Contre nous, de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé…

 

 "Le but de la société est le bonheur commun. […]"

"Nulle contribution ne peut être établie que pour l'utilité générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir à l'établissement des contributions, d'en surveiller l'emploi, et de s'en faire rendre compte".

"Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d'exister à ceux qui sont hors d'état de travailler […]".

 

Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1793. Articles 1 (extrait), 20 et 21.

 

L'un des fondements de la démocratie telle que la bourgeoisie l'a théorisée, institutionnalisée, légalisée… est la séparation des trois "pouvoirs" : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. Certes, in fine, le véritable "pouvoir", de nature économique, est entre les mains des capitalistes et non des marionnettes politiques et judiciaires qu'ils se complaisent à manipuler en fonction de leurs intérêts privés et personnels sous un habillage d'intérêt public et général, mais il n'est pas inutile de rappeler ce principe fondateur de la démocratie (bourgeoise) quand, de nos jours, de soi disants chantres de cette démocratie et, en fait, les hérauts d'armes du capital, le bafouent allègrement pour mieux mener à terme leur entreprise de démolition méthodique des conquêtes sociales que les classes laborieuses ont pu réaliser au prix de leurs larmes et de leur sang et qui, du point de vue du capital, sont des "coûts" qu'il convient de réduire, voire de supprimer pour optimiser le profit.

Selon les démocrates bourgeois, la non séparation de ces trois pouvoirs est constitutive d'un pouvoir absolu, pour ne pas dire absolutiste, synonyme de… tyrannie. Et c'est parce qu'il était absolu que le pouvoir monarchique a dû être mis à bas par les révolutionnaires bourgeois qui, pour ce faire, n'ont pas hésité à faire rouler la tête du tyran et celles de ses serviteurs dans la sciure du panier de l'échafaud. Cette révolution a donc été menée au nom de la Justice , de l'Équité, de l'Homme… aux fins d'établissement de la Démocratie , c'est-à-dire du règne de la Liberté , de l'Égalité et de la Fraternité.

Cette Révolution faite et, malgré quelques soubresauts monarchiques (Empires, Restauration…) et un flirt poussé avec le fascisme (période de Vichy), il est vrai que les différentes constitutions de la république bourgeoise française ont acté cette séparation des trois pouvoirs, la Constitution se présentant même comme la garantie de cette séparation puisqu'elle s'impose à l'État en tant que… "gardien de la Constitution ".

Jusqu'à il y a encore peu, en conformité avec la Constitution , les démocrates bourgeois ont fait en sorte que cette séparation des trois pouvoirs soit une réalité ou, du moins, une apparente réalité, une réalité de forme, étant rappelé que, bien entendu, ces trois pouvoirs sont, en dernier ressort, soumis à ce pouvoir ultime qu'est… le capital !

Certes, certaines "affaires", certains journalistes, certaines luttes, certaines associations… ont régulièrement montré que cette séparation n'était que formelle et que les trois pouvoirs étaient bien réunis en une seule main, celle du maître – le capital – quand, par exemple, il fallait frapper le prolétariat, des syndicalistes, des opposant(e)s…

Ainsi, en matière de justice, tout(e) un(e) chacun(e) savait ou, du moins, pouvait savoir qu'il y a(vait) bien deux poids de mesure puisque dans une société de classes, la justice est forcément de classe et que cette justice de classe est forcément celle de la classe au pouvoir, en l'occurrence, la bourgeoisie capitaliste.

Or, l'indépendance relative des juges et, au-delà, du pouvoir judicaire[1], déjà bien mis à mal par les propos de tenants du pouvoir exécutif – et non des moindres : Président de la république… bourgeoise ; Chef du gouvernement… bourgeois…. – et plusieurs de leurs chien(ne)s de garde[2], et, de facto, placé sous la tutelle, du ministre de l'Intérieur, autrement dit du pouvoir exécutif par excellence, est appelée à être rayée d'un trait de plume par le pouvoir législatif qui, à la solde de l'exécutif, s'apprête à voter une nouvelle loi scélérate.

Cette perspective n'est ni plus, ni moins que celle d'un pouvoir absolu, d'une tyrannie. Et pourtant, elle se précise dans l'indifférence générale du troupeau qui est tout occupé à courir après les chiffons rouges - comme, par exemple, le fameux… voile - que le pouvoir agite justement pour l'occuper.

Cette perspective s'inscrit dans un contexte bien particulier qui est celui de la démolition systématique, méthodique de toutes les conquêtes sociales (sécurité sociale, retraite, droit syndical, emploi, allocation chômage…).

Ainsi, la bourgeoisie, si elle fut "révolutionnaire" en 1789, se montre fort… restauratrice puisqu'elle est en train de restaurer un pouvoir absolu, tyrannique, celui d'une monarchie, mais une monarchie qui ne sera plus celle d'un homme – le monarque – mais d'une entité, pour ne pas dire d'un… "veau d'or" : le capital.

Sous nos yeux et avec la complicité de notre "passivité" se construit donc un pouvoir absolu : celui du capital. C'est-à-dire celui du fric, du profit. Un pouvoir absolu qui est l'anéantissement non moins absolu de l'humain, de l'humanité car qui oserait encore parler d'un "capitalisme à visage humain" quand, chaque jour, le capitalisme voue à la mort, à la souffrance, à la douleur, à la misère… des millions de personnes  et que, en même temps, il saccage cette terre que nos enfants nous ont seulement… "prêtée" ?

Rappelons à nos bourgeois démocrates que les "révolutionnaires" dont ils se réclament en tant que défenseurs de… la démocratie ont déclaré en 1793 que :

 Article 25. - La souveraineté réside dans le peuple; elle est une et indivisible, imprescriptible et inaliénable.

Article 26. - Aucune portion du peuple ne peut exercer la puissance du peuple entier; mais chaque section du souverain assemblée doit jouir du droit d'exprimer sa volonté avec une entière liberté.

Article 27. - Que tout individu qui usurperait la souveraineté soit à l'instant mis à mort par les hommes libres.

Article 31. - Les délits des mandataires du peuple et de ses agents ne doivent jamais être impunis. Nul n'a le droit de se prétendre plus inviolable que les autres citoyens.

Et s'ils ne nous entendent pas rappelons-leur que, nous, nous nous souvenons parfaitement que leurs ancêtres, toujours en 1793, ont proclamé que :

Article 33. - La résistance à l'oppression est la conséquence des autres droits de l'homme.

Article 34. - Il y a oppression contre le corps social lorsqu'un seul de ses membres est opprimé. Il y a oppression contre chaque membre lorsque le corps social est opprimé.

Et si nous ne sommes pas entendus et que nos démocrates continuent de restaurer un pouvoir absolu, alors, parce que contre nous, de la tyrannie, l'étendard sanglant est levé…. , nous serons quelques un(e)s à revendiquer notre droit et à assumer notre devoir, à savoir : Article 35 : "Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs."


[1] Indépendance toute… relative car, ne l'oublions pas, c'est le pouvoir exécutif qui, à travers l'État, nomme, affecte, paye, note… le personnel judiciaire.

[2] Propos tout à fait dans l'air du temps… européen puisque Berlusconi a publiquement regretté le bon vieux temps de la bonne justice… fasciste !


Pour revenir à la rubrique "Droits des humains" :

Pour revenir au Plan du site :

Pour revenir à la page d'accueil :