Un rêve mécréant
Cet après-midi, alors que Karma – Karma, c'est le
chien, un boxer – était en train de me promener dans la campagne, je me suis
laissé aller à rêver. Voici ce rêve qui, bien entendu, a été fort… mécréant
:
Un jour, de méchants athées
– et d'autant plus méchants qu'ils étaient anars – décident de jouer un
vilain tour à tous les troupeaux et à tous les tenants d'un ordre. Il
s'organisent donc en commando et, avec un efficacité remarquable, réussissent
à pénétrer dans Cap Kennedy où ils réquisitionnent une navette spatiale.
A peine en orbite terrestre, ils
se mettent à répandre sur la terre un puissant gaz soporifique. Aussitôt, le
monde entier s'endort sauf, bien entendu, leurs complices – d'autres méchants
athées –, qui avaient pris la précaution de porter des masques à gaz et
qui se mettent à investir tous les hôpitaux, toutes les cliniques, toutes les
maternités de la Terre où ils se livrent à une joyeuse sarabande qui
consistent à échanger tous les nouveaux-nés.
Le commando revient sur Terre
et, profitant de ce que tout le monde dort, sort discrètement de Cap Kennedy,
chacun regagnant ses pénates.
De ce forfait, nos méchants
athées ne dirent strictement rien. Le monde, après s'être éveillé sans
la moindre conscience de son endormissement forcé, continua de vivre comme si de rien n'était.
Les bébés échangés
grandirent et, en temps et en heures voulus, intègrent progressivement, au fur
et à mesure qu'ils avançaient en âge, les divers ordres auxquels ils étaient
prédestinaient par leur origine sociale et familiale, leur éducation….
Et puis, un jour, voilà nos méchants
athées qui révèlent, preuve à l'appui – et, notamment, films vidéos,
photographies, empreintes génétiques… -, le vilain tour auquel ils s'étaient
livrés une cinquantaine d'années auparavant. Ce fut aussitôt le drame et le
monde sombra dans le chaos.
Un peu partout, les scènes
d'hystéries collectives se manifestent et se traduisent par des… suicides
collectifs. En même temps, des hystéries, plus discrètes parce que restées
individuelles, éclatent également un peu partout avec le même effet : le
suicide.
Le monde venait d'apprendre que:
• des musulmans auraient dû être qui des chrétiens, qui des bouddhistes, qui même des juifs… tandis que des chrétiens auraient dû être des musulmans, des juifs ou des bouddhistes… et ainsi de suite ;
• le pape était né fils de rabbin et donc… juif
• le dallai lama était fils de chinois confucéen
• des héritiers-ères de grandes familles capitalistes étaient, en fait, les enfants de leurs ouvriers-ères alors que ceux qui auraient dû être ces héritiers-ères trimaient en usine, arpentaient le trottoir, logeaient en prison…
• des juges, des procureurs et des bourreaux avaient des enfants dont les vrais parents avaient été leurs clients, voire leurs victimes alors que leurs propres enfants étaient chefs de gang, malfrats de petite semaine, dealers, toxicomanes…
• des chefs militaires avaient, en fait, élevés les enfants de leurs ennemis, tandis que leurs véritables enfants étaient dans les rangs des armées ennemies ou dans ceux de la désertion et de l'insoumission
• des machistes avaient eu pour enfants des nouveaux-nés destinés à des couples homosexuels alors que leurs vraies progénitures étaient élevées par des couples homosexuels
•
des enfants de savants, de stars du show biz, de journalistes….
Étaient, en réalité, ceux de madame et monsieur tout le monde…
bref qu'il n'était plus à
l'endroit mais à l'envers quand, en définitive, seuls les enfants d'athées
avaient pu devenir ce qu'ils avaient voulu être ! que le monde n'avait plus
d'ordre et que les ordres n'étaient que… du désordre !
Mais pourquoi se suicider et ne
pas continuer de vivre comme ils l'avaient fait les cinquante années qui
avaient précédé cette… révélation ? Parce qu'ils n'étaient pas à leur
place, parce qu'ils n'appartenaient pas à leur véritable ordre naturel !
A aucun moment, avant de se
tuer, ils ne se dirent que :
• s'ils avaient pu, par accident, être autre que ce qu'ils auraient dû être, c'est que, en définitive, il n'y a pas de prédestination et que l'on est ce que l'on est que par nécessité ou par…. choix – un choix librement fait et assumé –
• ce qui comptait ce n'était pas de ne pas être ce qu'ils auraient dû être mais ce qu'ils voulaient être et, au-delà, tout simplement, d'… être
• si le forfait que les méchants athées avaient commis n'avait pas été révélé, ils auraient continué d'être ce qu'ils croyaient être, sans problème, ni état d'âme
• s'ils avaient accepté d'être ce que leur(fausse) naissance les avait condamnés à être, ils avaient alors la liberté de choisir non pas de mourir mais, en définitive, d'être ce qu'ils voulaient vraiment être
• la croyance n'est décidément pas une vérité, quand bien même elle est révélée et que seule la vérité scientifique se révèle à l'entendement en ce sens qu'elle est démontrée et réfutable
•
…
A aucun moment non plus, avant
de se suicider, ils ne se demandèrent pourquoi les athées continuaient de
reconnaître ceux/celles qui pouvaient ne pas être "leurs" véritables
enfants comme… "leurs véritables enfants. Ils ne se demandèrent pas non
plus pourquoi, en définitive, seuls les enfants de ces athées étaient ce
qu'ils avaient voulu être, ni pourquoi, quels que soient les choix faits,
"leurs" (faux) parents avaient admis et respectés ces choix…
Mon rêve s'est arrêté là. Il
n'est ni une fable, ni un conte. Encore moins une leçon.
Il n'est qu'un rêve auquel je me suis permis de lui donner une suite utopique :
celle d'un monde enfin libre peuplé de femmes, d'hommes et d'enfants libres
parce qu'enfin débarrassé de l'engeance religieuse ! Un monde peuplé aussi
d'animaux mais sans la moindre…. Bête immonde !
Un rêve mécréant en somme. Comment en aurait-il pu en être autrement de la part d'un… mécréant ?