Léo
Ferré : "La musique me prend comme l’amour"
Avertissement du traducteur :
Je ne sais pas si cette interviouve de Léo apportera quelque chose de
nouveau.
A part peut-être un certain
malaise pour les inconditionnels. On sait que Léo a toujours eu une sorte de gène
vis à vis de l’argent (à tort d’après moi). En particulier sur celui
qu’il gagnait. Cette interviouve qui est plus une discussion amicale d’après
concert qu’un véritable travail journalistique, en est un peu
l’illustration. Mais on va pas s’en plaindre, heureusement, c’est une
bonne tranche de vie.
De plus, elle m’a rappelé de
vieux souvenirs.
En 1980 j’ai participé à une
esbroufe sur le MIDEM avec un ami. Un escroc génial s’il y en eu. Il fallait
(pour des raisons trop longues à expliquer) enregistrer un disque, mais surtout
pas en France. Le hasard nous a mené à Milan. J’ai bien connu le studio
Regson de la via Ludovico il Moro à Milan, j’y
ai croisé le sieur Detto Mariano
qui en effet travaillait avec Adriano Celentano. Il a participé à
l’enregistrement de deux de nos titres. L’ingénieur du son était le fils
du propriétaire, il s’appelait Paolo "Coca" Bocchi (eh oui !).
Il se rappelait encore les séances avec Léo.
Il me répétait : "Senti,140 musicisti, ti rendi conto !
140 musicisti nell’studio !". Visiblement ça l’avait impressionné.
A l’époque, je dois te dire, ce n’était pas ma principale préoccupation.
J’ai donc demandé à Mathieu Ferré quelques précisions :
Léo a travaillé dans ce
studio à partir de 1975 il y a enregistré tous ses albums à partir de cette
date, sauf quelques titres en Belgique, et bien sur les lives.
J'espère que c'est ce que vous vouliez savoir.
Oui , en autre c’est ce que je voulais savoir.
Ce n’est pas mon seul souvenir de Léo, je l’avais rencontré en
1971 à Nice dans les coulisses de l’ancien théâtre. Mais là, c’est une
autre histoire, ça c’était assez mal passé.
Questo mondo è veramente un piccolo mondo.
Bien à toi
D(*)
(*) Dit : Sante Caserio Pinocchio
*****
Léo Ferré : "La musique me prend comme
l’amour"
De mes archives, une interview de 1981 du
grand Maestro
J’ai retrouvé une vielle cassette, que je gardais jalousement de coté
parce qu’elle représente un des plus beaux souvenir de la période que j’ai
passé à Radio Flash, un interview avec le grand poète et chanteur français Léo
Ferré. Je l’ai enregistré à Alghero, le 14 septembre 1981.
Nous étions en vacance et en
nous promenant dans les petites rues du centre, nous tombâmes sur des affiches
qui annonçaient le spectacle qui devait avoir lieu au Teatro Comunale. Cela
n’arrive pas souvent d’assister – en Italie – à un récital de Léo
Ferré et donc, nous décidâmes d’y aller. J’ai toujours sur moi un magnétophone
et un micro (même si je ne travaille plus dans la radio, je dois dire que je
n’ai pas perdu cette habitude), donc, ce soir là j’étais "outillé"
pour une interview. La transcription de ce qui s’est dit est brute, telle
qu’elle est venue, avec beaucoup d’hésitations et d’imprécisions car Léo
parlait en italien et non en français.
Maintenant, même pour moi,
à vingt ans de distance, c’est devenu un document capable d’étonner.
Alghero, septembre 1981.
Léo, on te voit peu en scène…
Dernièrement, tes concerts sont devenus un peu moins fréquents… Tu penses
prendre ta retraite ?
Non, non, si je pouvais chanter je chanterais toute l’année aussi parce que
je ne peux pas travailler à la maison et puis pour mes choses de musique ( !).
J’ai commencé à chanter en Italie en 1969, au Piccolo Teatro di Milano.
Je vis en Italie à Castellina in Chianti, pourtant je ne
me sens pas très à l’aise quand je chante en italien, seulement pour
quelques chansons que je connais assez bien comme La solitude ou Le
chien, maintenant, je ne sais pas, tu noteras … pense à une chose,
S’i’fosse foco, une chanson du XVème siècle, une
poésie de Cecco Angiolieri, où après j’y ai mis une musique, je la
chante mieux en italien que mes autres chansons… Et donc, c’est une raison,
parce que c’est les miennes et qu’elles sont nées dans ma propre langue.
