NI DIEU NI MAITRE

CARNET DE CHANsonS anarchistes

Les Canons

Elle n'est pas morte

Fille d'Ouvriers

L'Internationale

Le Père Duchesne

Dynamite

Le Père Lapurge

La Java des Bons-Enfants

Les Canuts

Heureux Temps

Chant de Révolte

Le Triomphe de l'Anarchie

Makhnovtchina

Marie ma Blonde

Les Milices

Chanson du CMDO

Paris s'éveille

La Mitraillette

J'avions

Hexagone

Les Anarchistes

 

LES CANONS

                                                                                  Henry Nadot, 1871

 

Les canons du Sud ou du Nord,

De l'est ou de l'ouest assourdissent

Ces noirs travailleurs de la mort

Contre la liberté s'unissent

Chefs d'oeuvre de l'art qui détruit

Chers aux despotes qui commandent

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

 

Celui qui vous poine et celui

Qui vous sert de cible à distance

Sont deux peuples fiers aujourd'hui

D'être ennemi quelle démence

L'arme au pied, le soldat se dit :

Mais la guerre, qui la demande ?

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

 

La guerre est la destruction

Des princes qu'on subit encore

Chacun se dit je suis lion

Son peuple est l'agneau qu'il dévore

L'esclave chaque jour s'instruit

C'est ce que le maître appréhende

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

 

On vous doit de dignes exploits

Par vous la bastille est rasée

Et plus tard la ligue des rois

Vers la frontière est repoussée

Mais un César hélas surgit

Des courtisans revient la bande

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

 

La fumée empêche de voir

Où va tomber l'engin qui tue

Vous obéissez au pouvoir

Qu'il soit au trône ou dans la rue

Le droit au silence est réduit

L'idée en est elle moins grande ?

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

Vous êtes l'instrument brutal

Imitant la voix du tonnerre ;

Instrument comme lui fatal,

Tendant à dépeupler la terre.

Qu'on vous encloue, et que la nuit

Sur tous vos désastres s'étende...

 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

 

Qu'on vous fonde et vous change enfin,

En une pyramide immense

Qu'on y lise sous le burin,

Universelle indépendance

Vers la paix le monde est conduit

Bien qu'encor au sceptre on prétende
 

Canons, qui faites tant de bruit,

Taisez vos gueules qu'on s'entende !

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ELLE N'EST PAS MORTE

                                                                                              Eugène Pottier, 1886

 

On l'a tuée à coup de chass'pots,

A coup de mitrailleuses,

Et roulée avec son drapeau

Dans la terre argileuse.

Et la tourbe des bourreaux gras

Se croyait la plus forte

Tout ça n'empêche pas Nicholas

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

 

Comme faucheurs rasant un pré,

Comme on abat des pommes,

Les Versaillais ont massacré

Pour le moins cent mille hommes.

Et les cent mille assassinats

Voyez c'que ça rapporte.

Tout ça n'empêche pas Nicholas

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

 

Ils ont fait acte de bandits

Comptant sur le silence,

Ach'vé les blessés dans leur lit,

Dans leurs lits d'ambulance.

Et le sang inondant les draps

Ruisselait sous la porte.

Tout ça n'empêche pas Nicholas

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

 

Les journalistes policiers

Marchands de calomnies

Ont répandu sur nos charniers

Leurs flots d'ignominie.

Les Maxim' Ducamps, les Dumas,

Ont vomi leur eau-forte.

Tout ça n'empêche pas Nicholas

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

 

C'est la hache de Damoclès

Qui plane sur leurs têtes.

A l'enterrement de Vallès

Ils en étaient tout bêtes.

Fait est qu'on était un fier tas

A lui servir d'escorte !

C'qui prouve en tout cas Nicholas

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

 

Bref, tout ça prouve aux combattants

Qu'Marianne a la peau brune,

Du chien dans l'ventre et qu'il est temps

D'crier "Vive la Commune ! "

Et ça prouve à tous les Judas

Qu'ci ça marche de la sorte,

Ils sentiront dans peu, nom de Dieu !

Qu'la commune n'est pas morte !        bis

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FILLE D'OUVRIERS

                                                                                  Jules Jouy, 189?

 

Pâle ou vermeille, brune ou blonde,

         Bébé mignon,

Dans les larmes ça vient au monde,

         Chair à guignon.

Ebouriffé, suçant son pouce,

         Jamais lavé,

Comme un vrai champignon ça pousse

         Chair à pavé

 

A quinze ans, ça rentre à l'usine,

         Sans éventail,

Du matin au soir ça turbine,

         Chair à travail.

Fleur des fortifs, ça s'étiole,

         Quand c'est girond,

Dans un guet-apens,ça se viole,

         Chair à patron.

 

Jusque dans la moelle pourrie,

         Rien sous la dent,

Alors, ça rentre "en brasserie",

         Chair à client.

Ca tomb encore : de chute en chute,

         Honteuse, un soir,

Pour deux francs, ça fait la culbute,

         Chair à trottoir.

 

Ca vieilli, et plus bas ça glisse...

         Un beau matin,

Ca va s'inscrire à la police,

         Chair à roussin ;

Ou bien, "sans carte", ça travaille

         Dans sa maison ;

Alors, ça se fout sur la paille,

         Chair à prison.

