Philosophie de couloir ou de comptoir

 

Humaniste, ma fraternité est première en ce qu'elle est acquise à tou(te)s sans même qu'elle ait besoin d'être sollicitée.

Pourtant, je dois avouer que j'ai bien du mal à qualifier de "frère" ou de "sœur" certaines personnes. Il en est ainsi de celles qui m'ont déçu. Non pas relativement à une attente que j'aurais eu d'elles et qui n'aurait pas été "satisfaite" puisque je n'attends rien des gens – ce qui me permet d'être "satisfait" de tout, aussi modeste ce tout soit-il, ce que, librement, spontanément, sincèrement et, surtout, fraternellement, ils conviennent non de me donner mais… de partager avec moi mais relativement à leurs actes et, plus précisément, à la non-conformité de leurs actes à ce qu'ils prétendent être ainsi qu'aux convictions, valeurs, principes, idéaux, à l'éthique… qu'ils disent être leurs.

Ainsi, je suis déçu par la personne qui, se disant anarchiste, dans sa relation à l'autre à un comportement de tyran. De même, je suis déçu par celui ou celle qui, se disant humaniste, a la fâcheuse tendance à ne considérer l'autre que pour ce qu'il-elle peut lui "rapporter", autrement dit à instrumentaliser l'autre, à l'assujettir à ses intérêts personnels surtout s'ils ne sont pas avouables et que, non avoués, ils se cachent derrière l'oripeau d'un… idéal humaniste.

Je suis donc déçu par celle-celui dont l'être véritable est le contraire du paraître qu'elle-il se donne non pas parce que je sois sensible au paraître mais, justement, parce que, pour moi, l'essentiel, pour ne pas dire l'essenciel c'est… l'être, l'être véritable dans son identité et ses différences, ses différences ui m'enrichissent du partage qu'on en fait avec moi en échange réciproque de mes propres différences.

Pour moi la déception que je peux avoir d'un(e) autre est pire que la haine que je pourrais [j'emploie le conditionnel car je suis… incapable de haine]  vouer à un tiers. Elle est  comme un voile d'indifférence qui se met à envelopper cet(te) autre et qui fait que son paraître me devient invisible, inodore, insipide, impalpable… Indifférent. Insignifiant. Non-signifiant. Absent.

Une indifférence telle qu'elle pourrait aller jusqu'à être l'extinction de cette flammèche vacillante qu'est l'humanité – l'essence humaine - de cet(te) autre à laquelle elle-il aurait décidé de renoncer pour ne plus être, mais seulement paraître dans une a-humanité, voire une non-humanité qui serait celle de l'objet, autrement dit de la non-liberté – qui dira jamais le totalitarisme du paraître ? -, de la servitude volontaire, de… l'assujettissement à une image qui ne peut même pas être  le reflet d'une identité puisqu'elle n'est que l'ab-straction de l'humanité.

C'est pourquoi, je vis dans un monde qui, bien que réel – et comment pourrait-il être autrement que… réel moi qui suis un athée mécréant ? -, est peuplé de fantômes, de zombies, d'ectoplasmes, de marionnettes… qui m'indiffèrent. Signe d'une démence –schizophrénie, paranoïa.. -, d'un solipsisme, d'un trip sans retour, du delirium tremens d'une ivresse permanente, d'un égoïsme qui serait devenu, insidieusement, un égocentrisme… ? Je ne le pense pas puisque, par ailleurs, je me sais capable d'empathie à l'égard de beaucoup de "frères" et de "sœurs" avec lesquel(le)s je partage nos/mes différences dans une proximité de cœur et de raison qui se fie des distances géographiques et que, bien souvent, je n'ai même jamais rencontré(e)s physiquement.. Non, plus simplement et plus terriblement, la lucidité sereine d'un constat que tout un(e) chacun(e) peut faire, vérifier et… démonter chaque jour : l'humanité est une construction  – en ce que, à l'instar de la liberté sans laquelle il ne peut y avoir d'humanité, elle n'est pas acquise mais… conquise - permanente qui nécessite un effort permanent sur soi dans sa relation à soi et à l'autre, un effort auquel beaucoup préfère renoncer, préférant la facilité de l'hypocrisie bêlante du troupeau.

 

*JC


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