Le drapeau rouge

A celles et ceux à qui le (drapeau) rouge fait… voir rouge

ou bien broyer du noir !

Prolégomènes chromatiques

En optique, le mot "couleur", qui vient du latin colorcoloratus[1], désigne la sensation que produisent sur l'œil les radiations de la lumière, telles qu'elles sont absorbées ou réfléchies par les corps.

Le rouge qui, en peinture s'appelle "rouge vermillon[2]", est l'une des trois couleurs primaires avec le vert et le bleu, sachant que la combinaison, en quantités égales, des trois couleurs primaires donne… le blanc tandis que l'absence de ces trois couleurs primaires donne… le noir. Il est la couleur qui excite le plus le cône de l'œil humain.

Une couleur complémentaire est la combinaison ou l'addition de deux couleurs fondamentales. Celle du rouge, c'est-à-dire son opposé sur le cercle chromatique, est la couleur fondamentale cyan.

Il y a trois couleurs fondamentales (ou de base) : le cyan, le magenta et le jaune. A l'inverse des couleurs primaires, une combinaison de ces trois couleurs, en quantité égale, donne du noir, alors que l'absence de ces trois couleurs donne du blanc.

Ainsi, en matière de… couleurs, le terme "rouge" est une sorte de panacée sémantique puisque, étymologiquement parlant, le rouge désigne à la fois ce qui est… de couleur rouge au sens chromatique di terme et ce qui coloré… de n'importe quelle autre couleur ![3]

Petite promenade historique

Le rouge est la première couleur (au sens chromatique du terme) utilisée par els humains. Ainsi, dès – 30 000 ans, l'art paléolithique utilise le rouge, qui était alors obtenu notamment à partir de la terre ocre-rouge[4]. La chimie du rouge a donc été très précoce, et très efficace. D'où le succès de cette couleur.

La symbolique chromatique de l'Antiquité était organisé autour de trois pôles : le blanc représentait l'incolore, le noir était grosso modo le sale, et le rouge était la couleur, la seule digne de ce nom. Ainsi admiré, le rouge se voit confier les attributs du pouvoir, c'est-à-dire ceux de la religion et de la guerre. Le dieu Mars, les centurions romains, certains prêtres… tous sont vêtus de rouge. Le rouge s'impose aussi parce qu'il renvoie à deux éléments, essentiels et qui, symboliquement, continuent de lui "coller" : le feu et le sang.

Ainsi, dès l'apparition des premiers États, du moins dans la sphère "occidentale, le rouge s'identifie au pouvoir au point d'un être l'attribut exclusif.

Dans la Rome impériale, le rouge, fabriqué avec la substance colorante du murex, un coquillage rare récolté en Méditerranée, est réservé à l'empereur et aux chefs de guerre. Au Moyen Age, la recette de la pourpre romaine s'étant perdue (les gisements de murex sur les côtes de Palestine et d'Égypte étant, de surcroît, épuisés), c'est le kermès - œufs des cochenilles parasites des feuilles de chênes – qui produit le rouge dont on teint les vêtements et attributs des détenteurs du pouvoir temporel et religieux[5].

A partir des XIII et XIVèmes siècles, les papes, jusque-là vêtus de blanc, se drapent de rouge comme pour réaffirmer leur puissance temporelle contre l'Empereur, les monarques…. Les cardinaux en font de même. Au même moment, les  diables sont peints en rouge et, dans les romans, il y a souvent un chevalier démoniaque et… rouge[6]. Ambivalence qui persiste de nos jours !

Parce que liées au pouvoir et à la hiérarchisation de la société, les codes symboliques ont des conséquences très pratiques. Ainsi, certains teinturiers certains ont une "licence" pour le rouge et une "tolérance" pour le jaune et le blanc) tandis que d'autres ont une "licence" pour le bleu et une tolérance pour le vert et le noir. A Venise, Milan ou Nuremberg, les spécialistes du rouge garance ne peuvent même pas travailler le rouge kermès. Partout, on ne peut outrepasser sa licence ou sa tolérance que sous peine de procès. Les teinturiers doivent vivre dans des rues séparées, cantonnés dans les faubourgs parce que leurs officines empuantissent tout. Les conflits entre "gens de la couleur" sont souvent violents parce que les intérêts (financiers) en jeu sont énormes pour la simple et bonne raison que, à cette époque, le textile, au sens large – de la production de matière première à sa transformation et à son négoce – est l'industrie majeure de l'Europe.

