Le créationnisme est-il scientifiquement recevable
?[1]
(Is
Creationism scientifically admisible ?)
a) Christian NITSCHELM, astrophysicien:
“ Revue des principales thèses créationnistes
sur l'origine de l'Univers, de
b) Christian NITSCHELM, astrophysicien & Didier GENEY, géologue:
“ Pourquoi les thèses créationnistes sur
l'origine de l'Univers, de
c) Luc PLATEAUX, biologiste:
“ Remarques sur le livre “ Évolution ou Création ” de J. Flori et H. Rasolofomasoandro (éd. SDT, Dammarie-les-Lys, 1974), ouvrage créationniste typique. ”
d) Pascal ROUX, prêtre catholique de formation scientifique:
“ Comment affirmer l'action créatrice de Dieu dans une vision évolutionniste du monde. ”
Cette série d'articles ne constitue en aucune façon une attaque de la foi chrétienne, de quelque confession qu'elle soit, mais plutôt une dénonciation d'un certain sectarisme religieux outrancier qui a par trop tendance à resurgir ces dernières années.
Paris, avril 1987
Genève, décembre 1988
Dernière mise à jour: Anvers, janvier 2006
a) Christian NITSCHELM, astrophysicien:
“ Revue des
principales thèses créationnistes sur l'origine de l'Univers, de
Présentation du Créationnisme.
Nous donnons ici une courte revue des idées créationnistes.
Le lecteur pourra utilement se reporter à la bibliographie donnée dans ce
travail pour approfondir la question. En particulier, une lecture des premiers
chapitres du Livre de
Pour bien comprendre les idées créationnistes,
il faut se mettre à la place d'un chrétien convaincu de la véracité intégrale
des textes bibliques. Pour lui, ces textes ont été directement inspirés par
Dieu aux auteurs et ont été écrits de manière quasi-scientifique, en
particulier le Livre de
À partir de
Utilisant la chronologie biblique, les chercheurs
créationnistes effectuent un décompte temporel et arrivent à un âge de
C'est évidemment là que les gros problèmes vont
se poser pour les créationnistes, les théories scientifiques en Astrophysique,
en Géologie, en Paléontologie et en Biologie n'étant absolument pas en accord
avec un âge peu élevé de l'Univers et de
Principaux arguments créationnistes.
Les auteurs des textes sacrés ont été directement inspirés par Dieu. Ceci implique que ces auteurs s'expriment justement sur toutes choses, en particulier sur l'évolution du monde. Leurs écrits ne peuvent être remis en question pour quelque raison que ce soit. Il faut donc mettre en évidence les failles existantes ou supposées dans les théories scientifiques “ concurrentes ”. Les principaux arguments créationnistes sont constitués de ces failles, doublées de remarques parfois très judicieuses. Certains de ces arguments, bien que généralement mal interprétés, sont effectivement assez puissants. Lorsque les arguments basés sur les failles des théories scientifiques viennent à manquer, ceux basés sur la teneur de certains versets bibliques sont mis en avant en tant qu'affirmation divine.
Astrophysique.
Les principaux arguments créationnistes touchent
le système Terre-Lune et l'évolution de son moment cinétique ainsi que celui
du Système Solaire depuis leur formation jusqu'à maintenant. D'après les
chercheurs créationnistes, le système Terre-Lune est unique,
Une autre preuve de la véracité de
Physique.
Les arguments en Physique concernent
principalement le Second Principe de
Les méthodes de datations radioactives, qui
contredisent évidemment la théorie de l'âge court de
Géologie.
En Géologie, la plus grande préoccupation pour les chercheurs créationnistes est évidemment de prouver le déluge et l'âge peu élevé des roches. Il est donc nécessaire de prouver la véracité du catastrophisme face à l'uniformisme. Tous les arguments sont bons pour montrer que les couches géologiques sont le résultat d'une inondation générale rapide et non celui d'une sédimentation lente. On cherche à prouver l'universalité d'un tel cataclysme, par exemple en disant: Certainement, l'une des plus sérieuses accusations contre la théorie d'une observation et d'une information limitée du déluge est qu'elle rabaisse les déclarations historiques des Écritures au niveau de simples opinions humaines faillibles (Whitcomb, 1973, p. 71). D'autres arguments, plus scientifiques, reposent sur certaines failles des théories actuelles concernant certains cas particuliers, les inversions locales de couches géologiques, par exemple. La plus sérieuse attaque est faite sur l'Actualisme, théorie présentée comme universelle par ses opposants créationnistes et comme partielle par les géologues. Les faits non explicables par cette théorie sont mis en avant, par exemple le volcanisme, le taux de sédimentation ou le magnétisme (qui n'entrent pas réellement dans le cadre de l'Actualisme), pour prouver la fausseté de cette théorie, et donc la véracité d'un déluge universel.
Paléontologie.
Les arguments créationnistes majeurs en Paléontologie concernent essentiellement certains phénomènes géologiques curieux non explicables par les théories scientifiques en vigueur, comme par exemple des empreintes côte à côte d'hommes et de dinosaures, pour montrer que ces deux espèces se côtoyaient avant le déluge, ou comme certains troncs d'arbre fossilisés dont la base se trouve dans une couche de l'ère primaire et le sommet dans une autre de l'ère secondaire. Ces curiosités sont en effet difficilement explicables dans le cadre des théories scientifiques classiques. Cependant leur authentification et leur mode de découverte laissent planer un certain doute quant à la valeur réelle de ces preuves qui pourraient être fabriquées de toutes pièces. L'accent est aussi mis sur l'existence de trous dans les séries fossilifères.
Biologie.
L'argument principal en Biologie consiste à dire
que l'on n'observe pas d'évolution des espèces durant toute la période des
temps historiques (ce qui est faux, l'évolution ayant bel et bien été observée
pendant les temps historiques), et que l'on manque de preuve vis-à-vis du problème
des chaînons manquants. Donc la théorie de l'évolution est caduque et seule
une Création divine est en mesure d'expliquer l'existence des différentes espèces!
Une critique de la théorie des mutations, basée généralement sur des auteurs
assez anciens, est menée de manière assez rigoureuse mais débouche sur des
conclusions erronées, voire périmées. Les calculs de statistique sur la
probabilité d'apparition de la vie menés par les chercheurs créationnistes amènent
à l'unicité de celle-ci: seule
Zoologie.
Seuls les textes bibliques sont pris en compte pour expliquer comment les événements ont dû se passer. La pierre d'achoppement que constitue la répartition des espèces à la surface du globe est contournée par des suppositions assez hardies, comme des ponts de matière entre les continents qui se seraient effondrés peu après le déluge. Les arguments donnés par les chercheurs créationnistes paraissent donc assez peu convaincants. Remarquons tout de même qu'ils arrivent fort bien à se convaincre eux-mêmes de la véracité scientifique de ce genre de théories, lesquelles restent cependant assez peu étayées par de véritables observations. Le but est évidemment de prouver la réalité de l'Arche de Noé comme seule source de peuplement animal pour toute la surface terrestre juste après le déluge universel. Ceci est un des plus complexes problèmes qu'essaient à résoudre les chercheurs créationnistes.
Un peu de littérature créationniste.
