Léo Ferré : "La musique me prend comme l’amour"

 

Avertissement du traducteur :

 Je ne sais pas si cette interviouve de Léo apportera quelque chose de nouveau.

A part peut-être un certain malaise pour les inconditionnels. On sait que Léo a toujours eu une sorte de gène vis à vis de l’argent (à tort d’après moi). En particulier sur celui qu’il gagnait. Cette interviouve qui est plus une discussion amicale d’après concert qu’un véritable travail journalistique, en est un peu l’illustration. Mais on va pas s’en plaindre, heureusement, c’est une bonne tranche de vie.

De plus, elle m’a rappelé de vieux souvenirs.

En 1980 j’ai participé à une esbroufe sur le MIDEM avec un ami. Un escroc génial s’il y en eu. Il fallait (pour des raisons trop longues à expliquer) enregistrer un disque, mais surtout pas en France. Le hasard nous a mené à Milan. J’ai bien connu le studio Regson de la via Ludovico il Moro à Milan, j’y ai croisé le sieur Detto Mariano qui en effet travaillait avec Adriano Celentano. Il a participé à l’enregistrement de deux de nos titres. L’ingénieur du son était le fils du propriétaire, il s’appelait Paolo "Coca" Bocchi (eh oui !). Il se rappelait encore les séances avec Léo.

Il me répétait : "Senti,140 musicisti, ti rendi conto ! 140 musicisti nell’studio !". Visiblement ça l’avait impressionné. A l’époque, je dois te dire, ce n’était pas ma principale préoccupation. J’ai donc demandé à Mathieu Ferré quelques précisions :

Subject: Sudio Regson
From: Mathieu Ferré <mathieuferre@wanadoo.fr>
To: <lecourte@wanadoo.fr>

Léo a travaillé dans ce studio à partir de 1975 il y a enregistré tous ses albums à partir de cette date, sauf quelques titres en Belgique, et bien sur les lives.

J'espère que c'est ce que vous vouliez savoir.

Oui , en autre c’est ce que je voulais savoir.

Ce n’est pas mon seul souvenir de Léo, je l’avais rencontré en 1971 à Nice dans les coulisses de l’ancien théâtre. Mais là, c’est une autre histoire, ça c’était assez mal passé.

Questo mondo è veramente un piccolo mondo.

Bien à toi

D(*)

(*) Dit : Sante Caserio Pinocchio

 

*****

 Léo Ferré : "La musique me prend comme l’amour"

De mes archives, une interview de 1981 du grand Maestro

J’ai retrouvé une vielle cassette, que je gardais jalousement de coté parce qu’elle représente un des plus beaux souvenir de la période que j’ai passé à Radio Flash, un interview avec le grand poète et chanteur français Léo Ferré. Je l’ai enregistré à Alghero, le 14 septembre 1981.

Nous étions en vacance et en nous promenant dans les petites rues du centre, nous tombâmes sur des affiches qui annonçaient le spectacle qui devait avoir lieu au Teatro Comunale. Cela n’arrive pas souvent d’assister – en Italie – à un récital de Léo Ferré et donc, nous décidâmes d’y aller. J’ai toujours sur moi un magnétophone et un micro (même si je ne travaille plus dans la radio, je dois dire que je n’ai pas perdu cette habitude), donc, ce soir là j’étais "outillé" pour une interview. La transcription de ce qui s’est dit est brute, telle qu’elle est venue, avec beaucoup d’hésitations et d’imprécisions car Léo parlait en italien et non en français.

Maintenant, même pour moi, à vingt ans de distance, c’est devenu un document capable d’étonner.

Alghero, septembre 1981.

Léo, on te voit peu en scène… Dernièrement, tes concerts sont devenus un peu moins fréquents… Tu penses prendre ta retraite ?

