Réalité et preuve de… l'immortalité

 

La vie est un devenir, plus ou moins durable chez les espèces et individus, c'est-à-dire la transformation, l'évolution d'un état, la conception[1], sexuée chez les animaux et les hommes, a-sexuée chez les végétaux, à cet état ultime qu'est la vie.

L'agonie est l'étape ultime de ce devenir, celle qui précède… la mort, c'est-à-dire une fin et, plus précisément, la fin d'un devenir individuel[2].

Par rapport à un individu, la mort est une fin organique, physiologique, biologique…, bref "naturelle", mais aussi psychologique et sociologique.

Chez les hommes, il ne peut y avoir de conscience – de soi et des autres – en dehors d'une vie individuelle.

Celui qui meurt peut avoir conscience de sa fin imminente – son agonie -[3]. En revanche, l'individu mort ne peut pas avoir conscience de sa vie puisqu'il n'est plus un individu vivant et donc conscient… de sa mort, de son état de non-vie, de vie… finie[4]. Pour l'individu considéré, la mort n'est même pas un "non-état" : elle n'est… RIEN et rien ne saurait avoir conscience de soi !

La conscience de la mort d'un individu n'est donc "naturellement"[5] et socialement possible que… dans et par la conscience des autres.

Il résulte de cela que l'immortalité, au sens d'une vie qui n'arrive jamais à sa fin, faute de conscience de cette fin, est tout à fait possible puisque, pour être immortel, il suffit… d'être – de vivre – seul et qu'il n'y ait donc aucune conscience individuelle tiers en mesure… d'en prendre conscience !

L'immortalité existe donc, elle se nomme… solitude.

Ainsi, Robinson était immortel jusqu'à l'arrivée de vendredi, l'Autre ayant déchu l'Un de son immortalité.

La solitude, qu'elle soit vie solitaire ou mort solitaire, est une forme de vie ou de fin de vie, voulue ou subie, courante. Nombreux ont donc été, sont et seront les immortels[6], même s'ils n'ont pas l'heur de fréquenter l'Académie[7]

Ceux qui aspirent à l'immortalité n'ont donc nul besoin de faire – en "se commettant – on ne sait quel pari, pascalien ou autre, sur une hypothétique vie après la mort – et, pour être plus exact, sur une renaissance après… rien ! – et, en se livrant pieds, poings et conscience liés à on ne sait quel dieu ou gourou, oublier… de vivre en assumant leur nécessaire et inévitable mortalité : ils n'ont qu'à "se retirer" du monde et à se préserver "consciencieusement" des autres. Mais n'est-ce pas là le secret millénaire des anachorètes et autres ermites !



[1] En ce qui concerne les hommes, si la vie, au sens naturel du terme, apparaît bien simultanément à la conception, une vie du point de vue humain n'apparaît que plus tardivement. En effet, lors de la phase embryonnaire la vie correspond à un état en-soi, de sujétion et de mono-dépendance - d'objet - et ce n'est  qu'à la naissance – état post-natal – qu'elle devient une vie, c'est-à-dire un état pour soi, d'assujettissement et d'interdépendance –de sujet -. Lors de l'étape fœtale on peut "discuter" de l'effectivité d'une vie individuelle en ce sens qu'aux plans social et culturel et, dans une moindre mesure, psychologique, une vie ne saurait exister sans une double conscience : celle de soi et… celle des autres.

[2] Du point de vue de l'espèce et, plus généralement, de la vie cosmologique, la vie continue malgré les fins individuelles que sont les morts d'individus puisque, même si cela intervient à un niveau microscopique (par rapport au cosmos), la décomposition organique des corps individuels est une forme de vie et, en fait, participe pleinement de la vie. La décomposition organique n'est pas pour autant un "prolongement" d'une vie individuelle finie : elle est la vie dans l'un de ses multiples aspects. Néanmoins, la décomposition organique, parce qu'elle participe de la vie cosmologique peut, pour certains, être une sorte de "contribution"  de l'"individu mort" à la (sur)vie de l'espèce en ce sens que, par exemple, les éléments organiquement décomposés constituent un substrat nutritif pour les vers de terre, lesquels, en fertilisant la terre, permettent aux plantes de pousser, aux ruminants de se nourrir de ces végétaux, et… aux hommes de se nourrir de ces plantes et animaux et donc de continuer à vivre en tant qu'espèce. C'est là, notons-le, la conception la plus élémentaire et naturelle – naturaliste – de l'immortalité que l'on retrouve dans la plupart des cosmogonies "païennes" sans qu'elle ne corresponde pour autant à celle prévalant dans les religions poly ou mono-théistes. Cette conception de l'immortalité n'est donc aucunement… religieuse.

[3] Cette conscience de la fin "imminente" de soi peut être plus ou moins sérieusement altérée dans certains cas – maladies physiques ou mentales, états hallucinatoires sous l'effet d'une drogue ou de l'alcool… -, voire complètement absente – dans le cas, par exemple, d'une mort instantanée -. Il est curieux de relever que, souvent, des individus peuvent se refuser à prendre conscience de la mort "imminente" d'un individu, généralement un "proche" et ce, en "pleine conscience" - refus de la mort de l'autre - ou inconsciemment – plusieurs facteurs pouvant alors jouer : maladie, physique ou mentale, état hallucinatoire… mais aussi : irrationalité et… religiosité ! -.

[4] Et non nécessairement… achevée !

[5] Neurophysiologiquement, psychologiquement, intellectuellement... parlant

[6] Hélas ou tant mieux… à chacun de voir !

[7] Les Académiciens sont peut-être des… immortels parce que, ayant atteint un état de sénilité profonde, ils ne peuvent avoir conscience ni de leur propre mort, ni de celle de leurs collègues ! Nous aurions alors un cas unique d'immortalité collective, les Autres s'étant en quel sorte fondus dans un Un unique, celui d'une "non-conscience" collective !

 


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