Vertu ou vice ?

 

Humaniste, je suis fraternaliste en ce que je cultive et pratique cette vertu (au sens Romain du terme) qu'est la fraternité. Le sort des autres ne m'est donc pas indifférent. Au contraire, il me concerne dés lors que, revendiquant l'humanité à laquelle, par choix, je suis né, rien de l'Autre ne m'est étranger, ne peut m'être étranger. Pour moi, l'altérité n'est pas une étrangeté mais une autre identité, une unicité qui renvoient à mon identité, mon unicité, l'Un ne pouvant être sans l'Autre puisque Nous ne sommes que parce que Je me révolte.

Et pourtant…

Et pourtant, force est de constater que mon sort indiffère bien des gens même si, souvent, à leur égard, je suis… intéressant, intéressant par la profit (matériel mais, surtout, de mon point de vue, moral, affectif, psychologique, intellectuel…) qu'ils-elles peuvent tirer de moi. Ainsi, pour la plupart je ne suis, ponctuellement qui plus est, qu'en fonction de la profitabilité que je peux offrir. Et comme une mine dont on aurait tari le dernier filon, au regard des autres, je cesse d'être dés que… le profit recherché a été réalisé, ravi.

A force d'être concerné par les autres et de ne pas être concerné par moi-même, je me rends compte, aujourd'hui, que j'ai gâché ma vie car, occupé à être utile à l'Autre, j'ai tout simplement oublié d'être pour… moi.

Le prix de cette débâcle n'est pas seulement la solitude. Il est celui de la déception, du désenchantement. Pas d'amertume ni de regret pour autant. Juste cet amer constat : le temps passé qui a été consacré aux autres est un temps définitivement… passé, perdu pour… moi. Comme si mon être, en somme, était dans ce passé où j'ai donné et que, dans le présent, il n'est réel, effectif dans l'instant que pour autant que je donne – voire que l'on me prenne -. Dans un instant qui, n'étant pas celui du partage, n'est qu'illusion en définitive : l'illusion d'être quand, en fait, pour les autres, mon être n'a d'intérêt que dans l'avoir !

Je ne suis que dans la réciprocité de l'être, dans le partage. La relation univoque est l'anéantissement, la déshumanisation de celui-celle qui est objectivé, instrumentalisé. Elle est de force, de violence, de ruse, de mensonge, d'hypocrisie… Assurément pas d'amour, de fraternité. Or, point d'humanité sans fraternité. Mais… sous-humanité, voire non-humanité.

Il est fort probable que, idéaliste, j'attende trop des autres et que, l'exigence que j'ai à mon égard dans ma relation à l'Autre est une… aberration, une sorte de démence relevant d'un intellectualisme aussi vain qu'inutile. Mais je suis ce que… je suis devenu du fait d'une succession de choix, libres et raisonnés, de valeurs, de principes, de… paris.

C'est pourquoi, le doute m'assaille : mes quelques rares et faibles certitudes sont ébranlées du fait de nouvelles déceptions.

Le bon sens dit que "dans le doute, il vaut mieux s'abstenir".

Puisque j'en suis arrivé à douter de moi et, par conséquent, de la capacité que j'ai – ou n'ai pas – d'avoir une relation à l'Autre qui soit… normale, il ne me reste plus qu'à me retirer dans ma tanière pour… raisonner et faire un nouveau choix entre la vertu et le… vice !


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