Une biblio en ligne pour… quoi ?[1]

  

Il y a environ un peu plus de deux ans, dans un groupe de discussion anar a émergé l'idée d'une bibliothèque anar en ligne. L'idée partait du constat de l'absence d'une telle biblio[2] et l'hypothèse faite qu'une telle biblio devait correspondre à un réel besoin aussi bien pour les anars, individus et orgas, que pour le grand public.

L'idée lancée a enthousiasmé les "foules" mais, comme d'habitude, lorsqu'il s'est agi de passer à l'acte, il n'y avait plus de… foule. C'est donc seul que je me suis lancé dans l'aventure de la construction de cette bibliothèque.

Cette aventure solitaire, mais aussi anonyme et désintéressée de toute ambition personnelle[3] représente un travail considérable (plusieurs centaines d'heures) : recherches de textes, qui, au fur et à mesure de l'avancement du projet, deviennent de moins en moins évidentes ; remise en forme des textes trouvés[4] selon un "standard" qui, à la longue, s'est imposé de lui-même[5] ; correction des fautes de frappe, d'orthographe et de grammaire[6] ; mise en ligne ; vérifications régulières, de façon aléatoire, des liens car, comme tout un(e) chacun(e), je ne suis pas à l'abri d'erreurs en la matière…

Ce travail est sans aucun doute… artisanale parce qu'il est l'œuvre d'un militant et non d'un "spécialiste", a fortiori d'un "expert". Je suis tout à fait conscient du fait qu'il pourrait être considérablement amélioré pour éviter des doublons (j'en trouve et supprime régulièrement a posteriori) et, surtout, pour offrir de véritables catalogues de bibliothèques, c'est-à-dire des classements par auteurs, titres et thèmes.

C'est pourquoi, pour bien des personnes, le terme de "bibliothèque" est impropre quand la réalité est bien plus modeste : l'entassement en vrac de titres sans aucun référencement mais le seul "mérite" de mon travail est justement d'offrir un tel "stock en vrac" en… un seul lieu, à charge pour chacun(e) de faire un "effort", celui du… tri du vrac !

Avec le temps, l'offre de la biblio s'est diversifiée : de textes exclusivement anars elle est passée à des textes marxistes et/ou marxiens, libertariens et "classiques" en abordant des domaines de plus en plus variés : philosophie, économie, ethnologie, anthropologie, sociologie, psychologie, "morale", littérature, poésie… et ce, pour trois raisons :

C'est ainsi que, progressivement, la biblio s'est "enrichie" de nombreux titres, titres qui vont de l'article de quelques lignes au gros ouvrage en plusieurs volume papier et que cet "enrichissement" s'est également fait au plan linguistique : Français et Anglais au départ et, depuis peu, Espagnol (Castillan[8] et, même si ce n'est qu'un "balbutiement, Chinois[9].

C'est ainsi aussi que la biblio s'est mise à offrir, toujours "en vrac", des galeries d'images et de gifs animés et que j'ai en réserve l'idée d'un fonds musical (et, plus précisément, de paroles et de partitions).

Fin 2002, un compagnon m'a suggéré de placer des compteurs pour mesurer l'"audience" de la biblio. Je me suis rallié à cette idée non pour mesurer la "réussite" du projet et le niveau de ma "gloire"[10] mais pour essayer de mieux adapter la biblio sinon à une "demande", du moins à sa fréquentation[11].

Ces statistiques sont publiques en ce que toute personne qui fréquente la biblio peut y accéder en cliquant sur le lien approprié (une sorte de petit carré bleu avec une courbe statistique en rouge). Chacun(e) peut ainsi constater la variété de la fréquentation, variété d'un double point de vue :

Des échanges que j'ai pu avoir avec des individus, il ressort que trois facteurs président à la fréquentation de la biblio ; je les cite en… vrac :

D'un autre côté, je suis contacté pour XX raisons, à savoir, et toujours… en vrac, pour :

A plusieurs reprises, dans le courant du second semestre 2002, la biblio a fait l'objet d'"attaques" limitées : modifications de liens, de telle sorte que les ouvrages correspondants devenaient inaccessibles, et subtilisations de fichiers. A chaque fois, j'ai corrigé les liens "touchés" et remplacé les fichiers "disparus", de mon propre chef ou suite à un signalement.