Non, non, si je pouvais chanter je chanterais toute l’année aussi parce que je ne peux pas travailler à la maison et puis pour mes choses de musique ( !). J’ai commencé à chanter en Italie en 1969, au Piccolo Teatro di Milano. Je vis en Italie à Castellina in Chianti, pourtant je ne me sens pas très à l’aise quand je chante en italien, seulement pour quelques chansons que je connais assez bien comme La solitude ou Le chien, maintenant, je ne sais pas, tu noteras … pense à une chose,  S’i’fosse foco, une chanson du XVème siècle, une poésie de Cecco Angiolieri, où après j’y ai mis une musique, je la chante mieux en italien que mes autres chansons… Et donc, c’est une raison, parce que c’est les miennes et qu’elles sont nées dans ma propre langue. Par ailleurs les traductions sont bien faites, mais ce n’est pas possible de véritablement bien traduire une poésie, tu le sais, non ? Mais je pense que certains textes, si je veux les chanter en italien, dans un an ils sont connus partout, non ? Mais la retraite, non ! Tu n’es pas fou ?

Écoutes, dans tes chansons tu parles d’un très grand nombre de choses que je pense au centre de la vie de chaque homme digne de ce nom… De chefs d’état, qui maintenant ne sont plus, la politique est un thème qui revient souvent…Maintenant, pour toi qui réside depuis des années en Italie, je ne sais pas si c’est l’endroit le plus approprié, mais je voudrais demander  un jugement sur la situation de la France. Où va la France  ?

Je ne sais pas si ça a changé, c’est toujours la même chose….Le pouvoir, de droite ou de gauche c’est toujours la même chose. Quand ils arrivent au pouvoir, ils deviennent le pouvoir " c’est moi qui fait…" tu comprends ? "Qui fait les gens, qui fait les consciences"… Ça me dégoûte, ça me fait vomir, tu comprends ? L’unique façon de vivre en société c’est de respecter l’autre. L’autre, c’est ton ami ou un que tu ne connais pas et que tu trouves dans la rue, tu le respecte… S’il y a un feu rouge, c’est juste que tu t’arrêtes, parce que c’est mieux, pour toi et pour lui, non ? C’est tout, non ? Qu’est ce que c’est ? C’est l’amour, non ? Un jour j’ai fait un disque, j’ai mis "Amour…Anarchie" avec un grand "A" comme "Amour"…et ce que personne ne sait, comme ça, personne   ….D’habitude on me dit anarchiste, je suis anarchiste, on me voit avec une bombe, comme ça…Anarchie c’est une solitude extrême, c’est la négation du pouvoir et de l’autorité… d’où qu’il vienne… que ce soit du père, de la mère… Tu ne dois pas causer d’ennuis à ton père, mais lui ne doit pas t’en faire non plus. C’est comme ça que je parle à mes fils, parce que nous avons des enfants à la maison, mais comme vous, tu me dis la France    Ils se disent "socialistes", ils me font vomir, puis le socialisme c’est l’enfer de la démocratie… Celles…pense qu’en France on m’a dit ces jours-ci que dans une banque… tu laisses les sous dans une banque, on te donne, comment on dit… tant par mois, non ?

Les intérêts…

Oui les intérêts, et si tu bloques tes sous on te donne un peu plus…eh ? La décision est de la semaine dernière, si tu as au moins cinquante millions…à la banque… en France… bloqués six mois tu as 15-16 pour cent…comme tous ceux qui avait le même le même intérêt le même chiffre à la fin août, un qui a deux millions…trois millions…un pauvre, voilà… un qui met un peu de sous…celui-là a sept pour cent, tu comprends ? Eh ? Qu’est ce que c’est…du socialisme, comme ça…Eh ? Va en Russie… ! On fait les choses comme les américains "sous la banque" (sous la table ? ndt), tu comprends ? Je suis allé en Pologne il y a deux ans, pour la musique, je passe dans une rue et je vois des magasins avec de belles marchandises à l’intérieur… j’ai dit "qu’est ce que c’est ?" "Ah, ce sont des magasins où l’on ne peut acheter qu’avec des dollars…" Eh ? C’est fantastique, non ? Un polonais peut…peut…avoir une banque avec des sous, je ne sais pas comment s’appelle la monnaie polonaise…eeh… et puis il peut avoir un compte…comme ça…en dollars. Et personne ne dit rien. Fais comme ça en Italie…Fais comme ça en France…tu comprends ? Et en plus tu risque des ennuis, mais personne ne le dit jamais…tu comprends ? Tu devrais me le dire… Tu as mon disque qui s’appelle "La musica mi prende come l'amore" ? Eh attend, maintenant je t’explique une chose et puis je te l’envoie….tu me donnes l’adresse et je te l’envoie. J’ai fait un disque pour CBS en France qui’ s’appelait "Je te dis", il y a trois ans…c’était un producteur que je connaissais comme ça, qui avait été un musicien de Celentano…. Il s’appelait Detto Mariano…Ne me coupe pas eh , Les choses doivent être "dites" on dit comme ça non ?