Pour bien comprendre le mécanisme du raisonnement
créationniste, nous allons citer quelques passages caractéristiques de cette
littérature. Un ouvrage est pour cela très significatif: “ Le Monde qui
a péri ” de J. C. Whitcomb Jr. (voir bibliographie en fin d'article, numéro
VI).
À la page 25, nous lisons:
Les kangourous et l'Arche de Noé.
Question: Comment les kangourous ont-ils pu voyager de l'Australie jusqu'à l'Arche de Noé? Réponse: Ils n'ont pas eu à le faire. Au moins un couple de chaque espèce d'animaux vivant sur terre ferme, y compris les kangourous, ont dû vivre sur le même continent où l'Arche fut construite. Ainsi ils ont pu rejoindre Noé par direction divine (Genèse 6:20; 7:9) sans avoir à traverser les océans.
Question: Comment les kangourous ont-ils pu atteindre l'Australie depuis le Mont Ararat, après le déluge? Réponse: Un grand pont terrestre reliait apparemment l'Asie et l'Australie dans la période suivant immédiatement le déluge. Pendant cette phase la plus intense de “ l'âge glaciaire ”, de telles quantités d'eau furent bloquées dans les régions polaires que le niveau des océans était de quelques centaines de mètres plus bas qu'il ne l'est aujourd'hui. La carte du fond de l'Océan Pacifique montre clairement le plateau continental peu profond qui s'étend actuellement encore de l'Indochine presque jusqu'en Australie.
À la page 28 du même livre, nous voyons:
Les Dinosaures indonésiens et américains.
Les hommes de science évolutionnistes croient
que les dinosaures ont disparu des millions d'années avant l'apparition de
l'homme sur
Les découvertes scientifiques confirment la révélation
biblique sur ce point. Des empreintes de pieds humains ont été trouvées avec
des empreintes de dinosaures reptiliens (voir Whitcomb & Morris, “ The
Genesis Flood ”, pages 172-176). Si nous comprenons “ dinosaure ”
dans son sens originel de “ terrible lézard ”, alors les
dinosaures n'ont pas encore disparu! A peu près mille lézards dragons énormes
survivent encore dans la petite île indonésienne de Komodo. Bien qu'il ait
disparu aujourd'hui à 99% et qu'il atteigne rarement plus de
Pages 82-83, nous pouvons comprendre le mode de raisonnement créationniste:
Il n'est pas surprenant, par conséquent, que
Sir Charles Lyell (1799-1873), que Darwin appelait “ la tête des
uniformistes ”, ait été désespérément opposé au livre de
Lors de sa conclusion, page 169 du même ouvrage, l'auteur écrit:
Les défenseurs du catastrophisme biblique ne
prétendent pas qu'un quelconque phénomène géologique particulier, en et par
lui-même, démontre le déluge universel. L'empirisme scientifique n'a jamais
été destiné par Dieu à être le moyen direct et essentiel pour nous relier
à la révélation biblique. Au contraire, l'écriture a été donnée pour nous
fournir la lumière dont nous avons besoin pour comprendre l'origine et le sens
de notre environnement géologique. Dans cette mesure, au moins, le chrétien
est engagé dans un processus de raisonnement déductif. “ Car auprès de
Toi est la source de la vie; par Ta lumière nous voyons la lumière ”
(Psaume 36:10). Les données géologiques, tout au plus, servent de preuves
circonstancielles de la réalité du déluge de
Ces quelques textes montrent fort bien le mode de
pensée créationniste. Le texte biblique est véritable et, du moment que Jésus
a affirmé que
Conclusion.
Le chercheur créationniste est face à un rude travail: il doit arriver à concilier deux vues très dissemblables de l'Univers. Après un travail de bibliographie très important qui lui permet de bien connaître ce à quoi il s'attaque, c'est-à-dire les théories scientifiques non-bibliques, il doit essayer de prouver la fausseté de celles-ci avec des arguments en général assez faibles. Il faut reconnaître que ce travail n'est vraiment pas simple et place ce chercheur dans une position d'ennemi des sciences, place assez peu confortable s'il en est! C'est ainsi que les scientifiques vont souvent le considérer comme un fixiste arriéré placé là comme un fossile vivant uniquement pour les empêcher de travailler tranquillement. Ce chercheur créationniste semble pourtant sincère dans sa démarche de recherche, même s'il ne prend certes pas la meilleure voie pour arriver à des résultats incontestables. Cette sincérité est même l'aspect le plus difficile à contrer, étant donné que ce chercheur reste persuadé de la véracité de ses bases bibliques.
Notons tout de même que tous les chrétiens ne sont pas créationnistes, loin s'en faut. Actuellement, seules les églises évangéliques, comme les Baptistes, les Adventistes ou les Pentecôtistes, le sont officiellement, de même que les Témoins de Jéhovah, et professent une croyance sans faille aux textes. Les grandes églises, Catholique, Calviniste et Luthérienne, tout en conservant l'idée d'une Création divine, considèrent que les textes bibliques ne sont que le vecteur d'une série de messages plus profonds que Dieu a voulu faire parvenir aux croyants par ses élus et reconnaissent le plein droit des scientifiques à établir des modèles scientifiques évolutionnistes, qui ne contrarient en rien les textes lus de manière judicieuse et interprétative. Cependant, à l'intérieur de ces églises, certains “ dissidents ” professent des idées très proches du Créationnisme, en particulier les fondamentalistes catholiques. Il apparaît également que beaucoup de chrétiens sont créationnistes par manque d'information, les idées scientifiques ayant bien souvent du mal à diffuser dans ce genre de milieu!
b) Christian NITSCHELM, astrophysicien & Didier GENEY, géologue:
“ Pourquoi les thèses
créationnistes sur l'origine de l'Univers, de
“ Sommaire: Les thèses créationnistes
sur l'origine et l'âge de l'Univers et sur les origines de
Encore aujourd'hui, de nombreux chrétiens d'obédience
évangélique affirment que
Cette théorie donne comme principe de base
Un autre postulat cher aux théologiens créationnistes
est la réalité d'un déluge universel de type catastrophique que Dieu envoie
à l'Humanité pour la punir et où seule une poignée de survivants sera sauvée
dans une Arche contenant également un couple de chaque espèce animale. Cette
Arche est un des principaux sujets de recherche des créationnistes, qui vont
jusqu'à organiser des expéditions archéologiques vers le mont Ararat, en
Turquie actuelle, où l'Arche se serait échouée à la fin du déluge (voir sur
ce sujet l'article de P. THUILLIER dans “
Les arguments créationnistes sont souvent tirés, fort habilement parfois, de failles existant dans certaines théories scientifiques, qu'ils critiquent par un jeu de langage et qu'ils remplacent sans grande démonstration par la révélation divine, qui est évidemment sans défaut.
Le mécanisme de pensée créationniste s'expose
comme suit. “ Les sciences doivent exclusivement confirmer les écrits
bibliques. Si elles les infirment, elles sont forcément fausses, la seule vérité
étant donnée par le verset x du chapitre y du livre z de la révélation
divine qu'est
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Schéma récapitulatif de la logique créationniste.