Par ailleurs les traductions sont bien faites, mais ce n’est pas possible de véritablement
bien traduire une poésie, tu le sais, non ? Mais je pense que certains
textes, si je veux les chanter en italien, dans un an ils sont connus partout,
non ? Mais la retraite, non ! Tu n’es pas fou ?
Écoutes, dans tes chansons tu parles d’un très grand nombre de choses que je
pense au centre de la vie de chaque homme digne de ce nom… De chefs d’état,
qui maintenant ne sont plus, la politique est un thème qui revient
souvent…Maintenant, pour toi qui réside depuis des années en Italie, je ne
sais pas si c’est l’endroit le plus approprié, mais je voudrais demander
un jugement sur la situation de
la France. Où
va
la France
?
Je ne sais pas si ça a changé, c’est toujours la même chose….Le pouvoir,
de droite ou de gauche c’est toujours la même chose. Quand ils arrivent au
pouvoir, ils deviennent le pouvoir " c’est moi qui fait…" tu
comprends ? "Qui fait les gens, qui fait les consciences"… Ça
me dégoûte, ça me fait vomir, tu comprends ? L’unique façon de vivre
en société c’est de respecter l’autre. L’autre, c’est ton ami ou un
que tu ne connais pas et que tu trouves dans la rue, tu le respecte… S’il y
a un feu rouge, c’est juste que tu t’arrêtes, parce que c’est mieux, pour
toi et pour lui, non ? C’est tout, non ? Qu’est ce que c’est ?
C’est l’amour, non ? Un jour j’ai fait un disque, j’ai mis
"Amour…Anarchie" avec un grand "A" comme
"Amour"…et ce que personne ne sait, comme ça, personne
….D’habitude on me dit anarchiste, je suis anarchiste, on me voit
avec une bombe, comme ça…Anarchie c’est une solitude extrême, c’est la négation
du pouvoir et de l’autorité… d’où qu’il vienne… que ce soit du père,
de la mère… Tu ne dois pas causer d’ennuis à ton père, mais lui ne doit
pas t’en faire non plus. C’est comme ça que je parle à mes fils, parce que
nous avons des enfants à la maison, mais comme vous, tu me dis
la France
… Ils se disent
"socialistes", ils me font vomir, puis le socialisme c’est l’enfer
de la démocratie… Celles…pense qu’en France on m’a dit ces jours-ci que
dans une banque… tu laisses les sous dans une banque, on te donne, comment on
dit… tant par mois, non ?
Les intérêts…
Oui les intérêts, et si tu bloques tes sous on te donne un peu plus…eh ?
La décision est de la semaine dernière, si tu as au moins cinquante
millions…à la banque… en France… bloqués six mois tu as 15-16 pour
cent…comme tous ceux qui avait le même le même intérêt le même chiffre à
la fin août, un qui a deux millions…trois millions…un pauvre, voilà… un
qui met un peu de sous…celui-là a sept pour cent, tu comprends ? Eh ?
Qu’est ce que c’est…du socialisme, comme ça…Eh ? Va en Russie… !
On fait les choses comme les américains "sous la banque" (sous la
table ? ndt), tu comprends ? Je suis allé en Pologne il y a deux ans,
pour la musique, je passe dans une rue et je vois des magasins avec de belles
marchandises à l’intérieur… j’ai dit "qu’est ce que c’est
?" "Ah, ce sont des magasins où l’on ne peut acheter qu’avec des
dollars…" Eh ? C’est fantastique, non ? Un polonais
peut…peut…avoir une banque avec des sous, je ne sais pas comment s’appelle
la monnaie polonaise…eeh… et puis il peut avoir un compte…comme ça…en
dollars. Et personne ne dit rien. Fais comme ça en Italie…Fais comme ça en
France…tu comprends ? Et en plus tu risque des ennuis, mais personne ne
le dit jamais…tu comprends ? Tu devrais me le dire… Tu as mon disque
qui s’appelle "La musica mi
prende come l'amore" ?
Eh attend, maintenant je t’explique une chose et puis je te l’envoie….tu
me donnes l’adresse et je te l’envoie. J’ai fait un disque pour CBS en
France qui’ s’appelait "Je te dis", il y a trois ans…c’était
un producteur que je connaissais comme ça, qui avait été un musicien de Celentano….
