Faits et méfaits de l'OPUS DEI
LA GARDE BLANCHE DU
PAPE
La "garde blanche du Pape" est un outil de
"christianisation" fortement encouragé par Jean Paul II et l'extrême
droite catholique. C'est une milice religieuse, puissance économique et
politique cherchant a infiltrer les pouvoirs étatiques.
L'Œuvre cultive le culte du secret : les membres ne doivent jamais révéler
soit leur appartenance, soit l'appartenance d'autres membres à l'Œuvre. Tous
les moyens visibles et cachés, publics et secrets sont employés car il faut s'étendre
dans le monde entier.
Jean Paul II fut élu Pape GRACE A L'OPUS DEI.
Fondée en 1928, dans le lit de l'Espagne Franquiste, la haine du
communisme, des juifs par un jeune prêtre, José-Maria Escriva de Balaguer,
canonisé depuis par Jean-Paul II. Sa constitution est secrète.
Comme le Pape Pie XII, il minimisa l'horreur du nazisme, et de l'holocauste, y
voyant un rempart "providentiel" contre le communisme.
Hitler sauveur avec Franco de l'Espagne communiste : "Hitler contre les
juifs, c'était Hitler contre le communisme" (José-Maria Escriva de
Balaguer).
QUELQUES
VÉRITÉS
RÉSEAU FASCISTE
L' Opus Dei protège les anciens SS en fuite depuis 1945, ce dans le monde
entier, comme l'ancien recteur de l'Université d'Aix-la-Chapelle, en fait un SS
proche collaborateur d'Himmler.
En France, l'abbé Wenceslas Munyeshyaka criminel contre l'humanité,
responsable de massacres et de viols à Kigali en juin 1994 a obtenu l'asile en
France grâce à Mgr. Joseph Duval, président de la Conférence épiscopale de
France, qui aurait couvert sa fuite en lui offrant en prime un ministère
sacerdotal.
L'Église de France réédite la soustraction à la Justice d'un criminel contre
l'humanité, malgré le précédent scandaleux de Paul Touvier (c'est dans un
cloître proche de Nice que l'on retrouvera l'ancien milicien du régime Pétainiste).
Un haut prélat d'Amérique du sud laisse 4 religieux se faire torturer (car
opposant au pouvoir en place). Ce digne personnage sera reçu avec faste par Mr
Gaudin maire de Marseille, membre de l' Opus comme Mr R. Barre. La femme de
l'actuel Président de la République serait pour la reconnaissance des
associations catholiques d'extrême droite de Mgr Lefèvre et pour légaliser
l'occupation de leurs lieux de culte.
RÉSEAU ECONOMIQUE
L'Œuvre, comme toute bonne secte ne recrute que chez les grands décideurs
: en Espagne, se sont d'anciens Franquistes. Chez nous se sont entre autre :
• M. Claude Bébéar, le patron du groupe des assurances AXA et député européen
• M. Michel Albert, patron des assurances AGF
• M. Didier Pineau-Valencienne, PDG du groupe Schneider
• M. Louis Schweitzer, patron de Renault
Ce joli monde donne des conférences dans les salons de l'Opus. La firme L'Oreal
traine dans le coin... D'un autre coté la haute jeunesse bourgeoise catho est
également hautement sollicitée : des futurs PDG ?
RÉSEAU POLITIQUE
La droite en France : D'anciens ministres et premier ministre de droite sont
sympathisants voir membres de l'Œuvre. La plupart des conseillers de Jacques
Chirac font parti de l'Opus Dei. Depuis sa nomination en tant que chef d'État
ils sont tous au pouvoir.
Dans le premier gouvernement Juppé par exemple :
• une femme ministre se dit "chrétienne et pour l'éducation à la
vie",
• une autre écrit "Les Aventurières de Dieu",
• une autre est la fille du fondateur du mouvement anti-avortement
"Laissez-les vivre", nommé par Jean Paul II au Conseil pontifical
pour la famille et membre de l'Opus Dei.