DIEU
BIBLE (écrite sous influence divine)
Explication complète et suffisante du Monde
Théologiens créationnistes
(interprétation littérale
de
Morale de vie
Ce schéma donne une idée de la démarche de pensée
créationniste. Le but est évidemment de justifier les règles morales de vie
des croyants par une interprétation littérale des textes sacrés:
---------------------------------------------
Certaines théories scientifiques, qui ne sont
bien évidemment pas en accord avec le mode de pensée créationniste, sont
ainsi attaquées avec violence ou manipulées par des pseudo-chercheurs qui négligent
la valeur de l'expérience au profit d'un dogme érigé en théorie universelle.
Pour ces personnes, les expériences et les mesures physiques n'ont de valeur
que lorsqu'elles semblent confirmer leurs dires. Sous couvert de morale “ chrétienne ”,
ils vont jusqu'à intenter des procès aux états américains qui permettent
l'enseignement universitaire de la théorie de l'évolution Néo-Darwinienne,
leur principale bête noire, voulant forcer les enseignants à professer, au
moins à part égale, les thèses créationnistes, de rigueur scientifique très
discutable (voir sur ces procès retentissants aux États-Unis l'article de P.
THUILLIER paru dans “
Le présent mémoire a pour objet de montrer que
la plupart des arguments avancés par les tenants des idées créationnistes (ou
fondamentalistes) ne sont pas recevables, voire faux ou délibérément falsifiés,
parfois avec beaucoup de mauvaise foi. Pour cela, nous allons examiner
quelques-uns de ces arguments, spécialement ceux sur l'âge de l'Univers et sur
l'évolution des espèces, à la lumière de certaines disciplines comme
ASTROPHYSIQUE.
Les principaux arguments créationnistes touchent le système Terre-Lune, ainsi que l'évolution de son moment cinétique et de celui du Système Solaire depuis les origines.
Qu'il nous suffise de dire ici que le système
Terre-Lune n'est pas particulier.
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Tableau I
Comparaison des propriétés physiques des couples planète-satellite
Terre-Lune & Pluton-Charon
Objet |
mobjet / mplanète |
Robjet (km) |
Robjet / Rplanète |
Lobjet / Ltotal |
Terre |
1 |
6378 |
1 |
0.20 |
Lune |
0.0123 |
1738 |
0.273 |
0.80 |
Pluton |
1 |
1142 |
1 |
0.05 |
Charon |
0.1372 |
596 |
0.522 |
0.95 |
mobjet / mplanète: Rapport entre la masse de l'objet céleste et celle de la planète mère;
Robjet: Rayon de l'objet céleste (exprimé en kilomètres);
Robjet / Rplanète: Rapport entre le rayon de l'objet céleste et celui de la planète mère;
Lobjet: Moment cinétique global de l'objet céleste;
Ltotal: Moment cinétique global du système planète mère + satellite.
On remarque que la masse relative de Charon par
rapport à Pluton est nettement plus importante que celle de
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Lorsqu'on effectue les calculs de moments cinétiques pour les objets du Système Solaire, on remarque que les moments cinétiques de rotation de Vénus et Uranus sont absolument négligeables, ce qui explique que ces deux planètes puissent avoir une rotation rétrograde et que l'axe de rotation d'Uranus puisse être incliné d'autant (presque 90 degrés). On remarque également que les planètes géantes, et en particulier Jupiter, accaparent la majeure partie du moment cinétique du Système Solaire dans leur mouvement de révolution autour de notre étoile. Le Soleil ne contribue que faiblement à celui-ci, principalement par son mouvement de rotation autour de son axe (voir Tableau II).
Pour la formation du Système Solaire, la seule théorie
actuellement admise est la théorie de l'accrétion, bien démontrée maintenant
(XI, XVI, XVII). Le seul problème restant en suspens est la formation de
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Tableau II
Moments cinétiques des planètes
(bibliographie Astrophysique: X, XIII, XVI)
1) Révolution orbitale:
Planète |
aplanète (UA) |
Trévol (jours) |
mplanète / mTerre |
Lrévol (kg.m^2.s^-1) |
Lrévol / Ltotal |
Mercure |
0.3871 |
87.9690 |
0.0553 |
9.16 10^38 |
2.82 10^-5 |
Vénus |
0.7233 |
224.701 |
0.8149 |
1.85 10^40 |
5.70 10^-4 |
Terre+Lune |
1.0000 |
365.256 |
1.0123 |
2.70 10^40 |
8.32 10^-4 |
Mars |
1.5237 |
686.980 |
0.1074 |
3.53 10^39 |
1.09 10^-4 |
Jupiter |
5.2028 |
4332.71 |
317.938 |
1.93 10^43 |
0.5956 |
Saturne |
9.5388 |
10759.5 |
95.181 |
7.83 10^42 |
0.2414 |
Uranus |
19.191 |
30685 |
14.531 |
1.70 10^42 |
0.0524 |
Neptune |
30.061 |
60190 |
17.135 |
2.50 10^42 |
0.0771 |
Pluton |
39.529 |
90800 |
0.0022 |
3.68 10^38 |
1.13 10^-5 |
Total révolution: Lrévol = 3.14 10^43 kg.m^2.s^-1 et Lrévol / Ltotal = 0.9681
aplanète: demi grand axe de l'orbite planétaire en unités astronomiques (1 UA = 1.496 10^8 km);
mplanète: masse de la planète; mTerre: masse de
Trévol: période de révolution de la planète autour du Soleil;
wplanète: vitesse angulaire de révolution orbitale, en rd.s^-1;
Lrévol = Lrévol krévol: moment cinétique de révolution de la planète autour du Soleil, avec:
Lrévol = OP x mplanète vplanète = mplanète wplanète (aplanète)^2 krévol = (2 pi / Trévol) mplanète (aplanète)^2 krévol
Ltotal: moment cinétique total du Système Solaire, de valeur Ltotal = 3.24 10^43 kg.m^2.s^-1.
2) Rotation axiale:
Objet |
Robjet (km) |
Trot |
mobjet / mTerre |
Lrot (kg.m^2.s^-1) |
Lrot / Ltotal |
Soleil |
695000 |
27j |
332831 |
1.035 10^42 |
0.0319 |
Mercure |
2439 |
58.646j |
0.0553 |
9.75 10^29 |
négligeable |
Vénus |
6051 |
-243.01j |
0.8149 |
-2.13 10^31 |
négligeable |
Terre |
6378 |
23.9345h |
1.0000 |
7.09 10^33 |
négligeable |
Mars |
3393 |
24.6229h |
0.1074 |
2.10 10^32 |
négligeable |
Jupiter |
71492 |
9.841h |
317.938 |
6.89 10^38 |
2.12 10^-5 |
Saturne |
60268 |
10.233h |
95.181 |
1.41 10^38 |
4.35 10^-6 |
Uranus |
25559 |
-17.9h |
14.531 |
-2.21 10^36 |
-7 10^-8 |
Neptune |
24764 |
19.2h |
17.135 |
2.28 10^36 |
7 10^-8 |
Pluton |
1142 |
-6.387j |
0.0022 |
-7.81 10^28 |
négligeable |
Lune |
1738 |
27.3215j |
0.0123 |
2.36 10^29 |
négligeable |
Total
rotation: Lrot = 1.036 10^42 kg.m^2.s^-1 et Lrot / Ltotal = 0.0319
Robjet: rayon de l'objet céleste en kilomètres;
Trot: période de rotation du corps céleste sur lui-même;
wrot: vitesse angulaire de rotation du corps céleste sur lui-même, exprimée en rd.s^-1;
Jaxe: moment d'inertie de l'astre par rapport à l'axe de rotation, exprimé en kg.m^2;
Lrot = Lrot krot: moment cinétique de rotation du corps céleste sur lui-même, avec:
Lrot = Jaxe wrot krot = (2 / 5) mobjet (Robjet)^2 wrot krot = (4 pi / 5) mobjet ((Robjet)^2 / Trot) krot
krot étant le vecteur unitaire de l'axe de rotation de l'astre, dirigé vers le nord.
