A l'ami Maï,

mortel,

avec lequel il fait bon vivre

en toute fraternelle mécréance

   

Réflexions sur la mort

   

La mort se définit comme la cessation irréversible de la vie et constitue donc un changement complet de l'état d'un être vivant et la perte de ses caractéristiques essentielles.

En fait, pour un être vivant, la mort intervient à plusieurs niveaux ou phases :

·        la mort somatique qui est la mort de l'organisme en tant qu'ensemble intégré. Elle précède habituellement la mort des organes, des cellules et de leurs composants. La mort somatique est marquée par l'arrêt du battement cardiaque, de la respiration, des mouvements, des réflexes et de l'activité cérébrale. Le moment précis de la mort somatique est parfois difficile à déterminer parce que des états transitoires comme le coma, l'évanouissement et la transe lui ressemblent beaucoup.

·        Après la mort somatique se produisent plusieurs modifications qui peuvent être utilisées pour déterminer l'heure et les circonstances du décès. Algor mortis, le refroidissement du corps, dépend surtout de la température de l'environnement immédiat. Rigor mortis, la raideur cadavérique due au raidissement des muscles du squelette, s'installe de cinq à dix heures après le décès, mais disparaît trois ou quatre jours plus tard. Livor mortis, la lividité cadavérique, une coloration bleue rougeâtre qui apparaît dans la partie inférieure du corps, résulte de la stase sanguine. La coagulation du sang commence peu de temps après la mort, de même que l'autolyse, la mort des cellules. La putréfaction, la décomposition qui s'ensuit, est causée par l'action d'enzymes et de bactéries.

Les organes meurent à des vitesses différentes. Alors que les neurones du cerveau ne survivent que cinq minutes à la mort somatique, les cellules cardiaques survivent environ quinze minutes et celles du foie en moyenne trente minutes. C'est la raison pour laquelle des organes peuvent être prélevés sur un corps récemment décédé et greffés chez une personne vivante.

Les définitions de la mort varient selon les cultures et les époques. La plupart des aliénations religieuses considèrent que la mort est la séparation de l'âme et du corps. Dans cette optique ou, plus précisément, selon aveuglement de la raison, l'essence humaine serait indépendante des propriétés physiques inhérentes à la vie et l'humain serait une exception tant sur terre que dans l'univers ! L'âme n'ayant aucune manifestation corporelle, son départ ne peut être ni observé ni déterminé objectivement ; de ce fait, l'effectivité même de l'âme ne peut être ni vérifiée, ni démontrée.  

Jadis, l'arrêt de la respiration était considéré comme le signe de la mort[1]. Plus récemment, l'arrêt des fonctions vitales, respiration et circulation, a été retenu comme critère. Mais, cette façon de voir a été récusée lorsque les progrès médicaux ont permis d'entretenir la respiration et le fonctionnement cardiaque par des moyens artificiels. C'est pourquoi le concept de mort cérébrale prévaut à présent : la perte irréversible de l'activité cérébrale est le signe incontestable du décès.  

Le concept de mort cérébrale est parfois remis en question car des personnes peuvent perdre toutes leurs activités mentales supérieures tout en conservant des fonctions cérébrales inférieures telles que la respiration spontanée. C'est la raison pour laquelle certains spécialistes demandent maintenant que la mort soit définie comme la perte irréversible de la conscience telle qu'elle résulte de l'arrêt des centres supérieurs du cerveau, principalement le néocortex.  

La conception que la société se fait de la mort n'a pas qu'un intérêt académique[2]. Les progrès rapides de la technologie médicale soulèvent des problèmes philosophiques et moraux et reposent la question de la définition de la mort légale. Ainsi : qui doit décider des critères de la mort ? Les médecins, les législateurs, ou chaque personne pour elle-même ? Est-il moralement et légalement permis de provoquer la mort en interrompant toute assistance médicale ? Les gens ont-ils le droit de demander l'arrêt des soins palliatifs pour mourir en paix ? Le parent le plus proche ou le représentant légal peuvent-ils prendre des décisions au nom d'un mourant comateux ?…

Les besoins des mourants et de leur famille font l'objet d'une attention accrue depuis les années 1960. Les thanatologues[3] ont identifié plusieurs stades par lesquels passent les mourants : dénégation et isolement (non, pas moi !), colère, rage, envie et ressentiment (pourquoi moi ?), culpabilité (si je me comporte bien, puis-je continuer à vivre ?), dépression (à quoi cela sert-il ?) et acceptation. La plupart des spécialistes estiment que ces stades ne se produisent pas dans un ordre préétabli et qu'ils peuvent être mêlés de sentiments d'espoir, d'angoisse et de peur.

Comme les mourants, les familles et les amis passent par des stades de dénégation et d'acceptation. Cependant, le deuil est un processus régulier qui commence souvent avant la mort du-de la mourant(e). Cette douleur anticipée peut soulager les sentiments de détresse qui suivront. Le stade suivant du deuil, après la survenue de la mort, est souvent plus long et plus profond si la mort est inattendue. Pendant cette phase, les personnes en deuil pleurent, ont du mal à dormir et perdent l'appétit. Certaines se sentent effrayées, en colère ou tristes d'avoir été abandonnées. Plus tard, la peine peut se transformer en dépression, ce qui se produit parfois lorsque le soutien social a cessé et que les proches ont cessé d'offrir leur aide et leur réconfort. Il peut alors en résulter un sentiment de solitude extrême. Finalement, le survivant recouvre peu à peu sa sérénité et son énergie et rétablit ses liens avec les autres.