 

D'un mal lent souffrant le supplice,

         Vieux et tremblant,

Ca va geindre dans un hospice,

         Chair à savant.

Enfin, ayant vidé la coupe.

         Bu tout le fiel,

Quand c'est crevé, ça se découpe.

         Chair à scalpel.

 

Patrons ! Tas d'Héliogabales,

         D'effroi saisis

Quand vous tomberez sous nos balles,

         Chair à fusils,

Pour que chaque chien sur vos trognes

         Pisse, à l'écart,

Nous les laisserons vos charognes,

         Chair à Macquart !

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L'INTERNATIONALE

                                                                                  Eugène Pottier, 1871

 

Debout, les damnés de la terre.

Debout, les forçats de la faim.

La raison tonne en son cratère,

C'est l'éruption de la fin.

Du passé, faisons table rase.

Foule esclave, debout, debout !

Le monde va changer de base,

Nous ne sommes rien, soyons tout.

 

                     Refrain

 

C'est la lutte finale :

Groupons nous, et demain,                                     bis

L'Internationale sera le genre humain.

 

         Deuxième couplet

 

Il n'est pas de sauveurs suprêmes :

Ni Dieu, ni César, ni tribun,

Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes !

Décrétons le salut commun !

Pour que le voleur rende gorge.

Pour titer l'esprit du cachot,

Soufflons nous-mêmes notre forge,

Battons le fer quand il est chaud !

                                     au Refrain

 

         Troisième couplet

 

L'Etat comprime et la loi triche ;

L'impôt saigne le malheureux ;

Nul devoir ne s'impose aux riches ;

Le droit du pauvre est un mot creux.

C'est assez languir en tutelle

L'égalité veut d'autres lois :

"Pas de droits sans devoirs, dit-elle ;

Egaux, pas de devpoirs sans droits."

                                     au Refrain

 

         Quatrième couplet

 

Hideux dans leur apothéose,

Les rois de la mine et du rail

Ont-ils jamais fait autre chose

Que dévaliser le travail ?

Dans les coffres-forts de la bande

Ce qu'il a créé s'est fondu.

En décrétant qu'on le lui rende

Le peuple ne veut que son dû.

                                     au Refrain

 

         Cinquième couplet

 

Les Rois nous saoulaient de fumées,

Paix entre nous, guerre aux tyrans !

Appliquons la grève aux armées,

Crosse en l'air et rompons les rangs !

S'ils s'obstinent, ces cannibales,

A faire de nous des héros,

Ils saurons bientôt qur nos balles

Sont pour nos propres généraux

                                     au Refrain

 

         Sixième couplet

 

Ouvriers, paysans, nous sommes

Le grand parti des travailleurs ;

La terre n'appartient qu'aux hommes,

L'oisif ira loger ailleurs.

Combien de nos chairs se repaissent !

Mais si les corbeaux, les vautours,

Un de ces matins disparaissent,

Le soleil brillera toujours !

                                     au Refrain

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L'BON DIEU DANS LA MERDE

(Le Père Duchesne)

Chant de Guillotine de Ravachol

Goualé à Montbrison le matin de son exécution

 

              I

 

Né en nonante-deux,                 }

  Nom de dieu !                   } bis

Mon nom est Pèr' Duchesne.   }

Marat fut un soyeux,

  Nom de dieu !

A qui lui porta haine,

  Sang-dieu !

Je veux parler sans gêne,

  Nom de dieu !

Je veux parler sans gêne.

 

              II

 

Coquins, filous, peureux,         }

  Nom de dieu !                  } bis

Vous m'appelez canaille.          }

Dès que j'ouvre les yeux,

  Nom de dieu !

Jusqu'au soir je travaille,

  Sang-dieu !

Et je couch' sur la paille,

  Nom de dieu !

Et je couch' sur la paille.

 

              III

 

On nous promet les cieux,        }

  Nom de dieu ?                  } bis

Pour toute récompense,            }

Tandis que ces messieurs,

  Nom de dieu !

S'arrondissent la panse,

  Sang-dieu !

Nous crevons d'abstinence,

  Nom de dieu !

Nous crevons d'abstinence.

 

              IV

 

Pour mériter les cieux,              }

  Nom de dieu !                   } bis

Voyez-vous ces bougresses,     }

Au vicair' le moins vieux,

  Nom de dieu !

S'en aller à confesse,

  Sang-dieu !

Se fair' p'loter les fesses,

  Nom de dieu !

Se fair' p'loter les fesses.

 

              V

 

Quand ils t'appellent gueux,      }

  Nom de dieu !                   } bis

Sus à leur équipage,                   }

Un pied sur le moyeu,

  Nom de dieu !

Pour venger cet outrage,

  Sang-dieu !

Crache-leur au visage,

  Nom de dieu !

Crache-leur au visage.

 

              VI

 

Si tu veux être heureux,            }

  Nom de dieu !                  } bis

Pends ton propriétaire,            }

Coup' les curés en deux,

  Nom de dieu !

Fous les églises par terre,

  Sang-dieu !

Et l'bon dieu dans la merde,

  Nom de dieu !

Et l'bon dieu dans la merde.

 

              VII

 

Peuple trop oublieux,               }

  Nom de dieu !                  } bis

Si jamais tu te lèves,                 }

Ne sois pas généreux,

  Nom de dieu !