Remarquons que les moments cinétiques de rotation de Vénus et Uranus sont absolument négligeables, ce qui explique que ces deux planètes puissent avoir une rotation rétrograde (signe - dans la colonne des Trot) et que l'axe de rotation d'Uranus puisse être incliné d'autant (presque 90 degrés). Remarquons également que les planètes géantes, et en particulier Jupiter, accaparent la majeure partie du moment cinétique du Système Solaire dans leur mouvement de révolution autour de notre étoile. Le Soleil ne contribue que faiblement à celui-ci, principalement par son mouvement de rotation autour de son axe.
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Remarquons aussi que les créationnistes prétendent,
Genèse à l'appui, que
Certains créationnistes répondent à cet
argument scientifique en affirmant que Dieu a dû créer l'Univers avec une
apparence de vieillesse qui tromperait les astronomes. C'est à notre humble
avis se faire une curieuse idée de la morale divine: Dieu serait alors un être
vraiment retors qui rechercherait l'embrouille en allant jusqu'à créer des
rayonnements lumineux qui ne correspondraient à aucun objet émetteur, et donc
un film qui nous montrerait des objets inexistants, uniquement pour induire en
doute le croyant moyen! De plus, dans cette hypothèse loufoque, les parties de
l'Univers situées sur une sphère centrée sur le centre de notre Terre et de
rayon égal au même nombre d'années-lumière qu'il s'est écoulé d'années
depuis l'instant de
Le Créationnisme nage ici en plein délire et n'explique absolument pas les faits observationnels, allant jusqu'à s'opposer à eux. Une bonne théorie doit nécessairement être cohérente et logique, sans s'opposer aux faits observationnels...
NOUVEAUX RESULTATS EN ASTROPHYSIQUE.
Par ailleurs, les mesures laser-Lune ont définitivement
établi le ralentissement séculaire de
VIE EXTRA-TERRESTRE.
Remarquons que la possibilité d'existence d'une
vie extra-terrestre paraît beaucoup déranger les tenants du Créationnisme.
Ils se cachent derrière l'incertitude actuelle pour ne pas aborder ou nier
cette possibilité: en effet, comment l'expliquer dans le cadre biblique? Ils
semblent ignorer les statistiques récentes calculées à partir de nos
connaissances actuelles: environ une étoile sur cent mille pourrait abriter une
planète ayant une ou plusieurs formes de vie à sa surface ou dans son atmosphère.
L'apparition de ces formes de vie a certainement suivi un chemin évolutif,
comme sur Terre, ce qui autorise à penser que certaines de ces formes de vie
ont pu atteindre un niveau comparable, voire supérieur au nôtre. Les formes de
vie extraterrestre sont certainement très diverses et très différentes de la
nôtre, bien que l'on retrouve les composés chimiques de base dans beaucoup de
grands nuages de gaz et de poussières interstellaires (en particulier monoxyde
de carbone, cyanogène, formaldéhyde, éthanol, etc.) (XI, XVI). Une mise en évidence
de vie à la surface de Titan, lune de Saturne, renforcerait beaucoup ces
statistiques. En effet, à ce jour, Titan reste le candidat le plus sérieux à
l'existence de vie dans le Système Solaire. Son atmosphère ressemble beaucoup
à celle de
PHYSIQUE.
Parlons ici de l'erreur monumentale commise en
Physique par les tenants du Créationnisme. En effet, ceux-ci interprètent l'énoncé
du Second Principe de
“ Pour un système thermodynamiquement isolé, l'entropie produite (le désordre) ne peut que croître. ”
Or, nous ne connaissons réellement qu'un seul
système thermodynamiquement isolé, l'Univers dans son ensemble, où l'on vérifie
que le Second Principe s'applique bien globalement, tout en pouvant s'inverser
localement, du fait de son mouvement d'expansion généralisée.
Voulant prouver l'impossibilité de l'évolution, les créationnistes falsifient l'énoncé du Second Principe en remplaçant système isolé par tout système, ce qui est complètement absurde: aucune évolution constructive ne serait alors possible, en particulier la vie serait impossible (XII).
MÉTHODES DE DATATION RADIOACTIVE.
Une autre “ bête noire ” des créationnistes
est évidemment la possibilité de mesurer avec une bonne précision les durées
écoulées depuis la formation du Système Solaire jusqu'à nous par les méthodes
de datation par dosage des éléments radioactifs présents actuellement dans
les roches et les fossiles. Les créationnistes, cherchant à “ prouver ”
l'âge peu élevé de
Cependant, les critiques créationnistes se révèlent être peu convaincantes, à l'analyse de tous les résultats obtenus jusqu'à maintenant, en particulier sur les roches lunaires et météoritiques, ces résultats étant très cohérents: le Système Solaire a bien 4.56 milliards d'années et non pas dix mille ans, ne leur en déplaise! Les arguments sur les mesures à partir des roches terrestres comme le granite ne tiennent pas compte de la nature de ces roches, composées de plusieurs composants d'âges différents.
Le recoupement par d'autres méthodes de datation
confirme, de plus, l'excellente qualité, la bonne fiabilité et la précision
des méthodes de datation radioactive. En particulier, on ne trouve aucune trace
d'un soi-disant déluge universel récent, ce qui dérange évidemment beaucoup
les tenants d'une lecture littérale de
GÉOLOGIE.
Dans leur introduction relative aux “ faits d'ordre géologique ”, les ouvrages créationnistes produisent un jugement de valeur parfaitement arbitraire qui privilégie l'intérêt de la roche sédimentaire face à la roche métamorphique. Cette démarche fait abstraction de deux faits importants. Tout d'abord, les fossiles existent aussi dans les roches métamorphiques, malgré une relative rareté et un état de conservation laissant parfois à désirer. Ensuite, les terrains sédimentaires qui ne sont pas transformés à la suite de contraintes (pression et température) afférentes au métamorphisme sont plus facilement interprétables. Il résulte logiquement que leur connaissance est historiquement antérieure à celle des roches métamorphiques dont l'étude nécessite un matériel relativement lourd et plus moderne. Il est donc étonnant que les créationnistes posent comme principe de base que ce qui est plus connu (sédimentaire) est plus intéressant que le reste (métamorphique et volcanisme). Cela résulte, semble-t-il, d'une confusion entre ce qui est facilement exploitable et ce qui l'est moins, démarche peut-être de l'ordre du philosophique mais nullement scientifique.
L'ACTUALISME.