Toutefois, la thanatologie ne peut que décrire et essayer de comprendre ; elle ne peut pas établir de lois[4] qui soient universelles dans le temps et dans l'espace car, à côté de la mort qui est une expérience vitale individuelle vécue, de l'intérieur, plus ou moins consciemment, par le-la seul(e) mourant(e), il y a la représentation de la mort et, plus précisément, un ensemble de représentations de la mort variant selon les époques, les lieux, l'état d'avancement de la connaissance scientifique, l'influence religieuse, le contexte social, politique, économique…, la psychologie (individus), la sociologie (groupements), la cosmogonie (vision du monde et, notamment, de la vie et de… la mort), les circonstances…

En toute objectivité scientifique, l'étude des représentations de la mort ne peut se faire que par l'analyse des rites et coutumes funéraires.

L’histoire des attitudes collectives devant la mort étudie les réseaux de gestes d’accompagnement significatifs — à la fois purificatoires et libératoires — qui entourent cette séquence mystérieuse et inéluctable qu’est le passage de la vie à la mort, autrement dit, dans un langage scientifique, celui de l'agonie, puis du traitement réservé à la dépouille et, enfin, le statut post-funéraire du-de la mort(e), le tout étant constitutif de la représentation de la mort.

Si les rites funéraires sont variables en temps, en formes et en lieux, ils demeurent une constante des comportements humains[5]. En plus de la souffrance de la séparation, interdits et obligations se côtoient pour détacher le mort des vivants, lui conférer un statut propre et réorganiser le groupe des vivants, déstructuré par la perte de l’un des siens.

L’étude de l’histoire de la mort débute avec les premières traces connues d’ensevelissement des cadavres, traces qui remontent à l’âge de l’homme de Neandertal (environ 100 000 ans avant notre ère). Inhumé en position fœtale — puis progressivement étendu —, le défunt est le plus souvent enfoui à proximité, voire dans le sous-sol même, de l’habitat du groupe. À l’âge de l’homme de Cro-Magnon, les sépultures se complexifient (adjonction de dalles marquant l’emplacement) et les rituels s’organisent, comme en témoignent les offrandes (ramures, pierres, outils, ivoires, coquillages, etc.). La naissance de ces comportements symboliques accompagnant l’inhumation laisse entendre l’idée d’une survivance au trépas : la mort s’apparente alors à un sommeil. Au Néolithique apparaissent les premières sépultures collectives, éloignées des habitations, alors que les sépultures aristocratiques, individuelles ou familiales, se distinguent par des tertres ou des tumulus primitifs.

À partir de l’âge du Bronze (environ 2 000 ans avant notre ère) l’incinération se répand en Occident et les tombeaux mortuaires prennent alors des formes différentes selon la géographie ; les tombes plates et tumulus, fosses, coffres de pierre et cercueils sont tour à tour utilisés pour les inhumations et l’usage de chambres funéraires creusées dans la roche ou dans la terre, architecturées et décorées, se diffuse. Pour les incinérations, les jarres, les nécropoles et les champs d’urnes - on parle alors d’une "civilisation des champs d’urnes" - sont caractéristiques d’une conservation des cendres. Deux constantes demeurent cependant durant la période : la présence d’offrandes et d’objets personnels auprès des morts et l’individualisation des sépultures.

Sous l’influence celte se développent les oppida massifs et les sépultures grandioses, comme la tombe du prince de Hochdorf en Allemagne ou celle de Vix en France. Les nécropoles s’organisent parallèlement à la première urbanisation de la civilisation. Des stèles et des cippes de diverses formes, gravés d’inscriptions commémoratives, sont érigées sur les tombes. À l’époque hellénistique, les inhumations se font dans des coffres en dalle de pierre (cistes) ou dans des sarcophages.

La complexification des offrandes et des rituels place progressivement le corps au centre des préoccupations métaphysiques. Le cadavre est alors paré des attributs du défunt dont il perpétue l’importance sociale et affective : vêtements, armes, bijoux, etc.

Au IIIème millénaire avant notre ère, l’invention du procédé de la momification par les Égyptiens prolonge cette quête de dignité en cherchant à donner à la mort l’apparence de la vie. Les techniques d’éviscération et de dessiccation se perfectionnent pour donner naissance à un art funéraire complexe ; le bandelettage est très travaillé et les sarcophages s’emboîtent les uns dans les autres afin de mieux protéger le corps. Puis, avec le développement du christianisme en Égypte (au IVème siècle), les vêtements remplacent les bandelettes des momies.

Pour les sociétés antiques, la tombe est l’habitat du mort dont il prolonge l’existence. Sous les influences grecque et phénicienne, l’inhumation devient, en Occident, la pratique funéraire dominante remplaçant la crémation et l’ensevelissement des cendres. La croyance en une "vie des morts" permet le développement de vastes sépultures individuelles ou familiales, somptueusement garnies d’objets du quotidien (instruments de métiers, vaisselles, armes et jouets d’enfants) et de tout un mobilier à usage rituel (vases canopes chez les Égyptiens).