Les liens de l'Œuvre avec "la trêve de Dieu" de Claire Fontana (dont
les membres s'enchaînent dans les hôpitaux dans des commandos anti-IVG) sont
connus.
Le Président Jacques Chirac , lui-même , appartient à l'Association des amis
du Professeur Lejeune ( principal instigateur des commandos anti-avortement aux
États-Unis et en France et à l'origine de Laissez-les-vivre, Les
femmes et les enfants d'abord, Secours aux futures mères, L'attestation
des défenseurs de la vie etc.).
Les assassinats de médecins (pratiquant l'IVG) aux USA par les commandos
anti-avortement sont fait avec la bénédiction du Pape !
Le 20 janvier dernier, visite d'État de Jacques et Bernadette Chirac sont au
Vatican (la première d'un président français depuis 1959). Un Président
d'une République laïque (président de TOUS les Français ?) qui rassure le
pape sur "la fidélité de la France à son héritage chrétien",
parlant des valeurs communes de la France et du Vatican. Rappel de l'article
premier de la Constitution : "la France est une République indivisible, laïque,
démocratique et sociale". Le premier magistrat de France semble peu préoccupé
de sa propre constitution !
RÉSEAU FINANCIER
Un réseau financier puissant basé sur des banques en Suisse, Italie, des
sociétés, des fondations, des associations et des syndicats : Solidarnosc le
syndicat Polonais fut soutenu financièrement par l'Œuvre, et comme par hasard,
le pape polonais fut le candidat de L'opus dei après la mort du pape JP 1er.
Des scandales financiers énormes finissent par des meurtres ou suicides - le
prince Jean de Broglie, trésorier des Républicains Indépendants de M. Valéry
Giscard d'Estaing et proche de l'Opus est assassiné. Cette affaire est d'autant
plus intéressante que les déclarations hâtives du ministre de l'Intérieur
avait empêché de comprendre les mobiles du meurtre. Ce n'est que plusieurs années
plus tard, à l'occasion du scandale Matesa en Espagne que l'on découvrit que
Jean de Broglie était un des financiers de l'Opus Dei, et que le parti de
Michel Poniatowski avait bénéficié de ses largesses.
La banque Ambrosiano très proche du Vatican est en banqueroute, la Loge
italienne P2 y est mêlée, le directeur de la banque est retrouvé pendu sous
un pont de la Tamise.
RÉSEAU MONDIAL
Si auparavant, la stratégie mondialiste était tournée contre le
communisme, la nouvelle lutte semblerait être le puissant jeu de monopoly
contre l' islamisme : gagner l'Afrique, revenir dans l'Occident à des
gouvernements "forts". Actuellement c'est l'Amérique du sud qui a le
vent en poupe pour l'action de l'Œuvre (tous les hauts prélats nommés par le
pape en sont issus).
Au USA, l'Œuvre progresse. En GB, un cuisant article dans le Times remet le
mouvement en sommeil momentané.
L' OPUS DEI infiltre aussi les organismes internationaux : l'ONU, la CEE (EEE),
l'Unicef, l'UNESCO...
(Éléments tirés des pages de "PROZION , Fuck Ze Front")
ENQUETE
Cette enquête montre l'histoire de l' Opus Dei à
travers la personne de son fondateur,
Escriva de Balaguer, et procède à une démonstration la plus fouillée
possible sur la prise d'influence d'un mouvement né en 1928 et devenu en très
peu de temps l'un des plus importants de l'église catholique moderne.
José-Maria Escriva de Balaguer est mort en 1975 . Sa béatification a
couronné officiellement l'irrésistible
ascension de l' organisation qu'il a fondée : l'Opus Dei , "l'Oeuvre de
Dieu ".
L'Opus Dei compte aujourd'hui près de 85 000 membres, 1300 prêtres et 33 prélats
et évêques.
