Réflexions… "fugitives"

 

Hier, j'ai regardé le film-documentaire d'Arte sur els naufragés-rescapés de la Cordillère des Andes (1972). J'ai écouté avec attention leurs témoignages relatifs au moment où, ensevelis par une avalanche, ils se sont sentis mourir. En 1970, j'ai failli mourir (un suicide manqué à cause d'un… cheval, mais ceci est une autre histoire). Comme eux, en ces ultimes instants, j'ai vu redéfiler ma vie en images. En quelques secondes. Et puis, à la différence de ces gens, pas de lumière blanche, mais la sensation de tomber dans un trou noir, noir comme le noir du cosmos. Cette sensation de chute n'a pas duré longtemps. Rapidement (des secondes ? une seconde ? une fraction de seconde ?), je me suis senti flotter dans ce noir, dans ce vide absolu, sans bruit, sans odeur, sans "tactilité"… Je n'étais pas esprit observant ce-mon corps flotter. Non, j'étais ce corps et je ressentais-pensais par ce corps et seulement ce corps. Je n'étais pas extérieur à moi-même. J'étais UN. Je n'étais plus qu'un corps, que mon corps. J'étais moi-corps, sujet unique, pas encore mort et déjà plus vivant. Alors, j'ai senti un véritable plaisir extatique comme je n'avais pu le connaître jusqu'alors que… "artificiellement".

 

Je me demande si cette lumière blanche qu'ont vu certains "échappés de la mort n'est pas, en fait, une illusion idéologique, une ultime farce de l'aliénation religieuse puisque la lumière est assimilée à "dieu". En effet, comment, au seuil de la mort, peut-on "voir" une lumière quand ce seuil: est celui du néant et que le "néant", à l'image du vide cosmique est… noir ou, plutôt, sans… lumière ?

 

Ceci dit, il reste ce paradoxe étrange de la jouissance vécue dans els instants au cours duquel le corps se prépare à se transformer en… reliefs d'une vie. Cette jouissance renvoie, il me semble, au nirvana des bouddhistes mais d'un point de vue strictement matérialiste, sans aucune arrière pensée de "destin", d'"au-delà" (perçu, en particulier, comme une "continuité transformée" du corps-reliefs).

 

Du coup, je comprends la tentation (malsaine ?) de certaines personnes dites masochistes qui cherchent à vivre le plus longtemps possible ce moment de jouissance extatique et qui, parfois, parce que le moment a duré trop longtemps, franchissent le seuil du… vide… définitif.

 

13.04.08


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