Puis, les "attaques" ont cessé et la biblio a continué tranquillement son petit bonhomme de chemin.

Mais, le 11 août 2003, elle a fait l'objet d'une série d'attaques sévères puisqu'elle a été vidée de tout son contenu ou, plus précisément, de celui de la première page perso utilisée à cet effet (index, catalogue et première réserve). Je dis "série" car le "vidage" a été opéré à plusieurs reprises, pratiquement aussitôt après chaque reconstitution du site.

Avec patience et "entêtement" puisque, anar, je ne suis pas du renoncement, j'ai donc plusieurs fois reconstruit ce qui avait été construit au "prix" d'un long et, parfois, dur et fastidieux "labeur" et qui était détruit à des fins non connues, ce qui m'amène à les mettre sur le compte de la bêtise dont on sait qu'elle est presque toujours "méchante", de cette "méchanceté" particulière qui est celle de la gratuité et donc de l'inutilité[13].

Ceci dit, pour éviter que la "chose" ne continue de se renouveler, j'ai lancé, dans plusieurs cercles anars, un appel en vue de l'obtention de nouvelles pages persos où la biblio pourrait être "déménagée" et s'y trouver en "sécurité"[14], faute de pouvoir disposer moi-même de nouvelles pages persos.

Je sais bien que nous sommes en période estivale et que bon nombre de personnes sont en vacances mais, tout de même, l'absence de réponse à cet appel n'a pas manqué de m'interpeller quand, par ailleurs, plusieurs individus, non anars du reste, m'ont contacté pour m'assurer de leur solidarité, voire même pour me proposer leur aide.

Cette interpellation est celle du questionnement de l'utilité de la biblio. Certes, je peux considérer que la seule fréquentation, statistiquement importante, même si cette importance est "relative" au sens qu'elle ne saurait "concurrencer" celles de "grands" sites de référence et encore moins celles de grandes (et véritables) bibliothèques, atteste d'une utilité dans la mesure où, a contrario, on peut considérer qu'une biblio inutile ne serait absolument pas fréquentée, mais cet a priori ne me satisfait pas.

En effet, je le rappelle, la biblio, même si, en définitive, elle est l'"œuvre" d'un individu, est née d'une idée collective et du constat, fait tout autant collectivement, d'un besoin. Dans ces conditions, je peux et, je dirais même, dois, considérer que la destruction de cette "œuvre" aurait dû trouver un écho attentif dans le milieu considéré, un écho, qui plus est, "constructif" consistant à apporter son concours à la "mise à l'abri" de l"œuvre utile".

Cette absence d'écho questionne donc l'utilité de la biblio au regard du milieu considéré, milieu… anar, faut-il le rappeler. Et pour être plus explicite : est-ce que les anars ont besoin d'une biblio en ligne leur offrant des textes anars et autres ? Y a-t-il, dans ce milieu, un véritable besoin de lecture, d'"apprentissage" (ou de "réapprentissage") de connaissances, spécifiques et générales, en vue de leur utilisation à des fins militantes, c'est-à-dire pour les besoins d'une action, action pouvant aller de la critique et de l'écriture à l'"acte", individuel ou collectif ?

Certes, je dois admettre que mon appel est loin d'avoir pu être entendu par l'ensemble des anars (francophones) et que, du reste, la biblio est très loin d'être connue de ce même ensemble[15]. Mais, tout de même…

La finalité première de la biblio était… anar, c'est-à-dire à la fois pour des anars (individus et orgas) et pour une action anar (en l'occurrence d'éducation, de formation et de propagande). Le silence dont il s'agit laisse supposer que… cette finalité n'a pas été réalisée et que, par conséquent, outre qu'elle n'avait aucun fondement justificatif a priori, la biblio n'est pas utile aux anars. Ai-je tort ou raison, je ne le sais : la question est posée. Affaire à suivre donc…

Au-delà de ce questionnement "réservé", je dois néanmoins prendre en considération que, suite aux vidages de la biblio, plusieurs individus se sont manifesté(e)s soit, simplement, pour signaler le "vidage"[16], soit pour attester de leur solidarité, de leur soutien. La biblio, de ce point de vue, est donc utile à… ces quelques personnes !

