La der' des der' ?

 

Hier, manif à Lille. Un sit-in tonitruant en principe. En réalité, une centaine de personnes seulement au milieu d'une foule indifférente, de touristes goguenard(e)s, devant un Macdo(il) plein comme tous les samedis après-midi...Aucun syndicat. Des anonymes des droits des humains (LDH, MRAP, LICRA...). Des verts et écolos à titre individuel. Une seule présence notoire et colorée (drapeaux, autocollants, tracs...) : la LCR et la coordination communiste. Beaucoup de personnes âgées. Quelques coûts de sifflets. Un coup de main musical donné par les habituels pratiquants des percussions africaines de la Grand'place ainsi que par un quatuor Rom qui était là avant pour la manche. Une dispersion qui n'en a pas été une puisqu'elle s'est faite en douceur, presque en douce, suite à un léger incident avec les flics. Une fin inexistante pour une manif qui, en définitive, n'aura pas vraiment eu lieu !

La même semaine, la manif pour la retraite a beaucoup mobilisé. Les acquis sociaux en France mobilisent encore. Et encore ! Pas/plus la guerre faite au peuple irakien avec son cortège de massacres, de destructions, d'exactions de toute nature... Une guerre si... loin. Une guerre qui ne fait plus vraiment la "une". Une guerre à laquelle le troupeau s'est finalement habitué comme il s'est habitué aux expulsions de réfugiés, à la répression policière...

Comme si les atteintes à ces "acquis sociaux", la répression policière et judiciaire, l'expulsion des réfugiés politiques, des squats... en France (mais aussi en Belgique, en Allemagne, aux USA...) n'étaient pas de la même essence que la guerre faite aux Irakien(ne)s. La guerre d'un système mondial et globalisant.

Est-ce que les non-manifestant(e)s d'hier auront demain le culot d'appeler à la solidarité internationale et, ainsi, à celle des Irakien(ne)s le jour où, aculé(e)s dans leur dernier retranchement, à force d'avoir fermer les yeux, bâillonner leurs bouches, fermer leurs oreilles, bien assis dans le confort routinier de leurs pantoufles… leur pré carré personnel sera menacé d'être réduit à l'état de désert pour que le rouleau compresseur du système puisse mieux avancer ?

Ces non-manifestant(e)s, demain ou après-demain, s'en iront sûrement voter pour renouveler leur serment allégeance à leurs maîtres. Ils-elles se diront peut-être même que, avec leur morceau de papier, une fois de plus, ils-elles sauveront la… démocratie. Cette démocratie qui, hier, sur cette putain de place, avait un relent puant de fosse commune, la fosse commune d'un charnier planétaire, celui des peuples et donc des individus réduits à l'état de combustibles, non fossiles mais vivants, du four crématoire de l'humanité : le capital !

Est-ce que cette manif était la der' des der' ? Une sorte de baroud d'honneur ? Non la lutte finale mais… une lutte finie, abandonnée ? Je ne le sais pas. Mais ce que je sais c'est que, hier, j'ai eu honte. Moi l'anar, le mécréant qui ne suis pas du pardon, considérant que le pardon est la repentance facile, trop facile de tous les abus, des pires crimes et bien, aujourd'hui, je demande pardon aux Irakien(ne)s. Et le pire c'est que mes larmes de honte et de remords ne pourront pas éteindre ce foutu feu…

 

*AnarJC le mécréant


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