La Réforme met à mal le rouge puisqu'elle l'assimile au… papisme. Pour les "protestants" le rouge est immoral au motif qu'il est dit dans l'Apocalypse de Jean dénonce la grande prostituée de Babylone vêtue d'une robe rouge et chevauchant une bête venue de la mer. Pour Luther, Babylone, c'est Rome : il faut donc chasser le rouge du temple et le bannir des habits de tout bon chrétien.

Cette condamnation luthérienne du rouge n'est pas sans conséquence pour les catholiques puisqu'à partir du XVIe siècle, les hommes ne s'habillent plus en rouge désormais, l'ambivalence continuant de prévaloir, réservé aux cardinaux, aux membres de certains ordres de chevalerie et aux… femmes.

Si, jusqu'au Moyen-Âge, le bleu, couleur de Marie, était "féminin" et le rouge masculin comme signe du pouvoir et de la guerre, à partir du XVIème siècle la symbolique s'inverse : le bleu devient masculin et signe de noblesse, donc de pouvoir, et le rouge, féminin et signe de "bassesse", de "contre pouvoir".[7].

Ainsi, au fil des siècles, insidieusement, le rouge de l'interdit s'affirme pour devenir par exemple la couleur de la robe des juges qui condamne à mort et celle des gants et du capuchon du bourreau qui tranche la vie et fait verser le sang.

Dès le XVIIIème siècle, un chiffon rouge signifie danger[8]. C'est pourquoi, en octobre 1789, l 'Assemblée constituante décrète qu'en cas de trouble un drapeau rouge sera placé aux carrefours pour signifier l'interdiction d'attroupement et avertir que la force publique est susceptible d'intervenir. Or, e 17 juillet 1791[9], de nombreux Parisiens se rassemblent au Champ-de-Mars pour demander la destitution de Louis XVI, qui vient d'être arrêté à Varennes. Comme l'émeute menace, Bailly, le maire de Paris, fait hisser à la hâte un grand drapeau rouge. Mais les gardes nationaux tirent sans sommation et on comptera une cinquantaine de morts qui, aussitôt, seront traités en "martyrs de la révolution". Et, en ce qui concerne la France du moins, c'est depuis cette date exacte que ce drapeau rouge, "teint du sang de ces martyrs" est devenu l'emblème du peuple opprimé et de la Révolution en marche et que, pour les révolutionnaires, le rouge, de "négatif" est devenu "positif".

C'est dans cette même filiation qu'en février 1848, devant l'Hôtel de Ville, les insurgés brandissent de nouveau le drapeau rouge, désavouant, rejetant par là-même le drapeau tricolore qui était devenu le symbole de la Révolution , puis de la République[10]. Une pétition est même signer pour demander que l'on fasse du drapeau rouge, "symbole de la misère du peuple et signe de la rupture avec le passé, l'emblème officiel de la République ". Ce à quoi Lamartine rétorqua que "Le drapeau rouge  est un pavillon de terreur qui n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, tandis que le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie !".

Rapidement, le drapeau rouge devient le drapeau de tou(te)s les révolutionnaires et, en particulier, de l'Internationale des travailleurs. A travers le monde entier, il est arboré, brandi, chanté… mais aussi insulté, interdit[11], confisqué… dans les manifestations, les maquis, les guérillas, les grèves, les obsèques, les commémorations.... Mais, ambivalence obligeant, le rouge indique toujours la fête (Noël notamment), le luxe, le Théâtres, l'Opéra… et… l'érotisme.[12].