Elle dépend directement du pape. L'Opus compte plusieurs universités, des
dizaines de résidences d'étudiants, des écoles de toutes sortes, partout dans
le monde. La particularité de l'Oeuvre c'est que, quoi qu'elle s'en défende,
elle s'adresse à l'évidence à un certain milieu social plutôt privilégié.
A l'Opus Dei , on enseigne essentiellement les sciences techniques comme
l'architecture ou le droit. Certes, on y enseigne aussi les sciences sociales
mais depuis peu et de façon marginale. On préfère le management ou la culture
d' entreprise.
L'Opus Dei a, dit-on, réhabilité cet argent si honteux dans le
catholicisme traditionnel. Peut-être est-ce l'école de formation de la classe
dirigeante catholique rompue aux mécanismes du capitalisme.
L'Opus Dei, c'est aussi un mouvement mystérieux, qui compte ou a compté
dans ses rangs nombre de personnages importants parmi lesquels il y a eu et il y
a encore des hommes d'États, des hommes d'influence dans les secteurs clé de
l'économie ou de la politique.
Qualifiée de "Sainte Mafia" ou de "pieuvre" à l'origine
des plus sinistres complots, sur quoi et sur qui repose sa puissance ? A t-elle
fait comme on le dit l'élection de Jean-Paul II et quelle est la réalité de
son pouvoir au sein de l' Église catholique ?
Pour comprendre cette histoire, l'enquête remonte dans le temps, en
Espagne, dans les années 20. Dans cette monarchie espagnole traditionnelle
dirigée par la noblesse, l'armée et l'Église.
L'Église à cette époque, c'est 20 000 moines, 60 000 religieuses et 35 000 prêtres.
C'est aussi et surtout l'éducation. Elle y est prépondérante malgré
l'existence d'écoles d'État. Mais l'enseignement y est médiocre.
Au début du siècle on avait fait le calcul que l'Église possédait un tiers
des avoirs en capitaux du pays et si une partie des terres lui appartenant avait
été sécularisées à la fin du siècle précédent, elle en possédait encore
une grande quantité.
L'Église en Espagne, c'est une puissance, un pouvoir et c'est aussi pour
certains une carrière.
C'est dans ce pays profondément catholique que le jeune José-Maria Escriva de
Balaguer, né en 1902, fils de petits bourgeois désargentés, se destine à la
prêtrise .
Il va entrer au séminaire dans une époque troublée pour l'Église d'Espagne.
Périodiquement des flambées d'anticléricalisme secouent le pays. On brûle
couvents et églises avec régularité. C'est la guerre entre cléricaux et laïcs.
Dans ce contexte, le jeune homme a des idées bien arrêtées sur son avenir.
Selon l'histoire officielle, il a une vision le 2 octobre 1928, qualifiée de
miraculeuse. De là, il crée un mouvement qu'il appelle l'Opus Dei (l'Oeuvre de
Dieu ) .
Dans le contexte de l'époque, cela signifie que des catholiques doivent
exercer leur foi, sans être visibles, dans la foule, anonymes simplement parce
qu'en Espagne à l'époque l'hostilité envers les curés est trop violente .
Escriva ne crée pas un ordre religieux mais un mouvement catholique qui
s'inscrit, forcément, dans la vie du pays.
1931. La monarchie s'effondre. La République est proclamée. Elle va
s'accompagner d'une immense vague d'anticléricalisme. Être prêtre devient
dangereux. On va attaquer et brûler couvents, séminaires et églises .
L'année suivante, le général Sanjurjo, chef de la Gardia Civil tente un
coup d' état d'inspiration fascisant. Le coup est mené avec des jeunes étudiants
et cadets des écoles militaires. Il échoue au bout de deux jours.
Escriva va, à cette occasion, accomplir un geste qu'il ne renouvellera jamais
dans toute sa vie. Pendant plusieurs semaines, il va aller visiter les
putschistes dans leur prison, parmi lesquels des jeunes gens qu'il connaît :
les futurs membres fondateurs du mouvement.