Même si l'une des dimensions de mon humanisme est un certain esthétisme, je ne suis pas pour autant un… artiste. Je veux dire par là que, si je suis de la lecture et de l'écriture, je ne poursuis aucune démarche artistique qui relèverait de cette conception philosophico-esthético-éthique qui définit l'Art comme la réalisation gratuite d'une œuvre sans finalité utilitaire, et, a fortiori, utilitariste et… utilisatrice. Je ne fais donc rien qui ne soit pas utile[17] : je lis – et, pour ce faire, je collecte des textes – pour apprendre, satisfaire mon insatiable curiosité, m'enrichir, continuer de me construire, nourrir ma réflexion et mon action… et j'écris pour m'exprimer, pour communiquer, pour militer, pour agir…

L'utilité de la biblio, relativement à moi, est donc bien effective, indéniable. Mais, même si, toujours parce qu'humaniste, je suis du partage, la question de l'utilité de la biblio me semble donc devoir se poser car, en ce qui me concerne, je peux tout à fait me passer du travail qu'implique la mise en ligne de textes et consacrer le temps qui serait ainsi économisé à d'autres fins.

En définitive, relativement à la biblio, je ne suis pas dans l'obscurité totale mais, dirons-nous, dans la pénombre. Merci de m'éclairer en m'écrivant à fraternite.libertaire@wanadoo.fr.



[1] A tout hasard, je rappelle que la biblio en question se trouve sur : http://fraternitelibertaire.free.fr/.

[2] Absence ou,  s'agissant des membres dudit groupe de discussion, non-connaissance de l'éventuelle existence d'une telle biblio., étant précisé que, par la suite, des recherches prolongées ont fait apparaître que, d'une part, s'il existait bien des offres d'ouvrages anars en ligne, celles-ci étaient fragmentaires, éparses et que, d'autre part, en revanche, il existait bien, notamment dans les milieux universitaires, des offres en ligne d'ouvrages conséquentes mais souvent, pour ne pas dire toujours, spécialisées ("classiques", droit, économie…) ainsi que, par ailleurs, des offres assez complètes de littérature marxiste et/ou marxienne. Ces recherches ont en outre montré que les Anglo-saxons ont en la matière une avance considérable par rapport aux francophones et que, pour ce qui est de l'anarchisme, aux États-Unis, au Canada, en Afrique du Sud…, il y a un véritable "travail" militant d'éducation et de propagande permettant de mettre à la disposition du grand public et donc, aussi, des anars, un fonds important de littérature anarchiste, fonds d'autant plus riche qu'il contient beaucoup de titres écrits à l'origine en Français et, parce qu'ils ne sont plus réédités depuis longtemps, sont difficiles à trouver en support papier et… en Français !

Pour être complet, il faut tout de même mentionner le travail considérable mené depuis de nombreuses années par le C.I.R.A. qui, de mon point de vue, offre le catalogue le plus complet de la littérature anarchiste mais pas de textes en ligne.

[3] Comme celle d'une recherche de la… gloire.

[4] Souvent, les textes après un copier-coller d'une page oueb ou une décompression se présente sous la forme d'un texte brut dont l'apparence est celle d'un message envoyé au même format et reçu au terme de plusieurs forwards, autrement dit un véritable puzzle qu'il faut reconstituer avec patience alors que les pièces ont été "savamment" mélangées, qu'il en manque souvent plusieurs… et que je ne dispose pas du "modèle", notamment en support papier, pour m'y retrouver plus facilement.

[5] Il m'a été fait le reproche d'utiliser le format .doc et non pas .rtf et donc de pénaliser celles et ceux qui se sont émancipé(e)s de Bill Gates et qui, par exemple, sont sous Linux et non Windows. Il est vrai que, au début, j'ai beaucoup travaillé en .rtf mais que, à l'usage, je me suis rendu compte que le format .doc donnait des fichiers moins "lourds". 0 celles-et ceux qui me font ce reproche, voire cette "accusation", je réponds également par les trois points suivants :

·         je travaille avec les moyens informatiques dont je dispose, en l'occurrence Windows et Word et je n'ai ni les ressources financières pour en acquérir d'autres, ni le temps pour "traduire" un texte dans tous les formats susceptibles d'exister.