Depuis,; le drapeau rouge est associé aux mouvements révolutionnaires se réclamant du "communisme" au sens large du terme, qu'il s'agisse du léninisme, du trotskisme, du maoïsme, du castrisme, du guévarisme, du tiers-mondisme, du situationnisme… même si, ambivalence obligeant, le rouge, en Occident, est aussi le symbole de la fête (Noël en particulier), du luxe (cf. le mythe de la Ferrari rouge dont la couleur originelle est le.. jaune), du Théâtre et de l'Opéra, de l'érotisme… Il a été et reste celui de la Commune de Paris et de toutes les manifestations qui ont suivi et continuent de suivre la Commune : obsèques de communard(e)s, célébration du retour des déporté(e)s, commémorations de la Commune , décoration du Mur des Fusillés…

Drapeau rouge versus drapeau noir ?

Des anarchistes "bien pensant(e)s" (!?!) se sentent obligé(e)s d'opposer drapeau rouge et drapeau noir pour jeter le premier aux orties de l'Histoire et arborer le second comme annonciateur du "Grand soir" ! Qu'en est-il exactement ?

En 1872, à La Haye , la scission est officiellement consommée entre les communistes autoritaires et les communistes libertaires qui, progressivement, pour mieux marquer leur "différence", se feront appeler anarchistes. Dans la foulée, en 1182, les anarchistes se prononcent pour l'abandon du drapeau rouge au profit du drapeau noir.

Le 18 mars 1882, lors d'un meeting tenu salle Favié à Paris, Louise Michel s'exclame : "Plus de drapeau rouge, mouillé du sang de nos soldats. J'arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos illusions." Un peu plus tard, à Lyon, elle tient les mêmes propos devant une foule qui, sans doute, se souvenait de ce drapeau noir arboré pour la première fois publiquement lors de la révolte des Canuts.

Le numéro 1 du Drapeau noir du 12 août 1883 s'exprime, en effet, sur ce choix : "Les événements, les faits de tous les jours, nous ont montré clairement que le drapeau rouge, si glorieux vaincu, pourrait bien, vainqueur, couvrir de ses plis flamboyants, les rêves ambitieux de quelques intrigants de bas étages. Puisqu'il a déjà abrité un gouvernement et servi d'étendard à une autorité constituée. C'est alors que nous avons compris qu'il ne pouvait plus être pour nous, les indisciplinés de tous les jours et les révoltés de toutes les heures, qu'un embarras ou qu'un leurre."[13]

"Le drapeau noir fait ensuite une apparition "officielle" dans la manifestation des sans-travail aux Invalides à Paris, le 9 mars 1883, lors d'un meeting organisé par le syndicat des menuisiers : il s'agit d'un vieux jupon noir que Louise Michel a fixé sur un manche à balai.

"Quelques mois plus tard, pour la fête du 14 Juillet, les anarchistes invitent la population à manifester "un drapeau noir à la main". À cette époque, un article paru dans le Drapeau noir, rappelle que "seul celui-ci peut convenir pour représenter le combat anarchiste, la guerre de partisans et le combat des tirailleurs dispersés."

La naissance du "drapeau" noir anarchiste est intimement liée à Louise Michel, communarde s'il en fut et qui a donc, à ce titre, combattu sous… le drapeau rouge. Cette origine historique n'est pas… "innocente". En effet :

La démarche de Louise Michel, comme celle des anarchistes des années 1872-1183, n'est pas une démarche d'opposition mais de différenciation : il ne s'agit pas de renier les combats passés menés sous le drapeau rouge mais de se démarquer des personnes et des organisations qui, par leur conception, notamment autoritaire, de la lutte les ont mené à l'échec[15]. Elle n'est donc pas non plus de division.

Le drapeau rouge n'est pas un symbole sur lequel, en raison de sa couleur et comme un taureau[16], il convient de se jeter au motif que l'on est (serait) anarchiste ! Si, d'un point de vue théorique, philosophique, politique, éthique… il se doit de marquer sa différence par rapport au communisme autoritaire – ainsi qu'à tous ses déviationnismes – et au réformisme, l'anarchisme, dans la lutte quotidienne, qu'elle soit individuelle ou collective, n'a pas besoin de drapeau, fût-il un simple chiffon (… noir). Il a encore moins besoin d'arracher, de décrocher, de piétiner, de salir… d'autres drapeaux et, singulièrement, le drapeau rouge car, outre que cela relève(rait) d'un fétichisme pouvant appeler des soins psychiatriques urgents et… énergiques, l'injure faite au drapeau rouge est, aussi, insulte faite à celles et ceux qui sont morts sous sa couleur et qui, bien des fois et en maints lieux, étaient… des anarchistes !

