Deux poids, deux mesures

 

J'ai un collègue de travail qui, sous prétexte qu'il est en charge, au plan technique, des Droits de l'Homme, s'est ému de ce que l'on a tagué une synagogue avec des graffiti antisémites. Mais, pas la moindre émotion de sa part pour els centaines de palestinien(ne)s massacré(e)s par la soldatesque israélienne. Sans doute que, pour lui, comme pour d'autres, cette soldatesque ne fait que se défendre des attaques terroristes des palestinien(ne)s. Sans doute fait-il sien ce slogan qui a fleuri un peu partout sur la planète et dans le temps pour d'autres victimes d'autres soldatesques : un(e) bon(ne) Palestinien(ne) est un(e) Palestinien(ne) mort(e). Sans doute considère-t-il aussi que, désormais, dans la foulée de la busherie et de sa lutte contre le Mal, l'accusation de terrorisme vaut démonstration a priori de preuve de culpabilité et que, ce qui avait été pratiqué par les nazis(qui n'ont jamais fait que suivre d'autres exemples comme, par exemple, ceux des puissances coloniales que furent l'Angleterre, la France, la Belgique…), à savoir la culpabilité collective et donc les représailles collectives, valait pour (ou, plus exactement, contre) les Palestinien(ne)s.

 

Mon propos n'est pas de "disserter" sur le Droit et la Justice qui, de façon plus évidente que jamais, ne sont jamais que ceux de la Force, du Pouvoir, de la Puissance…, lesquelles se fondent, bien sûr, sur l'Argent, mais aussi sur l'idéologie et, notamment, sur la religion.

 

Non, il est tout d'abord de remarquer qu'il y a des coïncidences qui sont bien… curieuses et toujours très… à propos.  Il en est ainsi de celle-ci : à chaque fois que la soldatesque israélienne se livre à des agressions, des massacres des Palestinien(ne)s, dans les pays occidentaux et, singulièrement, en Europe occidentale [qui n'ont toujours pas assumer leur responsabilité dans les génocides auxquels se sont livrés les nazis et, plus précisément, le génocide des Juifs(ves)], des actes antisémites sont commis. Actes qui, bien entendu, sont sans commune mesure – en termes objectifs de victimes humaines – avec ceux de la soldatesque israélienne mais qui ont cette faculté "magique" de monopoliser l'attention de l'"opinion publique" [laquelle n'est jamais autre chose qu'une masse amorphe de cerveaux formatés par le "pouvoir" médiatique au service du pouvoir politique et, in fine, du pouvoir du Capital] sur lesdits actes antisémites et, ipso facto, d'étendre un voile sur les massacres de la soldatesque israélienne, à l'instar de ces paravents que la Police, sur la "scène" d'un crime, dresse autour d'un cadavre.

 

Magie de la puissance médiatique : des graffiti savamment mis en scène, ont la faculté  d'occulter, d'"invisibiliser" des massacres qui, parce qu'ils sont systématiques et touchent aussi bien des adultes que des enfants, des vieillards, des infirmes, des blessé(e)s… à raison de leur seule nationalité ["race" !?!] tombent sous le coup de la définition, légale, du… génocide !

 

Ainsi, il y a bel et bien deux poids, deux mesures : d'un côté, une soldatesque dotée d'un arsenal impressionnant [et qui, pour une large part, participe d'une expérimentation de la répression, désormais militaire, de la "contestation", de l'"opposition"… et, plus généralement, de la… "différence" en zone urbaine qui, le capitalisme ayant pris une forme… exacerbée, se substituera inévitablement à la traditionnelle répression policière dans les pays occidentaux] et, de l'autre, quelques "terroristes" armé(e)s de l'équivalent de lance-pierres au regard de la puissance de feu de la soldatesque précitée, et, surtout, des civil(e)s désarmé(e)s.

 

Ainsi, désormais, la réalité n'est plus ce que les instruments scientifiques peuvent mesurer, observer, analyser, quantifier, qualifier… pas plus ce que nos cinq sens peuvent… appréhender. Non, la réalité est celle d'une virtualité mise en scène apr les médias.

 

Et ce qu'il y a le plus écoeurant [au sens propre du terme], c'est que cette mise en scène est assurée par des… technicien(ne)s, autrement dit des… salarié(e)s qui, fidèles chien(ne)s de garde de leurs maîtres sont… écervelé(e)s et ne se rendent pas compte que, en définitive, ils ne sont jamais que les kapos de cette immense camp de concentration [déjà muté en camp d'extermination] qu'est la planète terre sous la schlague du Capital.

 

On le sait, les kapos finissent aussi, inévitablement, nécessairement  au gibet, au crématoire…

 

On le sait aussi, parfois, les kapos "finissent" sous les coups de "leurs" victimes. Pour autant qu'il reste des victimes en capacité d'agir ! Or, s'il existe une mort au sens objectif du terme, il existe aussi une autre "mort" qui est celle d'un corps, certes vivant, mais sans… esprit, sans cette faculté essenciellement humaine : la capacité de penser… librement et d'agir en conséquence. Et, au vu de l'absence de réaction significative au massacre – au génocide – des Palestinien(ne)s, on peut se demander si la planète terre, hormis une minorité de maîtres, entourés, protégés, servis… par de nombreux(ses) chien(ne)s de garde, au pelage civil, policier, militaire, politique, ecclésiastique…, n'est pas habitée que par des… esclaves ou, plus exactement,des zombis.

 

Deux poids, deux mesures… Relativité absolue de la mesure en fonction de la puissance du poids. Quand les zombis se rendront-ils-elles compte qu'ils ont cette arme absolue qui peut faire prévaloir celle de… leur mesure : le nombre ?

 

17 janvier 2009


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