En somme il m’a fait traduire les choses (les chansons ? ndt), j’ai travaillé comme un chien, pour bien apprendre les mots d’italien, penses que moi je parle toujours en français, pour faire un disque pour le lendemain…je parle un peu italien mais je ne suis pas tranquille, eh… Et alors écoute bien, il s’est fait prêter la bande que j’avais fait avec les musiciens de l’orchestre de Milan, qui travaillent avec l’orchestre de la RAI mais qui viennent pour leur compte donc sans la RAI. Pourtant un suisse m’avait dit : "il n’y a pas de musiciens qui existent qui sont comme ça tu sais…". Ils sont au courant de tout, tu comprends ?  Il n’existe pas d’orchestre de Milan, et je lui est dit je ne peux pas mettre la RAI parce qu’ils viennent travailler comme ça, pour faire un peu… gagner un peu d’argent de plus en faisant un tour en studio.

Donc il s’est fait prêter la bande de CBS il a fait un contrat, comme ça, et moi j’ai fait le disque, tout…Il a produit le disque qu’il a sorti à 4000 exemplaires 4000, 5000 ce n’est pas beaucoup eh ? Pour moi c’était assez parce que je ne suis pas connu. Et un jour il m’a fait voir le disque, il m’a dit : "tu sais Léo je suis allé à CBS à Milan ce disque…Ce n’est pas un disque c’est un chef d’œuvre" Tu sais ? il a parlé comme ça eh ? Ça va, ça va j’ai dit comme ça ironiquement. Pourtant le disque est bien fait. L’année dernière, un collaborateur de celui dont on parlait m’a téléphoné, m’a dit "tu sais Léo, que Mariano a vendu à un grossiste de Vérone 1500 exemplaires de ton disque "La musica mi prende come l'amore"  alors j’ai demandé combien valait un disque dans une boutique, combien vaut un disque maintenant, ils m’ont dit 18000 lires ( ?),dis moi un peu, quand il les a vendu à ce grossiste, dis moi le chiffre…Moins de 10 000 lires,  évident ?  1500 disques ! dis moi un peu…Moi je connais le prix parce que je les ai achetés…Tous…200 lires ! le disque ! Quel métier, en Italie le métier de chanteur, il y a des gens qui ne valent même pas la peine de les voir respirer. Tu comprends ! Donc Je t’envoie ce disque, tu me donnes l’adresse…

 Écoutes je voulais te demander une autre chose…

Je l’ai dit, tu le sais que c’est vrai ces 200 lires, tu sais pourquoi ? Parce que je les ai… Ces 1500 disques. Ca m’ennuyait de savoir qu’un grossiste avait des disques comme ça, comme pour aller comme ça dans la rue…comme ça dans la plus belle…(poubelle ? ndt). Moi je les acheté à 500 lires …donc c’est vrai

Je voulais te demander une autre chose, les chanteurs italiens quel rapport as-tu avec eux,  est ce que tu connais quelqu’un parmi nos chanteurs ?

Ehm…Quand je suis sorti de…J’ai vu avant hier celui de Gènes, comment…Paoli ? Paoli, Gino Paoli1, je connais…ehm…Puccini ? (Guccini2 ndr), je connais De Gregori3…Et puis j’écoute comme ça…mais je n’écoute jamais la radio… ou les disques… Et puis il y a un artiste qui …est avant tout un homme …parce qu’il est intelligent …c’est une amitié fantastique… Cela ne fait pas longtemps que je le connais… il s’appelle Roberto Benigni.

Celui-là tu sais ? Il fait du bien ce garçon…oui… tu le connais ?

Écoute, c’est une personne qui m’est chère, particulièrement parce qu’il est né dans la même ville que moi, Piero Ciampi4. Tu l’as jamais connu ? Non, alors la question ne se pose pas…parce que c’était un chanteur qui est mort il y a un an et qui a écrit…

Qui ?

