Lafayette, nous ar’voilà.

   

Vous savez tous, à coup de répétitions, que mon ancêtre s’appelait Toumaï le Tchadien. Toumaï était votre ancêtre aussi. Même si vous n’en êtes pas des plus fiers… Il vivotait, il y a 200 000 générations dans les verts pâturages de l’Afrique du Centre, et chantait à tue-tête la Carmagnole parce qu’il aimait les chœurs, détestait les aristos et pressentait l’anarchie : "ah, ça hara ; ça hara, ça hara ; … ".

 Parce qu’il ne connaissait pas la méthode Ogino et la pilule du lendemain, à force de faire des petits à sa Madame Toumaïe et aux Madames des autres, rencontrées au détour d’un oued, malgré la mortalité infantile élevée, la consommation abusive de saumon d’élevage, les baies imboufables, le H.I.V , les préhistoriques africains pullulèrent et les terrains constructibles vinrent à manquer. On tira à la courte paille pour savoir qui devait quitter les oasis édéniques.

 Les bannis levèrent le campement ; à pieds et en chameaux, traversèrent le canal de Suez..

 Tels les colons israéliens, ils occupèrent progressivement tout le Sinaï et tels des Sionistes envahirent la ronde boule terrestre.

 Ces pérégrinations ne se faisaient pas en quelques jours. Il fallait des siècles et des siècles pour s’enraciner puis se déraciner et ficher ou déficher les gourbis. Ces voyageurs infatigables et aventuriers sans scrupules laissèrent beaucoup de traces du côté du Tigre : des nonosses de chameaux,  des poteries sigillées, des briques séchées par le soleil, des vestiges de ziggourats, de ponts, de tours et des traditions patriarcales et locales comme la bourrée en savates ou le sirtaki en santiags.

 Mais Bush et Rumsfeld n’ont jamais réussi à trouver les résidus d’armes de destruction massive prophétiquement annoncées. Ce n’est pas faute d’avoir fantasmé.

 Des branches de la famille Toumaï se fixèrent soit en Mongolie dans les yourtes, soit en Chinie dans les sampans, soit en Laponie dans les igloos, soit en Ligurie, soit en Basse-Périgordie. Ces différenciations de destinations fournirent bien des idées de séparatisme, de régionalisme, d’étatisme et d’indépendantisme.

 Le Périgordisme et la vie des Périgourdins, la Bourgogne et le burgondisme nous intéressent au plus haut point. Pour maintes raisons.

 D’abord, la visite de leurs villas rustiques, sous-roches, attire, chaque année, des mille et des mille de touristes en mal de tags préhistoriques en tonde-bosse, de recherche généalogiques, de truffes, de magret de canard et de costauds crûs de terroir. Car au fond de chacun d’entre nous sommeille un primate rustaud, à fine gueule.

 Il suffit de zieuter la mine concupiscente du mâle touriste prêt à se déslibariser  pour sauter la voisine, comme Toumaï défouraillait prompto dans le sable chaud sous les palmiers. Il suffit de reluquer la trogne épanouie des soiffards-visiteurs de caves de dégustation..

 Les archéologues ont trouvé, partout en francie, depuis Abbeville jusqu’à  Menton, un outillage lithique (de lithos=pierre) de grande qualité. La capitale de cette industrie du silex est Le Grand- Pressigny, à 15 Km de Bossay sur Claise, village où j’ai déposé mon barda, il y 25 ans, en Indre et Loire.

     Quel con, ce Maï, qui décide de prendre son repos, à Bossay !

 Il n’est pas rare de trouver dans les champs du coin des ateliers complets où l’on faisait éclater les rognons de silex pour en faire des lames de rasoirs, couteaux, surins, pointes de flèches, coupe-frites et ouvre-huîtres, des poings américains et des matraques. Il semblerait que les pointes de lance aient été signées par les leaders syndicalistes revendicatifs et combattants de ces époques reculées (-100 000….-5000 av JC).

 Ces merveilles d’artisanat et d’industrie sont de plusieurs factures. Non pas, comme le croirait un ignare, que le tixon de paiement était rédigé en plusieurs exemplaires avant d’être envoyé dans les contrées d’Europe, non ! Il y eut maintes façons de produire ces bifaces. En tapant dessus avec un os, une corne de cerf, un autre silex, sur la pointe, sur le cul, sur les côtes. En les thermo-éclatant sur des foyers rudimentaires.

 Ainsi défilèrent, peut-être dans le désordre, l’époque acheuléenne, l’abbevillienne, la moustérienne, la solutréenne, la glozélienne. Et d’autres. Celle qui nous intéresse au plus haut point est la solutréenne. Solutré situé près de Mâcon en Bourgogne. On peut y lamper du beaujolpif de race supérieure. De qualité et de prix supérieurs.

 C’est à Solutré, que dieu-tonton–mimitte venait chaque année de son règne dans la Vème , avec sa courtisanerie, admirer l’étendue de ses possessions, la variété de ses paysages et la turpitude de ses sujets.