Progressivement, les façades extérieures de la sépulture deviennent plus importantes que les espaces intérieurs : le tombeau traduit alors une nouvelle quête d’éternité devant la société, et non plus dans l’intimité de la croyance. Les tombeaux égyptiens se dressent, plus grands, plus hauts, plus visibles tels les temples funéraires, les hypogées de la Vallée des Rois ou les pyramides. Pour exemple, le Mausolée d’Halicarnasse, l’une des Sept Merveilles du Monde, célèbre la gloire du roi Mausole de Carie et cherche à marquer pour l’éternité le passage d’un homme sur terre.

A contrario, la fosse - individuelle voire collective, isolée ou regroupée dans les premières nécropoles collectives aux abords des cités - est souvent l’expression de l’infortune du commun des mortels.

Les traces des croyances anciennes témoignent de l’idée que le dernier passage[6] est toujours accompagné de l’espoir (ou de la crainte) d’un après. Les relations avec les défunts sont complexes. Si les offrandes, les fibules et les amulettes — glissées entre les couches de linges funéraires pour protéger le défunt durant son voyage vers l’au-delà — marquent partout l’affection et la tendresse du souvenir, chaque société a ses croyances et comportements propres.

Pour les Égyptiens, la mort est un passage : le défunt embarque dans une barque solaire guidée par Anubis, traverse l’océan céleste et rejoint l’astre-dieu (le Soleil) pour participer à sa renaissance quotidienne ; le mort inhumé accède alors à l’autre monde où il doit affronter le jugement d’Osiris.

À l’époque antique, le culte funéraire est célébré sur des autels où sont déposées les offrandes pour les dieux et les morts. Chez les Grecs, une pièce placée dans la bouche ou la main du défunt sert à payer Charon, qui transporte les morts au-delà du Styx et de l’Achéron, fleuves des Enfers. Pour les Romains, la vénération des morts s’apprivoise par l’oraison et le deuil, et par le culte des lares des ancêtres qui apaise le courroux des défunts. Les testaments montrent alors les premières recommandations pour le salut de l’âme plus que le souci du patrimoine, protégé par le droit.

Au haut Moyen Âge, au moment de la mort et avant même la toilette funéraire, les vivants cherchent à faciliter au trépassé la séparation du corps et de l’âme selon des recettes populaires : les miroirs sont voilés et les seaux vidés pour que l’âme du défunt ne s’y engouffre pas. L’annonce à la communauté resserre les relations interpersonnelles (avant que le glas du clocher du village ne se généralise au XVème siècle) et prélude à la veillée funèbre, souvent festive et arrosée. Enveloppé d’un linceul ouvert, noué ou cousu, parfois ligoté (comme le rappelle le chapelet chrétien), le défunt est ainsi "fixé" dans sa dernière demeure pour être protégé des échappées de l’âme.

Il est le plus souvent enseveli sur ses terres (avant 1300, le cimetière n’est pas de règle) lors des funérailles durant lesquelles on fait des offrandes et on déplore le défunt. Suit enfin le banquet funèbre, fête aux proportions souvent pantagruéliques[7] qui commence dès le cimetière et que l’on renouvelle aux anniversaires. Les morts entourent alors le monde des vivants : les revenants, parfois bienveillants mais plus souvent hostiles, les possessions et les réincarnations sont des croyances nées des relations privilégiées entre vivants et défunts.

Aux traditions populaires médiévales, le discours de l’Église construit - sur la passion du prétendu crucifié - l’image du pécheur confronté à la nécessité de faire son salut. Comme en témoignent les illustrations des tympans des églises romanes, l’âme ne peut se reposer après le jugement dernier que dans le paradis ou l’enfer. Mais cette division laisse en suspens le hiatus entre jugement individuel et jugement dernier. Alors, entre les XII et XIIIèmes siècles, l’Église imagine un troisième lieu permettant de purifier les pécheurs avant d’accéder au paradis : le purgatoire.

Alors qu’est omniprésente - dans le quotidien comme à travers les images de martyrs - la mort violente, le modèle d’une "bonne mort" se répand depuis les plus hautes sphères de la hiérarchie sociale. Cette mort préparée, attendue, sur le modèle de celle de François d’Assise, permet de faire la paix avec le Saigneur. S’imposent alors progressivement la confession, l’absolution, la communion et l’extrême-onction. À l’image du saint, le preux chevalier représenté sur son tombeau en gisant de pierre, allongé, les mains jointes, attend dans le sommeil la béatitude promise par la représentation statuaire.

Pendant tout le Moyen Âge, les clercs cherchent à imposer le passage à l’église pour l’office des morts "corps présent". Ils essayent également de conquérir le cimetière, espace souvent blotti au pied de l’église mais appartenant à la communauté villageoise qui y danse et y fait paître le bétail.