L'Opus Dei, aujourd'hui, reconnaît la présence de ses fondateurs parmi les
jeunes, engagés politiquement auprès de la Droite factieuse.
Le gouvernement multiplie les brimades contre l'Église notamment contre les jésuites
finalement expulsés du pays. L' Opus Dei naissante se cache derrière la façade
d' une école dirigée par Escriva . Il recrute ses membres parmi les élites,
les étudiants, les universitaires et les professions libérales.
1936. La guerre d'Espagne va durer trois ans. À Madrid, Escriva survit dans la
clandestinité. La vie d'un prêtre ne pèse pas lourd dans l'Espagne républicaine.
Au cours de ces trois ans, 17 évêques sont fusillés, 3000 prêtres sont tués.
Alors, Escriva fuit à Burgos avec un petit groupe de fidèles.
Burgos, en effet , c'est la capitale de guerre de Franco. Ici, Escriva
retrouve le catholicisme en marche au nom de la Croisade, un terme utilisé par
les rois catholiques contre les hérétiques. Et, Escriva et ses compagnons vont
s'y fondre avec soulagement. D'autant plus qu'ils vont se porter volontaires et
partir sur les différents fronts de la guerre.
Escriva, de son côté écrit un livre, futur best-seller religieux
"Chemin" et développe une grande activité de contacts.
Incontestablement, Escriva a choisi son camp. Et son camp c'est le camp
franquiste... C'est là, en tout cas, que les contacts des années de guerre
seront les plus utiles par la suite.
En 1939, alors qu'Escriva rentre dans Madrid avec les premières troupes
franquistes, la Croisade a vaincu le communisme, et l'Église est dans le camp
du vainqueur.
L'Opus Dei sans la guerre civile n'est pas compréhensible. Dans la première étape
de l'Opus Dei qui va depuis le moment où Escriva la fonde jusqu'au milieu des
années cinquante, il voulait faire une sorte "d'Action française"
mais basée sur la lutte contre les vaincus de la guerre civile. Remplacer les
mauvais professeurs, remplacer les nouveaux intellectuels, par ses gens .
Après la guerre, grâce à l'un de ses amis, il pénètre progressivement le
milieu universitaire. En 1943 , l'Église réapparaît dans l'école. Désormais,
les écoles religieuses vont fleurir après une parenthèse laïque de sept années.
Le retour de l'école religieuse va permettre aux disciples d'Escriva d'entamer
l'éducation de plusieurs générations de jeunes promis par la suite à un
brillant avenir.
Au travers d'autres institutions comme le Conseil Supérieur de la Recherche
Scientifique, l'Opus Dei disposera d'une pépinière de recrutement de jeunes
chercheurs, de jeunes professeurs avec un avenir brillant.
L'Opus Dei n'est alors qu'un petit groupe de quelques dizaines d'étudiants et
de membres des professions libérales qui vivent plus ou moins secrètement leur
appartenance au mouvement. Ils se heurtent à l'establishment religieux attaché
aux formes traditionnelles et notamment aux jésuites qui voient en l'Opus Dei
un concurrent sur le marché de l'éducation. Cela ira jusqu'à la dénonciation
de l'Opus Dei devant les tribunaux franquistes.
À Rome, on s'intéresse beaucoup à l'Espagne. Dès la fin de la guerre civile,
Pie XII a adressé ses félicitations à Franco. En ces temps de guerre froide,
après 1945, l'Espagne franquiste, est le seul pays a avoir vaincu le communisme
et cela au nom de l'Église catholique. Pie XII le voit donc d'un oeil
favorable.
Escriva envoie à Rome son fidèle second, Alvaro Del Portillo (futur
successeur d'Escriva après la mort de celui-ci), avant de s'y rendre lui-même
en 1946. C'est le grand tournant de l'Opus Dei.
