Bref
panorama actuel de la laïcité[1]
La
laïcité suppose l'existence d'une société moderne et d'un État de
droit où prévaut la logique de l'individualisme démocratique et des Droits
des humains car elle ne va jamais de soi et son instauration est inséparable de
la conquête des libertés, individuelles et collectives, modernes, dont elle
est une forme significative d'illustration
sachant par ailleurs que l'Histoire (dé)montrer qu'aucun ordre religieux
n'a accepté spontanément de renoncer à son emprise et, à fortiori à son hégémonie
culturelles et politiques et que dans les formes antérieurs d'État confusion
entre le politique – au sens de res publica et de gouvernement – et
du religieux. La laïcisation, plus ou moins étendue, des sociétés résulte
donc toujours d'un processus conflictuel même s'il n'est pas toujours aussi
exacerbé, passionnel, violent… que ce qu'il a été en France.
La
laïcité présuppose donc une reconnaissance explicite par l'État des Droits
des humains. Pourtant, même s'il est tout à fait légitime d'admettre que la
laïcité se déduit de ces Droits et que, de ce fait, normalement, elle doit
s'imposer à tous les États qui reconnaissent de tels Droits, il n'est pas véritablement
nécessaire qu'un État institutionnalise la laïcité par son inscription dans
la Loi et, en particulier, dans la Constitution, pour que la société puisse être
considérée comme laïque, dès lors que cet État reconnaît et respecte les
Droits des humains et que, par conséquent,
il reconnaît et respecte le droit pour tout individu d'exercer sa liberté de
conscience et d'expression quitte à l'opposer et l'imposer à un quelconque
ordre religieux qui prétendrait l'en priver.
Dans
un autre texte, j'ai dit que la conceptualisation de la laïcité, dans son
acception française, était inconnue de nombreux pays et, en particulier, des
pays de langue non latine et que, en ce qui concerne les pays anglo-saxons et
germanophones – ou soumis à leur influence -, la laïcisation de la
société se réduit à sa sécularisation [J'emploie l'expression
se réduire car, en France, du point de vue de l'État,
la sécularisation n'est qu'un élément accessoire de la
laïcité quand, du point de vue de l'ordre catholique, il est une forme
d'action religieuse qui n'implique pas qu'elle soit menée dans un État… laïque].
J'ai indiqué par ailleurs qu'il
existait un second modèle de laïcité, celui des États-Unis, du moins dans sa
conception théorique et formalisation constitutionnelle d'origine : je n'y
reviendrai pas.
A l'État, laïque ou séculier,
s'oppose donc l'État théocratique qui est un État où les ordres temporel et
spirituel sont confondus et où,
plus précisément, la compétence temporelle de l'État est exercée par un
ordre religieux dans le cadre d'une Ø tout à la fois nationale et d'État. Sur
la base de cette définition, il n'existe plus guère de véritables théocraties
– le ≈ bien sûr même si la légitimité de son statut d'État au
regard du Droit international public est plus que discutable,
le Tibet ou, du moins, le gouvernement en exil du Dalaï Lama,
le Mont Athos… -. Cette rareté de la théocratie est surprenante
quand, spontanément, on pense à certaines Ø et, notamment, à l'islam ;
pourtant, elle ne l'est pas dans la mesure où l'existence d'une théocratie
suppose aussi l'existence d'un clergé et donc d'un ordre religieux. Or,
l'islam ne connaît pas de clergé – sauf chez les chiites, ce qui permet de
dire que, depuis la révolution islamique, l'Iran est une théocratie[2]
-. En fait, au sens occidental du terme, il ne connaît pas non plus ni l'État
à proprement parler, ni la démocratie puisqu'il ne fait pas de distinction
entre le profane et le sacré, le temporel et le religieux et que, en définitive,
tout étant soumis à ∄ (d'où le nom d'islam), il n'y a
d'autre autorité que la sienne[3].
Ceci dit, à l'État laïque
s'oppose aussi l'État dit confessionnel non plus au sens de l'Ancien Régime
qui reconnaissait à une certaine Ø le statut particulier d'une Ø sinon d'État,
du moins nationale, en vertu du principe Cujus regio ejus religio, et qui
pouvait par ailleurs autoriser ou, pour le moins, tolérer d'autres Ø,
mais d'État moderne qui, reconnaissant l'universalité des Droits des humains
et donc la liberté de conscience et d'expression, n'en réfère pas moins leur
légitimité à ∄ et à la Ø en général tout en
reconnaissant à cette Ø, dite établie, un statut particulier lui conférant
une supériorité sur les autres Ø [4].