Il s’appelait Detto Mariano…Ne me coupe pas eh , Les choses doivent
être "dites" on dit comme ça non ?
En somme il m’a fait traduire les choses (les chansons ? ndt),
j’ai travaillé comme un chien, pour bien apprendre les mots d’italien,
penses que moi je parle toujours en français, pour faire un disque pour le
lendemain…je parle un peu italien mais je ne suis pas tranquille, eh… Et
alors écoute bien, il s’est fait prêter la bande que j’avais fait avec les
musiciens de l’orchestre de Milan, qui travaillent avec l’orchestre de
la RAI
mais qui viennent pour leur compte donc sans
la RAI. Pourtant
un suisse m’avait dit : "il n’y a pas de musiciens qui existent
qui sont comme ça tu sais…". Ils sont au courant de tout, tu comprends ?
Il n’existe pas d’orchestre de Milan, et je lui est dit je ne peux pas
mettre
la RAI
parce qu’ils viennent travailler comme ça, pour faire un peu… gagner un
peu d’argent de plus en faisant un tour en studio.
Donc il s’est fait prêter la bande de CBS il a fait un contrat, comme
ça, et moi j’ai fait le disque, tout…Il a produit le disque qu’il a sorti
à 4000 exemplaires 4000, 5000 ce n’est pas beaucoup eh ? Pour moi c’était
assez parce que je ne suis pas connu. Et un jour il m’a fait voir le disque,
il m’a dit : "tu sais Léo je suis allé à CBS à Milan ce
disque…Ce n’est pas un disque c’est un chef d’œuvre" Tu sais ?
il a parlé comme ça eh ? Ça va, ça va j’ai dit comme ça
ironiquement. Pourtant le disque est bien fait. L’année dernière, un
collaborateur de celui dont on parlait m’a téléphoné, m’a dit "tu
sais Léo, que Mariano a vendu à un grossiste de Vérone 1500 exemplaires de
ton disque "La musica mi prende come l'amore" alors j’ai demandé combien valait un disque dans une
boutique, combien vaut un disque maintenant, ils m’ont dit 18000 lires ( ?),dis
moi un peu, quand il les a vendu à ce grossiste, dis moi le chiffre…Moins de
10 000 lires, évident ?
1500 disques ! dis moi un peu…Moi je connais le prix parce
que je les ai achetés…Tous…200 lires ! le disque ! Quel métier,
en Italie le métier de chanteur, il y a des gens qui ne valent même pas la
peine de les voir respirer. Tu comprends ! Donc Je t’envoie ce disque, tu
me donnes l’adresse…
Écoutes je voulais te
demander une autre chose…
Je l’ai dit, tu le sais que c’est vrai ces 200 lires, tu sais pourquoi ?
Parce que je les ai… Ces 1500 disques. Ca m’ennuyait de savoir qu’un
grossiste avait des disques comme ça, comme pour aller comme ça dans la
rue…comme ça dans la plus belle…(poubelle ? ndt). Moi je les acheté
à 500 lires …donc c’est vrai
Je voulais te demander une autre chose, les chanteurs italiens quel rapport
as-tu avec eux, est ce que tu
connais quelqu’un parmi nos chanteurs ?
Ehm…Quand je suis sorti de…J’ai vu avant hier celui de Gènes, comment…Paoli ?
Paoli, Gino Paoli1, je connais…ehm…Puccini ?
(Guccini2 ndr), je connais De
Gregori3…Et puis j’écoute comme ça…mais
je n’écoute jamais la radio… ou les disques… Et puis il y a un artiste
qui …est avant tout un homme …parce qu’il est intelligent …c’est une
amitié fantastique… Cela ne fait pas longtemps que je le connais… il
s’appelle Roberto Benigni.
Celui-là tu sais ? Il fait du bien ce garçon…oui… tu le
connais ?
Écoute, c’est une personne qui m’est chère, particulièrement parce
qu’il est né dans la même ville que moi, Piero Ciampi4.
Tu l’as jamais connu ? Non, alors la question ne se pose pas…parce que
c’était un chanteur qui est mort il y a un an et qui a écrit…
Qui ?