Patrons, bourgeois et prêtres,

  Sang-dieu !

Méritent la lanterne,

  Nom de dieu !

Méritent la lanterne.

 

Le couplet VI est le dernier qu'a chanté Ravachol au pied de l'affreuse machine à Deibler.

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DYNAMITE

                                                                                  Martenot, 1893

 

Il est un produit merveilleux,

Experimenté par la science

Et pour nous les miséreux,

Fera naître l'indépendance.

 

Tant mieux s'il éclate

Parfois en faisant beaucoup de victimes

Chez nos ennemis les bourgeois,

Cela nous venge de leurs crimes.

 

Placez une marmite

Bourrée de dynamite

Quelle que soit la maison

En faisant explosion

Ah, comme elle ira vite

 

Pour inspirer la terreur,

Il n'y a rien d'meilleur

Qu'la dynamite

 

On guillotine Ravachol,

Un copain qu'avait d'l'envergure

Aujourd'hui c'est un Espagnol

Qu'on fusille pour son allure

 

Palace sut montrer à son tour

Qu'il était un homme invincible

En plus il promettait qu'un jour

La vengeance serait terrible

 

Vive la dynamite, puisque l'on nous irrite

A chaque exécution,

Nous mettrons en action

Notre arme favorite

 

Car pour semer la terreur

Il n'y a rien d'meilleur

Qu'la dynamite

 

Vous pouvez dresser l'échafaud,

La potence et la guillotine

Nous, nous avons ce qu'il nous faut

Pour vous faire sauter en soupline

 

Si vous croyez qu'ça finira,

Vous êtes loin de votre affaire

Pour un homme qu'on nous tuera,

Nous en foutrons cinq cent par terre.

 

Avec la dynamite

Nous répondrons de suite

Casernes et prisons, sans flûtes

Sans violons, danseront au plus vite

 

Car pour semer la terreur

Il n'y a rien d'meilleur

Qu'la dynamite

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LE PERE LAPURGE

                                                                                  Constant Marie

 

Je suis le vieux Père Lapurge,

Pharmacien de l'Humanité ;

Contre sa bile je m'insurge

Avec ma fille Egalité.

 

Refrain :    J'ai ce qu'il faut dans ma boutique

                Sans le tonnerre et les éclairs,

                Pour bien purger toute la clique

                Des affameurs de l'univers.

 

Son mal vient des Capitalistes

Plus ou moins gras,à la ronger,

En avant, les gars anarchistes,

Fils de Marat, faut la purger.

              au Refrain

 

J'ai du picrate de potasse,

Du soufre et du chlore en tonneaux,

Pour assainir partout où passent

Les empoisonneurs de cerveaux.

              au Refrain

 

J'ai des pavés et de la poudre,

De la dynamite à foison,

Qui rivalise avec la foudre

Pour débarbouiller l'horizon.

              au Refrain

 

Le gaz est aussi de la fête :

Si l'on résiste à mes joyaux,

Au beau milieu de la tempête,

Je fais éclater ses boyaux.

              au Refrain

 

J'ai poudre verte et mélinite ;

De fameux produits, mes enfants,

Pour nous débarasser plus vite

De ces mangeurs de pauvres gens.

              au Refrain

 

J'ai pour les gavés de la table

La bombe glacée à servir

Du haut d'un ballon dirigeable

Par les toits, pour les rafraîchir.

              au Refrain

 

Voleuse et traître bourgeoisie,

Prêtres et bandits couronnés,

Il faut que d'Europe en Asie,

Vous soyez tous assaisonnés.

              au Refrain

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LA JAVA DES BONS-ENFANTS

 

Dans la rue des Bons-Enfants,

On vend tout au plus offrant,

Y avait un commissariat

Et maintenant il n'est plus là.

 

Une explosion fantastique

N'en a pas laissé une brique,

On crut qu'c'était Fantomas

Mais c'était la lutte des classes.

 

Un poulet zélé vint vite,

Il portait une marmite,

Qui était à renversement,

Et la r'tourne imprudemment.

 

Le brigadier, l'commissaire,

Mélés aux poulets vulgaires,

Partent en fragments épars

Qu'on ramasse sur un buvard.

 

Contrair'ment à c'qu'on croyait,

Y en avait qui en avait,

L'étonnement est profond,

On peut les voir jusqu'au plafond.

 

Voilà bien ce qu'il fallait

Pour faire la guerre au palais,

Sache que ta meilleure amie,

Prolétaire, c'est la chimie.

 

Les socialos n'ont rien fait

Pour abrèger les forfaits

D'l'infamie capitaliste

Mais heureusement vient l'anarchiste.

 

Il n'a pas de préjugés,

Les curés seront mangés,

Plus de patrie, plus de colonies,

Et tout pouvoir, il le nie.

 

Encore quelques beaux efforts,

Et disons qu'on se fait fort

De régler radical'ment

L'problème social en suspens.

 

Dans la rue des Bons-Enfants,

Viande à vendre au plus offrant,

L'avenir radieux prend place

Et le vieux monde est à la casse.

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LES CANUTS

                                                                                  Aristide Bruant, 1894

 

     Pour chanter Veni Creator

     Il faut une chasuble d'or.

Nous en tissons pour vous, grands de l'église

Et nous, pauvres canuts, n'avons pas de chemise

     C'est nous les canuts,

     Nous sommes tout nus.

