Les drapeaux de la République en berne : le deuil de la laïcité
Le problème :
"Concernant donc ton
message "le Pape vaut il une messe"?, je me dois d'y répondre aussi
honnêtement que possible : d'abord le Vatican, même s' il fut à l' origine
reconnu par Mussolini, n'en est pas moins un état à part entière aujourd'hui;
il est le plus petit au monde, régis par un dogme religieux c'est vrai, mais état
souverain quand même !!...avec sa propre monnaie et ses lois, sa police...Mais
concernant le pape, l'Homme qu'il fut d'abord le no 1 de l'église catholique je
n'en disconviens pas mais il fut aussi (et surtout à mes yeux), un des hommes
qui symbolisera, qui cristallisera l'importance des droits de l'homme durant la
dernière partie du 20ème siècle !! C'est ce que les laïques dont je fais
partie doivent retenir et analyser !! je pense donc que les quelques drapeaux en
bernes placés ici et là ne faisaient qu' exprimer la perte d'un "grand
homme", au sens noble du terme, dépassant ainsi les clivages religieux et
laïques je pense ! N'en fut-il pas de même pour Gandhi par exemple ? Il est
bien évident que la défense de notre laïcité si chèrement acquise s'impose
lors de telles manifestations, mais ne doit -on pas aussi réfléchir sur
l'essence même de la démarche des hommes tel que le fut JP2, de leur apport à
l'humanité toute entière, toutes religions confondues ? JP2 n' a-t-il pas
oeuvré en faveur de la liberté des hommes, de leurs croyances, et de leur
identités ? (effondrement des blocs des pays de l' est, ouverture entre les
différentes religions, attitudes insistantes pour la liberté de cultes en
Chine...).
En conclusion je dirais que dans
cette période qui s'annonce difficile pour
Premiers éléments de réponse :
Je ne vais pas traiter de la
personne et/ou du personnage Gépétou qui, en mourant, a définitivement échappé
à la "justice des hommes" dans la mesure où il aurait dû être
traduit devant le tribunal international de
D'emblée une première question s'impose : pourquoi ce chef d'État là et pas TOUS les chefs d'État ? A-t-on mis les drapeaux en berne pour Rainier, Hassan II… ? Dire qu'il s'agit d'une question de protocole est abusif, mensonger car le protocole en matière de décès, funérailles, hommages… est général et non spécifique, "universel" et non "personnalisé" ; le protocole ne prévoit pas d'exception. L'exception faite pour Gépétou est le "fait du prince" – le bon vouloir du roi-président. Elle ne peut, comme on le dit mensongèrement, avoir son origine dans la… tradition républicaine puisque, justement, la tradition républicaine, légalement depuis 1905, constitutionnellement depuis 1958, est celle de la laïcité.
L'hommage rendu l'aurait donc été à… un chef d'État ! de quel État ? celui du… vatican. Mais qu'est-ce donc que le Vatican ?
Le Vatican est une enclave –
comme cette autre enclave qu'est San Marin – dans le territoire de la république
italienne de 0.44 Km² avec une population de 890 habitants (en 2000). C'est
Mussolini qui, avec les accords de Latran du 11 février 1929, signés avec le
fameux Pie IX, a donné à cette enclave le statut… d'État. Ces accords ont
établi l'État de
C'est sur la base de ces
accords, conclus avec un État fasciste, que, par la suite, d'autres États ont
reconnu à cette enclave - reliquat des États pontificaux à l'époque où les
papes étaient, aussi et sans doute d'abord, des "puissances
temporelles" -, le statut d'"État souverain". Fort de ces
reconnaissances et d'un puissant lobbying (en particulier de l'Opus dei),
Le Vatican est un État indépendant, situé à Rome, de 0,44 km² et de 890 habitants (2000). Les langues officielles sont le français, l'italien et le latin (le latin est la langue de l'Église catholique romaine). Le Vatican est indépendant depuis le 11 février 1929, depuis les accords du Latran avec Mussolini.