Piero Ciampi…
Ah de nom, je l’ai connu, parce que il y avait un ami qui le connaissait…
Gino, Gino Paoli,
il a sorti un album avec toutes ses chansons, ça va, seulement je voulais te
demander quelque chose : beaucoup disent que tu es un maestro…
Un élève, un élève, toujours un élève, parce que j’apprends
toujours quelque chose…Ce soir j’ai appris quelque chose, ça fait trente
ans que je chante, comme ça… Et ce soir j’ai appris quelque chose parce que
je suis entré sur la scène, je dis : "Ces gens ne me comprennent
pas, comment je fais…tu comprends…très difficile…" après
j’apprends toujours quelque chose et avec le métier on apprend…années après
années, non ? Ce n’est pas une école, "Signor maestro,
comment dois-je faire…" Non, non je ne suis pas un maestro…les maîtres
sont morts. Mais, quelqu'un, eh ? Pas beaucoup.
Bien, je pense que nous pouvons terminer comme ça….La dernière question :
Quel est le motif qu'il t'a poussé à choisir de venir à habiter vraiment ici,
en Toscane...
L’Italie…en premier j’ai fait mes études en Italie, dans un collège français,
à Bordighera, près de Monte Carlo, parce que je suis de Monte Carlo. Et puis
en 68 je devais partir de France, parce que…histoires de femme…Et je suis
venu en Italie parce que je connaissais l’Italie pas
la Toscane
, c’est un compagnon, parisien qui a dit " Allons voir Florence…"
J’ai trouvé une maison à San Casciano, que nous avons pris pour deux
ans, nous payions ainsi, tant par mois…Et nous sommes devenus amis avec celui
de l'agence immobilière qui nous a trouvés ensuite...à Castellina in
Chianti…on est resté là, voilà…et mes gamins, j’ai trois gamins, un
de onze ans la seconde sept ans et la dernière trois ans et demi…Les deux
premiers vont à l’école à Castellina…
la Maria
, la petite…tu penses c’est une toscane, eh ? Elle parle comme un
toscan, fantastique, eh ? Et les écoles pour les enfants, tu le sais, en
Italie elles sont très bien, très bien…
Castellina in Chianti
est un petit centre, mais…La vie du pays, pour toi c’est comment ? Voilà,
je me suis toujours demandé : " Qu’est ce qu’il fait Léo Ferré
à Castellina in Chianti ? Il reste là, il travaille ?"
Qu’est ce que tu fais ? Peut être que tu travailles la terre, aussi ?
Oh non ! tu es fou ? je travaille avec la musique, et puis
j’ai une petite imprimerie…pour moi, comme ça…C’était une manie, de
jeunesse, ça me plaisait les livres, qui me permettent de toujours tenir,
maintenant, pourquoi les éditeurs, les é-d-i-t-e-u-r-s ! Ce sont tous des
magnats ( ?) tu comprends ? des magnats ! Qui est éditeur, lui ?
Oui. Mais non, monsieur, il n’est pas éditeur, lui c’est un magnat !
Alors, comme ça, je tiens mes trucs mais je n’imprime pas, je pourrais
imprimer tant de choses, même bien faites, mais…J’ai tout appris comme ça,
dans les livres…C’est un travail terrible, personne ne m’aide à la maison
parce que personne ne sait le faire, non ? Et puis j’écris tant de
choses…je travaille toujours. Et je peux dire que je ne travaille jamais,
parce que c’est ma chance d’être comme ça…Cela a été difficile au début,
tant d’années, mais l’artiste est le seul, je pense qui peux vivre seul et
où il veut.
Pour toi c’est plus un
travail ou un divertissement ?
Eh c’est un travail, parce que par exemple l’orchestration de la musique est
un travail lent, long surtout, puis… Sur la scène tu pourrais chercher un
autre mot qu’au travail, mais c’est quelque chose…. Moi je suis toujours
lucide, toujours la lucidité, si je n’ai pas la lucidité sur scène c’est
fini…Parfois c’est dangereux, se uno non è tanto lucido, on dit
comme ça, non ? ( c’est un jeu de mot entre lucido, cirage et lucido
au sens figuré, lucide). Moi je pense aux chaussures… lucide ( ou
brillant)…non ? La même chose…et une c’est trop…parfois je pense
à autre chose….Et l’autre chose c’est par exemple, j'écris une chanson
pour un disque…l'autre soir je chantais, ne sais pas... il y a un mois, en
France, et je me suis aperçu que je faisais une chanson et l'autre, en chantant
les miennes... alors ça c’est une
chose terrible, vite je me suis donné un coup, pour...