L'Actualisme est une théorie géologique qui consiste à observer les événements actuels pour interpréter les événements révolus. Il est bien évident que cette théorie n'est pas toujours vérifiée, même si elle peut se révéler être très utile...
Si Lomonossov et Hutton donnèrent au XVIIIème siècle les bases de l'Actualisme, reprises par Lyell, il n'en demeure pas moins que cette théorie n'est nullement présentée comme le fondement de la géologie classique dans les écoles et les universités. Cette théorie, dont la critique restitue les limites de son champ d'application, se vérifie dans nombre de cas et découle de surcroît d'une démarche saine, interrogative et logique, ce qui permet son enseignement.
Les créationnistes prétendent que l'Actualisme considère les phénomènes de la nature comme étant invariants. Cette définition est incomplète et discutable en ces termes. L'Actualisme permet au géologue de se poser la question suivante: les mêmes contraintes dans le même environnement produisent-elles les mêmes effets? Dans certains cas, cela se vérifie. Il est donc normal que l'Actualisme conserve la place qui lui revient.
Les créationnistes se complaisent en références
bibliographiques anciennes, comme si l'histoire des sciences géologiques
cessait au XIXème siècle. Pour entrer quelque peu dans leur jeu, nous citerons
l'ouvrage de B. de Maillet, “ Telliamed ”, écrit au XVIIIème siècle
et disponible dans le corpus des oeuvres philosophiques en langue française.
Cet auteur utilise un subterfuge de forme pour faire passer un excellent message
scientifique étonnamment moderne, en raison de l'opposition religieuse qui
anesthésiait
Les géologues ne prétendent pas que “ rien n'a changé depuis les origines ”, mais affirment qu'entre les “ causes anciennes ” de Cayeux, non observables de nos jours, et les causes actuelles il y a un tout indissociable dès lors que les faits actuels et passés s'y rapportent. Il semble donc inconcevable d'éliminer l'un ou l'autre.
L'exemple du volcanisme, utilisé pour tenter de démontrer le mal-fondé de l'Actualisme, est bien mal choisi. En effet, les réservoirs magmatiques évoluent au cours du temps, si bien que le volcan ne donnera pas les mêmes émissions tout au long de son activité et pourra ainsi passer d'un type à un autre type de volcanisme.
Il en est de même pour le taux de sédimentation. Celui-ci varie dans l'espace et dans le temps, suivant un cycle érosion-sédimentation bien connu. Il est évident que ces deux composantes sont variables, donc inadaptables à l'Actualisme. Le problème soulevé par l'érosion dans l'optique créationniste est également démonté facilement. Pour montrer son importance à certaines époques, il suffit de considérer une roche quelconque dont le point d'origine (affleurement en place) est connu, et sa dispersion régionale (réseau hydrographique, etc.). Si un obstacle majeur (montagne, etc.) existait, il est clair que seule l'abrasion de cet obstacle pouvait permettre la dispersion. Cela montre le rôle considérable de l'érosion, pas aussi “ faible et léger ” que les créationnistes voudraient bien nous faire croire.
Enfin, dernier argument contestable: le magnétisme. En effet, ce dernier est connu pour varier au cours du temps. Des études fort intéressantes ont été conduites en étudiant les particules sensibles à ce champ prises dans les épanchements laviques. Il n'a jamais été question de prétendre la non-mobilité du pôle magnétique au cours du temps.
Tous ces exemples qui sont effectivement contraires à l'Actualisme ne mettent nullement en cause le bien-fondé de cette théorie, les géologues n'ayant jamais dit que rien n'avait changé depuis les origines. Il s'agit là d'un mauvais procès d'intention de la part des créationnistes et d'une manipulation intellectuelle sans fondement sérieux.
Cette argumentation créationniste a pour objet
avoué la “ réhabilitation du catastrophisme ”, pour pouvoir
expliquer le déluge biblique de
Au long du développement relatif à la nature et
à la structure de
1) La position des continents et leur dérive;
2) Les orogenèses anciennes;
3) Les variations climatiques.
Il est absolument illusoire de faire abstraction de ces faits, bien qu'ils rendent très hasardeuse l'hypothèse créationniste qui voudrait tout expliquer par un déluge universel.
PALÉONTOLOGIE.
En ce qui concerne les “ faits d'ordre paléontologique ”, la pseudo-classification créationniste est de la forme suivante: espèces identiques aux nôtres, espèces disparues et enfin espèces différentes des nôtres mais semblables. Par opposition, la classification scientifique est la suivante: fossiles caractéristiques, fossiles de faciès et enfin mauvais fossiles. Ces dénominations sont nettement plus pratiques et plus claires, signifiant des faits précis de manière bien plus logique que celles données par la littérature créationniste. En effet, les exemples cités par les créationnistes sont parfaitement contestables et deviennent clairs dans le cadre de la classification paléontologique. Le plus surprenant tient dans cette phrase: “ espèces différentes des nôtres mais semblables ”. Voici une manière de reconnaître une évidence, en l'occurrence l'évolution, sans oser employer le terme!
BIOLOGIE.
Tout devient très hasardeux dès que l'on aborde
les “ faits d'ordre biologique ”. Les créationnistes en sont restés
au stade primitif du Fixisme. Au XVIIIème puis au XIXème siècle, cette théorie
a été abandonnée au profit du Transformisme, du Lamarckisme et du Darwinisme,
plus réalistes. Enfin le transformisme génétique, qui repose sur des expérimentations,
a montré le mal-fondé du Fixisme.
Les créationnistes affirment en particulier que l'on n'observe pas d'évolution des espèces durant toute la période des temps historiques, ce qui est parfaitement faux, l'évolution ayant bel et bien été observée pendant les temps historiques. Ils essayent également de mettre en évidence l'existence de failles dans les théories biologiques évolutionnistes actuelles, au niveau de certains faits encore difficilement explicables, ce qui leur fait dire des choses erronées sur l'état des sciences biologiques. En particulier, les mutations positives sont présentées comme posant de grands problèmes aux scientifiques, ce qui n'est plus le cas depuis longtemps. Enfin, ils se déchaînent sur le problème des chaînons manquants, ce qui leur fait dire de nombreuses bêtises...
ZOOLOGIE.
Dans une hypothèse créationniste, on peut raisonnablement se demander comment certaines espèces animales ont trouvé le moyen physique de rejoindre leurs sites actuels après le déluge biblique. En effet, selon le texte sacré, l'Arche de Noé se serait posée sur le sommet du mont Ararat, en Turquie actuelle. Or, certaines espèces animales n'existent absolument pas dans cette région du globe, mais seulement en Amérique du Sud ou en Australie. Comment les Marsupiaux ont-ils fait pour faire le trajet et comment se fait-il qu'on ne les trouve qu'en Australie? Comment certaines espèces d'escargots terrestres ont-elles rejoint les îles du Pacifique Sud? Comment l'Aï (le Paresseux) s'est-il rendu en Amérique du Sud? Même s'il a existé un pont de matière terrestre entre les continents, il aurait fallu au moins vingt mille ans à ce dernier pour atteindre son lieu de vie actuelle! (Voir à ce sujet, dans le livre “ Le monde qui a péri ” de J. C. Whitcomb Jr. cité en bibliographie sous le numéro VI des ouvrages créationnistes, la page 25 qui traite des kangourous (texte cité dans l'article précédent): on atteint ici le summum du délire!).