La Peste noire de 1348 et ses épidémies récurrentes font apparaître une mort triomphale qui provoque une flambée d’angoisse et un fort appel au repentir. Les cadavres du quotidien se multiplient dans l’art statuaire du transi, mort pourrissant et desséché délivrant sa leçon aux vivants. Les danses macabres (représentations ébauchées en Allemagne dès 1350) se diffusent dans toute l’Europe en illustrant la mort dansant avec les vivants, et tirant à elle tous les états sociaux et ce alors que l’Italie imagine la faucheuse (la mort représentée avec sa faux qui coupe la sève de la vie), thème qui obtient un succès encore plus vif.

Pour conjurer cette mort omniprésente se met en place un réseau de gestes "magiques" et christianisés au rôle préventif (comme le culte des saints, des reliques, etc.), ainsi que des gravures pédagogiques (Artes moriendi ou "Arts de bien mourir") dans lesquelles les anges bataillent avec les démons pour s’approprier l’âme du défunt. À la même époque se développe le testament, où les clauses religieuses (les œuvres) sont plus primordiales que les clauses patrimoniales avec, par exemple, la demande des messes en fondation perpétuelle pour le salut de l’âme.

La Renaissance marque la révolte contre le macabre à la fois sous les à-coups des humanistes et sous ceux de la Réforme qui critiquent les rites établis et réfutent le salut par les œuvres au profit du salut par la foi.

Avec la Contre-Réforme triomphante, la religion post-tridentine développe une pastorale doloriste qui devient la pièce centrale de l’économie du salut et rejette les superstitions populaires. "Je meurs chaque jour" est le thème central de ces pédagogies, crispées sur l’angoisse du salut et de la fin dernière, où méditation sur le crâne et les "vanités" deviennent l’expression de cette contemplation hypnotique de la mort. Fondée sur la crainte de l’enfer, la pastorale s’exprime vertement dans les sermons d’ecclésiastiques comme les prédicateurs Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704) et Louis Bourdaloue (1632-1704) ou le missionnaire Jacques Bridaine (1701-1767).

Cette pastorale conduit à théâtraliser la mort, qui se met en scène autour de fastueux cérémonials : les pompes baroques tandis que le rituel funéraire est codifié en 1614, la messe "corps présent" se généralisant et étant désormais chantée (cantate). La bonne mort devient l’aboutissement d’une honnête vie, comme dans les artes moriendi, précisant que chacun peut être sauvé ou perdu au dernier moment. À la cour comme à la ville, le dernier instant devient une cérémonie et le confesseur, terrifiant, soumet l’agonisant à une torture morale impitoyable.

Si la démesure des grands trouve son écho dans le cortège funèbre, le cimetière est relégué aux plus démunis, alors que la sépulture familiale envahit les lieux de cultes protestants comme catholiques.

Peu à peu, le deuil se codifie, s’habille de noir et de formules. La pratique testamentaire s’étend, relevant le succès du purgatoire. Et, alors que le baroque religieux s’étiole, les funérailles républicaines du XIXème siècle s’inspirent encore du faste des cortèges du XVIIème : retour des cendres de Napoléon, funérailles de Wellington, de Verdi, de Victor Hugo ou d’Abraham Lincoln.

L’emphase exagérée d’une pastorale trop présente se défait au cours du XVIIIème siècle. Ainsi, Voltaire, dans ses Réflexions sur ceux qui sont morts en plaisantant, raille la comédie des pompes baroques. Au sein des élites éclairées se diffuse un nouveau modèle de bonne mort qui refuse les fastes, revendique le droit aux larmes et attend de la seule mémoire familiale la pérennité du souvenir.

Alors que l’utilisation du cercueil et l’habillage du défunt se généralisent, les délais d’ensevelissement s’augmentent, reflétant la peur d’être enterré vif. Le billet de faire-part apparaît dans les villes tandis que le recours aux pénitents recule. Marquant l’évolution profane et mercantile du rituel, l’entrepreneur de pompes funèbres apparaît, d’abord en Angleterre.

Des arguments hygiénistes et urbanistiques se mêlent aux dénonciations des prêtres pour faire cesser l’ensevelissement dans les églises. En 1800 naissent les grandes nécropoles urbaines : on aménage pour les morts un lieu digne, décent et organisé comme le Père-Lachaise à Paris. L’exil des morts, comme le déménagement du charnier des Innocents à Paris à la veille de la Révolution, marque les esprits ; toutefois, le cimetière devient un lieu de repos, exalté par la poésie préromantique qui en fait un lieu de méditation privilégié.

Dans les testaments, dès 1770, les demandes de messes régressent : la profusion n’est plus de rigueur, sauf en Espagne et en Italie où la religiosité baroque demeure inaltérée.

La césure entre le profane et le sacré est consacrée par la Révolution française. Les obsèques civiles font scandale dans certains pays, de même que le refus de l’Église catholique d’enterrer religieusement.

La veillée funèbre s’épure vers 1840 en Allemagne, quand les psaumes et les cantiques remplacent les conversations et les cartes, et le café, la beuverie. Le banquet funèbre se replie sur la famille.

Alors que s’initie le modèle de la mort pauvre, violente et solitaire (comme dans Nana d’Émile Zola), l’omniprésence de la famille explose dans les épitaphes, inscriptions et symboles de la statuaire. Un monde de signes, aux références chrétiennes, entoure les figures du patriarche, de la femme représentée en jeune victime et de l’enfant. Le spiritisme prolonge le rêve d’immortalité familiale qui s’exprime encore dans le faste des monuments funéraires et dans la concession perpétuelle. Les funérailles bourgeoises triomphent avec l'essor du capitalisme.