 

     Pour gouverner, il faut avoir

     Manteaux ou rubans en sautoir.

Nous en tissons pour vous, grands de la terre,

Et nous pauvres canuts, sans drap on nous enterre

     C'est nous les canuts,

     Nous sommes tout nus.

 

     Mais notre règne arrivera

     Quand votre règne finira :

Nous tisserons le linceul du vieux monde,

Car on entend déjà la tempête qui gronde.

     C'est nous les canuts,

     Nous sommes tout nus.

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HEUREUX TEMPS

                                                                                  Paul Paillette, 1895

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Les humains joyeux auront un gros coeur

     Et légère panse.

Heureux on saura - sainte récompense -

Dans l'amour d'autrui doubler son bonheur ;

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Les humains joyeux auront un gros coeur.

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

On ne verra plus d'êtres ayant faim

     Auprès d'autres ivres :

Sobres nous serons et riches en vivres ;

Des maux engendrés ce sera la fin.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Tous satisferont sainement leur faim.

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Le travail sera récréation

     Au lieu d'être peine.

Le corps sera libre et l'âme sereine

En paix fera son évolution.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Le travail sera récréation.

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Nos petits enfants auront au berceau

     Les baisers des mères ;

Tous seront choyés, tous égaux, tous frères ;

Ainsi grandira ce monde nouveau.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Nos enfants auront un même berceau.

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Les vieillards aimés, poètes-pasteurs,

     Bénissant la terre,

S'éteindront béats sous le Ciel-Mystère,

Ayant bien vécu loin de ses hauteurs.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Les vieillards seront de bien doux pasteurs.

 

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Nature sera paradis d'amour.

     Femme souveraine !

Esclave aujourd'hui, demain notre reine,

Nous rechercherons tes "ordres du jour".

Quand nous en serons au temps d'anarchie,

Nature sera paradis d'amour.

 

 

Il semble encor loin ce temps d'anarchie,

Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.

     Une foi profonde

Nous fait entrevoir ce bienheureux monde

Qu'hélas notre esprit dessine à tâtons.

Il semble encor loin ce temps d'anarchie,

Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.

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CHANT DE REVOLTE

                                                                                              Sébastien Faure

 

                       1

 

Nous sommes les persécutés

De tous les temps et de toutes les races ;

Toujours nous fûmes exploités

Par les tyrans et les rapaces.

Mais nous ne voulons plus fléchir

Sous le joug qui courba nos pères,

Car nous voulons nous affranchir

De ce qui cause nos misères.

 

Refrain :  Eglise, parlement, capitalisme, état, magistrature,

              Patrons et gouvernants,

              Libérons-nous de cette pourriture.

              Pressant est notre appel,

              Donnons l'assaut au monde autoritaire,

              Et d'un coeur fraternel,

              Nous réaliserons l'Idéal libertaire !

 

                                                                       2

 

            CAPITALISME          Ouvriers ou bien paysans,

Travailleurs de la terre ou de l'usine,

Nous sommes, dès nos jeunes ans,

Réduits au labeur qui nous mine.

D'un bout du monde à l'autre bout,

C'est nous qui créons l'abondance ;

C'est nous tous qui produisons

Et nous vivons dans l'indigence.

                       au Refrain

 

                       3

 

            ETAT                          L'Etat nous écrase d'impôts :

Il faut payer ses juges, sa flicaille ;

Et si nous protestons trop haut,

Au nom de l' "ordre", on nous mitraille.

Les maîtres ont changé cent fois,

C'est le jeu de la politique ;

Quels que soient ceux qui font les lois,

C'est bien toujours la même clique.

                       au Refrain

 

                       4

 

            PATRIE                      Pour défendre les intérêts

Des flibustiers de la grande industrie,

On nous ordonne d'être prêts

A mourir pour notre patrie.

Nous ne possédons rien de rien,

Nous avons horreur de la guerre ;

Voleurs, défendez votre bien,

Ce n'est pas à nous de le faire.

                       au Refrain

 

                       5

 

            UNION                      Déshérités, soyons amis,

Mettons un terme à nos tristes disputes.

Debout ! ne soyons plus soumis,

Organisons la Grande Lutte.

Tournons le dos aux endormeurs,

Qui bercent la misère humaine,

Clouons le bec aux imposteurs

Qui sèment entre nous la haine.

                       au Refrain

 

                       6

 

            REVOLTE                  Partout sévit l'Autorité :

Des gouvernants l'Internationale

Jugule notre liberté

Dont le souffle n'est plus qu'un râle.

L'heure a sonné de réagir ;

En tous lieux la Révolte gronde.

Compagnons, sachons nous unir

Contre tous les Maîtres du Monde !

                       au Refrain

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LE TRIOMPHE DE L'ANARCHIE

                                                                                              Charles d'Avray

 

                     I

 

Tu veux bâtir des cités idéales,

Détruis d'abord les monstruosités,

Gouvernement, casernes, cathédrales

Qui sont pour nous autant d'absurdités.

Dès aujourd'hui vivons le communisme,

Ne nous groupons que par affinités,

Notre bonheur naîtra de l'altruisme,

Que nos désirs soient des réalités !

 

Refrain :         Debout, debout, compagnons de misère,

                     L'heure est venue, il faut nous révolter.

