De la nécessité de vivre en troupeau....et de subir un chef

 

L'esprit fou, c'est l'esprit gouvernant qui s'aperçoit que le beurre est trop cher et qui annonce que tout cela va changer. Les vaches n'en vont pas moins de leur pas tranquille et le vacher prend toujours le pas des vaches" Alain – 1931.

Tous les gouvernants, et surtout les récents, ont braillé leurs promesses et braillent encore des promesses, qu'ils savent, n'y jamais pouvoir n'y vouloir tenir. Le troupeau n'écoute pas.

Le mot troupeau a la même origine que le mot troupe. Alors que ce dernier a une connotation positive, le mot troupeau pue le négatif, le prolétaire et le misérable.

Les bipèdes comme la plupart des quadrupèdes vivent en troupeaux. Un troupeau de vaches, un troupeau de moutons, un troupeau de réfugiés.

Un troupeau d'humains est composé d'individus, ressemblant aux autres individus.  Ceux qui ne ressemblent pas aux autres membres forment un autre troupeau.

Tous les individus du troupeau sont des images peu différenciées d'un même modèle. Un pif au milieu du visage, deux oreilles, une bouche, un nombril. Le sous ensemble des mâles porte, en général, deux couilles et le sous ensemble féminin a des totottes. Quelques uns et quelques unes n'ont pas les caractéristiques communes et alors ils en souffrent énormément. Par exemple les noirs et les transsexuels.

Les membres du troupeau agissent de la même manière.

Pour s'en rendre compte il suffit d'observer la sortie d'un R.E.R. le lundi matin, à Paname; ou encore d' observer les agissements grotesques des consommateurs hystériques d'un supermarché Auchan en banlieue, le samedi après-midi, à 15h précises. Ils abandonnent lâchement  leur Voiture au milieu des autres charrettes, foncent sur la réserve de chariots fildeferrisés appelés caddies et s'engouffrent pare-chocs contre pare-chocs entre les rayons,  dans un gymkhana époustouflant. Ils achètent les mêmes saloperies. Par exemple du
boeuf provenant d'un troupeau E S Bétisé. Tous les ans, ils se dirigent à caravanes bourrées vers les mêmes plages pour y passer les mêmes inoubliables vacances.

Les membres du troupeau pensent la même chose.

Ainsi, tous pensent que les politiques sont des ripoux et qu'il faudrait faire quelque chose.

  Tous pensent que les enfants de l'Angola ne méritent pas ça et qu'il faudrait faire quelque chose.

Et tous pensent que les bleus gagnent trop d'argent pour les résultats qu'ils arrachent.

Tous les membres consomment la même culture visuelle fadasse de la TV et propagent entr'eux les dernières péripéties du loft.

Et tous les membres du troupeau humain voudraient bien.

Ils voudraient bien que leurs étables soient plus confortables, que les routes qui conduisent aux verts pâturages soient mieux asphaltées et plus  rapides. Ils voudraient bien que leurs auges soient plus pleines de bon blé.  Ils espèrent que leurs petits veaux prendront la tête du troupeau.

Et les gouvernants connaissent les agissements et les pensées des humains du troupeau. Ils connaissent les goûts du peuple, mais savent que le troupeau reste paisible tant qu'il lui reste un peu de foin et des trains à regarder passer.

Les camarades et moi revendiquons le droit et la chance de faire partie d'un sous-ensemble appelé l'ensemble des anars, ou des libertaires, ou des anarcho-syndicalistes  . Mais les actions, les pensées des membres de ce troupetto restent les mêmes que celles de l'ensemble d'appartenance.

Rabelais raconte une belle histoire de moutons entroupés dans "Pantagruel". Un mouton, pris pour chef, fut balancé à la baille et tous les petits frisés du troupeau de Panurge suivirent et périrent dans la grande mer. Cela démontre que le chef, c'est le plus con, puisqu'il disparaît le
premier. Le sous-chef , le deuxième, après avoir réfléchi sur l'existence existencielle , se trouve être le sous-con puisqu'il saute le second et ainsi de suite. C'est "la bataille de chefs".

Nous avons de cuisantes histoires de chef. Et elles semblent continuer. C'est con, surtout de la part des apprentis chefs. Mais ne rejetons pas le chef .il fait partie du troupeau et les autres troupeaux ne le voient pas.



    "Celui qui tient la tête est un vieux chef. Son corps
    Est gercé comme un tronc que le temps ronge et mine;
    Sa tête est comme un roc et l'arc de son échine
    Se voûte puissamment à ses moindres efforts"

    "Sans ralentir jamais et sans hâter sa marche,
    Il guide au but certain ses compagnons poudreux
    Et ,creusant par derrière un sillon sablonneux,
    Les pèlerins massifs suivent leur patriarche.


(D'après la poésie :"Les éléphants" de Lecont de Lisle


 Maï


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