Piero Ciampi

Ah de nom, je l’ai connu, parce que il y avait un ami qui le connaissait…

Gino, Gino Paoli, il a sorti un album avec toutes ses chansons, ça va, seulement je voulais te demander quelque chose : beaucoup disent que tu es un maestro…

Un élève, un élève, toujours un élève, parce que j’apprends toujours quelque chose…Ce soir j’ai appris quelque chose, ça fait trente ans que je chante, comme ça… Et ce soir j’ai appris quelque chose parce que je suis entré sur la scène, je dis : "Ces gens ne me comprennent pas, comment je fais…tu comprends…très difficile…" après j’apprends toujours quelque chose et avec le métier on apprend…années après années, non ? Ce n’est pas une école, "Signor maestro, comment dois-je faire…" Non, non je ne suis pas un maestro…les maîtres sont morts. Mais, quelqu'un, eh ? Pas beaucoup.

Bien, je pense que nous pouvons terminer comme ça….La dernière question : Quel est le motif qu'il t'a poussé à choisir de venir à habiter vraiment ici, en Toscane...

L’Italie…en premier j’ai fait mes études en Italie, dans un collège français, à Bordighera, près de Monte Carlo, parce que je suis de Monte Carlo. Et puis en 68 je devais partir de France, parce que…histoires de femme…Et je suis venu en Italie parce que je connaissais l’Italie pas la Toscane , c’est un compagnon, parisien qui a dit " Allons voir Florence…" J’ai trouvé une maison à San Casciano, que nous avons pris pour deux ans, nous payions ainsi, tant par mois…Et nous sommes devenus amis avec celui de l'agence immobilière qui nous a trouvés ensuite...à Castellina in Chianti…on est resté là, voilà…et mes gamins, j’ai trois gamins, un de onze ans la seconde sept ans et la dernière trois ans et demi…Les deux premiers vont à l’école à Castellina la Maria , la petite…tu penses c’est une toscane, eh ? Elle parle comme un toscan, fantastique, eh ? Et les écoles pour les enfants, tu le sais, en Italie elles sont très bien, très bien…

Castellina in Chianti est un petit centre, mais…La vie du pays, pour toi c’est comment ? Voilà, je me suis toujours demandé : " Qu’est ce qu’il fait Léo Ferré à Castellina in Chianti ? Il reste là, il travaille ?" Qu’est ce que tu fais ? Peut être que tu travailles la terre, aussi ?

Oh non ! tu es fou ? je travaille avec la musique, et puis j’ai une petite imprimerie…pour moi, comme ça…C’était une manie, de jeunesse, ça me plaisait les livres, qui me permettent de toujours tenir, maintenant, pourquoi les éditeurs, les é-d-i-t-e-u-r-s ! Ce sont tous des magnats ( ?) tu comprends ? des magnats ! Qui est éditeur, lui ? Oui. Mais non, monsieur, il n’est pas éditeur, lui c’est un magnat ! Alors, comme ça, je tiens mes trucs mais je n’imprime pas, je pourrais imprimer tant de choses, même bien faites, mais…J’ai tout appris comme ça, dans les livres…C’est un travail terrible, personne ne m’aide à la maison parce que personne ne sait le faire, non ? Et puis j’écris tant de choses…je travaille toujours. Et je peux dire que je ne travaille jamais, parce que c’est ma chance d’être comme ça…Cela a été difficile au début, tant d’années, mais l’artiste est le seul, je pense qui peux vivre seul et où il veut.

Pour toi c’est plus un travail ou un divertissement ?

Eh c’est un travail, parce que par exemple l’orchestration de la musique est un travail lent, long surtout, puis… Sur la scène tu pourrais chercher un autre mot qu’au travail, mais c’est quelque chose…. Moi je suis toujours lucide, toujours la lucidité, si je n’ai pas la lucidité sur scène c’est fini…Parfois c’est dangereux, se uno non è tanto lucido, on dit comme ça, non ? ( c’est un jeu de mot entre lucido, cirage et lucido au sens figuré, lucide). Moi je pense aux chaussures… lucide ( ou brillant)…non ? La même chose…et une c’est trop…parfois je pense à autre chose….Et l’autre chose c’est par exemple, j'écris une chanson pour un disque…l'autre soir je chantais, ne sais pas... il y a un mois, en France, et je me suis aperçu que je faisais une chanson et l'autre, en chantant les  miennes... alors ça c’est une chose terrible, vite je me suis donné un coup, pour...