·         je suis confronté à une contrainte majeure : n'étant pas mon propre fournisseur, je suis tributaire de l'espace (page perso) que je peux trouver auprès de fournisseurs ayant pignon sur rue ; de ce fait, offrir un même texte en x formats réduirait d'autant la place disponible pour d'autres textes. Pour info : la biblio occupe actuellement presque trois pages persos, soit près de 300 Mo.

·         comme on les ait "la critique est facile quand l'art est difficile". Au lieu de me reprocher de ne pas offrir tel ou tel format, ne conviendrait-il pas mieux de me proposer de me filer un coup de main pour effectuer les conversions nécessaires ?

[6] Correction souvent sommaire tant il y en aurait à faire et qui, dans ce cas, porte donc sur les "fautes" les plus… criairdes.

[7] Un exemple : la critique du capitalisme me semble impliquer que l'on connaisse les théories qui le fondent mais aussi  son histoire, ses mécanismes, sa réalité… économique, sociologique, juridique… au-delà des représentations que l'on peut s'en faire, représentations fondées sur une "réaction" subjective, affective, "épidermique"… ET de l'aliénation dont on ne peut manquer d'être victime quand la seule "connaissance" que l'on peut avoir est celle véhiculée par le discours officiel des apologistes du… capitalisme mais aussi des sectaristes de tout bord et, en particulier, des "anti-capitalismes" dogmatiques, "doctrinaires"…

[8] J'ai "sous le coude" des textes en Catalan.

[9] J'ai tenté l'Arabe mais, pour le moment, j'ai renoncé car je n'ai pas su trouver une solution satisfaisante pour, au niveau du catalogue, combiner caractères arabes et latins.

[10] Pour bien mettre les points sur les "i" : je n'ai, en la matière, aucune ambition personnelle. C'est ainsi que, au regard des personnes qui fréquentent la biblio et sauf établissement de liens "affinitaires" particuliers", je suis et resterai strictement anonyme, non pour des "raisons de sécurité" (je ne me fais aucune illusion : sur le oueb, pour certains "services" il n'y a aucun anonymat), mais parce que, militant, je n'œuvre pas pour moi mais pour les autres [Voir tout de même mon questionnement ci-après] et que, humaniste, je suis foncièrement du partage et aucunement de… l'appropriation, personnelle et exclusive.

[11] Exemple d'adaptation : le développement d'un "rayon espagnol" et ma tentative, vaine, il est vrai, à ce jour, d'ouvrir un "rayon arabe".

[12] Si je ne tire de cette démarche aucune satisfaction d'amour propre, en revanche, je dois dire que, devant l'ampleur  de la tâche, de tels encouragements à continuer sont toujours les bienvenus surtout lorsque, la "fatigue" pesant, je me laisserais bien tenter par la… paresse ou que le doute m'assaille quant à l'utilité de la tâche.

[13] L'intention politique – une action anti-anarchiste – est à exclure car l'œuvre de démolition de la biblio a été incomplète et n'a fait l'objet d'aucune revendication politique explicite. Et puis, je sais être modeste et objectif : politiquement, je suis, en tant qu'individu, inexistant et la biblio est insignifiante. En outre, le rapprochement d'un certain nombre de faits objectifs – démontrés et vérifiés par des tiers, dont des "experts" en informatique – et le "vidage" concomitant de mon site perso font plutôt penser à un "règlement de comptes personnel"hypothèse" d'autant plus probable qu'elle participe bien à la fois d'une pratique antérieure ressortissant à une "nature" et à un comportement… bêtes et méchants.

[14] Relative puisque sur le oueb la sécurité absolue n'existe pas, mais tout de même supérieure à celle d'un site dans lequel, on a pu entrer à des fins destructrices.

[15] 1% ? Mais alors le 1% d'un pour cent, cela ne fait vraiment pas beaucoup de monde !!!

[16] Ce qui permet de déduire que le signalement a été fait aux fins de correction du vidage et donc de remise en ligne de la biblio.

[17] Une précision : mon humanisme n'est pas utilitaire, en ce qu'il est ma conception cosmogonique du monde, de la Vie, et que je ne le pratique pas à des fins intéressées et, en particulier, dans l'attente d'un quelconque retour.


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