Archiépiscopat et archicélibat

Le chef du service de la propagande de la secte vaticanesque – et, avec lui, ses cohortes jésuitiques et opusiennes d'attachés de presse, de publicitaires, de représentants de commerce, de techniciens du marketing, les animateurs de publicité sur le lieu de vente… - respire : Gépétou a réussi à convaincre monsieur Dilingo, archevêque de Lusaka, de rentrer dans les rangs… du célibat ! Rappelons les faits :

Monsieur Dilingo n'est pas seulement archevêque puisque c'est un véritable cumulard : chanteur de variété – l'un de ses tubes, enregistré en zoulou, s'intitule… le poivrot alors que son répertoire est, disons, plutôt… paillard ! -, chansonnier, danseur mondain, noctambule professionnel et, surtout, sorcier blanc, c'est-à-dire guérisseur et désenvouteur selon le canon du… vodou (soit la forme originelle, africaine, du vaudou) !

Ses frasques ayant été jugées peu compatibles avec la dignité de sa charge archiépiscopale, Monsieur Dilingo, une première fois, et déjà sur intervention personnelle de Gépétou, avait été convoqué au vatican pour y effectuer une retraite méditative. En fait de retraite, il s'est vu confier, toujours par Gépétou, la charge officielle d'exorciste qu'il a pratiquée avec, semble-t-il, une efficacité redoutable, et, toujours, selon le canon vodou et le même rituel médiatique !

Sa pénitence effectuée, Monsieur Dilingo est retourné à Lusaka pour, le dimanche 27 mai 2001, épouser, à 72 ans, lors d'une cérémonie collective célébrée par le révérend Moon lui-même, une scientologue, d'origine coréenne, de 43 ans !

Gépétou l'a aussitôt menacé des foudres de l'excommunication : sans pour autant mettre cette menace à exécution, en toute discrétion, il lui a envoyé un émissaire personnel – sans doute un conseiller conjugal, à moins que cela ne soit un docteur en célibat ! – afin de le convaincre de venir effectuer une nouvelle retraite à Rome. Se disant sans doute que, dans la perspective de la déification de Gépétou, il y aurait sous peu une place de pape, voire de saint Pierre à prendre, Monsieur Dilingo a fini par répondre à la convocation.

A peine arrivé à l'aéroport de Rome, il a été enlevé par le service de sécurité du vatican afin de le soustraire aux journalistes et placé dans un centre de pénitence méditative tenu secret.

Madame Dilingo, escortée d'agents de sécurité de la scientologie, s'est à son tour rendue à Rome pour tenir un sit-in quotidien dans la basilique saint Pierre et multiplier ses suppliques et ses prières pour qu'on lui restitue son époux. Lors d'une conférence de presse, elle a accusé l'état du vatican d'avoir enlevé son mari et de le séquestrer contre sa volonté, ce qui, en droit humain – mais non divin – est constitutif d'un double crime excluant toute circonstances atténuantes  puisque commis en réunion. Elle a alors ajouté qu'elle pensait être enceinte mais qu'elle n'en était pas vraiment certaine et que c'était donc également le père éventuel de son enfant qui avait été enlevé et qui était séquestré.

Forte d'une tradition historique plusieurs fois séculaires, la collaboration des services secrets du vatican et de l'État italien a permis assez rapidement de neutraliser l'épineux problème de Madame Dilingo qui, mystérieusement, a mis fin à son sit-in et à son agitation médiatique (Au passage, on rappellera que, aux États-Unis, l'Opus Dei,  commando de choc de la secte vaticanesque placé sous l'ordre direct et personnel de Gépétou, et la scientologie ont développé une étroite collaboration pour favoriser l'élection de l'écervelé sanguinaire du Texas !).