Le deuil est exubérant, les sentiments s’extériorisent dans un pathétique outrancier. Des règles de deuil s’imposent : vingt et un mois pour un veuf ou une veuve précèdent le "demi-deuil". La visite au cimetière à la Toussaint se propage (à la fin du XIXème siècle, le chrysanthème devient la fleur des cimetières). La mémoire du disparu s’entretient et le cimetière devient le lieu où le culte des morts s’exprime. L’Angleterre inaugure le cimetière paysager (rural cemetery). Les cimetières de l’Europe méridionale - structures verticales de logettes superposées où s’entassent les sépultures des plus modestes - se distinguent de ceux de l’Europe du nord et du nord-ouest (churchyard, gazonné, blotti au pied de l’église) et du modèle franco-allemand (qui associe des monuments divers, des tombes individuelles aux caveaux de familles en chapelles, faisant de cette ville des morts le décalque par quartiers et par hiérarchies de la ville des vivants). Ouvert en 1804, le cimetière du Père-Lachaise connaît l’essor des promenades sous la Restauration, quand la visite prend un caractère de pédagogie religieuse, civique et familiale entre les cénotaphes des célébrités parisiennes.

Les funérailles s’organisent et sont soumises au contrôle des municipalités dans les pays d’influence latine ou laissées aux entrepreneurs commerciaux dans le monde anglo-saxon. Le commerce de la mort développe des industries prospères, comme les ateliers de sculpteurs et les entreprises d’articles funéraires. Face à ces nouvelles attitudes, on comprend que la crémation (réinventée en Angleterre et légalisée en France en 1889) se répande encore marginalement.

L’"interdit" sur la mort se manifeste dès les années vingt aux États-Unis pour s’étendre ensuite au monde anglo-saxon européen puis dans presque tout l’Occident. Sans doute à la suite des "boucheries" de la Première Guerre mondiale, la mort devient un sujet tabou.

La bonne mort devient la mort subite, non préparée, l’infarctus plus que le cancer, l’accident plus que la maladie (à l’image des stars de cinéma et du rock, tel James Dean). L’idéal du chrétien méditant sur ses fins dernières est révolu. Le recul religieux est essentiel pour comprendre ce changement d’attitude, d’autant plus que le discours catholique est longtemps demeuré inchangé, ignorant les mères célibataires, les homosexuel(le)s, les divorcés, les suicidé(e)s… de la messe d’enterrement. Les églises n’ont plus le magistère d’une évolution qui leur échappe et la mort des sociétés villageoises sonne le glas de tout un réseau de rites. Dans l’anonymat urbain, la rupture des continuités familiales rend impossible la cohabitation intergénérationnelle, d’autant que la médicalisation remet en cause la mort familiale et que le décès en milieu hospitalier se généralise.

Dans une société déritualisée et hédoniste, si des initiatives palliatives se développent, l’exclusion de la perspective dérangeante de la mort est la plus simple. Et tout y contribue, de l’avènement de la cité moderne qui fait disparaître les cortèges à l’omniprésence de la mort marchande qui monopolise toutes les opérations : thanatopraxie[8], organisation de la réception, du convoi, etc. Maître d’œuvre du cérémonial, le commerçant donne la consigne du silence autour d’une mort aseptisée. L’explosion urbaine et la spéculation foncière inaugurent de nouvelles réflexions sur la place des morts et crémation et columbariums se développent. La concession perpétuelle régresse : le rêve d’immortalité dans la pierre et dans la mémoire s’évapore, alors qu’on inaugure pour les "sans domicile fixe" (SDF) des caissons à décomposition rapide faisant leur œuvre en quelques dizaines de jours. Le XXème siècle cherche faire disparaître l’image du cadavre (image traumatisante de l’holocauste) pour construire des édifices de substitution permettant de clamer sa douleur.

En même temps, depuis plusieurs décennies et, plus précisément, depuis l'apparition de la société de l'image (animée), une autre théâtralisation de la mort est intervenue : l'abstraction, la virtualisation, la désincarnation, la déshumanisation… de la mort de l'Autre ou, du moins, de certain(e)s autres : ceux-celles qui sont distant(e)s du-de la spectateur-trice, ceux-celles dont le-le spectateur-trice peut se distancier ou s'est d'ores et déjà distancié(e) : dans la proximité socio-urbaine, les SDF, les marginaux, les  délinquant(e)s, les suvageon(ne)s, les sans papiers, les étranger(e)s… et, dans l'éloignement géo-politique, habitant(e)s du Tiers-monde, celles-ceux qui sont rangé(e)s dans le camp de l'ennemi, voire du Mal… Autrement dit, dans les deux cas les exclu(e)s du cadre de référence du-de la spectatrice.