Restons sérieux! Si tous les animaux avaient diffusé depuis le Mont Ararat, leur répartition à la surface du globe devrait le montrer beaucoup plus clairement. Il faudrait aussi qu'ils aient eu matériellement le temps de pouvoir diffuser à la surface de globe!
CONCLUSION.
Nous avons ainsi montré que le Créationnisme ne
repose que sur peu de fondements scientifiques et qu'il est à ce titre
irrecevable dans l'état actuel de nos connaissances et de l'avancement des
sciences. Il n'est donc pas possible d'en tenir compte dans l'étude
scientifique de l'origine de l'Homme, de
Cependant, les critiques créationnistes amènent à réfléchir sur le risque toujours présent de dogmatisation de toute théorie scientifique au cours du temps, et sur l'impartialité réelle des scientifiques, dont un contre-exemple flagrant nous est fourni par les “ chercheurs ” créationnistes. Il est clair qu'une bonne théorie doit toujours rester ouverte à toute amélioration dès lors qu'une expérience répétitive et cohérente la remet en question, ce qui n'est absolument pas le cas du Créationnisme, figé dans un Fixisme immuable.
Remarquons également que les idées créationnistes
sont loin d'être politiquement neutres. En effet, aux USA, elles sont
activement soutenues par des groupes ultra-conservateurs, voire racistes, comme
le “ Ku Klux Klan ” ou la “ John Birch Society ”.
Pour ces groupes, les idées évolutionnistes sont dangereuses car génératrices
de l'Athéisme et du Communisme. Ces mêmes groupes ne se gênent d'ailleurs pas
pour justifier leur racisme par l'évolution!... Il est cependant vrai que
certains scientifiques ne sont pas réellement neutres de ce point de vue et que
leurs idées peuvent s'en ressentir (voir à ce sujet l'exemple de
Remarquons enfin que l'inexactitude d'une théorie scientifique n'a aucune raison particulière d'impliquer l'exactitude de la théorie créationniste concurrente, cette dernière devant également expliquer tous les faits observationnels, ce qui est loin d'être le cas en général. Il est certain que notre science actuelle ne donne pas l'explication absolue de l'évolution de l'Univers, mais il est non moins certain que les thèses créationnistes suivent une fausse route pour cette explication.
Ces remarques laissent penser que les scientifiques ont un rôle à jouer dans la vulgarisation des connaissances afin d'éviter aux non-scientifiques d'être victimes d'une escroquerie intellectuelle telle celle du Créationnisme. Pour cela, l'objectivité, ainsi que l'absence de sectarisme et d'idées préconçues sont absolument indispensables.
Nous tenons enfin à préciser que notre démarche ne consiste nullement à faire une critique de la foi chrétienne, souvent compatible avec une démarche scientifique profonde, mais bien celle du sectarisme religieux outrancier dont on peut imaginer les risques.
BIBLIOGRAPHIE.
A lire en complément: articles de P. THUILLIER
dans “
“ Bible et Science: Darwin en procès. ”
“ L'Arche de Noé et
Ouvrages exposant les thèses créationnistes.
I: Flori, J. & Rasolofomasoandro, H.: 1974, “ Évolution ou Création? ”, éditions S.D.T., Dammarie-les-Lys, France.
II: “
III: “ L'Homme est-il le produit de l'Évolution
ou de
IV:
Morris, H. M.: 1974, “ Scientific Creationism ”,
Creation-Life Publications, San Diego, USA.
V: Vernet, D.: 1978, “
VI:
Whitcomb Jr, J. C.: 1973, “ The World that perished ”; en
Français: “ Le monde qui a péri ”, Baker Book House, Grand
Rapids, USA.
VII:
Whitcomb Jr, J. C. & Morris, H. M.: 1976, “ The Genesis Flood.
The biblical record and its scientific implications ”, Baker Book House,
Grand Rapids, USA, 20th ed.
VIII:
Whitcomb Jr., J. C. & Young, D. B.: 1978, “ The Moon, its
creation, form and significance ”, BMH Books, Winona Lake, Indiana, USA.
et évidemment,
Ouvrage exposant l'évolution selon une optique chrétienne.
IX: Montenat, C., Plateaux, L. & Roux, P.:
1984, “ Pour lire
La lecture de ce livre est vivement recommandée. Il montre qu'il est tout à fait possible de concilier une vision scientifique du monde et de son évolution durant les âges géologiques avec une foi chrétienne vivante, comme Teilhard de Chardin l'avait déjà prouvé par le passé.
Astrophysique,
Physique.
X:
Allen, C. W.: 1973, “ Astrophysical quantities ”, 3rd ed.,
The Athone Press, University of London, UK.
XI:
Brahic, A.: 1982, “ Formation of planetary systems ”, CNES,
Cepadues éd., Toulouse.
XII: Brochard, J. B.: 1963, “ Thermodynamique,
cours à l'usage de
XIII: Danjon, A.: 1959, “ Astronomie Générale ”, 2ème édition, J. & R. Sennac, Paris.
XIV: Ferries, T.: 1980, “ Galaxies ”, Thames and Hudson, London, UK (existe en français).
XV: “ Annuaire du Bureau des Longitudes: éphémérides
pour
XVI: “ Le grand Atlas Universalis de l'Astronomie ”, 1990, sous la direction de Audouze, J., & Israël, G., 3ème édition, Encyclopaedia Universalis, Paris.
XVII:
“ Lunar Science IV ”, 4th Lunar Science Conference, Houston,
5th-8th March 1973, edited by Chamberlain, J. W. & Watkis, C. , USA.
XVIII:
“ The New Solar System ”, 1990, third edition, edited by
Beatty, J. K., O'Leary, B. & Chaikin, A. , Sky Publishing Corporation,
Cambridge, Massachusset, USA.
Géologie, Paléontologie.
XIX: Fischer, J. C. : 1976, “ Fossiles de tous les temps ”, éd. du Pacifique, Paris.
XX: Moret, L.: 1965, “ Manuel de Paléontologie Animale ”, Masson, Paris,
XXI: Termier, H. & Termier, G.: 1952, “ Histoire géologique de la biosphère ”, Masson, Paris.
Biologie.
XXII: Darwin, Ch.: 1859, “ On the Origine of Species by Means of Natural Selection or the Preservation of Favoured Races in the Stuggle for Life ”, London, England (Traduction française: 1992, “ L'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie ”, GF-Flammarion, Paris).
(Biologie: pour une liste d'autres ouvrages, voir à la fin d l'article suivant)
c) Luc PLATEAUX, biologiste:
“ Remarques sur le livre “ Évolution ou Création ” de J. Flori et H. Rasolofomasoandro
(éd. SDT, Dammarie les Lys, 1974), ouvrage créationniste typique. ”
L'interprétation littérale du déluge vue dans
ce livre est inconciliable avec la répartition des espèces. Pourquoi
s'attacher à cette interprétation, alors que l'on sait que cette histoire est
inspirée d'une légende orientale très répandue autour des Hébreux (épopée
de Gilgamesh) et repose sur des événements géologiques locaux bien
connus (transgression marine sur les vallées du Tigre et de l'Euphrate).
