Salut, Karma, Monsieur le gros chien…

 

Depuis ce matin, Karma est chez le vétérinaire pour y subir divers examens. Rentré chez moi, j'ai trouvé une maison… vide, un "lieu" qui n'est pas chez moi, au sens d'un chez soi qui serait le mien, parce qu'il est vide. Vide de l'absence d'un… animal. En l'occurrence, Karma, le boxer anar – il est tellement anar que même son ombre ne lui obéit pas, parce que, comme lui et comme moi, elle n'a, définitivement,… ni dieu, ni maître -, que je m'amuse à appeler "Monsieur le gros chien" alors qu'il n'est pas gros et que, heureusement, il n'est pas un "monsieur" et, encore moins, un… "môsieur".

Cela fait quelques années, 6 exactement, que Karma et moi cheminons ensemble dans cette putain de vie – je n'ose dire… "chienne de vie" mais c'est tout comme -. Nous nous sommes rencontrés par hasard. Depuis, nous nous sommes "collés" ensemble. Souvent, je peste contre lui. Quand, par exemple, il me faut aller faire des courses, histoire de lui acheter à bouffer alors que j'ai envie de me foutre au lit pour m'endormir d'un sommeil… définitif ; quand je me suis éreinté à faire un semblant de ménage et qu'il rentre tout crotté de sa promenade hygiénique ; quand, malade, épuisé, crevé… ,dans le logement précédent qui était en étage, je devais le sortir pour qu'il puisse aller faire ses besoins (quelle putain d'expression !) ; quand je dois creuser le trou du compte bancaire pour lui payer le véto, des médicaments, des examens… ; quand il a envie de jouer et que je n'ai envie de… rien, pas même de moi..

Oui, je peste parfois contre lui. Et pourtant, je sais qu'en certains moments "difficiles" pour moi, depuis 6 ans, il est là. Il est d'ailleurs le seul à être là avec sa bonne grosse patte qu'il pose sur mon genou, ses bons gros yeux plongés dans les miens, histoire de me dire "Eh, ducon, j'suis là ! t'es pas tout seul ! fais pas le con !". Histoire de me dire tellement et tant sans… rien dire. Sans le moindre petit mot. Quand, souvent, les mots, même les plus petits ne savent pas être autre chose que… des gros mots !

Oui, cela fait six ans que de sa bonne grosse tête il me pousse non tant pour avancer que pour rester… debout.

C'est con à dire, mais je n'arrive à rester humaniste, tant je doute des autres et, surtout et, je dirais même essentiellement, de… moi que parce qu'il y a un Monsieur le gros chien qui me rappelle à mon humanité !

Putain, ce que, souvent, je lui en veux à Karma de me rappeler cette humanité dont je voudrais tant me défaire ! Mais il lui suffit de venir à côté de moi, de rester immobile et de… respirer (avec la musique légère d'une… locomotive en chaleur !) pour que je me dise je en sais trop quoi mais un je ne sais trop quoi qui a l'efficacité d'un bon coup de pied au cul ! Alors, je me réveille de ma torpeur et je me redresse… bien debout dans mon… humanité. Cette humanité qui est la seule "chose" que j'ai sur cette putain de terre, laquelle n'est parfois jolie que parce qu'elle me sourit à travers le regard de… Karma. Karma, le fidèle non dans la soumission mais dans la présence que j'oserais qualifier de "complice" si on veut bien admettre qu'il y a de la complicité entre un animal et un humain (deux… animaux, en somme !) sans que cela n'implique quelque anthropomorphisme de mauvais aloi que ce soit.

Alors, Karma n'est pas là en ce moment précis et… tout est vide. Et je me mets à… penser.

Le "truc" formidable, ce serait que, tous deux, nous puissions continuer de cheminer ensemble jusqu'à ce qui serait notre "fin" commune. Une balade en forêt, une glissade et, hop, tous deux partis à jamais au fond d'un ravin dont on ne voit pas le fond. Ou bien, ensemble, dans la voiture qui s'en irait embrasser un platane d'un baiser… mortel, définitif…

Oui, ce serait le… "truc". Mais, il n'en sera sans doute pas ainsi. Ce serait trop beau. Alors, je me dis que si, d'aventure, demain l'absence de Karma devient… définitive, sur le champ, je m'en irai voir Madame la Mort pour lui régler ma dette, à savoir ces quelques années de vie que je lui ai volées à cause d'un putain de Monsieur le gros chien, Karma… qui m'aura donné envie de continuer de cheminer sur le chemin de la vie. Ce sera ma manière de le remercier, lui, Karma le boxer, qui m'aura appris que, dans certaines circonstances comme celle de la solitude, il n'y a de vie de chien que pour autant qu'il y a… un chien dans la vie et que, sans ce chien, CQFD, il n'y a plus de… vie. Du moins de vie possible et… enviable !


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