Escriva va voir Pie XII et obtient un statut qui qualifie l'Oeuvre d'Institut Séculier,
ce qui ne veut pas dire grand chose mais qui permet aux membres laïcs de l'Opus
d'appartenir à une structure dépendant de l'Église sans être eux-mêmes des
religieux.
En Espagne, la laïcité, ce n'est pas du tout d'actualité. Ici
on parle encore de Croisade.Mais la Croisade, aujourd'hui, c'est un
concept politique récupéré politiquement par les franquistes pour asseoir
leur pouvoir. Et l'Opus Dei prend ses distances.
Malgré tout, en 1957, après un intense débat au sein du mouvement, pour
la première fois, un membre de l'Opus Dei rentre dans un gouvernement. C'est un
coup de théâtre. Ceux que l'on va appeler les technocrates arrivent au
pouvoir.
Cette arrivée est logique, cette génération est bien formée et connaît
le monde moderne par opposition aux soudards franquistes incultes dans tous les
domaines du gouvernement et bien incapables de gérer une administration
complexe. Là, se concrétise la volonté de l'Opus de créer des élites
catholiques d' un genre nouveau.
Mais le pouvoir suppose des appuis et Escriva les trouvera auprès d' un proche
de Franco, l' amiral Carrero Blanco. Eminence grise de Franco depuis la fin de
la guerre, Carrero Blanco est un catholique militant. Il n'appartient pas, pour
autant que l'on sache, à l'Opus Dei, mais comme d'autres avant lui, il va lui
être bien utile. C'est lui qui va faire rentrer les membres de l'Opus Dei au
gouvernement.
Le règne des technocrates va durer quinze ans. Quinze ans pendant lesquels
l'Espagne va devenir un pays moderne, ouvert sur l'extérieur. Les années
d'autarcie d'après-guerre et la période sombre des amitiés nazies et
fascistes sont passées.
Escriva qui s'est installé définitivement à Rome va ouvrir lui aussi le monde
à son mouvement. Il voyage constamment et envoie ses disciples partout. L'Opus
Dei va ouvrir la majeure partie de ses centres à cette époque, et va commencer
à recruter sur les cinq continents.
Pourtant à cette époque, l' Opus Dei n'a plus l'oreille
du Vatican. Un ancien membre de l'Opus Dei affirme qu'Escriva lui aurait dit :
"Le diable est à la tête de l' Église". Ce diable qui est à la tête
de l'Église, c'est le Concile Vatican II et le pape, Jean XXIII.
Le statut qu'Escriva cherchait régulièrement à obtenir de Jean XXIII puis
de Paul VI, pour asseoir son existence au sein de l'Église, n'a pas été
obtenu. Trop nombreuses étaient encore les oppositions au sein de la Curie
romaine
A défaut de succès romains, certains membres de l'Opus Dei se consacrent à l'
Espagne. Pour finir l'œuvre de modernisation du pays, il faut assurer l'après-Franco
c'est-à-dire, pensent-ils, le retour de la monarchie.
Il y a deux prétendants Don Juan de Bourbon, soutenu par une faction de
l'Opus Dei et Juan Carlos, son fils, soutenu par une autre. Juan Carlos a précisément
été éduqué par un certain nombre de membres de l'Opus Dei, notamment
Laureano Lopez Rodo qui fut l'un des premiers technocrates au pouvoir.
Après quelques années, Lopez Rodo aidé, de lamiral Carrero Blanco, réussit
finalement à persuader le vieux caudillo de faire son choix et nommer en 1969
Juan Carlos héritier de la couronne espagnole restaurée. L'Opus Dei joue la
monarchie malgré l'hostilité de la vieille garde franquiste.
En 1975, à la mort de Franco, ce qui était prévu arrive finalement, Juan
Carlos devient roi d'Espagne. Le pays devient une démocratie.