Il ne peut doit pas y avoir de duel "fratricide" entre drapeau rouge et drapeau noir car si le premier peut l'être véritablement, le second ne peut être un drapeau, sauf à ne pas être celui de… l'anarchisme. De plus, les forces "oppositionnelles" (je n'ose même pas dire… "révolutionnaires" ayant cette fâcheuse tendance à fondre comme neige au soleil, il me semble plus judicieux de se battre contre l'ennemi plutôt qu'entre frères-sœurs même… ennemi(e)s ![17]

 

 

Le Drapeau Rouge

Paul Brousse[18]

Les révoltés du Moyen-Âge 
L’ont arboré sur maints beffrois. 
Emblème éclatant du courage, 
Toujours il fit pâlir les rois. 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge ! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Puis planté sur les barricades, 
Par le peuple de février 
Il devint pour les camarades, 
Le drapeau du peuple ouvrier. 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge ! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Quand la deuxième République 
Condamna ses fils à la faim, 
Il fut de la lutte tragique, 
Le drapeau rouge de juin! 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge ! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Sous la Commune il flotte encore 
À la tête des bataillons 
Et chaque barricade arbore 
Ses longs plis taillés en haillons! 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge ! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

 

Le Drapeau Rouge  

Sous la Commune il flotte encore
À la tête des bataillons 
L’infâme drapeau tricolore 
En fit de glorieux haillons! 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge!
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Noble étendard du prolétaire, 
Des opprimés sois l’éclaireur. 
À tous les peuples de la terre 
Porte la paix et le bonheur! 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge!
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Les braves marins de Russie, 
Contre le tsarisme en fureur, 
Ont fait flotter jusqu’en Asie 
Notre drapeau libérateur! 

Le voilà!, Le voilà! Regardez! 
Comme fièrement il bouge, 
Ses longs plis au combat préparés, 
Osez, osez le défier! 
Notre superbe drapeau rouge!
Rouge du sang de l’ouvrier! 
Rouge du sang de l’ouvrier! 

Un jour sa flamme triomphale 
Luira sur un monde meilleur, 
Déjà l’Internationale 
Acclame sa rouge couleur! 

 


[1] Colorado en Castillan.

[2] Si vermillon, de vermeil (du latin vermiculus, cochenille), désigne le sulfure de mercure, pigment artificiel ou produit naturel (cinabre), d'un beau rouge vif, vermillon, adjectif invariable, qualifie une couleur d'un rouge vif tirant sur l'orangé tandis que, en vénerie, vermillonner, verbe intransitif, désigne, pour le blaireau, l'action de fouir la terre pour y trouver des tubercules, des racines. Quelque chose qui est vermillon est donc d'un "rouge vif un peu moins clair que l'incarnat".

[3] On notera que, en russe, "rouge" se dit krasnoï qui signifie, à la fois, "rouge" et "beau" et que la Place rouge est donc une place (de couleur) rouge et… belle !

[4] A partir du néolithique, le rouge a eu d'autres "sources" : la garance - herbe aux racines tinctoriales présente sous les climats les plus variés -, puis on s'est servi de certains métaux, comme l'oxyde de fer ou le sulfure de mercure…

[5] Les paysans, dans une très faible mesure, mais, surtout les bourgeois cherchent à se parer aussi de rouge mais ils doivent se contenter de celui obtenu à partir de la garance qui est moins vif, moins… noble et qui a des allures de rouge… délavé !

[6] En Asie, la couleur religieuse par excellence est le jaune mais on trouve aussi, sinon le rouge, du moins un "marron-rouge".