                     Que le sang coule et rougisse la terre,

                     Mais que ce soit pour notre liberté.

                     C'est reculer que d'être stationnaire,

                     On le devient de trop philosopher.

                     Debout, debout, vieux révolutionnaires,

                     Et l'anarchie enfin va triompher ! (bis)

 

                     II

 

Empares -toi maintenant de l'usine,

Du Capital, ne sois plus serviteur,

Reprends l'outil et reprends la machine,

Tout est à tous, rien n'est à l'exploiteur.

Sans préjugés, suis les lois de nature,

Et ne produis que par nécessité,

Travail facile ou besogne très dure

N'ont de valeur qu'en leur utilité.

                     au Refrain

 

                     III

 

On rêve amour au-delà des frontières,

On rêve amour aussi de ton côté,

On rêve amour dans les nations entières,

L'erreur fait place à la réalité.

Oui, la Patrie est une baliverne,

Un sentiment doublé de lâcheté,

Ne deviens pas de la viande à caserne,

Jeune conscrit, mieux te vaut déserter.

                     au Refrain

 

                     IV

 

Quand ta pensée invoque ta confiance,

Avec la science il faut te concilier,

C'est le savoir qui forge la conscience,

L'être ignorant est un irrégulier.

Si l'énergie indique un caractère,

La discussion envie la qualité,

Entends, réponds, mais ne soit pas sectaire,

Ton avenir est dans la vérité.

                     au Refrain

 

                     V

 

Place pour tous au banquet de la vie,

Notre appétit seul peut se limiter,

Que pour chacun la table soit servie,

Le ventre plein, l'Homme peut discuter.

Que la nitro comme la dynamite

Soient là pendant qu'on discute raison,

S'il est besoin, renversons la marmite,

Mais de nos maux, hâtons la guérison.

                     au Refrain

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LA BUTTE ROUGE

                                                                                  Montéhus, 1923

 

                                 1

 

Sur c'te butt'là y'avait pas d'gigolettes,

Pas de marlous, ni de beaux muscadins ;

Ah ! C'était loin du Moulin d'la galette

Et de Panam', qu'est le roi des pat'lins.

C'quelle en a bu du beau sang, cette terre !

Sang d'ouvriers et sang d'paysans,

Car les bandits qui sont cause des guerres

N'en meur'nt jamais, on n'tue qu'les innocents !

 

Refrain

 

La Butt' Rouge c'est son nom, l'baptêm' s'fit un matin

Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin ...

Aujourd'hui y a des vign's, il y pousse du raisin

Qui boira ce vin là, boira l'sang des copains !

 

                                 2

 

Sur c'te butt'-là on n'y f'sait pas la noce

Comme à Montmartre où l'champagne coul' à flots ;

Mais les pauvr's gars qu'avaient laissé des gosses

Y f'saient entendr' de terribles sanglots !

C'quelle en a bu des larmes , cette terre,

Larmes d'ouvriers, larmes de paysans,

Car les bandits qui sont cause des guerres

Ne pleur'nt jamais, car ce sont des tyrans !

 

Refrain

 

La Butt' Rouge c'est son nom, l'baptêm' s'fit un matin

Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin ...

Aujourd'hui y a des vign's, il y pousse du raisin

Qui boit de ce vin là, boit les larmes des copains !

 

                                 3

 

Sur c'te butt'-là on y r'fait des vendages,

On y entend des cris et des chansons ;

Filles et gars doucement y échangent

Des mots d'amour qui donnent le frisson.

Peuv'nt-ils songer dans leurs folles étreintes,

Qu'à cet endroit, où s'échang'nt leurs baisers,

J'ai entendu, la nuit, monter des plaintes

Et j'y ai vu des gars au crân' brisé !

 

Refrain

 

La Butt' Rouge c'est son nom, l'baptêm' s'fit un matin

Où tous ceux qui montaient roulaient dans le ravin ...

Aujourd'hui y a des vign's, il y pousse du raisin

Mais, moi, j'y vois des croix portant l'nom des copains !

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MAKHNOVTCHINA

                                                                                              1968

 

Makhnovtchina, Makhnovtchina,

Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine,                      }

Ils sont rouges de notre sang.                     } bis

 

Par les monts et par les plaines,

Dans la neige et dans le vent,

A travers toute l'Ukraine,                           }

Se levaient nos partisans.                            } bis

 

Au printemps, les traités de Lénine

Ont livré l'Ukraine aux Allemands.

A l'automne la Makhnovtchina                    }

Les avaient jetés au vent.                              } bis

 

Makhnovtchina, Makhnovtchina

Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine,                      }

Ils sont rouges de notre sang.                     } bis

 

L'armée blanche de Déquinine

Est entrée en Ukraine en chantant,

Mais bientôt la Makhnovtchina

L'a dispersé dans le vent.

 

Makhnovtchina, Makhnovtchina,

Armée noire de nos partisans,

Qui voulaient chasser d'Ukraine

A jamais tous les tyrans.

 

Makhnovtchina, Makhnovtchina

Tes drapeaux sont noirs dans le vent.

Ils sont noirs de notre peine,                      }

Ils sont rouges de notre sang.                     } bis

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MARIE MA BLONDE

                                                                                              1968

 

Eh bien Marianne, avec des flics

A joué la démocratie,

Sur trois passants, y a deux indics,

Et le troisième est en habit

Eh bien Marianne avec ta clique

A joué encore mieux qu'en Grèce

Sur trois passants, y a deux indics,

Et le troisième est CRS.