Bien, alors je te remercie, j’espère voir rapidement un de tes spectacles en
Toscane. As-tu quelque chose de programmé pour les jours prochains.
Maintenant je voudrais faire quelque chose d’important à Rome, avec
l’orchestre et tout, mais…j’aurais besoin de connaître un qui s’appelle
Nicolini, je ne le connais pas, lui il a tout en main…Et la raison est
parce que…qu’est ce que je fais…je déplace (refais ?) un autre
spectacle, je prends l’orchestre…je le renverse (le verse ?)…je
l’ai fait à Paris un mois en 75… après je chante, et je dirige
l’orchestre en même temps ensuite je mélange Wagner, Debussy, Ravel…Parce
que la chose que je dis… et la raison que je dis "la musique dans la
rue" parce que je ne sais pas si tu le sais…La musique est toujours pour
ceux qui sont habillés tu sais… Oh, pour entendre la musique tu as besoin de
la cravate ! Tu le sais eh ? Et personne ne m’aide, parce que j’ai
besoin d’être aidé, parce que l’orchestre, par exemple, de Santa Cecilia
à Rome, ils sont cent vingt avec les chœurs, et puis…qui paye ?
Personne ne peut payer. Les directeurs d’orchestre ne payent jamais, qui sont
ceux qui payent, non ? C’est un problème, mais je le ferai, tu verras,
à mettre la musique dans la rue, réellement…
L’interview se terminait là. Je ne sais pas si elle vous a fait la même
impression qu’à moi, après tant d’années, presque dix huit ans…Moi,
j’ai trouvé les choses dites par Léo simplement merveilleuses, animées de
cette prévenance, (comme dans la partie concernant Benigni) que seule peut
donner la sagesse accumulée dans le cours d’une vie, malheureusement pour
moi, je n’ai jamais réussit à aller à Castellina in Chianti rendre
visite à Léo. Je me le suis reproché de nombreuses fois quand j’ai lu dans
le journal qu’il s’en était allé pour toujours. Maintenant, ça me plait
de l’imaginer, qui sait où, dans l’au delà peut être, en compagnie des
autres grands maîtres, anarchistes ou non, qui ont marqué de leurs exemples ma
vie et celles de tant d’hommes : Brassens, De Andre’, Ciampi…
*****
Quelques infos sur les
artistes cités dans l’interviouve :
1 - Gino Paoli, que Léo croit à tort de Gènes
est né en
1934 a
Monfalcone, province de Gorizia.
C’est un gran maestro
de la chanson populaire italienne. C’est aussi un grand producteur. C’est
lui qui produit les Bee Gees, Bowie, les Beatles et d’autres en Italie. Sans
oublier les coups de main aux jeunes artistes italiens.
Mais autant sa popularité
grandit, autant ses problèmes existentialistes augmentent.
En 1967, il se retire à Levante
où il gère une salle de bal, restaurant bar. Il disait : "se
non hai nulla da dire, sta' zitto (Si tu n’as rien à dire, ferme
la !).
Au milieu des années 1970,
c’est le grand retour de Gino Paoli avec deux albums "coraggiosi e
anarchici" dans lesquels les jeunes se reconnaissent au point qu’ils
sont plus de vingt mille à accueillir le chanteur lors d’un concert à Pincio
au milieu des années 70.
Le premier disque se nomme :
I semafori rossi non sono Dio (Les feux rouges ne sont pas dieu) Les
textes sont sur une musique du catalan Jean Manoel Serrat (1974).
Le second (1977) se nomme :
Il mio mestiere (Mon métier).
La suite reste à peu près du même
style. Je dis à peu près car il sera par la suite député du PCI puis du PDS
et conseiller municipal d’Arenzano. (retour)
2 - Francesco Guccini est né à
Modene le 14 juin1940.
C’est certainement, parmi les
chanteurs de sa génération, celui qui fut le plus influencé par Dylan. Non
pas comme en France (par charité, je ne citerai personne) mais plutôt en
reprenant l’essentiel du répertoire politique du grand Bob. Il collabore avec
un groupe qui souvent l’accompagne sur scène : I
Nomadi. Francesco Guccini se fit connaître au début des années 60 avec
deux 45t avec comme titres:
Noi
non ci saremo, Auschwitz et Dio è
morto. (Nous n'y serons pas, Auschwitz et Dieu est mort).