Dans ce sens moderne, sont confessionnels l'Espagne, l'Italie, de nombreux États,
d'Amérique latine comme le Guatemala, le Costa Rica, la Colombie…, quelques
cantons suisses[5],
Monaco, le Liechtenstein, Malte[6],
le Royaume Uni, la Suède, la Norvège, le Danemark, l'Islande, l'Irlande, la Grèce[7]…,
sachant que, même s'ils ont ratifié les la Déclaration Universelle des Droits
des humains et toutes autres conventions internationales subséquentes et que
certains d'entre eux ont des Constitutions fort libérales[8],
il n'en demeure pas moins que leurs Ø établies font peser leurs
contraintes sur les individus (exemple : l'obligation de l'enseignement
religieux, la référence religieuse portée sur la carte d'identité
nationale…), voire sur la personne du souverain[9].
Mais aux États laïques
s'opposent également les États se proclamant constitutionnellement athées
(Chine, Vietnam, Corée…)[10]
quand bien même leur prétention à affirmer que leur athéisme est aussi celui
de leurs populations est désavoué par la persistance de croyances et pratiques
religieuses plus ou moins clandestines et réprimées[11].
Dans ces
distinctions/oppositions, il faut faire un retour sur la particularité
paradoxale des États-Unis. En effet, même si la laïcité à l'américaine
est implicitement proclamée par la Constitution - "Aucune déclaration
religieuse spéciale ne sera jamais requise comme condition d’aptitude aux
fonctions ou charges publiques" (1787)[12]
et " Le Congrès ne pourra faire aucune loi concernant l’établissement
d’une religion ou interdisant son libre exercice" (1791) - et la théorie
du mur ("wall" ) entre la Ø et l’État,
autrement dit les deux mille "dénominations" recensées et les
cinquante États fédérés, il n'en demeure pas moins que la prestation de
serment sur la Bible est requise lors de l'investiture de toutes les charges
officielles et de tout témoignage en Justice, que les références religieuses
sont omniprésentes dans les discours officiels au point que l'on peut considérer
que ∄ est un signe de
ponctuation de la rhétorique officielle[13],
que le dollar porte la devise "In ∄ we trust"
et plusieurs symboles religieux… et qu'il existe une véritable Ø civile
officielle, fondée sur le mythe du rêve américain, dotée de sa propre
morale (la majorité silencieuse à forte connotation WASP et
fondamentaliste) et donnant lieu à ce culte particulier qu'est l'american
way of life, pétrie de – empêtrée dans – une religiosité à
la fois diffuse et confuse.
Venons en à présent à un
essai de cartographie de la laïcité :
L'Union européenne : À l'intérieur de l'Union européenne, les
pays qui conservent une Ø
officielle – cf. ci-dessus - ne méritent
pas le qualificatif de "laïques", bien que cette situation soit sans
portée pratique et, notamment, réellement, contraignante, pour le vécu de la
liberté de conscience et d'expression des individus
-et des ordres religieux -, sauf pour la Grèce, même si celle-ci vient
de faire une avancée significative vers la laïcité en supprimant la mention
de l'appartenance religieuse sur la carte d'identité nationale.
Pour les autres pays, malgré une grande diversité de modalités , en
particulier de régimes constitutionnels et légaux, une forme de séparation État/Ø
ou, à tout le moins, de neutralité de l'État existe même si elle
s'accompagne souvent d'un système plus ou moins discriminatoire de pactes,
impliquant des liens privilégiés avec une ou plusieurs Ø reconnues (mais
non établies comme pour les États confessionnels). Dans la
quasi-totalité des cas le système scolaire public est également marqué par
une forte prégnance religieuse : enseignement religieux[14],
réseaux confessionnels, surtout catholiques, signes religieux dans les établissements…..
En outre, dans tous les pays européens, il existe une forte
présence de mouvements se réclamant d'une philosophie indépendante des
Ø – libre pensée, athéisme… - et d'une laïcité à la française,
c'est-à-dire constitutionnellement établie.