C'est ainsi que, sans sourciller, sans aucune sympathie et, a fortiori, empathie, sans aucune solidarité, sans aucune fraternité, sans aucune compassion… mais également sans aucune peur (de la Mort) on peut désormais assister à la mort en directe d'une jeune mexicaine se noyant dans la boue, de populations bombardées, de condamné(e)s à mort exécuté(e)s… tout en bouffant, rotant, parlant, rigolant… ou dans l'indifférence la plus totalement silencieuse comme si même les images de ces morts n'existaient pas, comme si ces morts n'étaient pas… réelles[9], comme si certaines morts ne pouvaient plus non seulement être représentées mais appréhendées tant par le cœur que par la raison !

[Cette désincarnation de la mort et la distanciation émotionnelle et cognitive qui en résulte sont évidentes  dans les dessins animés de type japonais où les personnages, réduits à la plus  simple expression, meurent sans saigner et sans que leurs cadavres présentent les signes caractéristiques de la mort… humaine].

 

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Pas plus qu'un végétal, un animal se sait mortel et donc condamné à mourir à l'instant même de sa conception. Il ne peut le savoir, quelle que soit son espérance de vie, parce que, faute de conscience, il ne peut se conscientiser et, ainsi, anticiper son devenir et donc sa mort.

Sans aucun doute, les tout premiers humains ne se savaient pas mortel(le)s jusqu'à ce qu'ils-elles découvrent la mort à travers les premières morts d'individus. Toutefois, dans un premier temps, ces morts individuelles durent être considérées comme des changements accidentels d'état et non comme des termes inéluctables inhérents à la vie (humaine) elle-même  auxquels eux-elles, les vivant(e)s, étaient nécessairement condamné(e)s. La mort dut leur rester mystérieuse et épouvantable jusqu'à ce que la constatation répétée de morts individuelles les amènent à comprendre que la mortalité était naturellement[10] la caractéristique de toute forme de vie et donc de leur propre vie.

Tant qu'elle resta mystérieuse, la mort dut être considérée comme quelque chose d'extérieur – une sorte de force à l'instar du vent, de la pluie, du soleil…, de l'ensemble des éléments naturels – dont on pouvait se prémunir, que l'on pouvait se concilier ou même apprivoiser, domestiquer par la magie.

La conscientisation de l'inéluctabilité de la mort et de son inhérence à la nature humaine, autrement dit sa… fatalité ne put manquer d'aggraver la peur de la mort, autrement dit et concrètement parlant, la peur de… mourir. Une peur qui, d'une certaine manière, est une révolte contre la mort parce qu'un refus de mourir. Toutefois, la sachant désormais inhérente à leur nature, les humains durent admettre, sauf persistance d'une pensée primitive, que la magie ne pouvait avoir d'effet sur la mort ou, du moins, si elle pouvait provoquer celle de l'autre – un(e) ennemi, un(e) rival, une(e) jalousé(e)… -, dans sa forme dite noire, n'était en revanche pas en mesure de permettre d'accéder à l'immortalité, de la rendre facultative et non plus inéluctable. C'est pourquoi, la majorité des humains inventèrent l'immortalité ou, plus exactement, la vie après la mort, autrement dit… la religion et son cortège de dieux au point d'en arriver à considérer que la vie terrestre – la vie humaine, réelle – comme une attente, voire une illusion tandis que d'autres, dans le prolongement de la pensée primitive, mais non sans ressemblance avec l'irrationalité et l'imposture religieuses, inventèrent la métempsycose, la réincarnation, le vampirisme, la lycanthropie, le zombisme, la démonologie, … c'est-à-dire autant de mythes assurant qu'il est possible d'échapper à son enveloppe humaine et donc à sa mortalité. Mais aussi l'ascétisme, le yoga, la pénitence, le mea culpisme, le masochisme, le mysticisme, la prière, la confession, le rite, le piétisme, le ritualisme, le sacrifice…, c'est-à-dire autant de techniques pour se concilier les dieux et accéder (enfin) à l'immortalité, pour retarder le plus possible sa mort physique, pour anesthésier son corps et le rendre insensible aux blessures, surtout celles qui, comme la mort, sont… mortelles, se libérer de son enveloppe charnelle..  Et encore, dans l'hystérie de l'épouvante paranoïaque, des natures non humaines ou surhumaines échappant à l'humaine mortalité: les dieux-déesses vivantes (incarnées donc mais dans seulement l'apparence du corps humain), les héros-ïnes, les sur-hommes[11], les élu(e)s… et, dans la foulée, les chefs, les rois, les monarques, les… maîtres…[12] Et aussi les rites funéraires, la momification, les sépultures… pour se concilier les mort(e)s[13] ou favoriser leur passage vers l'immortalité…

Ces inventions et, l'utilisation qui en fut faite et qui continue d'en être faite par l'Ordre, ne furent pas sans conséquence pour les humains puisque, pour échapper à leur mortalité et donc à leur nature humaine, ils en vinrent à renoncer à leur condition, à leur essence humaine et, notamment, à la Liberté et que, par ailleurs, le genre humain, alors même que ces inventions revendiquent généralement une portée universelle, universaliste et universalisante, se mit à se fractionner, se démembrer, se désolidariser, se (sub)diviser… avec tout ce que cela comporte comme inégalités, exclusion, xénophobie, racisme, apartheid, oppression, répression, chauvinisme, nationalisme, fascisme, intégrisme, intolérance… 