Mais à l' autre bout du monde hispanique, en Amérique latine, il en est tout
autrement, c'est l'ère des régimes autoritaires et des dictatures militaires.
L'image emblématique de ces régimes, c' est le coup d'État militaire du
Chili. En 1973 , l'armée renverse, un peu comme en Espagne un régime de Front
Populaire. La répression sera effrayante, et c'est le moment que choisit
Escriva pour se rendre à Santiago. C'est qu'apparemment il a , là
encore, choisit son camp. Il fait des conférences et de l'action pastorale
envers les bons catholiques en oubliant les mauvais chiliens qui finissent
torturés et assassinés dans les prisons de la Junte. Il ne viendra pas comme
en 1932, les visiter en prison et leur conseiller de jouer au football. Mais
pour lui ce n'est sans doute pas l'essentiel.
L'essentiel, ce sont ces prélats qui se bousculent ces années-là sous le
soleil romain. Il faut donc à l'Opus Dei un statut qui lui garantisse une place
originale dans l'Église. Et pour l'obtenir, il faut passer par eux. Escriva en
recevra, dit-on, à titre personnel, plus de 1 500. En un mot, il fait du
lobbying. Parmi eux, le futur pape Jean-Paul II. Pour la première fois, l'Opus
Dei admet, au vu de cette enquête, les contacts anciens noués entre elle et
Jean-Paul II .
La mort de Paul VI, suivie de l'intermède de 33 jours de Jean-Paul 1er décédé
prématurément, représente pour l'Opus Dei un changement majeur. Les cardinaux
souhaitent un pape différent des précédents. Il faut qu'il soit jeune pour
durer et en bonne santé pour éviter le sort de son prédécesseur. Il faut
surtout qu'il plaise aux représentants des pays du tiers-monde très représentés
en cette fin des années 70. Car le tiers-monde est l'un des enjeux majeurs pour
l'Église catholique à cette époque.
Celui qui symbolise le mieux cette Église nouvelle s'appelle donc Karol
Wojtyla, devenu Jean-Paul II, la providence de l'Opus Dei. Là encore, l'Opus
Dei admet, pour la première fois, l'attachement de Wojtyla à l'Opus Dei dès
avant le conclave.
Escriva ne verra pas tout cela. Il meurt en 1975 et l'œuvre de sa vie sera
confiée à son fidèle second, l'un des premiers membres de l'Opus Dei, Alvaro
Del Portillo qui en devient le chef.
Jean-Paul II va multiplier les gestes de sympathie à l'égard de l'Opus Dei. En
1979, Portillo écrit au Vatican un texte où l'organisation est définie comme
"un corps mobile de fidèles , prêts à un apostolat de pénétration dans
les pays où l'église ne peut pas librement intervenir". En d'autre
termes, les pays communistes.
Selon un texte clair, l'Opus Dei se présente comme les missionnaires du
pape en pays hostile. Le pape accorde donc en 1982 à l'Opus Dei un statut
unique, celui de "prélature personnelle", qui met l'Oeuvre
directement sous son autorité. Et puis, il va demander à son corps mobile de
l'aider.
D'abord, en Amérique Latine où lOpus Dei est puissant et implanté de longue
date. C'est là qu'est née une théologie dite de la libération qui oppose
conservateurs et progressistes sur l'action concrète au niveau social et
politique. Le pape voit dans la Théologie de la Libération un avatar chrétien
du communisme. Cela parce que des prêtres s'opposent aux injustices sociales
symbolisées par les dictatures. L'Opus Dei est évidemment du côté du pape .
La crise est profonde en Amérique Centrale, notamment au Nicaragua, pays
gouverné par des marxistes associés à certains religieux adeptes de la Théologie
de la Libération. À Rome, les conservateurs pressent Jean-Paul II d'aller là-bas
pour remettre de l'ordre dans la maison. So voyage se passe plutôt bien, excepté
au Nicaragua où il humilie publiquement un des prêtres membres du gouvernement
et en retour, une foule hostile l' empêche de parler. L' affront est
insupportable.