Son
premier album Folk Beat N.1 est un échec commercial, mais comme souvent,
un album culte pour toute une génération.
L'album
"Radici" 1972 (Racines) est son disque favori, ça tombe bien
c’est aussi le mien.
On peut citer quelques titres : Radici, Piccola Città, Incontro,
Canzone dei dodici mesi, Canzone della bambina portoghese, Il vecchio e il
bambino et surtout
La Locomotiva.
Par la suite Guccini s’éloigne
un peu de la chanson politique. On peut encore citer : Eskimo
Lager ou
Primavera di Praga. Depuis il a entrepris une carrière littéraire. (retour)
3 - Francesco De Gregori est né a Rome le
4 avril 1951 .
Dans sa biographie on peut
trouver ses influences littéraires et musicale : Steinbeck, Cronin,
Pavese, Marcuse, Pasolini, Simon & Garfunkel, De Andre’, Tenco, Woody
Guthrie, Leonard Cohen et Bob Dylan. Un cursus bien commun à nos amis italien.
On peut toute fois déplorer le manque de culture rock qui je le reconnais (déplore)
viendra plus tard.
Avec beaucoup d’autres dont il
contribuera à la création de
la Scuola Romana
de la chanson d’auteur italienne.
En 1974 il collabore avec
Fabrizio De Andre’ pour le disque :Volume 8 où l’on trouve ses
chansons : "La cattiva strada,
Dolce luna, Le storie di ieri , Oceano et Canzone per l'estate.
En 1975 il produit son chef d’œuvre : Rimmel.
En 1977, pendant un concert au Palalido
di Milano, il est pris à partie par un groupe d’extrême gauche qui
prenaient la musique un peu trop au sérieux. Ils disaient de sa musique
qu’elle était : autoriduttori
(autoréductrice ?). Accuser les artistes de s’enrichir en douce en se
cachant derrière l’excuse d’un message politique était assez fréquent
dans ces années là.
Certains en Italie, anciens de
ces groupes, qui sont maintenant des gens rangés, tricolores et tranquilles,
continuent de penser que le procès fait à De Gregori était juste et normal.
(des choses comme ça ne pourraient pas arriver en France, heureusement !).
Era un fatto di moda e non di
voglia a dit Guccini de cette affaire.
La suite : tournée annulée,
retraite volontaire. Maintenant De Gregori, malgré quelques petites rechutes
occasionnelles, reste loin de la chanson politique. Il reste toute fois une
"figure" de la chanson populaire italienne. (retour)
4 - Piero Ciampi né le
28 septembre
1934 a
Livourne. Mort le 19 janvier 1980.
On dit de lui qu’il est le père
putatif de la chanson d’auteur en Italie. Son monde était un monde poétique,
peuplé de vaincus, de faibles et de laisser pour comptes. C’était un artiste
maudit qui chantait la noirceur de l'amour qui se confond entre la mort et
l'impossibilité de vivre. Un bohémien qui restera ancré, toute sa vie, à
l'alcool, aux aumônes et à la misère.
Une vie brève sans compromis
discographiques ni artistiques, Réglant leur compte aux conventions du civilisé,
il a produit de superbes chansons, souvent jugées comme irrévérencieuses,
une sorte d’amalgame d’une pensée politique existentielle et anti
bourgeoise.
Très doux, mais parfois féroce
et violent, il avait une voix rauque, sporca (sale).
Il fut formé artistiquement à
Paris, où il fréquenta même Céline et où il chanta en divers endroits.
Après sa mort, il fut le plus
souvent volontairement oublié. (quand on dérange !) malgré les efforts
de Gino Paoli et de Fabrizio De
Andre'.
Un chanteur, dont les prises de
position contre le bien-être économique et le
conformisme petit bourgeois -
pas seulement dans ses textes, mais aussi dans sa vie – expliquent peut-être
son échec public. (retour)
Fabrizio De Andre’ Là, je suis (toujours) en train d’essayer d’écrire
une bio en français.
Ce n’est pas simple, il a
tellement de facettes.
Pour Benigni pas la peine de te faire un texte.
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