L'anarmitié

 A Charly, Claude, Cris, Gab, Gun, Jean, Maï, Pat, Rafa, Roger, Sonia, Yves

et... les autres

 

 

L'anarmitié, c'est… une rencontre faite au hasard d'un message, d'une manif, d'un coup de gueule, d'une lecture, d'un concert, d'une conférence, d'une nuitée involontaire dans un hôtel de… police, d'une expo…

 

L'anarmitié, c'est… cette rencontre qui se prolonge dans le partage de ces choses simples de la vie : un morceau de pain, même s'il est rassis, une bière, un joint, une fringue, un bouquin, un CD… mais aussi, et surtout, un sourire, un rire, une bise, un serrement de paluches, une larme… et encore la joie, la tristesse, la peine, le rêve,  le bonheur comme le malheur, le doute, le questionnement… le peu comme le beaucoup, le tout comme le rien…

 

L'anarmitié, c'est… une présence qui sait être autant exubérante, bruyante, éclatante – comme l'éclatement d'un rire ou d'une colère -, paillarde, libertine, blasphématoire, provocatrice,  éveillée et éveilleuse… que discrète mais constante dans cette constance tranquille d'une promenade que l'on fait bras dessus dessous ou main dans la main sur le chemin de la vie.

 

L'anarmitié, c'est… la chaleur d'un feu de cheminée auprès duquel on se réchauffe quand, transi-e de froid suite à une marche solitaire, plus ou moins traversée tout autant solitaire d'un quelconque désert, on aspire à la sereine quiétude  d'un havre où l'on sait que l'on pourra parler, être entendu-e et compris-e mais aussi écouter et comprendre.

 

L'anarmitié, c'est… cette tranquille assurance que l'on a de savoir que, même face à la pire des adversités, on saura rester debout puisque, au besoin, épaulé.

 

L'anarmitié, c'est… des regards échangés, partagés qui en disent plus que de longs discours ; des gestes échangés, partagés qui expriment l'indicible et qui, poètes, font du beau avec du rien ou, du moins, de l'apparent insignifiant.

 

L'anarmitié, c'est… une musique qui s'invente ensemble et qui se cristallise dans l'instant du partage au point d'en faire une immédiateté  intemporelle et, d'une certaine manière, éternelle.

 

L'anarmitié, c'est… le regard visionnaire que l'on porte ensemble sur le quotidien pour y voir du possible quand tout semble dire que rien n'est possible.

 

L'anarmitié, c'est… un voyage que l'on fait dans sa tête pour, abolissant les distances, libérer et l'espace et les gens et vivre un monde sans frontière de quelque nature que puisssent être les frontières.

 

L'anarmitié, c'est… être soi dans le partage de la différence de l'autre.

 

L'anarmitié, c'est… un trip que l'on prend une fois et que l'on ne veut plus lâcher tant il poétise le monde au point d'en faire LE monde.

 

L'anarmitié, c'est… cela mais c'est aussi tous ces ceci que chacun-e peut découvrir ou inventer en écrivant sur la page blanche d'une rencontre une histoire qui, demain, sera l'histoire de celles-ceux  qui prendront le train suivant de l'anarmitié comme, pour nous, aujourd'hui, les histoires des rencontres anciennes sont… notre histoire.

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Post scriptum du 14 mai 2003

Cette page est mise en deuil, en berne car si l'anarmitié ne mourra pas tant que, quelque part, subsistera ne serait-ce qu'une lueur d'humanité et de fraternité, les anarmitiés, elles, sont mortelles. Pour moi, plusieurs viennent de mourir. Par égoïsme. Par refus d'écouter et de comprendre l'Autre. Parce qu'elles étaient peut-être trop belles pour être vraies et que, en définitive, elles n'auront été que des mirages dans un désert de mensonges et d'hypocrisie. 


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