Bien, alors je te remercie, j’espère voir rapidement un de tes spectacles en Toscane. As-tu quelque chose de programmé pour les jours prochains.

Maintenant je voudrais faire quelque chose d’important à Rome, avec l’orchestre et tout, mais…j’aurais besoin de connaître un qui s’appelle Nicolini, je ne le connais pas, lui il a tout en main…Et la raison est parce que…qu’est ce que je fais…je déplace (refais ?) un autre spectacle, je prends l’orchestre…je le renverse (le verse ?)…je l’ai fait à Paris un mois en 75… après je chante, et je dirige l’orchestre en même temps ensuite je mélange Wagner, Debussy, Ravel…Parce que la chose que je dis… et la raison que je dis "la musique dans la rue" parce que je ne sais pas si tu le sais…La musique est toujours pour ceux qui sont habillés tu sais… Oh, pour entendre la musique tu as besoin de la cravate ! Tu le sais eh ? Et personne ne m’aide, parce que j’ai besoin d’être aidé, parce que l’orchestre, par exemple, de Santa Cecilia à Rome, ils sont cent vingt avec les chœurs, et puis…qui paye ? Personne ne peut payer. Les directeurs d’orchestre ne payent jamais, qui sont ceux qui payent, non ? C’est un problème, mais je le ferai, tu verras, à mettre la musique dans la rue, réellement…

L’interview se terminait là. Je ne sais pas si elle vous a fait la même impression qu’à moi, après tant d’années, presque dix huit ans…Moi, j’ai trouvé les choses dites par Léo simplement merveilleuses, animées de cette prévenance, (comme dans la partie concernant Benigni) que seule peut donner la sagesse accumulée dans le cours d’une vie, malheureusement pour moi, je n’ai jamais réussit à aller à Castellina in Chianti rendre visite à Léo. Je me le suis reproché de nombreuses fois quand j’ai lu dans le journal qu’il s’en était allé pour toujours. Maintenant, ça me plait de l’imaginer, qui sait où, dans l’au delà peut être, en compagnie des autres grands maîtres, anarchistes ou non, qui ont marqué de leurs exemples ma vie et celles de tant d’hommes : Brassens, De Andre’, Ciampi…

  *****

Quelques infos sur les artistes cités dans l’interviouve :

1 - Gino Paoli, que Léo croit à tort de Gènes est né en 1934 a Monfalcone, province de Gorizia.

C’est un gran maestro de la chanson populaire italienne. C’est aussi un grand producteur. C’est lui qui produit les Bee Gees, Bowie, les Beatles et d’autres en Italie. Sans oublier les coups de main aux jeunes artistes italiens.

Mais autant sa popularité grandit, autant ses problèmes existentialistes augmentent.

En 1967, il se retire à Levante où il gère une salle de bal, restaurant bar. Il disait : "se non hai nulla da dire, sta' zitto (Si tu n’as rien à dire, ferme la !).

Au milieu des années 1970, c’est le grand retour de Gino Paoli avec deux albums "coraggiosi e anarchici" dans lesquels les jeunes se reconnaissent au point qu’ils sont plus de vingt mille à accueillir le chanteur lors d’un concert à Pincio au milieu des années 70.

Le premier disque se nomme : I semafori rossi non sono Dio (Les feux rouges ne sont pas dieu) Les textes sont sur une musique du catalan Jean Manoel Serrat (1974).

Le second (1977) se nomme : Il mio mestiere (Mon métier).

La suite reste à peu près du même style. Je dis à peu près car il sera par la suite député du PCI puis du PDS et conseiller municipal d’Arenzano. (retour)

2 - Francesco Guccini est né à Modene le 14 juin1940.

C’est certainement, parmi les chanteurs de sa génération, celui qui fut le plus influencé par Dylan. Non pas comme en France (par charité, je ne citerai personne) mais plutôt en reprenant l’essentiel du répertoire politique du grand Bob. Il collabore avec un groupe qui souvent l’accompagne sur scène : I Nomadi. Francesco Guccini se fit connaître au début des années 60 avec deux 45t avec comme titres:

 Noi non ci saremo, Auschwitz et Dio è morto. (Nous n'y serons pas, Auschwitz et Dieu est mort).

