances que d'ordres -  qui :

         musèle la Liberté de pensée et assassine des libertés individuelles ;

         condamne à la mort et à la souffrance par son refus du préservatif, de la contraception, de l'I.V.G…. ;

         est rouge du sang et des larmes de millions d'innocentes victimes ;

         avilie l'humain ;

         est toujours aux côtés du plus fort contre le plus faible ;

         embrigade, surveille, contrôle, marque, parque, étiquette, scelle… mais aussi exclut, atrophie, ampute, prive, étouffe, étrangle, aveugle… et encore dénature, viole, exploite, vole, escroque, exproprie, usurpe… ;

         souille tout ce qu'elle touche et qui, pourtant,  est/serait si beau sans de tels attouchements ;

         insulte et offense la vie par son culte de la mort, d'une mort qui est toujours celle des autres, c'est-à-dire des humains et jamais la sienne ;

         bafoue les droits des humains au nom d'une justice qu'elle auto-proclame du haut de son insolence, de sa barbarie, de son intolérance, de sa tyrannie… et de vérités dont… la seule vérité est d'être l'anti-humanisme le plus radical, le plus absolu, le plus universel ;

         promène son insolence, son orgueil, son arrogance, sa suffisance…au milieu de ces champs de ruines que sont la misère, la douleur, le chagrin, le désespoir, la tristesse, la honte… d'humains et dont elle est sinon la cause directe, du moins, et toujours, l'alibi ;

         est l'une des formes les plus achevée du totalitarisme de l'être et de la pensée ;

         ne relie que pour mieux asservir, dominer, assassiner, enfermer, isoler, séparer, rejeter, exclure, assujettir, objectiver… ;

         est à l'humain ce qu'un caillou est au pied dans une chaussure : une cause de mal et pour reprendre une… image religieuse… LA CAUSE DU MAL.

 

Le 8 janvier 1847, Pierre-Joseph PROUDHON fut initié à la Loge Sincérité, Parfaite Union et Constante Amitié de Besançon. A cette occasion, au grand dam de toute l'assistance et, notamment, du frère Pernot, Vénérable, à la question "Que doit l'homme à Dieu", il répondit, brutalement et sans la moindre hésitation… "La Guerre !"[1].

C'est donc dans cette lignée libertaire et humaniste que :

Au nom :

De toutes les innocentes victimes, passées, présente et à venir, de la religion

De l'humain contre ce néant qu'est le divin

De l'Un(e) contre le troupeau

De la Liberté contre l'aliénation

De l'Égalité contre l'injustice

Du droit contre la force

De l'humilité contre l'infaillibilité d'une gérontocratie en état de décomposition avancée

Des femmes contre la Femme

Des hommes contre l'Homme

Des enfants contre l'Enfant

De l'imagination contre le renoncement

De l'arbre contre un bout de bois fut-il décoré d'un quelconque pantin

Du beau contre le sordide

De l'eau claire et vivifiante d'une rivière contre l'eau croupissante et fétide de ce marais qu'est la bonne conscience religieuse

Du poète contre le militaire

Du rêveur contre le prêtre

De la plume et du pinceau contre le sabre et le goupillon

Du bonheur, de la joie, du plaisir… contre la mortification, l'obscurité et le renoncement

De l'être contre le paraître

De cette planète qui est la nôtre tout autant que nous sommes à elle contre un ailleurs ou un au-delà qui n'a de réel que la force de persuasion ou de contrainte mise en œuvre pour nous bannir de cette même planète

Du rire contre les larmes

De la vie contre la mort

Du temps et de l'espace contre le vide du non-être

De l'être contre le paraître

De cette vertu qu'est la faillible mais perfectible condition humaine contre ce vice qu'est la révélation

De la sagesse de vivre contre la folie de tuer

De l'éthique contre la morale, qui est toujours celle des autres

De l'esprit contre la lettre, surtout lorsque celle-ci se marque au fer rouge de la déraison

Des fleurs d'une prairie contre cette lugubre statuaire qui orne ces mouroirs que sont les lieux de culte

Du culturel contre le cultuel

De la passion de l'amour contre la passion de la haine

De l'horizon sans borne de certitudes contre l'enfermement concentrationnaire de la croyance

