Crime de religion – Crime d'État
Younus SHAIKH, médecin,
professeur d'Université et responsable d'une association pakistanaise de défense
des Droits des humains, arrêté été le 4 octobre 2000, sur plainte de
certains de ses étudiants, été inculpé le 4 octobre 2000 pour "crime de
blasphème" au titre de la Section 285-C du
code pénal pakistanais : le 18 août 2001, le Tribunal d'Islamabad l'a
condamné à mort pour ce chef d'accusation.
Quel est son crime
? Avoir énoncé une vérité historique, à savoir que n'ayant eu la révélation
de l'islam qu'à l'âge de quarante ans, Mohamed, le fondateur de l'islam, est né
non-musulman de parents eux-mêmes non musulmans qui, décédés avant la révélation
de leur fils, sont morts non-musulmans et que, toujours jusqu'à cette révélation
il a vécu en non-musulman en ne se conformant notamment pas à certaines pratiques
corporelles musulmanes !
Une vérité historique qui est
aussi une évidence du plus simple bon sens : comment avoir pu être hier ce que
l'on est devenu seulement aujourd'hui ? comment le beau temps d'hier peut-il
être la pluie d'aujourd'hui ? comment le naturalisé d'aujourd'hui
peut-il prétendre à un effet rétroactif de cette naturalisation du
jour de sa naissance à celui de sa naturalisation ? comment l'être vivant,
qu'il soit humain ou animal pouvait-il être hier, autrement dit… avant sa
naissance ?…
Sans aucun doute, le blasphème
de Younus SHAIKH est d'autant plus criminel qu'il est celui d'un militant des
Droits des humains et qui, à ce titre, revendique la liberté de conscience et
la liberté d'expression et oppose ces Droits à un prétendu droit divin dont
l'essence est d'être anti-humain !
Le crime de Younus SHAIKH est d'affirmé son humanité
– et celle de tous les humains – contre un ordre politico-religieux qui nie
l'humanité.
Dans cette affaire, l'État
et la religion révèlent leur véritable nature : celle de l'oppression
et de la répression, de l'intolérance, de la morbidité, de l'immoralité
– au regard d'une éthique qui ne serait qu'… humaine ! -, du génocide, de
l'ethnocide, de l'aliénation… celle d'un Ordre nécessairement liberticide,
anti-humain.
Ce crime d'État et de religion
se fait avec le silence complice de tos les États, ce qui, somme toute, est naturel
au regard de cette solidarité corporatiste qui est celle des bourreaux, des
assassins, des… barbares.
Mais il se fait également avec
la complicité d'un autre silence : celui de nombreuses O.N.G. qui se
revendiquent pourtant de la défense et de la promotion des Droits des humains
et, notamment, de la liberté de conscience et d'expression. Et, à mon sens,
cette complicité est un crime encore plus abominable que celui des États
complices de l'assassinat annoncé de Younus SHAIKH ! Ce crime est plus barbare
que celui de l'État pakistanais et de sa soi-disant justice ! Ce crime est plus
monstrueux que celui que va commettre concrètement le bourreau qui
pendra Younus SHAIKH. ! Il est le crime du mensonge, de l'hypocrisie, de la
malhonnêteté aussi bien intellectuelle que morale. Il est une offense aux
valeurs et principes humanistes dont elles se réclament : au regard de la Mémoire
et de l'Histoire, le silence complice de ces O.N.G. est l'assassinat répété
de toutes celles et tous ceux qui ont été tués, massacrés, torturés,
emprisonnés, déshumanisés, humiliés… d'avoir voulu seulement être humains
contre ces ennemis irréductibles de l'humanité que sont les États et les
religions !
Ce n'est pas seulement Younus
SHAIKH qui va être assassiné : avec lui, même si ce n'est que symboliquement,
vont être assassinés les humanistes, les libres penseurs, les athées, les laïques,
les authentiques défenseurs des Droits des humains, les tenants de la raison
contre l'imposture, l'obscurantisme, l'ignorance, le mensonge, l'hypocrisie,
celles et ceux qui revendiquent leur droit à la différence, quand bien
même celle-ci serait… minoritaire, celles et ceux qui pensent que la véritable
intelligence est celle du cœur, celles et ceux de l'Unicité contre la
conformité et, a fortiori, le conformisme, celles et ceux dont la pensée se
veut libre et qui résistent à cette pensée unique, toute d'indigence, d'étroitesse
et d'intolérance, que l'on veut leur imposer au nom d'un quelconque modèle,
au nom de la Vérité, les militants de la Vie contre les apologistes de
la mort, les (éternels) révoltés qui, pour être véritablement, se refusent
à renoncer à être au profit d'un quelconque paraître…
L'assassinat de Younus SHAIKH
sera celui de la Liberté et donc de cette chose particulière qui fait
qu'un certain être vivant est un humain ou une bête : l'Humanité.
Allons-nous laisser faire ? Allons-nous nous laisser faire ?