L'Europe centrale :
L'effondrement du communisme a aussitôt permis un retour en force sur le devant
de la scène des ordres religieux (catholique, uniate et orthodoxe) qui, pendant
longtemps, bien que plus ou moins réprimés, voire interdits, étaient
l'incarnation de la résistance à la dictature des partis uniques mais également
de l'identité nationale au regard de la domination soviétique. C'est ainsi
que, désormais, par exemple, 37% des Tchèques[15]
et 32% des Bulgares s'affirment croyants et pratiquants et que, au
lendemain de la chute du mur de Berlin, 95% des Polonais[16]
se déclaraient croyants[17].
La démocratisation des sociétés et l'ouverture des frontières ont engendré
une situation particulière : soucieux de recouvrer leur ancienne hégémonie ou
d'y accéder et, en même temps, soumis à la concurrence de plus en plus forte
du catholicisme et du protestantisme mais, surtout, de nouvelles Ø – les
sectes – comme, en particulier, en Biélorussie, en Russie et en Ukraine, les
ordres religieux en place se livrent à un jeu d'alliances à géométrie extrêmement
variable et fluctuante avec ou contre les États et les partis ; il en résulte
donc que les conflits socio-politiques prennent de plus en plus une allure
religieuse et que l'ingérence religieuse dans la vie publique – arène
politique mais également Éducation, Santé, Culture… -
est de plus en plus marquée et que, en toute objectivité, dans ces
pays, la laïcité, pourtant non remise en cause lors de l'effondrement du
communisme, est de plus en plus ébranlée.
La Turquie : Dans le
cadre de la Révolution nationale, les réformes d'Ataturk (1920-1930)
ont fait disparaître l'islam en tant que Ø de l'État, instauré la liberté
de conscience et de culte et laïcisé la société dans de nombreux domaines en
dépit d'une très forte résistance des religieux. Cependant, même si cette laïcisation
continue de marquer la Turquie d'aujourd'hui, notamment en ce qui concerne le
statut et donc les droits des femmes, il n'en demeure pas moins que, depuis
1990, en raison d'un jeu électoraliste d'alliances avec certains partis
religieux, de la pression de certaines situations nationales (la question
Kurde en particulier) et internationale (conflit israélo-palestinien,
Guerre du Golf, effondrement de l'U.R.S.S.…) et de la montée en puissance du
nationalisme en réaction à la reconnaissance internationale croissante du génocide
arménien, on assiste à une ré-islamisation évidente de la société et de l'État,
ce qui ne va d'ailleurs pas sans poser de problème à la candidature de la
Turquie à l'Union Européenne.
Le Japon : En 1946, au
terme de leur victoire inconditionnelle, les Alliés ont contraint le Japon de
supprimer toute référence constitutionnelle à la Ø d'État qu'était le
shintoïsme[18]. De ce fait, et malgré
la prégnance d'une Ø historique, encore largement vécue comme nationale, une
laïcité s'est établie de facto, ce qui a permis, du fait de la liberté de
conscience et d'expression ainsi acquise, le développement d'autres Ø importées
: bouddhisme en premier lieu mais également protestantisme et catholicisme et,
dans une faible mesure, l'émergence de l'athéisme ainsi que d'un mouvement laïque.
J'indiquerai en outre que le Japon est une société profondément matérialiste
dont le matérialisme n'est pas celui de la philosophie ou de la science mais de
l'économie.
Israël est dans la
situation paradoxale d'un pays confessionnel qui se fonde sur une Ø nationale
qui, avant d'être celle d'un État[19],
est celle d'un peuple… élu de ∄, et qui, en
même temps, a été fondé et s'est développé par un courant foncièrement
socialiste et laïque. Toutefois, en raison de la pression des mouvements
religieux les plus conservateurs, pour ne pas dire intégristes, de
l'effondrement du bipartisme et de l'avènement d'un système permanent
d'alliances qui fait la part belle aux groupes minoritaires (singulièrement
religieux)[20]
et des enjeux stratégiques économiques et diplomatico-militaires constitutifs
de la poudrière du Moyen-Orient et, en particulier, du conflit israélo-arabe,
la laïcité est de plus en plus mise à mal et se trouve d'ores et déjà
exclue de certains fondements mêmes de la démocratie comme, par exemple, la
nationalité qui, de plus en plus, est confondue avec la Ø, d'où la déchéance
de fait qui frappe les israéliens non-juifs et, singulièrement, musulmans. En
outre, cette sacralisation de l'identité nationale s'assortit d'un nationalisme
qui, désormais, n'hésite plus à afficher sa discrimination, pour ne pas dire
son racisme.