[Pourtant, le secret de l'immortalité est simple : Je peux me sentir mourir mais je ne puis me sentir… mort et pour cause : ma conscience meurt avec mon corps. Je ne meurs donc véritablement – au sens de "je ne peux aller au terme de l'agonie" que dans la conscience de l'autre. Robinson Crusoé était immortel jusqu'à l'arrivée de Vendredi. Jusqu'alors, s'il se savait mortel, il ne pouvait se (re)connaître mort et ne pouvait donc mourir ou, du moins, être mort – être (re)connu pour mort – sur une île vide de toute présence humaine autre que la sienne. Un cadavre ne se sait pas mort. Un cadavre n'est rien d'autre que le relief d'une vie disparue. Un relief sans conscience comme le sont les reliefs d'un repas comme l'est la carcasse d'un poulet, d'un lapin… Mais, Vendredi, à supposer qu'il lui survive, pouvait (re)connaître sa mort. Le secret de l'immortalité n'est pas dans un  impossible au-delà ; il est ici bas : dans la solitude !].

Le culte des morts se fait nécessairement aux dépens des vivant(e)s, ne serait-ce que d'un point de vue bassement matériel : n'est-il pas scandaleux, outrageant de voir les sommes dépensées – gaspillées – pour des funérailles, des sépultures… quand des vivant(e)s meurent de faim, n'ont pas de quoi se loger, se soigner… Mais le dépens est aussi effectif, émotionnel et je ne sais s'il est ridicule ou, là encore, scandaleux, outrageant de voir des vivant(e)s témoigner de compassion – de solidarité !?! – à l'égard de mort(e)s qui ne sont que des cadavres en putréfaction, voire qui ne sont même plus de la putréfaction alors que, dans leur proximité, des vivant(e)s peuvent à peine survivre – dans la précarité, l'isolement, la détresse… - ou sont condamné(e)s à mourir, faute de toit, de nourriture, de soins…., quand, ces besoins (primaires) satisfaits, ils-elles pourraient… vivre ?

Toute croyance qui privilégie une vie au-delà, parce qu'elle ignore, refuse, réprouve, occulte, aliène… l'ici et le maintenant, est une insulte faite à la vie humaine qui, ancrée dans le réel, est inéluctablement vouée à la mort. Elle est, même si elle affirme le contraire, un culte de la mort qui participe d'un projet humanicide  - et, concrètement parlant, criminel, génocide, ethnocide… - puisqu'elle dévalorise, abstrait, nie… l'être humain dans ce qu'il a de plus réel, concret… la vie, sa vie.

Comment se dire ému(e) par les restes d'un vivant, par une boîte – fût-elle pyramide, mausolée… - qui n'est jamais qu'une urne à compost alors que l'on reste sec-sèche devant ce scandale permanent qu'est, par exemple, la mort – de faim, de soif, de maladie… - d'un enfant qui, né sous d'autres cieux, c'est-à-dire dans un autre contexte, celui d'un milieu nanti, pourrait mourir de sa belle mort au terme d'une vie normale, c'est-à-dire d'une durée compatible avec l'état d'avancement des sciences, de la médecine, de la technologie… et le niveau de richesse de ces quelques nanti(e)s qui ont une richesse inversement proportionnelle, la dite proportion étant exponentielle,  à plus des trois quart de l'humanité ?

Non, décidément, humaniste, je ne peux accorder quelque valeur que ce soit à une dépouille. Je ne puis éprouver quelque solidarité que ce soit à l'égard des reliefs d'une vie humaine quand ma fraternité est acquise à tous les humains et que je sais parfaitement que l'immense majorité d'entre eux-elles peinent à… survivre.

Humaniste, je me sais mortel. Et je m'en accommode très bien, m'efforçant de vivre du mieux possible en harmonie avec mon humanisme dans ma relation aux autres… les vivant(e)s. Humaniste, anarchiste, je ne cesse de me révolter contre l'inégalité, l'injustice, la souffrance évitable… contre des morts - celles de condamné(e)s  à la peine dite capitale, de victimes de guerres, de la faim, de la maladie… - mais je ne me révolte aucunement contre La Mort et, a fortiori, ma mort annoncée, contre ma mortalité puisque je la sais naturelle, inhérente à mon humanité et que je sais aussi que la mort des organismes vivants participe du processus général de… la Vie.

Une révolte contre La Mort me paraît aussi puéril, pour ne pas dire imbécile qu'une révolte contre la pluie, le vent, un orage, la lumière et la chaleur du soleil, la salinité des mers…, l'existence de moustiques, de puces…, d'orties…

Il est paradoxal de relever que quasiment toutes les sociétés qui pratiquent le culte des morts[14] proscrivent le suicide jusqu'au point de refuser l'accès des cimetières aux cadavres de suicidé(e)s. Mais le paradoxe n'est qu'apparent : il s'inscrit d'abord dans la logique du tabou archaïque de la mort mais, ensuite et surtout, dans celle du renoncement, qui est la dépossession, volontaire ou imposée, on humanité et de sa liberté au profit du maître – dieu ou les dieux et ses kapos-serviteurs -, la  perte de l'individualité au profit du troupeau.

