Liberté – Égalité – Fraternité

 

Pour les communistes antiautoritaires ou libertaires - les anarchistes donc – du XIXème siècle et, notamment pour Bakounine, il ne saurait y avoir de liberté sans égalité - et réciproquement -, de l'Un(e), comme de Tou(te)s, au motif que la liberté – le fédéralisme – sans l'égalité, c'est l'exploitation des femmes et des hommes par une minorité mais que l'égalité – le communisme – sans la liberté, c'est l'esclavage.

Les "libertarien(ne)s" ou "anarcho-capitalistes" prônent et réclament une liberté absolue et fondent leur "combat" sur, quasiment, le seul rejet de l'État qu'ils-elles veulent donc supprimer, anéantir. Leur anti-autoritarisme d'apparence les conduit donc à "oublier" l'égalité ou, plus exactement, à la rejeter dans la mesure où elle serait nécessairement synonyme de "collectivisme" et donc contraire à la liberté. En fait, leurs références libertaires, voire anarchistes ne sont qu'un trompe l'œil puisque leur mot d'ordre de liberté n'est jamais qu'une redondance, à peine édulcorée, des thèses des théoriciens du capitalisme [cf. le fameux "Laissez faire, laissez passer"] qui, au nom de la liberté du commerce et, plus généralement, de l'entreprise, c'est-à-dire du… capital - et donc du capitalisme en tant que système économique, le régime de la Bourse, et politique, celui de la "démocratie bourgeoise" -, justifiaient sereinement un état répressif lorsqu'il s'agissait de réprimer, voire d'interdire le droit de grève, les libertés syndicales, les luttes ouvrières… [cf. la fameuse loi dite Le Chapelier].

Les libertarien(ne)s, en définitive, réclament donc la "loi de la jungle" ou seul le plus fort est libre quand les faibles ou les moins forts sont privés de liberté ! En ce sens, le busher est leur héros puisque celui-ci veut imposer au monde entier la liberté… du capital US !

De leur côté, les communistes et les socialistes veulent – ou voulaient car on se demande bien s'il en existe encore – une égalité absolue dont le garant serait un État totalitaire en ce qu'il est dépositaire de tous les pouvoirs : la "dictature du prolétariat", bien entendu conduite par une "élite", le parti avec ses bureaucrates et, surtout, ses gardes-chiourmes mais aussi ses "chiens de garde" [les artistes, journalistes, intellectuels… courtisans], implique que la liberté, de l'individu comme de la collectivité, soit réduite à une sorte de franchise que l'on peut "moduler" au gré des circonstances, réelles ou supposées, du "bon vouloir" du maître…

Les égalitaristes ne sont jamais que des liberticides qui, à l'instar de toutes les religions et contre la promesse de lendemains meilleurs, ne connaissent d'autre égalité que celle du troupeau dont, bien entendu, ils se veulent les maîtres… "éclairés" !

L'Un ne peut être libre si l'Autre – un individu ou un groupe d'individus, que ce groupe soit une minorité ou une majorité – ne l'est pas. L'Un et l'Autre ne peuvent être libres que pour autant qu'ils sont égaux. L'égalité de tou(te)s est la condition de la liberté de chacun(e). La liberté de chacun(e) est la condition de la liberté de tou(te)s. La liberté et l'égalité sont les deux facettes de la "dignité" humaine, l'humanité. Pour reprendre une image, elles sont les deux jambes dont tout individu a besoin pour se tenir debout, pour marcher ; en amputer une, c'est priver l'individu de son équilibre, c'est le contraindre à "se coucher", c'est lui interdire d'être autonome, c'est le rendre… infirme, le priver de son intégrité physique et morale et, de ce fait, porter atteinte à sa "dignité" humaine, le déshumaniser.

La liberté et l'égalité, n'en déplaise aux jacobins, ne se décrètent pas. Pas plus qu'elles ne "s'accordent". Elles sont inhérentes à l'humanité – à la personne de chaque individu – ou… ne sont pas.

L'Histoire, jusque dans son actualité la plus immédiate, montre que, pour l'écrasante majorité des gens, elles restent à conquérir. Mais elle montre aussi combien est grande la "tentation" pour celles-ceux qui les ont conquises ou, plus excatement, qui s'imaginent être libres et égaux, de la dénier, voire de la retirer à d'autres [Rappelons-nous, par exemple, que, à peine libéré(e)s du joug nazi, les Françai(e)s se sont empressé(e)s de nier la liberté et l'égalité des "indigènes" peuplant leurs colonies. Regardons aujourd'hui avec quel empressement les Israélien(ne)s nient la liberté et l'égalité des Palestinien(ne)s].

C'est pourquoi, seule la fraternité est en mesure d'être, à la fois, la meilleure fondation et le meilleur rempart de la liberté et de l'égalité des humains, individus ou peuples, puisqu'elle est la conscience que j'ai – ou n'ai pas ! – de mon humanité ET de celle des autres, de tou(te)s les autres. La fraternité est première ou n'est pas [A posteriori, elle n'est jamais que de la solidarité, voire de la… charité] : conscience de Mon humanité et donc de Ma liberté et de Mon égalité, elle est conscience de l'humanité et donc de la liberté et de l'égalité de l'Autre. La fraternité "m'interdit" aussi bien d'être esclave que… maître. Là où il n'y a point de fraternité, il ne peut y avoir de liberté et d'égalité et, au-delà, d'humanité.

En définitive, la fraternité n'est pas le dernier terme, quasi "accessoire" d'une triptyque révolutionnaire : elle est le creuset de la liberté et de l'égalité. Elle est la liberté et l'égalité pleinement reconnues, revendiquées, conquises, assumées et, surtout, vécues et partagées. Elle sera la "nationalité" de celles et ceux qui auront la "chance" de vivre dans un autre monde. Un monde enfin humain et qui aura pour nom… Anarchie.

 


 

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