En Asie, le Népal est
toujours, de droit comme de fait, un État hindouiste et le Bhoutan un état
bouddhiste (alors que la Birmanie a cessé de l'être en 1962 pour devenir un état
plus neutre à l'égard des Ø que laïque). De son côté, fortement influencée
– dominée – par les États-Unis, les Philippines pratiquent une laïcité
à l'américaine qui, de fait, confère une relative prédominance au
catholicisme, de plus en plus contestée d'ailleurs par la minorité
musulmane au point de plonger le pays dans une véritable guerre civile et de le
mettre au bord de l'éclatement. La Corée du Sud interdit
constitutionnellement toute Ø d'État ; toutefois, en raison de l'effondrement
du bloc soviétique et la forme dictatoriale de plus en plus affirmée de l'État,
les conflits sociaux et les oppositions politiques se travestissent de plus en
plus en revendications, contestations et affrontements religieux, ce qui, de
fait, emporte de plus en plus la dé-laïcisation de la société et de l'arène
politique ! En Inde, la laïcité introduite lors de la constitution de
l'État comme héritage du gandhisme (pour ce qui était des intouchables)
et du socialisme originel, et qui n'a jamais empêché l'hindouisme de bénéficier,
de fait, du statut de Ø[21]
nationale dominante instauratrice, aux dépens des autres Ø, d'une identité
nationale, et subit de plein fouet la montée en puissance du
fondamentalisme de l'hindouisme et des autres Ø présentes en même temps que
s'exacerbent les conflits, à l'interne, et aux frontières, entre l'hindouisme
et l'islam. Par ailleurs, il faut mentionner cette bizarrerie qu'est
l'association du socialisme et de l'islam en une idéologie combinant
nationalisme et tiers-mondisme que l'on trouve en Irak et en Syrie
(de même qu'en Libye et en Algérie jusqu'à la mort de Boumédienne)
mais aussi en un syncrétisme totalitaire justifiant doublement le non-respect
des Droits des humains et, en premier chef, celui à la liberté de conscience
et d'expression.
L'Afrique noire :
Historiquement, elle a été soumise à une double influence religieuse externe
: le catholicisme et le protestantisme d'une part, l'islam de l'autre. Il en est
résulté des Ø officielles qui, souvent, ont servi de légitimation aux
nationalismes mais également à des théories et programmes racistes (Cf. le
Rwanda, le Soudan, la Mauritanie…). Actuellement, les 3 Ø précitées, du
fait de leurs prétentions expansionnistes, s'y livrent à des affrontements
d'autant plus acharnés qu'ils son ethnicisés et qu'ils sons soutenus par des
enjeux économiques et diplomatico-militaires s'inscrivant dans une stratégie
mondiale. Par ailleurs, il convient de rappeler que les puissances coloniales y
ont toujours instrumentalisé leurs Ø nationales – France comprise et ce, même
après la loi de 1905 en ayant fait une République… laïque – d'abord pour
légitimer leurs conquêtes, puis
pour asseoir leur domination. Dans ce contexte, et en dehors des États qui, dés
leur indépendance, se sont proclamés musulmans (comme le Soudan), on assiste
à un phénomène massif de sacralisation des sociétés, voire des États
eux-mêmes consistant en l'instauration de la domination hégémonique – voire
exclusive – d'une Ø particulière et, de ce fait, à une dé-laïcisation et
des Sociétés et des États !
L'Amérique latine :
l'influence catholique y est prépondérante, pour ne pas dire hégémonique.
