à
la mémoire de...
Emile POUGET
Anarchiste
syndicaliste révolutionnaire aveyronnais
1860-1931
En 1889, quelques
mois avant le premier centenaire de la Révolution, un Aveyronnais pittoresque,
"monté" à Paris depuis une quinzaine d'années, lança un journal
hebdomadaire anarchiste, au ton provocateur et agressif : Le Père peinard (numéro
1 le 24 février 1889).
Emile POUGET,
puisque c'est de lui qu'il s'agit, était né le 12 octobre 1860 à
Pont-de-Salars ; son père, notaire, étant décédé, sa mère se remaria avec
un employé des ponts et chaussées aux convictions républicaines affirmées et
alla résider à Salles la Source.
Il fréquenta le
lycée de Rodez, mais, en 1875, le décès de son beau-père entraîna
l'interruption de ses études et son départ pour Paris Il y vécut de
"petits boulots" et devint militant anarchiste révolutionnaire.
Plus tard, il s'engagea dans le syndicalisme naissant, ce qui lui vaut de figurer parmi les premiers dirigeants de la C.G.T… où la tendance anarcho-syndicaliste était majoritaire.
Anarchiste intégral,
tout en étant excellent organisateur, Pouget était pratiquement "pour
tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour".
Il est anti-socialiste :
- Oui, nom d'un pet, je reviens têtu comme une mule et je m'égosille à
clamer : "Faut pas croire au paradis des socialos à la manque pas plus
qu'aux sacristains !"
- Rien de cela n'arrivera ! Ceux qui prêchent aujourd'hui ces foutaises
s'illusionnent peut-être - auquel cas il leur sera beaucoup pardonné, comme
disent les frocards - les autres sont de simples saltimbanques qui vivent de
leur grosse caisse.
Anti-clérical (les
ampapaoutés catholos), anti-justice (il nomme les juges "les enjuponnés",
anti-militariste (Allez donc faire avaler à un jeune bougre pas tout à fait
idiot qu'il est l'inférieur d'une brute imbibée d'alcool, parce que cette
brute a des galons sur la manche), anti-capitaliste, anti-patron (les
charognards), anti-sénat (la triperie sénatoriale ou les têtes de veau
roupillent à qui meuh, meuh)…
Parfois, il lui
arrive d'être d'accord… avec les Esquimaux ! Parce qu'ils n'ont ni
sergots, ni pandores, ni pestailles d'aucune sorte, pas même des mouchards de
la secrète - Ils ont des mœurs époilantes… c'est du vrai beurre. Quand
serons-nous assez marioles pour les acclimater chez nous ?
Ce fut ainsi
qu'il célébra, à sa façon, dans le Père Peinard, son journal, le premier
anniversaire de la Révolution.
Il joua un rôle
de premier plan dans l'organisation de la C.G.T. à ses débuts.
Lucien ORSANE
(avec son
autorisation)