Or, hier, 18 août 2001, un communiqué de presse officiel du vatican a indiqué que, au terme de plusieurs entretiens qu'il avait eus, à huis-clos, avec Gépétou, Monsieur Dilingo a reconnu son égarement et a décidé de rentrer dans les rangs du célibat et de revenir à une pratique plus digne de sa charge archiépiscopale ! Mais ce communiqué nous laisse sur notre faim :

         que s'est-il vraiment dit lors de ces entretiens secrets ? est-ce que Gépétou s'est fait décrire avec insistance et détails les frasques conjugales et, notamment, sexuelles, de l'époux ? lui a-t-il demandé s'il avait également enfreint cet autre interdit qu'est celui du préservatif ou si, au contraire, non couvert, il s'était exposé au risque de la contamination mais aussi de la… procréation ? ont-ils échangé des souvenirs, voire des tuyaux sur leurs expériences ? ont-ils disserté sur les mérites comparés des canons vaticanesque, vodou et scientologue ? Gépétou a-t-il eu droit à un concert privé de chansons paillardes ? s'est-il risqué à  les accompagner d'une dans de saint-Guy ? ont-ils eu une négociation syndicale sur la revalorisation du salaire archiépiscopal quand la charge, à l'évidence, s'accompagne de certains accessoires ? ont-ils parlé fond de pension et donc de retraite pour les épouses/concubines et bourses d'étude pour les enfants ? ont-il évalué la pension à verser à Madame Dilingo ?…

         en droit, Monsieur Dilingo s'est marié selon le rite et le canon scientologues : à ne s'en tenir qu'à la stricte théologie, le renoncement au mariage de Monsieur Dilingo est-il un divorce ou une répudiation ? et, d'abord, ce mariage était-il reconnu et opposable au droit canonique vaticanesque (dans la négative, il n'y aurait donc pas eu mariage mais concubinage, ce qui, pratiquement, est tout de même un renoncement au célibat) ? sur quels fondements juridiques repose la décision de Monsieur Dilingo ? quels seront ses effets juridiques à l'égard d'un éventuel enfant ? un enfant qui naîtrait de cette incartade serait-il légal ou adultérin ? vaticanesque ou scientologue ? quid de son baptême qui est une obligation pesant sur tous les bergers du troupeau vaticanesque ? et si Madame Dilingo est vraiment enceinte et que, se considérant comme répudiée, abandonnée, trahie…, décide de se faire avorter : quelle serait la responsabilité morale, religieuse et légale – au sens du droit divin – de Monsieur Dilingo ? la responsabilité pénale et civile de l'employeur dudit Dilingo ne pourrait-elle pas être mise en cause devant les tribunaux humains ?

         pourquoi Gépétou a-t-il fait preuve d'autant de patience et de tolérance à l'égard de Dilingo quand, in petto, il n'hésite pas à condamner à mort des millions de personnes en pontifiant infailliblement l'interdiction du préservatif ? quels secrets marchandages y-a-il eu entre Gépétou et Dilingo, voire même Moon ?

         est-ce que Monsieur Dilingo est désormais interdit de fonction de guérisseur et de désenvouteur ? mais, dans l'affirmative, ne serait-ce pas la résolution a contrario des exorcismes auxquels il s'est livré, à Rome, sur commandement personnel de Gépétou ? s'il ne peut plus exercer le métier de chanteur de variété, que va-t-il advenir des droits d'auteur coulant à flots de ses anciens disques ? seront-ils bloqués dans un fond de pension pour l'ex-Madame Dilingo et l'éventuel futur non-enfant de Dilingo ? iront-ils à d'autres bonnes œuvres mais alors, lesquelles ?

Il y a fort à parier que, malgré tout, cette affaire risque fort de ne pas s'arrêter là et que, malgré le zèle personnel de Gépétou et la… diligence  de l'ordre vaticanesque elle connaisse de nouveaux rebondissements tout autant croquigolesques. Personnellement, je fais une suggestion à Gépétou et Moon : pourquoi ne prieraient-ils ensemble pour que l'incartade de Dilingo se concrétise par la naissance d'un enfant qu'ils pourraient alors faire passer pour l'incarnation de l'œcuménisme réussi de leurs deux sectes, sachant que cette idée présente toutefois un risque certain : Dilingo, redoutable homme d'affaires, pourrait en faire un dieu vivant dont il serait… le saint-père !


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