Son premier album Folk Beat N.1 est un échec commercial, mais comme souvent, un album culte pour toute une génération.

L'album "Radici" 1972 (Racines) est son disque favori, ça tombe bien c’est aussi le mien.

On peut citer quelques titres : Radici, Piccola Città, Incontro, Canzone dei dodici mesi, Canzone della bambina portoghese, Il vecchio e il bambino et surtout La Locomotiva.

Par la suite Guccini s’éloigne un peu de la chanson politique. On peut encore citer : Eskimo Lager ou Primavera di Praga. Depuis il a entrepris une carrière littéraire. (retour)

3 - Francesco De Gregori est né a Rome le 4 avril 1951 .

Dans sa biographie on peut trouver ses influences littéraires et musicale : Steinbeck, Cronin, Pavese, Marcuse, Pasolini, Simon & Garfunkel, De Andre’, Tenco, Woody Guthrie, Leonard Cohen et Bob Dylan. Un cursus bien commun à nos amis italien. On peut toute fois déplorer le manque de culture rock qui je le reconnais (déplore) viendra plus tard.

Avec beaucoup d’autres dont il contribuera à la création de la Scuola Romana de la chanson d’auteur italienne.

En 1974 il collabore avec Fabrizio De Andre’ pour le disque :Volume 8 où l’on trouve ses chansons : "La cattiva strada, Dolce luna, Le storie di ieri , Oceano et Canzone per l'estate.

En 1975 il produit son chef d’œuvre : Rimmel.

En 1977, pendant un concert au Palalido di Milano, il est pris à partie par un groupe d’extrême gauche qui prenaient la musique un peu trop au sérieux. Ils disaient de sa musique qu’elle était : autoriduttori  (autoréductrice ?). Accuser les artistes de s’enrichir en douce en se cachant derrière l’excuse d’un message politique était assez fréquent dans ces années là.

Certains en Italie, anciens de ces groupes, qui sont maintenant des gens rangés, tricolores et tranquilles, continuent de penser que le procès fait à De Gregori était juste et normal. (des choses comme ça ne pourraient pas arriver en France, heureusement !).

Era un fatto di moda e non di voglia a dit Guccini de cette affaire.

La suite : tournée annulée, retraite volontaire. Maintenant De Gregori, malgré quelques petites rechutes occasionnelles, reste loin de la chanson politique. Il reste toute fois une "figure" de la chanson populaire italienne. (retour)

4 - Piero Ciampi né le  28 septembre 1934 a Livourne. Mort le 19 janvier 1980.

On dit de lui qu’il est le père putatif de la chanson d’auteur en Italie. Son monde était un monde poétique, peuplé de vaincus, de faibles et de laisser pour comptes. C’était un artiste maudit qui chantait la noirceur de l'amour qui se confond entre la mort et l'impossibilité de vivre. Un bohémien qui restera ancré, toute sa vie, à l'alcool, aux aumônes et à la misère.

Une vie brève sans compromis discographiques ni artistiques, Réglant leur compte aux conventions du civilisé, il a produit de superbes chansons, souvent jugées comme irrévérencieuses, une sorte d’amalgame d’une pensée politique existentielle et anti bourgeoise.

Très doux, mais parfois féroce et violent, il avait une voix rauque, sporca (sale).

Il fut formé artistiquement à Paris, où il fréquenta même Céline et où il chanta en divers endroits.

Après sa mort, il fut le plus souvent volontairement oublié. (quand on dérange !) malgré les efforts de Gino Paoli et  de Fabrizio De Andre'.

Un chanteur, dont les prises de position contre le bien-être économique et le

conformisme petit bourgeois - pas seulement dans ses textes, mais aussi dans sa vie – expliquent peut-être son échec public. (retour)

Fabrizio De Andre’ Là, je suis (toujours) en train d’essayer d’écrire une bio en français.

Ce n’est pas simple, il a tellement de facettes.

Pour Benigni pas la peine de te faire un texte.

 


Pour revenir à la rubrique "Divers" :

Pour revenir au Plan du site :

Pour revenir à la page d'accueil :