Du chaponnage comme… principe de précaution[1]

 

"Or, donc, entre eux [les anarchistes] et les cochons ensoutanés il n'y a pas mèche de dégoter un semblant de rapport.

Les enfroqués sont des feignasses qui, s'ils étaient restés des hommes, n'auraient été ni plus malpropres, ni plus méchants, ni plus criminels que le premier venu. Mais ils ne sont pas restés des hommes ! Ils se sont isolés, se sont créés une existence à part, une vie anti-humaine..., il n'y a donc rien d'épatant à ce qu'ils arrivent à être des monstres.

Et il n'y a pas d'erreur : étant donné les circonstances et l'influence du milieu, les porcs du calibre de Flamidien sont une résultante fatale du ratichonisme.

Aussi a-t-on raison de s'en prendre non seulement au cochon sur qui paraît la responsabilité individuelle du meurtre du petit Foveaux, mais encore à ses copains - à toute la frocaille, à toute la jésuitaille !

[...]

Bien au contraire, le voeu de chasteté que les ensoutanés prononcent les prédispose à toutes les cochonneries : ce voeu les tourneboule, la luxure les brûle et ils se vautrent dans toutes les salauderies !

Quand les ensoutanés sont des ignorants qui se spécialisent à l'abrutissement des gosses - malheur aux petiots !

Les bons bougres qui ont eu             la déveine d'aller chez les frères ne me démentiront pas : les Flamidiens sont légion !

Il n'y aurait qu'un moyen de foutre les enfroqués à l'abri du vice malpropre : ce serait de les chaponner !

A a que ça, les châtrer !

Et dam, quoi de drôle ?

Puisque ces porcs jurent de rester chastes, il n'y a pas de mal à ce qu'on les fiche dans l'impossibilité radicale de succomber à la tentation ; une fois châtrés on pourrait les laisser courir en toute liberté, sans crainte qu'ils violent leur parole et les gosses.

Mon idée n'a d'ailleurs rien de loufoque ; un saint du calendrier crétin, Origène, qui n'était fichtre pas une foutue bête, se fit l'ardent champion de la castration des curés.

Le bougre était évêque - et il prêcha l'exemple, nom de dieu !

Il se fit chaponner !

Malheureusement, son exemple n'a pas été suivi.

C'est que la frocaille ne fait voeu de chasteté que pour cacher son jeu : n'ayant pas de famille, ayant brisé tous les liens sociaux, ces animaux arrivent à exécrer l'humanité ; ils sont ainsi plus à même de faire du mal au populo en nous introfubilisant leurs mensonges ; quant à leurs passions, loin de les réfréner, ils les assouvissent sans mesure... Et ils arrivent ainsi à être à tous les points de vue - tant au moral qu'au physique - de parfaits jésuites, des monstres complets !

Les bouffe-galette sociales parlent de pondre une loi qui interdise aux enfroqués de faire l'école.

C'est un remède idiot ! Ça n'empêchera  pas les prêtres de souiller nos mômes.

Ma binaise est bougrement plus efficace :

Qu'on les châtre !

Ce n'est pas radical - c'est simplement opportun !

Le remède radical serait autrement galbeux... Un petit coup de chahut sérieux et la frocaille ne nous emmiellerait plus...

En attendant, le chaponnage a du bon !

Les montreurs de vipères ont soin d'arracher les crocs venimeux aux reptiles de leur collection.
Qu'y a-t-il de drôle à ce qu'on opère identiquement vis-à-vis des cafards ?

Puisque nous sommes d'assez foutues andouilles pour laisser ces bêtes venimeuses circuler au milieu de nous, la plus élémentaire des précautions est de les mettre dans l'impossibilité... de mordre !

 

Emile Pouget, 19 février 1899 (in le Monde libertaire n° 1266 du 31 janvier 2002)



[1] Le titre est de moi – JC.


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