Le (non) savoir intolérant

ou le triste savoir

 

Il est courant de constater que telle ou telle personne ne supporte pas que telle ou telle autre personne puise savoir des "choses" qu'elle ne sait pas et, surtout, en fassent état devant elle.

Ces choses peuvent être diverses et variées et, somme toute, fort banales, sans grand intérêt. Des choses qui n'empêcheront pas la terre de continuer de tourner même si on ne le sait pas. Et pourtant, ces choses peuvent constituer des enjeux de pouvoir pour la personne qui, à raison de son âge, de son ancienneté dans un domaine, une organisation…, de son statut socioprofessionnel, de son grade, de son"origine"…, s'estime… hiérarchiquement supérieure à la personne à laquelle elle dénie quelque "autorité" de savoir que ce soit. Cette même personne qui, consciemment ou non, souvent, fait de cette supériorité une supériorité de "race" (celle des "seigneurs", des "maîtres", des "mandarins", des "pontifes", des "savants"…) reléguant tous les autres, à l'exception de ses "pairs" [il en faut bien pour que l'effet miroir puisse jouer, de même que la redondance de l'"autosatisfaction" puisse entretenir la "race"], dans la "sous-race" des incultes, des ignorant(e)s, des "vulgaires", des "profanes"…, bref, des parias, des "inférieur(e)s", des "esclaves", des gueux(euses), de la plèbe…

Ce rejet du savoir de l'Autre – dans ce cas, l'essence de l'autre étant l'altérité, c'est-à-dire le non-moi autrement dit, in fine, un… "déni d'être" – se fait toujours de façon péremptoire avec non une argumentation d'autorité mais l'autoritarisme sourd et aveugle, nombriliste et, bien entendu, paranoïaque. Ainsi, l'Autre est… sommé de "révéler" ses "sources" et/ou de "démontrer" ses dires et s'il-elle "s'exécute", alors, soit ses "révélations" et/ou "démonstrations" sont… assommées, c'est-à-dire rejetées, niées, ridiculisées… de façon strictement et exclusivement… autoritaire – la gestuelle qui accompagne ces "exécutions" est fort… éloquente ! -.

On note [n'est-ce pas… piquant ?] que, bien entendu, l'Autre ne saurait retourner la pareille au "tenant(e) du vrai et unique savoir", autrement dit de… La Vérité , car une telle audace, même si, depuis Euclide, on sait que "Ce qui est affirmé sans preuve, peut être nié sans preuve", se verrait accuser d'être révélatrice d'… intolérance [!!!], de superstition, de "folie", de "délire", de "phobie", de "racisme".

Rapidement, l'"autorité" excédée aggrave ce rejet du savoir de l'Autre, du rejet, pur et simple et, surtout… définitif de l'Autre dans ce qu'il est, c'est-à-dire dans sa particularité, son individualité, son identité…, ses différences.

Curieusement, cette pratique est courante chez des personnes qui se revendiquent de valeurs humanistes et qui, notamment, font leur la devise "Liberté ! Égalité ! Fraternité, à commencer par des anars et des maçon(ne)s !

Faire d'un savoir, aussi modeste, banal, futile… soit-il, un enjeu de pourvoir – et, en réalité, d'… être – est…. ridicule. Mais, le ridicule ne tue pas. Hélas ! je dis "hélas" car cet autoritarisme, cette intolérance, ce racisme [au sens d'altéro-phobie] … sont symboliquement… criminels puisqu'en niant l'Autre pour ce qu'il-elle est, au-delà du prétexte avancé – ce qu'il-elle sait -, ils néantisent l'Autre dans son essence, son humanité et que, de surcroît, en raison du pouvoir hiérarchique (ou financier, politique…) détenu, ils peuvent appeler des passages à l'acte : harcèlement, sanction disciplinaire (mais aussi financière, statutaire…), exclusion, licenciement, agression, dénonciation, poursuite en justice…

S'il n'est pas, en réalité, un "non-savoir", voire une absence totale de savoir, ce savoir intolérant est assurément un savoir… triste car il s'exclu de lui-même du partage. Or, un savoir qui n'est pas partagé est une fossilisation de la pensée ; il est la tombe d'une conscience enterrée vivante dans la non-expression, la non-communication parce que coupure de l'Autre sans lequel l'ego ne peut être. Fixation de la pensée sur un objet mort, il est… idée fixe et, comme tel, relève, à mon sens, de la psychiatrie !


Pour revenir à la rubrique "Divers" :

Pour revenir au Plan du site :

Pour revenir à la page d'accueil :