Le Vatican tranche : l Théologie de la Libération est condamnée.
L'acte suivant se joue à Santiago du Chili, à Los Andes, quelque part près
de l'avenue Escriva, inaugurée par Pinochet quelques années auparavant. Des théologiens
membres de l'Opus Dei rejoignent des prélats et d'autres théologiens
ultra-conservateurs. Malgré cela, le pape finit par trouver un compromis
acceptable par les différentes parties. Mais l'Opus Dei s' est montrée
publiquement.
L'hostilité entre conservateurs et progressistes éclate en Europe. Désormais,
c' est l'Opus Dei qui cristallise sur elle toutes les oppositions à l'Église
de Jean-Paul II jugée trop autoritaire, réactionnaire et dirigiste, notamment
dans les domaines de l'avortement, la contraception, la place des femmes dans l'église
et plus généralement les questions de morale.
Ainsi, à Coire, en Suisse, des fidèles hostiles à l'évêque nouvellement
nommé, jugé trop conservateur et proche de l'Opus Dei, vont manifester
publiquement leur opposition. Ils se couchent par terre en vertu d'un vieux
principe qui veut qu'un prêtre empêché ainsi de rentrer dans son église, démissionne.
Ce ne sera évidemment pas le cas. Parfois, la contestation atteint un tel
niveau que certains prélats ne peuvent plus accéder à leurs églises que protégés
par la police.
L'Opus Dei est bien maintenant au centre même de la contestation à
Jean-Paul II tant il est vrai que l'Oeuvre apparaît bien comme l'un des éléments
essentiels de la stratégie du Vatican.
Pour la première fois, le chef de l'Opus Dei est évêque. Ce n'était le cas
ni d'Escriva ni de son successeur Alvaro del Portillo. Jean-Paul II a d'ailleurs
nommé plusieurs membres de l'Opus Dei, évêques, particulièrement en Amérique
Latine.
Mais qui se sert de qui ?
Est-ce Jean-Paul II qui a besoin d'une garde prétorienne fidèle dans tous
ses combats d'abord contre le communisme, puis sur les problèmes de société.
Ou, au contraire, est-ce l'Opus Dei qui a besoin d'un protecteur pour pénétrer
encore plus avant au sein de l'administration vaticane ?
Il y avait de la part de certains dirigeants de l'Opus Dei la volonté de
s'installer à Rome. Et la volonté de s'introduire et de pénétrer dans tous
les organismes de la Curie du Vatican. Peut-être l'origine de cette volonté se
retrouve t-elle dans le fait des difficultés qu'ils avaient eues dans les années
quarante où ils n'étaient pas acceptés, où les jésuites jouaient les
premiers rôles et tâchaient de les maintenir dans l' obscurité. Ce qui s'est
produit c'est que, paradoxalement et pratiquement en même temps, les jésuites
se sont relativement peu à peu retirés de ce rôle prépondérant qu'ils
avaient joué dans la Curie de Rome et qu'ils ont été presque substitués par
des membres de l'Opus Dei.
Cela veut-il dire que l'Opus Dei a le pouvoir au sein du Vatican ? Sans
doute pas encore complètement, mais son poids est désormais très lourd
jusqu'au Collège des cardinaux, grands électeurs du prochain pape. Tous ceux
qui peuvent prétendre à la charge suprême connaissent l'Opus Dei, sont connus
d'elle et doivent compter avec elle.
Une telle présence au sein de l'Église catholique, c'est sans doute cela, la
vraie oeuvre d'Escriva de Balaguer, et par là même l'Opus Dei est au centre du
combat pour un retour à "l'Ordre Moral" en y développant et
soutenant toutes les théories réactionnaires et néo-fascistes.
Enquête produite par la "Cie des Phares et Balises"
De Jean-Michel Gaillard et Stéphane Khémis