La cause des femmes

De nombreuses femmes, parfois soutenues de quelques hommes – heureusement ! – se battent contre le sexisme, c'est-à-dire cet ensemble de violences, d'exploitation, d'inégalités, de maltraitance, d'injustices… dont sont victimes les femmes, du fait d'hommes et à raison de leur sexe.

Cette cause, comme toutes celles qui prétendent promouvoir, défendre ou restaurer des droits humains bafoués est juste, en droit comme en moral.

Toutefois, elle appelle quelques précisions.

Le sexisme est un mode de rapports, publics et privés, entre humains et, plus précisément, entre les hommes et les femmes, qui se fonde sur une idéologie particulière : le paternalisme.

Comme toute idéologie, le paternalisme détermine une vision particulière de la Société humaine et, au-delà, des humains dans leurs relations mutuelles et leurs relations à la Société. Le paternalisme détermine une organisation sociétale donnée qui repose immédiatement sur la soumission des femmes aux hommes et, plus essenciellement, sur le principe de l'autorité avec tout ce que cela représente comme domination, rapport de force, exploitation, inégalité…

Or, le paternalisme est de nature fondamentalement… religieuse même lorsque la religion en question s'agrémente de divinités, de cultes féminins (type culte marial)…

De ce fait, il n'est pas seulement l'aliénation des rapports des hommes aux femmes mais, plus généralement, des humains à l'humain en ce sens qu'il se fonde sur un ordre non-humain – l'ordre divin – et constitue donc la forme la plus achevée de l'anti-humanisme.

Certes, à titre individuel, des hommes sont bien responsables des maltraitances, des violences, des injustices… dont ils frappent, à titre individuel également, des femmes mais, en droit comme en moral, ils ne sauraient porter individuellement le poids d'une responsabilité collective qui est celle d'un système et non d'individus.

En effet, pour reprendre une image, les bureaucrates de la mort de l'univers concentrationnaire nazi étaient bien responsables individuellement de leurs faits et gestes, des exactions auxquelles ils pouvaient se livrer… mais ils n'étaient pas pour autant responsables individuellement de cet univers concentrationnaire lui-même, lequel était l'une des manifestations d'un système : le nazisme.

Ainsi, combattre les exactions de tel ou tel homme est une chose, rendre responsable chaque homme du paternalisme – et donc du sexisme – en est une autre.

En fait, les femmes ne doivent pas se tromper d'adversaires : leur ennemi, ce n'est pas l'Homme – c'est-à-dire les hommes – mais le paternalisme et la religion – quelle que soit la secte considérée -.

Les hommes ne sont pas tant des ennemis qu'il faut combattre, voire abattre que des humains aliénés dans leurs relations aux femmes, aux hommes, à eux mêmes et, plus universellement, à l'humain en raison de l'aliénation religieuse dont ils sont les victimes, tout comme les femmes.

A titre individuel, un homme peut s'avérer le plus odieux des bourreaux à l'égard de sa compagne, de ses enfants, des femmes en général… Il n'en demeure pas moins que, aliéné, il n'est pas réellement responsable de ce qu'il commet puisque, par définition, l'aliénation est la dépossession de soi et que, dans son incomplétude humaine, il est, en définitive, un être… malheureux, comme le sont également les femmes qui n'ont pas su dépasser leur aliénation et qui donc, elles aussi, dans un état d'incomplétude humaine à leur propre égard et à celui des autres, femmes et hommes.

De tels propos peuvent choquer à la simple idée des viols, des violences conjugales et familiales, des inégalités sociales et économiques,  des harcèlements de toute nature… dont bien des femmes sont victimes du fait d'hommes.

Il n'en demeure pas moins que le sexisme dont font preuve bien des hommes est la résultante directe de l'aliénation à l'humain dont ils sont eux-mêmes victimes et que, il ne faudrait pas l'oublier, le machisme auquel ils s'efforcent de se conformer n'est souvent que le modèle de virilité – et, par-delà d'humanité – dans lequel ils ont été éduqués par… des femmes, à raison de la même aliénation universelle à l'humain !

Pour revenir à l'exemple nazi, il aurait été illusoire de croire, à cette époque, que le combat pour la libération des déportés était à mener contre les chefs de camps de concentration. Le seul vrai combat d'alors était à mener contre le système nazi lui-même.

En matière de paternalisme, y compris dans sa forme particulière qu'est le sexisme, le combat à mener doit l'être contre le paternalisme lui-même, c'est-à-dire, in fine, contre 'aliénation religieuse.

Or, force est de constater que dans le combat contre l'aliénation religieuse les femmes sont nettement moins nombreuses que les hommes, d'aucunes considérant même que la religion peut être une arme défensive à utiliser pour se préserver des excès… des hommes ! En même temps, les hommes qui s'investissent dans la lutte contre la religion ne prennent pas toujours nécessairement conscience que, du fait même de cette lutte, ils ont le devoir de se remettre en cause dans leur relations aux femmes dès lors que, libérés de l'aliénation religieuse, ils n'accèderont réellement à leur plénitude humaine que s'ils établissent des relations à l'autre – et donc aux femmes – et à eux-mêmes véritablement… humaines.

Il y a donc là un paradoxe qui pose question, pour ne pas dire problème.

La cause des femmes ne saurait se dissocier de celle de l'humain. Elle participe donc nécessairement de la critique radicale et absolue de la religion. Il ne saurait y avoir de femmes libérées tant que les hommes resteront aliénés. La libération à réaliser n'est pas réellement celle des femmes – ou même des hommes – mais de l'humain[1].

La tâche est immense. Elle est tout autant personnelle que collective, privée que publique. Ses armes ne sont pas celles de la force et de la violence mais de la critique, de l'éducation, de la sagesse, de la philosophie, de l'humour, de la dérision, du blasphème… Elle n'est pas affaire à proprement parler de révolution mais de rébellion, de révolte.



[1] Pour prendre une image : la libération d'un pays dominé ne saurait être celle des hommes, des femmes ou de telle ou telle catégorie de la population mais bien celle du pays dans sa totalité et donc de tous ses habitants.


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