Pratiquement, les peuplements en espèces animales ne peuvent pas s'expliquer par une dispersion récente, surtout dans des régions comme l'Australie ou l'Amérique du Sud.
Ceci est typique de tout le livre. Nous pensons qu'il est vain de combattre ces “ théories ” par une argumentation uniquement scientifique, car on aboutit à écrire un volume double (on n'en finirait pas!) dans le style du dialogue “ oui! non! oui! non! ”. Si on paraît menacer leur foi, on ne pourra plus être entendu. C'est pourquoi les arguments les plus utiles me paraissent exégétiques: montrer que la foi ne demande pas cette croyance en la lettre détaillée du texte, et même que la foi véritable exige une vue plus haute: se hisser au niveau de ce que Dieu veut nous dire et non s'arrêter aux images du tableau par lequel il nous parle, en réduisant la portée du message venant de Lui.
Il serait trop long de répondre point par point à toutes les erreurs ou déviations de ce livre (et des autres ouvrages créationnistes!). Voici juste quelques notes sur leurs principales bévues:
Ce qui est dit des mutations est périmé, car il n'est question que de mutations de morphologie ou de mutations physiologiques visibles, parce que défavorables en général. L'étude moléculaire des mutations est ignorée et c'est évidemment la plus importante, qui apporte actuellement une masse considérable de nouvelles données.
1) Il est normal que les mutations atypiques soient en majorité défavorables. En effet, on observe que l'adaptation des espèces fait que ce qui est favorable est précisément conservé par la sélection et fait donc partie des gènes en place. Ce qui change par rapport au système adapté est souvent inadapté (souvent, mais pas toujours, sinon rien ne changerait; or il y a changement et l'on connaît des mutations avantageuses: mélanisme industriel des papillons, par exemple).
2) Pourquoi la nature ne montre-t-elle pas davantage de mutations? En réalité, depuis que l'on étudie les enzymes par électrophorèse, ainsi que l'ADN, on observe beaucoup de mutations. Seulement, les mutations qui offrent un caractère morphologique visible ne sont pas les plus nombreuses; c'est normal, puisque les effets biochimiques et physiologiques des mutations ne se traduisent pas tous (il s'en faut) par un caractère morphologique.
3) Il est inexact qu'une seule mutation ne puisse réaliser un organe, car on connaît des exemples de mutants de Drosophiles ayant quatre ailes au lieu de deux, à cause d'un seul gène récessif. On répondra que les deux ailes de plus sont en fait une transformation de deux “ balanciers ” (organes remplaçant les ailes postérieures des Diptères), mais toutes les apparitions d'organes nouveaux sont le résultat de transformation d'un organe ou d'une partie d'organe.
Il est en général vrai, comme le dit Bounoure, qu'une seule mutation “ ne déborde jamais le cadre de l'espèce ”, mais il est faux que des milliers de mutations ne puissent franchir l'espace séparant les Oiseaux des Reptiles. On étudie actuellement les séquences d'ADN de nombreuses espèces et on établit ainsi des généalogies d'espèces sur les bases de leurs programmes génétiques. On parvient à définir le pourcentage d'ADN différent qui sépare certaines espèces. On parle même d'une “ horloge moléculaire ” permettant de mesurer la distance et le temps séparant deux espèces par le nombre de mutations qui les distinguent.
Même s'il existe une discussion actuellement au sujet de cette “ horloge moléculaire ” et sur les vitesses d'évolution, l'existence de celle-ci ne justifie pas le rejet du fait évolutif qu'elle ne met nullement en doute.
Il me paraît justifié de critiquer le prétendu hasard qui présiderait aux mutations. Tout se passe comme si les mutations étaient fortuites, parce qu'on ne sait pas ce qui fait qu'une mutation se présente ici plutôt qu'ailleurs. Mais, ce Hasard de certains évolutionnistes (non pas tous) est en perte de vitesse; car on sait très bien que les mutations sont nombreuses en certains sites privilégiés d'un chromosome (chez les virus, notamment, dont l'ADN est parfois connu en détail) et absentes en d'autres sites; le hasard serait plus égalitaire.
A propos de l'espèce:
Il est aberrant d'opposer Cuénot à Mayr sur la définition de l'espèce, car ce que dit Cuénot ne s'oppose aucunement à la définition de Mayr. Cuénot parle d'un ensemble de caractères de l'espèce (morphologie, écologie, isolement sexuel) que Mayr ne nie nullement; mais ce dernier précise que le caractère essentiel à l'espèce est son isolement sexuel, dont les autres caractères découlent inévitablement à plus ou moins long terme. Cuénot n'a jamais nié que cet isolement sexuel fût l'essentiel, ce qui avait été depuis longtemps précisé par Buffon, qui écrivait ceci: “ La comparaison de la ressemblance des individus n'est qu'une idée accessoire et souvent indépendante de la succession constante des individus par la génération, car l'Ane ressemble au Cheval plus que le Barbet au Lévrier, et cependant le Barbet et le Lévrier ne font qu'une seule espèce puisqu'ils produisent ensemble des individus qui peuvent eux-même en produire d'autres, alors que le Cheval et l'Ane sont certainement des espèces différentes puisqu'ils ne produisent ensemble que des individus viciés et inféconds ”.
En réduisant à des races ce que d'autres appellent à bon droit espèces, les auteurs de ce livre établissent un hiatus artificiel entre races et espèces. Or, c'est le même processus qui différencie d'abord des races géographiques (mieux nommées “ sous-espèces ”), puis des espèces lorsque le temps de séparation des populations est plus long (voir la bibliographie en fin d'article). C'est ainsi qu'on observe des états intermédiaires entre races géographiques et espèces, états que l'ignorance des auteurs utilise comme des contestations de la notion d'espèce. Ces auteurs citent en effet de tels cas de situations intermédiaires sans se rendre compte qu'ils sont précisément le signe d'une évolution en cours: la spéciation plus ou moins achevée. Ils n'ont pas compris ce qu'était l'isolement sexuel dans la notion moderne d'espèce: cet isolement est valable lorsqu'il est naturel, les croisements artificiels (Panthère & Jaguar, Lion & Tigre, etc.) éliminant des causes naturelles de l'isolement (comportement, écologie par exemple). D'autre part, beaucoup d'espèces produisent artificiellement (et parfois naturellement) des hybrides, comme le Cheval et l'Ane; mais ces hybrides de première génération (on dit F1) sont frappés de stérilité, totale ou presque, ce qui prouve que ces espèces sont bien séparées, car aucun échange de gène n'est possible entre les deux espèces, du fait que les hybrides restent sans descendance (Panthère & Jaguar notamment). En conséquence, même là où l'on parvient à fabriquer des hybrides sans avenir, il y a isolement sexuel total.
