Chroniques ordinaires du troupeau

 

Tel les anciens papes, le busher a appelé à la croisade contre le mal et a lancé sa horde soldatesque sur l'Irak. De placide bovin ruminant, le troupeau étatsunien s'est transformé en une meute de bêtes sanguinaires bombardant à hue et à dia, tirant sur tout ce qui bouge, massacrant joyeusement l'infidèle, détruisant maisons, écoles, hôpitaux… transformant la terre en une sorte d'immense brasero…, car, comme au bon vieux temps, un permis de tuer a été délivré au nom de… dieu, lequel, on le sait, reconnaîtra les siens d'entre les morts.

De son côté, le troupeau français, bien assis dans le silence de ses pantoufles, n'a d'yeux que pour le wargame exotique que lui offrent les chiens de garde et, se disant décidément bien en sécurité grâce au lutin Sarko, ignorent béatement les cortèges de licenciements, la démolition systématique des "acquis sociaux", la baston généralisée à laquelle la flicaille se livre en toute impunité contre tout ce qui sort, même involontairement, du rang, les expulsions qui se pratiquent avec la même efficacité méthodique que, jadis, les convois nazis de la mort…

Le troupeau belge, lui, s'apprête à se rendre bêlant à l'isoloir pour renouveler son serment d'allégeance, se complaisant à être le sujet, autant vassal que féal, d'un pouvoir qui, aussitôt oint de la sainte huile votative, le renverra paître jusqu'à la prochaine tonte, à moins que ce ne soit le prochain abattage ou équarrissage.

Le troupeau irakien ou, du moins ce qu'il en reste et restera, s'apprête à changer de maître, pour passer du style stalinien revisité prophète illuminé d'un palais bunkérisé au cow-boy revu gogo-débilo fou de dieu et dollaro-maniaque.

Le troupeau palestinien continue d'être désigné du doigt de dieu comme bouc émissaire de l'holocauste auquel le peuple élu se livre avec ferveur pour fertiliser les terres qu'il vole et se payer à bon compte un paradis à sa mesure.

Troupeaux des temps modernes… On n'arrête pas le progrès : pour garder le troupeau, plus besoin de berger, de chien, de clôture, de bâton, de carotte… . Le troupeau est devenu son propre gardien. Le troupeau s'est fait prison, bagne. Tortionnaire de lui-même. Avec persévérance, entêtement le troupeau rampe à l'abattoir. Le troupeau se défait de la moindre velléité d'humanité pour se livrer à ses maîtres, à ses dieux.

Pourtant, dans ce paysage idyllique d'un monde nouveau à l'intelligence, l'imagination, la rêverie… aussi vives que celle qu'il y a dans un bocal de poissons rouges, il y a des… tâches. Des tâches noires. Bien noires. Celles des anars qui, éternel(le)s révolté(e)s s'évertuent à devenir et rester humains. Humains et donc libres, égaux et fraternels. Sans dieu, ni maître. Humains, juste humains.

Ces tâches, bien sûr, gênent, dérangent, agacent… le troupeau. Moi, elles me rassurent car elles me disent que tout n'est pas encore vraiment perdu et qu'il y a encore de la place pour l'espoir d'un autre monde. D'un monde (enfin) véritablement humain. D'un monde sans troupeau, sans tâche. D'une terre vraiment jolie et bleue comme une orange…. l'Anarchie.

 


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