Pourtant, le catholicisme qui, en certains pays ou régions, s'est fortement
indianisé et donc paganisé, n'est pas unitaire : orthodoxe et
conservateur au niveau de la hiérarchie qui, sauf exceptions individuelles, est
toujours liée au pouvoir en place au point de se compromettre et de couvrir,
voire justifier et légitimer, par son autorité morale et spirituelle
ses pires excès : génocides, ethnocides, coups d'état, dictatures,
assassinats extra-judiciaires, torture… mais révolutionnaire pour une
partie importante du clergé de base[22]
et des fidèles (Cf. la Théologie de la libération théorisée
en 1966 par Gutierrez, jésuite et Léonardo Boff, franciscain[23]).
Dans ce cadre d'une telle instrumentalisation de la Ø par les États il est
difficile, voire impossible de parler de laïcité ! Point important à
souligner : le catholicisme subit une offensive généralisée du protestantisme
dont ses gains de terrain s'expliquent, pour une large part, par l'angle
d'attaque des missionnaires : les masses populaires exclues à raison de leur
pauvreté ou de leur indianité alors même que ces missions religieuses ne font
qu'accompagner ces autres missions, économiques, diplomatiques,
militaires, sécuritaires… qu'y mène l'impérialisme nord-américain.
Enfin, au niveau international, il convient de distinguer les unions régionales qui, comme l'Europe, sont soumises à une ingérence croissante des Ø[24] et qui, de ce fait, au silence pragmatique qui était la règle en matière de références religieuses, ont tendance à substituer un discours et une pratique qui, s'ils ne sont pas encore véritablement religieux, sont fortement empreints de religiosité[25] d'une part et, d'autre part, les instances mondiales – ONU, UNICEF… - au sein desquelles la règle consensuelle qui règne[26] en matière de questions religieuses est celle du silence[27].
Bien entendu, je ne surprendrai personne en disant que ce pseudo État qu'est le ≈ n'est ni laïque, ni… démocratique.
[1] Ce panorama ne sera pas réellement mondial puisqu'il ne traitera que des pays et régions sur lesquels j'ai des éléments concrets d'information ou à propos desquels j'ai développé une réflexion personnelle.
[2] A bien des égards on peut considérer qu'il est de même pour le royaume du Maroc dés lors que le roi est, en même temps, chef de l'État et… commandeur des croyants.
[3] On pourrait considérer que le Royaume Uni est une théocratie dans la mesure où le souverain est, en même temps, le chef de l'État et le chef de la Ø nationale. Si d'un point de vue strictement théorique cette assertion est entièrement fondée, il n'en demeure pas moins que, pratiquement, la qualification du Royaume Uni de théocratie est abusive dès lors que, en tant que Chef d'État, le souverain n'a aucun pouvoir (ce qui ne l'empêche pas de jouir d'une autorité morale évidente).
[4] De ce fait, citoyenneté et nationalité ne se déduisent pas de la religiosité et, notamment, de l'appartenance à la Ø supérieure.
[5] La Constitution fondatrice de la Confédération (1291) commençait par cette invocation inaugurale : "Au nom de ∄ tout-puissant". Il existe donc un débat, assez agité, pour savoir s'il y a lieu de la maintenir ou non !
[6] Dans ce pays, le confessionnalisme l'un des plus arrogants puisque l'article 2.2 de sa Constitution confère aux évêques "le droit et le devoir de dire le vrai et le faux, le bien et le mal en matière de principes" !
[7] A mon sens, on peut désormais y ajouter toutes les Républiques orthodoxes issues de l'ancienne U.R.S.S. à commencer par la Fédération russe elle-même.
[8] Constituions qui, bien que libérales, peuvent avoir une référence religieuse, notamment au niveau du Préambule, sachant que, en la matière, c'est sans doute celle de la Bavière qui est la plus religieuse puisque son Préambule commence par la formule : "Considérant les ruines auxquelles a conduit un ordre politique et social privé de ∄ ... " !
[9] Bien entendu, la référence officielle à une Ø nationale établie n'implique pas que tous les citoyens y adhèrent en croyance et pratique : ils peuvent appartenir à d'autres Ø mais ils peuvent également être… athées et libres !
[10] La référence constitutionnelle peut être indirecte en ce sens qu'elle n'est pas explicitement inscrite dans la Constitution et qu'elle se déduit de l'athéisme proclamé du parti unique, lequel, aux termes mêmes de la Constitution, est déclaré être e représentant légitime du peuple.
[11] En matière de répression, c'est l'Albanie qui est allée le plus loin puisque sa Constitution de 1976 allait jusqu'à interdire la croyance et la pratique religieuses !