 

Mais sous tes airs de fine gueule

Il y a la révolution qui gronde,

Il y a la révolution qui gueule,

Et moi, j'aime Marie ma blonde

 

Eh bien Marianne avec tes armes

Brisé le nom de nos cercueils

A Paris devant tes gendarmes

Il faut oser porter le deuil

Tu nous a déjà fait Charonne,

C'était bien pour un premier tour.

T'as rempilé à la Sorbonne

Et t'as gagné à billancourt

 

Mais sous tes airs de fine gueule

Il y a la révolution qui gronde,

Il y a la révolution qui gueule,

Et moi, j'aime Marie ma blonde

 

Tu me feras l'âme soumise

Tu interdiras mes chansons

Et pour peu que tu me relises

Je finirai dans tes prisons

Et l'on y fait vite finir,

On dit que le silence est d'or

Mais je crierai pour le plaisir

Eh bien Marianne avec tes morts

 

Mais sous tes airs de fine gueule

Il y a la révolution qui gronde,

Il y a la révolution qui gueule,

Et moi, j'aime Marie ma blonde

 

Et qu'on nevienne pas me dire

Que je fais commerce de mots

Je ne joue pas les faux martyrs

De la faucille et du marteau,

Je ne joue pas les faux maos,

Ni les anars façon seixième,

Convaincus d'apprendre aux prolos

A chanter Gloire au dix-septième.

 

Mais sous les airs un peu bégueuls

Il y a la révolution qui gronde,

Il y a la révolution qui gueule,

Et moi, j'aime Marie ma blonde

 

La liberté qu'on assassine

Je ne la vends pas en chanson

J'habite à coté d'une usine

Et ne connait pas les salons.

Mais j'ai vu de mes yeux de gosse

Tant de vérités sur les murs

Que j'eus la révolte précoce

Et tôt mes premières blessures.

 

Mais sous mes airs un peu bégueuls

Il y a la révolution qui gronde,

Il y a la révolution qui gueule,

Et moi, j'aime Marie ma blonde

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LES MILICES

Jean Roger Caussimon

 

Préparez vos fusils et créez vos milices

Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers

"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"

Vivez votre penchant, soyez de la police...

A l'abri des volets de vos pavillons tristes

Meublez vos insomnies jusqu'au jour incertain

Car la rue est peuplée de sombres anarchistes,

De noirs, de portugais et de nord-africains...

 

Vous, vous êtes français, français à part entière

Même anciens combattants et parfois résistants

Et cet obscur chemin de torture et de sang

"Certains le referait s'il était à refaire"...

Vous avez mérité avant le dernier souffle

De vivre dans le calme et la tranquilité

D'endosser vos gilets, de chausser vos pantoufles

Et de fermer les yeux sur la réalité...

 

Mais la réalité déferle à votre porte

Vous ne comprenez rien à sa vague rumeur

Et vous confondez tout, parfois vous avez peur

D'un signe avant-coureur que le vent vous apporte...

Vous percevez des pleurs et des cris de souffrance

Des chants liberté, l'écho d'un attentat

Vous pensez que la guerre est encore loin de france

Et vous faites confiance à votre chef d'état...

 

"Etudiants et voyous c'est bien la même engeance !"

C'est écrit noir sur blanc, dans votre quotidien

Faites dresser des murs et dressez votre chien

Pensez dès maintenant à votre auto-défense...

Et quand des jeunes gens défilent en cortège

Toujours on vous les peint veules et fainéants

Alors vous les reniez, vous tombez dans ce piège

En oubliant qu'ils sont enfants de vos enfants...

 

Ils savent mieux que nous, de quoi le monde crève

Que le temps des robots vient à pas de géants

Qu'on sacrifie l'Esprie au profit de l'argent

Comme on tue la nature, la joie et le rêve...

Préparez vos fusils et créez vos milices

Nostalgiques du tir et chasseurs sans gibiers

"Des fois que des loubards viendraient dans le quartier"

Suivez votre penchant, soyez de la police...

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CHANSON DU C.M.D.O.

Comité de Maintien Des Occupations

                                                                                                          1968

 

Rue Gay-Lussac, les rebelles

N'ont qu'les voitures à brûler.

Que vouliez vous donc, la belle,

Qu'est ce donc que vous vouliez ?

 

        Refrain

Des canons par centaines,

Des fusils par milliers,

Des cons, des fusils,

Par centaines et par milliers

 

Dites moi comment s'appelle

Ce jeu-là que vous jouiez ?

La règle en parait nouvelle,

Quel jeu, quel jeu singulier !

                au Refrain

 

La révolution, la belle,

Est le jeu que vous disiez.

Elle se joue dans les ruelles,

Elle se joue grâce aux pavés.

                au Refrain

 

Le vieux monde et ses séquelles,

Nous voulons les balayer.

Il s'agit d'être cruel,

Mort aux flics et aux curés.

                au Refrain

 

Ils nous lancent comme grêle

Grenades et gaz chlorés;

Nous ne trouvons que des pelles,

Des couteaux pour nous armer.

                au Refrain

 

Mes pauvres enfants dit-elle,

Mes jolis barricadiers,

Mon coeur, mon coeur en chancelle

Je n'ai rien à vous donner.

                au Refrain

 

Si j'ai foi dans ma querelle

Je n'crains pas les policiers.