Au sens moderne du terme, l'État, d'un point de vue juridico-politique est l'"Autorité souveraine s'exerçant sur l'ensemble d'un peuple et d'un territoire déterminés" et le "chef d'État" la "personne qui exerce l'autorité souveraine dans un pays". Par extension, l'État est l'"ensemble des services généraux d'une nation, par opposition aux pouvoirs et aux services locaux". Un État est donc un "groupement humain fixé sur un territoire déterminé soumis à une même autorité et pouvant être considéré comme une personne morale État, forme d’institutionnalisation du pouvoir politique, autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple dans les limites d’un territoire déterminé".
De façon un peu plus précise, à l’époque contemporaine, il représente le cadre courant de la domination politique. Sur le plan intérieur, l’État moderne se caractérise par son monopole de la violence légitime, c’est-à-dire l’usage légal de la contrainte sur les personnes. Vis-à-vis de l’extérieur, le trait distinctif de l’État moderne est la souveraineté, autrement dit son indépendance totale, et sa compétence illimitée. L’État se compose de trois éléments : un territoire, une population et un gouvernement. La forme étatique ne préjuge pas du régime politique qui y est pratiqué. On peut ainsi parler d’État démocratique, monarchique, tyrannique aussi bien que théocratique. L’État peut être plus ou moins démocratique, respectueux des individus, et son pouvoir plus ou moins accepté ou légitime.
Or, que constatons-nous en ce qui concerne le soi-disant État du Vatican ?
D'abord, il n'a aucune
constitution, sachant que, depuis l'époque moderne, et même pour les États
totalitaires, l'acte fondateur, constitutif d'un État est sa Constitution. En
effet,
Le Vatican est un lobby fort actif au sein de l'Union Européenne : il est donc curieux que, se revendiquant État et reconnu comme tel par les États européens, il ne soit pas membre de ladite Union puisque l'enclave qu'il est tout de même bien située en Europe !
Toujours dans l'acception moderne du terme, un État est composé de trois pouvoirs, plus ou moins équilibrés et indépendants les uns des autres mais toujours bien caractérisés : l'exécutif, le législatif et le judiciaire. De tels pouvoirs n'existent pas dans la cité du Vatican dans la mesure où ils se confondent en un seul pouvoir : l'autorité papale dont on sait, par ailleurs, qu'elle est… infaillible, notion strictement étrangère au droit moderne positif.
Autorité souveraine sur un territoire et une population donnés, un État, en ce qui concerne les individus, institue, sanctionne, contrôle, réglemente, attribue, retire… une identité particulière qui s'appelle la nationalité. A ce titre, il délivre à ces "ressortissant(e)s des cartes d'identité nationale et, relativement aux autres États, des passeports. Or, la nationalité vaticanesque n'est ni instituée par le Vatican lui-même puisqu'il ne délivre pas aucun "titre de nationalité" – carte d'identité nationale, passeport – mais seulement des passeports… diplomatiques à des personnes physiques qui, par ailleurs, ont des nationalités bien établies reconnues par les États dont ils sont les ressortissant(e)s !
Une autre caractéristique de l'État moderne est la transparence de son économie en ce que ses ressources sont connues, mesurables, traçables… : les impôts, directs et indirects ; les droits ; la parafiscalité ; l'emprunt ; les prix des Services…. Or, l'économie du Vatican est assez peu transparente et il est peu probable que, vu son train de vie, il puisse vivre du "Denier de Saint-Pierre", de l'émission de ses timbres et monnaies, des revenus de ses placements mobiliers et immobiliers…
Un État a le monopole d'émission de la monnaie, composée de pièces et de billets, qui a cours légal (et imposé) sur son territoire et qui, dans les échanges internationaux, peut être reconnue et, de ce fait, convertible selon un système de parité libre (le marché des changes) ou imposé. Or, le Vatican n'émet que des pièces, dont il organise la rareté, n'ont comme moyen légal d'échange mais comme… objet de collection in fine mais, d'abord de spéculation[1].
