ANATIONALISTE

 PARCE QUE… ANARCHISTE !

 

Anarchiste, je suis internationaliste. Je suis donc solidaire de tous les individus, de tous les groupements et de tous les peuples qui luttent contre la tyrannie, l'injustice, l'exploitation, la discrimination, la ségrégation, un pouvoir… Sans considération de frontière, c'est-à-dire d'"identité nationale".

Anarchiste, je suis humaniste. Je ne reconnais aux humains qu'une seule "patrie" : l'humanité. Une "patrie" qu'il reste à construire puisque nous vivons toujours dans une société in- ou-a-humaine. Sans considération de frontière mais aussi de "spécificités" ethniques, culturelles, sexuelles…

Anarchiste, je suis anti-autoritaire. Je suis donc pour l'abolition, pour l'anéantissement de toute forme de pouvoir (sur ou contre). A commencer, bien entendu, par l'État et, plus généralement, quelque ordre que ce soit (politique, religieux, social, culturel…). Je suis donc nécessairement… anationaliste en ce que, ne reconnaissant aucun État, je n'admets aucune frontière et, a fortiori aucune… "identité nationale".

A ce titre, je soutiens des luttes de résistance ou de libération dites nationales mais j'exerce mon soutien avec réticence puisque, en toute lucidité, je dois bien admettre que ces luttes ont pour objectif de préserver ou d'instaurer ou restaurer un… État ! A chaque fois, en somme, je me trouve dans l'obligation de choisir entre la peste et le choléra.. Du moins à terme car, dans l'immédiat, il y l'urgence de la résistance à ou du combat contre un pouvoir – un État, indigène ou allogène – qui, toujours dans l'immédiat, exerce sa tyrannie contre des gens, des minorités, voire tout un peuple. Mais, mon soutien est exercé sans illusion. Il est… de nécessité et non véritablement de… choix.

Toutefois, je fais nettement la distinction entre les individus, considérés individuellement ou collectivement, et le média utilisé pour la conduite de la lutte : parti, organisation, armée, guérilla… et, bien entendu, État. Ainsi, je soutiens les Palestinien-ne-s dans leur lutte contre l'ordre sioniste. Pas l'Autorité palestinienne. Les Irakien-ne-s dans leur lutte contre la busherie. Pas le "régime" de Sadam, l'ordre du Baas.

De même, je soutiens toutes les minorités qui, même sans avoir pour objectif de s'extraire de la tutelle qu'exerce à leur encontre un État, c'est-à-dire de fonder leur propre État, cherchent à faire valoir et reconnaître, par ledit État, leur "droit à la différence", leurs particularités (ethniques, linguistiques, culturelles…). Dans l'immédiat, mon soutien s'exerce sans réticence puisqu'il n'y a pas de projet, du moins annoncé, de constitution d'un État, d'un ordre. Toutefois, à chaque fois, je reste vigilant car, lecteur et, au regard du temps de ma vie, témoin de l'Histoire, je ne sais que trop que les opprimé-e-s d'hier ont souvent la fâcheuse tendance à devenir les oppresseurs-euses d'aujourd'hui ou de demain. De même, je ne me fais aucune illusion sur ces États que l'on dit "provisoires", fossoyeurs de l'État ; ils ne sont pas "faits" pour disparaître mais bel et bien pour… durer, au besoin par la force, la force la plus brutale possible comme celle de la dictature… du prolétariat ou, plus exactement, d'un Parti, d'une "élite", d'une nouvelle théocratie.

Dans ce contexte, je soutiens bien évidemment tous les régionalistes qui, à l'encontre d'un État centralisateur, jacobin, "gommeur de différences", y compris, au besoin, par la force brutale ou la force plus insidieuse, mais non moins violente en définitive, du contrôle social, veulent exister dans leurs particularités culturelles et linguistiques. En revanche, mon chemin se sépare des régionalistes qui, sous prétexte d'exister, tendent à instaurer un État dont on sait qu'il sera "gommeur d'autres différences" et, par conséquent tyranniques à l'égard d'autres minorités, voire même de majorités. Mon chemin se sépare d'eux-elles donc relativement à leur objectif, voire à leurs méthodes d'action qui peuvent relever du fascisme, de l'intégrisme, autrement dit d'un autoritarisme sans faille, même si, au cas par cas, et relativement à certaines urgences immédiates (une répression "aveugle", la torture, l'emprisonnement, la déportation… de militant-e-s), il m'arrive, par nécessité, de (re)faire un bout de chemin avec ces régionalistes.

En la matière, une chose me rend toujours… perplexe : cette tranquille assurance avec laquelle certain-e-s individus se disant anarchistes prônent l'érection de la région pour laquelle ils-elles se battent en… État. Moi, j'y vois une contradiction absolue, irréductible puisqu'elle porte non sur le moyen de la lutte mais bien sur la finalité du combat dés lors que l' anarchisme a bien pour projet d'anéantir l'État, c'est-à-dire tous les États, fussent-ils macro ou micro, "nationaux" ou "régionaux" ! Est-ce parce que je suis indécrottablement stupide mais je ne comprends pas que, sous prétexte de supprimer un dieu ou un maître "étranger", on puisse vouloir instituer son "propre" dieu ou maître. Du moins, si l'on se prétend anarchiste car, sauf erreur, être anarchiste c'est ne vouloir ni dieu, ni maître ! de même, je ne comprends pas comment, en se disant anarchiste, on puisse avoir pour projet d'ériger une particularité, en l'occurrence une "régionalité", en une… nationalité et, ainsi, diviser ce que l' anarchisme affirme une et indivisible : l'humanité !

Si l' anarchisme , en fonction des circonstances, est tactiquement internationaliste, fondamentalement, il est anationaliste. Dés lors, il est arégionaliste si le régionalisme n'est jamais qu'un avatar du nationalisme. L'humanité "règnera" enfin et seulement quand la liberté, l'égalité et la fraternité "règneront" entre TOU-TE-S les individus et que les particularités de chacun-e seront affaire d'identité individuelle, c'est-à-dire d'ego, d'unicité et non plus d'identité collective, c'est-à-dire d'appartenance, de formatage, de contrôle, de soumission, de domination…    


 

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