 C’est à Solutré que dieu-tonton-mittérand venait réfléchir sur la destinée des choses et des gens. Il songeait aux ancêtres qui poussaient à coups de gueule puissants, les chevaux sauvages au bas de la falaise avant de ripailler de rôtis accompagnés de Pouilly-Fuissé, 12° garantis.

 Mais Tonton a voulu être encaverné dans les Charentes pour nous refaire pour la nième fois le célèbre coup de Jarnac.

     C’est à Solutré ou pas loin que l’on a retrouvé des artéfacts silexeux de parfaite facture, signés, garantis d’époque et tout et tout.

 Eh, bien !

 Depuis hier soir, primidi, 21 nivôse de l’an 212, c'est-à-dire depuis le 10 janvier 2004, des milliers de téléspectateurs de la chaîne ARTE, savent que quelques chercheurs-archéologues, scientifiques de prestigieuses universités américaines, ont trouvé, dans une grotte des States, en Amérique du Nord, un biface de type solutréen, tout en bas des dernières couches de sédiments.

 Vous allez me dire que l’on s’en contre-fout et que tout le baratin développé par Maï , c’est du pipo qui n’a pas plus d’importance que la main de ma sœur etc. Vous vous en contre-foutez,… mais pas moi.

     J’ai usé des fonds de culotte, shorts, bermudas et pantalons en écoutant les affirmations de mes profs affirmant que l’Amérique a été découverte en 1492, par Christophe , célèbre Colomb et mercenaire gênois travaillant pour la couronne d’Espagne.

     Puis j’ai lu que le Colomb avait été précédé par les Normands d’Eric le Rouge qui avaient établi des comptoirs (ça ne m’étonne guère) au Groenland et au Canada.

 Puis mes lectures  démontrèrent que les premiers occupants Amérindiens avaient traversé, à pieds secs, le détroit de Behring. Oui ! à pieds secs, car on était à la fin de la dernière glaciation. La glace recouvrant toute la calotte septentrionale descendait jusqu’à la francie, au grand dam des buveurs de pastis de la Canebière.

 Ces Amérindiens se subdivisèrent en esquimaux glacés ou Inuits, en Iroquois, Commanches, Cheyennes et Sioux. D’autres, descendant le long de la côte pacifique atteignirent le Mexique, l’Amérique centrale puis le Pérou, et l’Amérique du Sud où ils purent sucer les cocaïers. Les Incas adoraient le soleil et sacrifiaient les vierges. Moi, j’ai effectué des sacrifices pour des vierges. Contrairement à ce que vous pensez le chihuwouahwouah est un petit clebs et non un indien.

 Les fouilleurs ont retrouvé des traces de ces différentes périodes dans les couches de sédiments laissés dans les grottes et abris sous roche. La recherche des traces de pas, de cacas fossiles, de cendres, de tessons de budweiser et de boîtes de coca-cola dans les couches sédimentaires s’appelle la stratigraphie. Il faut manier la truellette et les pinceaux pour être stratigraphiste et savant. Il ne faut pas  appeler un stratigraphiste éboueur ou fouilleur de merdes.

     Le ou les bifaces trouvées de parfait type solutréen ont donc été ramenés par des franciens ou bien fabriqués par des émigrés franciens, il y a 15000 ans. Bien avant l’arrivée des Pilgrim Fathers à New York ou dans la baie du Potomac.

 Est-ce possible ?

 Oui.

     Connaissant leur esprit d’entreprise, des Charentais et des Bourguignons, entourés par la glace, dopés par un blanc sec(évidemment), ont construit des kayaks. Avec leurs lames aiguisées, ils ont découpé les peaux de phoque ou d’aurochs, de bœuf bourguignon, les ont cousues avec des aiguilles d’os, ex -ac -te -ment comme le font encore les Inuits. C’est inouï. En faisant du cabotage, ils ont longé la banquise et se sont retrouvé à Wall Street.

 Dans les chromosomes des Amérindiens, des chercheurs ont décelé des gènes dont les séquences sont les mêmes que dans les gènes charentais. CQFD.

     C’est inouï….. Et peut-être vrai.

     Cela m’apprendra à ne pas croire aux livres d’histoire, aux profs et aux curés qui racontent des calembredaines, à heures répétées.

     Il a dû en tirer une tronche, Bush Jr , illustrissime descendant des perfides Albionnais quand il a appris que ses ancêtres sont de souche européenne sud et que dans ses veines coule un sang enrichi de baguette beurrées, de cognac velouté. En lieux et places des milords anglais ou des richissimes businessmen, il devra faire encadrer le portrait de Gustave, le béret sur les oreilles, la gauloise au bec, les charentaises aux arpions et de Mémène, en train de se faire dorer une tranche de foie gras sur un lit de truffes odorantes.

     Il faut continuer à stratigraphier dans les sédiments plus profonds. On y trouvera sans doute les couches épaisses de conneries bushiennes et en dessous les engins de destruction massive.

  

Maï

21 nivôse 212.

 


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