Il faut qu'elle devienne celle

Des camarades ouvriers.

                au Refrain

 

Le Gaullisme est un bordel,

Personne n'en peut plus douter.

Les bureaucrat's aux poubelles,

Sans eux on aurait gagné.

                au Refrain

 

Rue Gay-Lussac, les rebelles

N'ont qu'les voitures à brûler.

Que vouliez vous donc, la belle,

Qu'est ce donc que vous vouliez ?

                au Refrain

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PARIS S'EVEILLE

                                                                                              1968

 

Les 403 sont renversées,

La grève sauvage est générale

Les ports finissent de brûler,

Les enragés ouvrent le bal

 

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

 

Les blousons noirs sont à l'affut

Lance-pierrs contre lacrymogènes

Les flics tombent morts aux coins des rues

Nos petites filles deviennent des reines

 

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

 

La tour Eiffeil a chaud aux pieds,

L'arc de triomphe est renversé

La place vendôme n'est que fumée,

Le Panthéon s'est dissipé

 

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

 

Les maquisards sont dans les gares,

A Notre Dame on tranche le lard

Paris retrouve ses fêtards,

Ses flambeurs et ses communards

 

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

 

Toutes les centrales sont investies,

Les bureaucrates exterminés

Les flics sont sans merci

Pendus à la tripaille des curés.

 

Il est 5 h, Paris s'éveille, Paris s'éveille

 

Le vieux monde va disparaitre,

Après Paris le monde entier

Les ouvriers sans dieux, sans maîtres,

Autogestionnent la cité

 

Il est 5 h, Paris s'éveille,

Le nouveau monde s'éveille

Il est 5 h,

Et n'auront jamais sommeil

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LA MITRAILLETTE

                                                                                              1968

 

Déjà la mère à la maison

Nous criait vivez vos passions,

Par la fenêtre

 

Et j'appelais tous les copains,

Les petites filles des voisins

Pour aller tenir dans nos mains,

La mitraillette

 

C'était celle d'un très vieux cousin

Qu'avait rougi du stalinien,

Dans l'Espagne en fête

 

Faut dire qu'les syndicats bordel,

Nous pourchassaient dans les ruelles,

Rien qu'à nos têtes

 

On était déjà les rebelles

Qui remplissions toutes les poubelles

Des idées anciennes et nouvelles,

Sans mitraillettes

 

Curés, salauds, patrons pêle-mêle

Vous n'aurez pas longtemps vie belle,

Viendra la fête

 

Y aura le jeu du plus cruel

On empaillera le flic modèle

Pour que plus tard on se rappelle,

Leur drôle de tête

 

Faut dire qu'on y mettra du coeur

Les pétroleuses étaient nos soeurs,

Vienne la tempête

 

Makhno Villa et Durruti

Ont déjà su manier l'outil

Qui fait revivre la poésie,

La mitraillette

 

On en r'filera même à Bonnot

Pour qu'il revienne dans son auto,

Trancher des têtes

 

Et l'on verra cette société

Spectaculaire assassinée

Par les soviets du monde entier,

A coups de mitraillettes

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J'AVIONS

 

J'avions reçu commandement

De partir pour la guerre,

Je ne me soucions point pourtant

D'abandonner not' mère

 

Pourtant l'a ben fallu,                                          }

J'ai pris mon sac et j'suis venu                            } bis

 

I' m'ont donné un grand fusil,

Un sabre, une gibecière,

Une grande capot', un grand tapis,

Pendant jusqu'au darrière

 

Et fallait s'tenir drêt,                                            }

aussi drêt qu'un pique, un piquet                        } bis

 

I' y en avaient sur leurs chevaux

Qui faisaient bien deux mètres,

Avec deux ou trois plumes d'zosiaux

Plantés dessus leur tête

 

Et des poils d'artillons                                         }

Tout alentour de leurs talons                               } bis

 

I' m'ont placé en faction

Devant une citadelle

Ceux qui n'connaissions point mon nom,

M'appelions sentinelle

 

A chaque chat qui passait,                                   }

Fallait crier cou qu'chi, cou qu'chest                    } bis

 

I' m'ont amené dans un grand champ

Qu'appelions champ de bataille

On s'étripait, on s'épiaulait,

C'était pis que d'la volaille

 

Ma foi la peur m'a pris,

J'ai pris mon sac et j'suis parti

 

Ma foi la peur m'a pris,

J'ai pris mon sac et me voici.

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HEXAGONE

 

Paroles et musique de Renaud Séchan, 1974

 

Ils s'embrassent au mois de janvier,

car une nouvelle année commence,

mais depuis des éternités

l'a pas tell'ment changé la France.

Passent les jours et les semaines,

y'a qu'le décor qui évolue,

la mentalité est la même,

tous des tocards, tous des faux culs.

 

Ils sont pas lourds, en février,

à se souvenir de Charonne,

des matraqueurs assermentés

qui fignolèrent leur besogne.

La France est un pays de flics,

à tous les coins d'rue y'en a cent,

pour faire régner l'ordre public

ils assassinent impunément.