En application des accords de
Latran, le Vatican bénéficie d'un traitement douanier particulier avec
l'Europe via l'Italie : cela lui permet, au sein même de l'Europe, de bénéficier
d'un statut particulier de… paradis fiscal aussi bien pour les marchandises
(TVA) que pour les flux financiers (impôts). Un tel statut n'est pas pour
autant constitutif d'un État puisque, par exemple, de nombreux États européens,
à commencer par
Ainsi, vu "l'exiguïté de son territoire, il ne possède ni activités primaires, ni secondaires. On note quelques activités tertiaires, essentiellement des banques du fait de son statut de paradis fiscal. Toutefois, il est impossible de connaître de façon fiable, son PIB, son PNB et tout ce qui fait l'économie d'un État ; la citoyenneté de l'État est assez mal définie. Si l'État du Vatican délivre des passeports à ses nationaux, ce sont essentiellement des passeports diplomatiques. Il est impossible de savoir ce qu'il en est du citoyen ordinaire. De même les procédures d'acquisition de la nationalité sont assez mal définies ; l'État ne possède pas de constitution écrite"[2].
Dès lors, si le Vatican n'est pas un État, son chef n'est pas un… chef d'État et l'hommage que la république française, sur fait du prince, lui a rendu à l'occasion de son décès, puis de ses funérailles n'est pas l'hommage d'un État à un chef d'État mais bel et bien d'une république, constitutionnellement laïque, à un chef… religieux ![3]
La laïcité constitutionnelle a
donc été bel et bien mise à mal. En fait,
P.S. Considérer que les drapeaux ont été mis en berne pour la mort d'un... chef d'état et dire que ce chef d'état était un ardent défenseur des droits de l'Homme amène à poser une question : comment se fait-il que l'État dont le mort était le chef n'est jamais ratifié la DUDH et la convention européenne ? N'est-ce pas pour le moins... bizarre ?
[1] Les pièces du Vatican ne sont donc en rien différentes des médailles, pins… vendus par une société commerciale, une association, un club…
[2] "En 2002, le déficit consolidé du Vatican s'est élevé à 13,5 millions d'euros pour 216 millions d'euros de recettes. Les dépenses de cet État sont principalement les salaires des 2 600 employés dont environ 750 ecclésiastiques".
"Outre les revenus touristiques, l'émission de timbres postaux et de monnaies recherchés par les collectionneurs et la vente de publication, les revenus viennent de placements mobiliers (32 millions d'euros de plus-value en 2002) et immobiliers (12,9 millions d'euros)".
"Dans les années 1980 le scandale du Banco Ambrosiano a fortement ébranlé les finances du Saint-Siège. Roberto Calvi, alors directeur de cette institution bancaire, utilise l'institut pour les œuvres de religion (organisme sous la gestion directe du pape chargé de la gestion des comptes d'ordres religieux) pour blanchir l'argent de la mafia avec la complicité de membres de la curie en particulier Mgr Marcinkus, chargé de l'organisation des voyages du Pape. Malgré un détournement estimé à 600 millions de dollars et plusieurs assassinats de la mafia, le Vatican a tenté d'étouffer l'affaire et soustraire Mgr Marcinkus à la justice italienne. Ce manque de transparence sera fortement critiqué, malgré les efforts mis en place pour réformer les finances vaticanes qui utilise désormais les services de grands financiers catholiques internationaux comme Hans Tietmeyer ou Michel Camdessus".
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Vatican
[3]
Les Préfets ont reçu ordre de leur Ministre
de se rendre chez les évêques de France et de Navarre pour présenter leur
présenter les condoléances de la république française. Or, que je sache,
ces évêques, de nationalité française, n'ont pas le statut de représentants
diplomatiques d'un État étranger souverain ! Les condoléances ainsi présentées
l'ont donc bien été pour un chef religieux et non pour un chef d'État.