Du chant mélodieux des oiseaux contre le croassement de faucheurs de vie

Du barbotement dans l'eau claire d'une rivière contre le pataugement dans une eau qui, même si elle est bénite, n'est jamais que la vomissure d'un malaise existentiel, celui du mal-être

De l'affrontement contre la confrontation

D'une pensée libre dans un corps libre contre une pensée éteinte dans un corps momifié vivant

Du ciel étoilé de l'univers contre des cieux qui sont à jamais invisibles puisqu'inaccessibles à nos sens

Du mot dit, écrit, crié, gueulé et même éructé contre le silence de la tombe

Du droit au blasphème contre l'interdit de penser et de dire

Bref

Des humains contre tous les saigneurs

 

J'en appelle à

la Guerre contre la religion

contre toutes les religions

contre les croyances, toutes les croyances religieuses

contre les ordres, tous les ordres religieux

contre les religieux, tous les religieux

qu'ils soient hiérarques

simples kapos

piétailles

gardiens ou gardés

gradés ou sans grade

connus ou inconnus

d'ici ou d'ailleurs

d'aujourd'hui ou de demain

clercs ou laïcs

croyants ou incroyants

 

                        Une guerre      

pour la vie non pour la mort

pour cette seule vie que nous puissions avoir

                                                la nôtre

                                                ici et maintenant

                                                et seulement ici et maintenant

                                               

                        Une guerre                              

de critique radicale et absolue

d'intelligence et de dérision

de conviction et d'éreintement 

par la seule force du discours

par la pédagogie de l'action et de l'exemple

de paillardise, de grivoiserie, de libertinage, de mécréanceté

de rire, de moquerie

de dénonciation comme d'accusation

de tous les fronts de  l'espace public

                                                               comme de l'espace privé

de femmes, d'hommes et d'enfants contre des zombies

de l'Un(e) contre le troupeau

de la lumière contre l'obscurité

des Lumières contre l'obscurantisme

des Arts et de la Science contre  les vérités et les dogmes

d'éthiques contre la morale

du jaillissement chaotique de la vie contre l'ordre létal de la  résignation

                                                                                                                de la soumission

                                                                                                                 de la domination

de l'Histoire comme de l'actualité

de théorie comme de faits

de l'expérience comme de l'expérimentation

de l'intérieur comme de l'extérieur

 de soi comme de l'autre

d'action contre la réaction

de révolte et de rébellion

d'insurrection comme de résistance

de refus

                                           du refus de l'Ordre et de tous les ordres

 d'émancipation, de libération, de décolonisation des corps et des esprits

de combats libérateurs et libertaires

de la logique contre l'illogisme

de la recherche contre la révélation

de construction contre la consolidation

de cheminement et de mouvement contre l'arrêt et la position

d'avancées, même à risques et risquées, contre l'immobilisme

                                 

Bref

                        Une guerre

                        totale

                        définitive

                        conduite au nom de l'humain contre le non-humain

                        menée    par des humains contre le(s) non-humain(s)

                                      pour les humains

                                      pour tous les humains

                                      pour la vie non pour la mort

                                      pour cette seule vie que nous puissions avoir

                                                la nôtre

                                                ici et maintenant

                                                et seulement ici et maintenant

                                                c'est-à-dire sur cette terre

                                                qui sera si jolie

                                                quand elle sera rendue aux humains

                                                et que ceux-ci prendront conscience

                                                qu'ils n'en sont pas les propriétaires

                                                mais les simples locataires

                                                et qu'ils en sont redevables à l'égard

                                                d'autres humains

                                                ceux de demain

                                                dont l'ici et le maintenant

                                                ne seront possibles

                                                que SANS RELIGION

 


 

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[1] On notera l'ambiguïté de cette réponse qui pouvait vouloir dire deux choses : "Les hommes doivent la Guerre à Dieu" ou bien "Les hommes se doivent de faire la Guerre à Dieu". Cette ambiguïté fut rapidement levée par d'autres propos et écrits de Proudhon : la seule obligation qu'on les hommes envers Dieu – i.e. la religion – est… de lui faire la guerre !