[7] Cette distinction perdure encore, avec la layette, bleue pour les garçons et rose pour els filles. Pour mémoire, dans de nombreux pays européens, le rouge restera la couleur de la mariée jusqu'au XIXème siècle

[8] Cette symbolique existe toujours avec l'alerte rouge, le téléphone rouge, le carton rouge, la croix rouge… De nombreuses expressions courantes attestent aussi de cette prégnance : "rouge de colère" "voir rouge"…

[9] Un drapeau rouge a été, prétend-on, arboré par les Cordeliers devant les Tuileries le 10 août 1792, avec l'inscription "Loi martiale du peuple souverain". Un peu plus tard, de son côté, le Père Duchêne annonçait que "après avoir foutu trois sommations au nom du peuple souverain quand il est assemblé, [il] déploiera le grand drapeau rouge de l'Opinion publique".

[10] Une motion a même demandé que l'on fasse du drapeau rouge, "symbole de la misère du peuple et signe de la rupture avec le passé, l'emblème officiel de la République ". Ce à quoi Lamartine rétorqua que "Le drapeau rouge  est un pavillon de terreur qui n'a jamais fait que le tour du Champ-de-Mars, tandis que le drapeau tricolore a fait le tour du monde, avec le nom, la gloire et la liberté de la patrie !".

[11] En France, de 1880 à 1914, il était théoriquement interdit d'arborer le drapeau rouge dans els lieux publics. Cette interdiction a été appliquée avec plus ou moins de rigueur, de sévérité, de brutalité... selon les lieux et les circonstances. C'est à cause de cette interdiction que se développés des "substituts" comme les "rosettes", les écussons, les rubans, les tatouages…

[12] Symboliquement, émotionnellement, le rouge est loin d'être une couleur "neutre". C'est pourquoi, les objets d'usage courant (ordinateur, réfrigérateur, mobilier…) sont rarement rouges.

[13] Plus tard, lors de son procès, elle dira : Louise Michel y arbore, pour la première fois, un drapeau improvisé, à partir d'un vieux jupon noir fixé sur un manche à balai. Plus tard, lors d'un de ses procès, elle affirme : "Le drapeau noir, drapeau de la misère, plutôt que celui de la Commune , doit être considéré comme le symbole des ouvriers sans travail."

En juin 1889, à Flémalle-Grande (Province de Liège), un grand drapeau noir, "emblème de la misère", a été accroché à une fenêtre de la Maison du Peuple à côté d'un drapeau rouge qui, pour ne pas tomber sous le coup de l'interdiction le frappant, avait été décoré d'une croix blanche et de l'inscription "Helvetia".

[14] Gaetano Manfredonia in " la Chanson anarchiste en France" "Le drapeau noir signifie la distance vis-à-vis de l'héritage communard et des autres courants socialistes, à un moment où le mouvement anarchiste construit sa spécificité".

[15] Bien entendu, cette "démarcation" va bien au-delà puisque, de façon générale, elle est celle des moyens relativement à une fin (identique ?) mais, dans certains cas, de la finalité elle-même.

[16] Qui finit toujours par mourir de l'épée du toréador !

[17] C'est peut-être pour cette raison que la CNT associent le rouge et le noir,.

[18] Paul brousse (1844-1912). Militant anarchiste puis socialiste réformiste. Après des études de médecine et un séjour à Barcelone, Brousse s'engage dans la I ° Internationale (AIT) et participe au Congrès de Genève en septembre 1873. Il est alors anarchiste et déjà très anti-marxiste. Il va devenir l'un des principaux dirigeants de la Fédération Jurassienne (anarchiste). Le 18 mars 1877, il prend part à Berne à une manifestation à la gloire de la Commune , qui se termine en affrontement avec la police. Il est condamné à un mois de prison. En 1879, suite à un article dans "L'avant garde", il est à nouveau condamné à deux mois de prison, puis expulsé de Suisse. Rentré en France, il s'éloigne des conceptions anarchistes pour militer au sein du ¨Parti Ouvrier" de Guesde puis, après la scission de 1882, à la "Fédération des travailleurs socialistes de France", qui prendront le nom de "Possibilistes" et dont l'orientation peut être synthétisée par la citation suivante : "Abandonner le tout à la fois ... fractionner le but idéal en plusieurs étapes sérieuses, immédiatiser ... nos revendications pour les rendre possibles ". Les possibilistes seront à la fin du XIX° siècle un courant socialiste important, partie prenante de la proclamation de la II ° Internationale. Ils fusionneront dans le PSF de Jaurès en 1902, puis la SFIO en 1905.


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