[12] De nombreux colons britanniques ou européens – les pères fondateurs – ayant fui leur pays pour (re)trouver leur liberté religieuse – i.e. de croyance et de culte –, les auteurs de la Constitution ont voulu préserver cette liberté contre tout empiétement du nouvel État alors même que, à la même époque, la France était encore soumise à la domination de la secte catholique. En fait, les U.S.A. ont hérité de tous les fanatismes religieux et le fameux fondamentalisme est un véritable syncrétisme du protestantisme et de l'anticommunisme !
[13] Bien que faites à une Ø universelle à travers un ∄ qui, en quelque sorte, transcenderait les ∄ de toutes les Ø, il est évident que ces références sont profondément enracinées dans le puritanisme des pères fondateurs et son avatar moderne qu'est le fondamentalisme protestant [dont on notera, du fait de son constant radicalisme, son rapprochement non moins constant avec l'intégrisme catholique. Cf. à ce sujet le soutien conjoint au candidat Bush des organisations fondamentalistes et… de l'Opus Dei).
[14] Il est vrai que certains pays comme la Belgique et les Pays-Bas offrent l'alternative des cours de morale civique ou d'humanisme séculier et qu'en Belgique la communauté non confessionnelle est reconnue au même titre que les principaux ordres religieux.
[15] En Tchéquie, le courant anticlérical très puissant au XIXème siècle, est toujours fortement présent.
[16] Dont on dit que, du temps du parti communiste, ils étaient croyants catholiques et pratiquants communistes !
[17] Il semblerait que, depuis, ce chiffre soit en net recul.
[18] De même, l'Empereur a dû publiquement renoncé à son statut et son essence de ∄ vivant ! Rappelons que son établissement en Ø nationale – nationaliste et raciste d'État – lors de l'avènement de l'ère Meiji en 1867 eut une double conséquence immédiate : la quasi éradication du bouddhisme et la fermeture du Japon à toute influence étrangère et, notamment, religieuse et économique. Par la suite, un autre effet intervint : la légitimation de l'expansionnisme territorial du Japon.
[19] Certains religieux ultra-orthodoxes considèrent que l'État israélien est une hérésie, un non-sens, voire même un blasphème et revendiquent son… abolition !
[20] D'où une instabilité politique permanente et une gouvernance d'improvisation à court terme.
[21] L'hindouisme n'est pas une Ø nationale au regard seulement des frontières politiques de l'État indien. Elle est une particularité locale – même si ce local est à l'échelle d'un sub-continent – qui n'a jamais cherché à sortir de son berceau originel. C'est pourquoi, à l'instar de quelques très rares autres Ø comme le judaïsme et le shintoïsme, le prosélytisme – et notamment le missionariat - lui est complètement étranger.
[22] Régulièrement rappelé à l'ordre, menacé et, au besoin, sanctionné (jusqu'à l'excommunication) par les épiscopats nationaux et par la papauté. Certains prêtres rouges sont même purement et simplement assassinés au point que, de 1973 à 1976, il y aura autant de prêtres assassinés que pendant les cinq siècles précédents !
[23] Ce mouvement a fait tâche d'huile puisque, par la suite, apparaîtront la Théologie noire ou africaine et la Théologie féministe, tout autant… révolutionnaires et persécutées par le ≈.
[24] Il est vrai que le terme d'ingérence est sans doute impropre car si les Ø ont frappé avec insistance aux portes de ces instances leur entrée s'est faite sur l'invitation – la complicité – de ces instances ou, du moins, de certains pays les composant.
[25] Pour beaucoup, le drapeau européen est une référence explicite au culte marial.
[26] Même si elle est de plus en plus battue en brèche par certains États, notamment musulmans, qui mettent en avant leur identité (nationale) religieuse pour justifier leur opposition à l'hégémonie politique, diplomatique et économiques d'autres États (États-Unis en premier lieu et, plus généralement, Occident, Japon compris) ainsi que leur soustraction au Droit international et, en particulier, aux Droits des humains au motif qu'ils sont contraires à leurs législations nationales, lesquelles, en définitive, se résument au seul coran.
[27] Ce qui nous rapproche évidemment plus de la conception anglo-saxonne de la sécularité que du modèle français de la laïcité !