 

Quand on exécute au mois de mars,

de l'autr' coté des Pyrénées,

un anarchiste du pays basque,

pour lui apprendre à s'révolter,

ils crient, ils pleurent et ils s'indignent

de cette immonde mise à mort,

mais ils oublient qu'la guillotine

chez nous aussi fonctionne encore.

 

Etre né sous l'signe de l'hexagone

c'est pas c'qu'on fait de mieux en c'moment

et le roi des cons, sur son trône,

j'parierais pas qu'il est all'mand.

 

On leur a dit, au mois d'avril,

à la télé, dans les journaux,

de pas se découvrir d'un fil,

que l'printemps c'était pour bientôt.

Les vieux principes du seizième siècle,

et les vieilles traditions débiles,

ils les appliquent tous à la lettre,

y m'font pitié ces imbéciles.

 

Ils se souviennent, au mois de mai,

d'un sang qui coula rouge et noir,

d'une révolution manquée

qui failli renverser l'histoire.

J'me souviens surtout d'ces moutons,

effrayés par la liberté,

s'en allant voter par millions

pour l'ordre et la sécurité.

 

Ils commemorent, au mois de juin,

un débarquement d'Normandie,

ils pensent au brave soldat ricain

qu'est v'nu se faire tuer loin d'chez lui.

Ils oublient qu'à l'abri des bombes,

les français criaient : vive Pétain,

qu'ils étaient bien planqués à Londres,

qu'y' avait pas beaucoup d'Jean Moulin.

 

Etre né sous l'signe de l'hexagone,

c'est pas la gloire, en vérité,

et le roi des cons, sur son trône,

me dites pas qu'il est portugais.

 

Ils font la fête au mois d'juillet,

en souv'nir d'une révolution

qui n'a jamais éliminé

la misère et l'exploitation.

Ils s'abreuvent de bals populaires,

d'feux d'artifice et de flonflons,

ils pensent oublier dans la bière

qu'ils sont gouvernés par des cons.

 

Au mois d'août c'est la liberté,

après une longue année d'usine,

ils crient : vive les congés payés ;

ils oublient un peu la machine.

En Espagne, en Grèce ou en France,

ils vont polluer toutes les plages,

et, par leur unique présence,

abîmer tous les paysages.

 

Lorsqu'en septembre on assassine

un peuple et une liberté

au coeur de l'Amérique latine,

ils sont pas nombreux à gueuler.

Un embassadeur se ramène,

bras ouverts il est accueilli,

la fascisme c'est la gangrène,

àSantiago comme à Paris.

 

Etre né sous l'signe de l'hexagone,

c'est vraiment pas une sinécure,

et le roi des cons, sur son trône,

il est français ça j'en suis sûr.

 

Finies les vendanges en octobre,

le raisin fermente en tonneaux,

ils sont très fiers de leurs vignobles

leurs côtes-du-rhône et leurs bordeaux.

Ils exportent le sang de la terre

un peu partout à l'étranger,

leur pinard et leur camembert,

c'est leur seule gloire à ces tarés.

 

En novembre au salon d'l'auto,

ils vont admirer par milliers

l'dernier modèle de chez Peugeot,

qu"ils pourront jamais se payer.

La bagnole, la télé, l'tiercé,

c'est l'opium du peuple de France,

lui supprimer c'est le tuer,

c'est une drogue à accoutumance.

 

En décembre, c'est l'apothéose,

la grande bouffe et les p'tits cadeaux,

ils sont toujours aussi moroses,

mais y'a d'la joie dans les ghettos.

La Terre peut s'arrêter d'tourner,

ils rat'ront pas leur réveillon,

moi j'voudrais tous les voir crever,

étouffés de dinde aux marrons.

 

Etre né sous l'signe de l'hexagone,

on peut pas dire qu'ça soit bandant.

Si le roi des cons perdait son trône,

y'aurait cinquante millions de prétendants.

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LES ANARCHISTES

 

Léo Ferré, mai 68

 

 

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent

La plupart espagnols allez savoir pourquoi

Faut croire qu'en Espagne on ne les comprend pas

Les anarchistes

 

I                      ls ont tout ramassé

Des beignes et des pavés

Ils ont gueulé si fort

Qu'ils peuvent gueuler encor

Ils ont le coeur devant

Et leurs rêves au mitan

Et puis l'âme toute rongée

Par des foutues idées

 

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent

La plupart fils de rien ou bien fils de si peu

Qu'on ne les voit jamais que lorsqu'on a peur d'eux

Les anarchistes

 

Ils sont morts cent dix fois

pour que dalle et pour quoi ?

Avec l'amour au poing

Sur la table ou sur rien

Avec l'air entêté

Qui fait le sang versé

Ils ont frappés si fort

Qu'ils peuvent frapper encor

 

Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent

Et s'il faut commencer par les coups d'pied au cul

Faudrait pas oublier qu'ça descend dans la rue

Les anarchistes

 

Ils ont un drapeau noir

En berne sur l'espoir

Et la mélancolie

Pour trainer dans la vie

Des couteaux pour trancher

Le pain de l'Amitié

Et des armes rouillées

Pour ne pas oublier

 

Qu'y'en a pas un sur cent et qu'pourtant ils existent

Et qu'ils se tiennent bien bras dessus bras dessous

Joyeux, et c'est pour ça qu'ils sont toujours debout

Les anarchistes

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