Or, le suicide n'est pas un droit mais une part de ma liberté : je suis libre, donc j'ai la capacité de décider seul de ma vie et, a fortiori, d'y mettre un terme de façon anticipée, de mourir volontairement, librement. Et, a contrario, si ma liberté de mourir ne m'est pas reconnue, alors je ne suis pas libre mais asservi, contrôlé, surveillé, emprisonné…, objectivé, réduit à l'état de bétail, d'un bien mobilier possédé par un maître. Il n'y a véritablement de liberté qu'absolue : me protéger contre moi-même, en m'interdisant de me suicider et, au besoin, en m'enfermant pour ce faire[15], c'est nier ma liberté, me déchoir de mon humanité.

La crispation du débat sur le droit à l'euthanasie est révélatrice de l'enjeu : la légalisation de l'euthanasie n'est pas seulement l'établissement, la reconnaissance d'un droit mais l'affirmation de la liberté humaine et, par là-même, la négation de l'autorité divine sur le troupeau… humain. C'est pourquoi, toutes les religions, au-delà de leurs querelles fratricides, de leurs dissensions théologiques…, font dans le syncrétisme œcuménique pour, ensemble, sous le voile ouvert de la religion et de l'ordre divin, ou sous le masque d'une pseudo-éthique humaniste, faire obstacle au vote de ce droit ou en obtenir l'abrogation : pour elles, l'enjeu est de taille puisqu'il y va de leur survie puisqu'elles vivent des rentes de leurs troupeaux !

En ce qui me concerne, la mort, en tant que terme inéluctable de la vie humaine,  n'est pas un problème. Ma port ne l'est pas non plus. Ni mystère, ni épouvante. La simple sagesse du bon sens : je suis né… mortel. Aussi, plutôt que de prier La Mort à travers le culte des morts et, plus généralement, cette imposture ô combien humanicide qu'est l'inexistant – plus couramment appelé dieu, au singulier ou au pluriel -, je préfère, non célébrer La Vie mais chanter les vivant(e)s en chantant avec eux-elles ce que, dans l'immédiateté la plus intime, nous pouvons partager : nos vies dans leurs différences avec leurs joies, leurs peines, leurs vicissitudes…

*JC



[1] Pour mémoire : pour s'assurer de la mort d'une personne, on lui croquait un orteil, d'où le terme… croque-mort.

[2] Je ne parlerai que de ce que je connais : la mort dans le contexte de la culture  occidentale.

[3] [Du Grec Thanatos, "mort", nom du dieu de la Mort, fils de la Nuit et frère d'Hypnos]. Spécialistes (psychologues, sociologues, médecins…) ceux qui étudient l'environnement et l'expérience intime de personnes proches de la mort.

[4] Au sens scientifique du terme.

[5] Ainsi, par exemple, la couleur du deuil est le noir pour les catholiques et le blanc pour les musulmans ; les hindouistes brûlent les cadavres mais les musulmans et les catholiques les enterrent, les premiers sans cercueil, les seconds avec…

[6] Le premier étant celui de la naissance mais il en existe d'autre comme celui de l'initiation.

[7] D'où le regret de Brassens des funérailles d'antan !

[8] Embaumement, mise en scène du cadavre dans son environnement familier…

[9] De nombreux-ses sociologues et psychologues occidentaux ont été stupéfait(e)s de l'effet boomerang de cette théâtralisation en constatant que les enfants restaient indifférents aux images, pourtant martelées, des attentats du 11 septembre car, pour eux, "ce n'était pas pour du vrai" ou, pire encore, cela n'évoquait rien, cela ne renvoyait à aucune réalité tant cognitive qu'émotionnelle.

[10] C'est-à-dire en dehors de toute forme accidentelle ou provoquée de mort.

[11] A ma connaissance, l'expression sur-femmes n'existe pas et la seule analogie possible (et encore) me semble être celle des Amazones.

[12] Dans ces réflexions sur la mort, il n'est pas dans mon propos de montrer le lien étroit existant entre la religion et l'Etat, la religiosité et l'autoritarisme…

[13] Afin qu'ils-elles laissent vivre les vivant(e)s en paix, qu'ils soient des ambassadeurs-rices auprès des dieux, qu'ils-elles deviennent ou restent des allié(e)s et, ainsi, asservissent la mort pour qu'elles servent la (bonne) cause (conqête, défense…) et que, à l'image des dieux, elle soit "avec nous"…

[14] Pouvant aller jusqu'à l'anthropophagie, réelle ou symbolique (comme chez les catholiques avec l'hostie), à la sortie régulière des cadavres – ou ce qu'il en reste – pour, comme à Madagascar, les… secouer (sic !)…

[15] Dans de nombreux pays, le suicide est un délit [dont on ne peut à l'évidence sanctionner que celui-celle qui a raté son suicide] tandis que dans d'autres, sous l'appellation de comportement ou tendance suicidaire, il est considéré comme une maladie mentale – l'aliénation prise dans le sens de démence - emportant pour celui-celle qui en souffre une incapacité juridique – placement sous tutelle ou curatelle - et autorisant la prescription de soins contre la volonté du-de la malade dans le cadre d'un internement (administratif ou judiciaire) psychiatrique.


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