La stabilité de l'espèce dans la durée d'une vie humaine, et même durant des siècles d'histoire, est un phénomène bien connu, et reconnu de tous. On sait bien que cette stabilité est le résultat de la lenteur de l'évolution et qu'elle est la principale raison pour laquelle l'idée d'évolution ne pouvait qu'échapper aux anciens. S'il est vrai que certaines espèces se sont formées de façon quasi-instantanée (le chou-radis par exemple, par doublement fortuit des chromosomes d'un hybride normalement stérile de chou et de radis), on sait bien que la plupart des spéciations ne se réalisent qu'avec des milliers de générations successives. Si l'on admet une Création instantanée il y a environ dix mille ans, il est évident que presque rien n'a eu le temps d'évoluer sérieusement depuis ce temps, hormis des virus et des bactéries. Cette fixité apparente est du reste heureuse, car elle nous a permis de classer le monde vivant, ce que nous n'aurions su faire en présence de changements rapides. Ce n'est pas une raison pour en rester au stade du classement.
Linné, le père de la systématique au XVIIIème
siècle, était fixiste et réalisait le classement des êtres vivants sans idée
de parenté, mais seulement de ressemblance. C'est ainsi que son genre Homo comprenait
Homo sapiens et des grands singes: le Chimpanzé, Homo troglodytes,
et l'Orang-Outang, Homo silvestris (voir les auteurs plus récents sur
l'oeuvre de Linné). Linné suscita à son époque un grand progrès des
connaissances par la systématique, mais
Le dernier grand biologiste français qui refusait l'évolution était feu Bounoure. On ne saurait utiliser les écrits de ce vénérable savant pour critiquer ce qui a été découvert après lui. Pourquoi alors ne pas rejeter le système de Copernic en s'appuyant sur Ptolémée?
La distinction entre stabilité et fixité est faussée, de sorte que les auteurs se disent non fixistes! Il est vrai que la stabilité dont ils parlent est compatible avec une évolution (ce qu'ils nient); mais il est faux que le Fixisme nie toute variation à l'intérieur de l'espèce: tous les systématiciens y compris les fixistes du début comme Linné, ont admis qu'il y avait des variétés à l'intérieur d'une espèce (car ils le voyaient!).
La citation empruntée à Grassé concern les espèces spécialisées et non toutes les espèces. Son emploi généralisé est malhonnête et feu Grassé en serait courroucé. Celui-ci était un évolutionniste convaincu, même s'il combattait le Néo-Darwinisme.
Ce qui est dit sur le ralentissement de l'évolution n'est pas du tout admis de tous et ne concerne en réalité que certaines fins de rameaux, qui disparaissent parfois sans évoluer davantage. Mais d'autres fins de rameaux disparaissent dans une sorte d'affolement évolutif (Ammonites déroulées par exemple). La seule véritable raison de parler d'un ralentissement actuel de l'évolution est que nous ne la percevons pas durant notre vie, nous découvrons sa lenteur naturelle après une époque de polémiques où cette évolution était souvent vue beaucoup trop rapide. Cela n'empêche pas l'évolution de continuer à son train de sénateur. Les disparitions d'espèces font partie de cette évolution, mais toutes ne disparaissent pas: il y a celles qui donnent une descendance ou même plusieurs descendances.
Les quelques remarques précédentes montrent bien l'extrême faiblesse, voire la complète désinformation, des arguments créationnistes en Biologie dans ce livre (et dans tous les autres ouvrages semblables). Dans ces conditions, il est évident que ce type d'ouvrages ne peut pas être pris au sérieux par la communauté scientifique internationale. Le Fixisme n'est plus défendable actuellement. Il ne peut résister à une analyse tant soit peu serrée, et est définitivement remplacé par la théorie de l'Évolution Néo-Darwinienne, seule adaptée à donner une explication cohérente du monde vivant. Comme toute science, cette théorie progresse pas à pas, en se corrigeant et en se complétant, parmi les discussions, âpres ou fraternelles, qui construisent l'héritage culturel humain.
BIBLIOGRAPHIE.
Évolution biologique: ouvrages à consulter.
XXIII: Leakey, R. E.: 1981, “
XXIV: Piveteau, J.: 1957, “ Traité de Paléontologie, tome VII: Paléontologie humaine ”, Masson éd., Paris, 670pp.
La comparaison entre ces deux ouvrages montre dans quel sens a progressé la connaissance scientifique, qui est évidemment inachevée. Il serait absolument absurde d'opposer les deux auteurs à cause de cela.
XXV:
De Beer, Sir G.: 1964, “ Atlas of Evolution ”, ed. Nelson,
London, 202pp (in-folio).
XXVI:
Dobzhansky, T., Ayala, F. J., Stebbins, G. L. & Valentine, J. W.: 1977,
“ Evolution ”, ed. Freeman and Co, San Francisco, USA, 572pp.
XXVII: Ford, E. B.: 1972, “ Génétique écologique ”, éd. Gauthier-Villars, Paris, 448pp.
XXVIII: Génermont, J.: 1979, “ Les Mécanismes de l'évolution ”, éd. Dunod, Paris, 232pp.
XXIX: Grassé, P.: 1978, “ L'évolution du vivant ”, éd. Albin Michel, Paris, 477pp.
XXX: Mayr, E.: 1974, “ Populations, Espèces et évolution ”, éd. Hermann, Paris, 496pp.
XXXI: Watson, J. D.: 1976, “ Biologie moléculaire du gène ”, 3ème éd., traduction française, Interéditions, Paris, 740pp.
La comparaison entre Grassé et Ford, Mayr, De
Beer, Dobzhansky et al., Génermont met en lumière l'opposition entre deux théories
explicatives différentes de l'évolution actuellement en compétition: le Néo-Lamarckisme
de Grassé, peu suivi par le monde scientifique mais proposé avec une grande
vigueur polémique, et le Néo-Darwinisme des autres, très largement admis.
Cette discussion ne saurait mettre en doute l'évolution, reconnue comme un fait
par l'un comme par les autres. Il suffit de se rappeler que
Vulgarisation.
XXXII: De Rosnay, J.: 1988, “ L'aventure du vivant ”, éditions du Seuil, Paris.
XXXIII: Chaline, J.: 1994, “ Une famille peu ordinaire. Du singe à l'homme”, éditions du Seuil, Paris.
XXXIV: Chaline, J.: 1996, “ L'évolution humaine”, deuxième édition mise à jour, Presses Universitaires de France, Paris.
XXXV: Petrovitch C., I.: 1997, “ Opération Adam”, éditions Cerf, Paris (la lecture de ce roman exposant les thèses créationnistes en paléontologie humaine et leurs réfutations à l'aide des arguments scientifiques les plus récents est vivement recommandée).
d) Pascal ROUX, prêtre catholique de formation scientifique:
“ Comment affirmer l'action créatrice de Dieu dans une vision évolutionniste du monde. ”
Depuis que Dieu a clairement parlé aux hommes à
travers Abraham, Moïse, les prophètes et puis en ces “ temps qui sont
les derniers ” (He 1 v1) par son Fils Jésus-Christ, nous, les croyants
chrétiens, nous savons qu'il est le “ Créateur des Cieux et de
Cela signifie que le monde n'existe pas par hasard, mais en raison de libre décision de Dieu qui l'a tiré du néant et l'a fait exister par amour afin de le confier à l'Homme.
Nous savons que dans cette Création l'Homme a une
place spéciale car il est le seul à être appelé à la vie éternelle, perdue
à cause du péché originel, redonnée par
Ces certitudes communes à tous les chrétiens du
monde, quelle que soit leur confession, il nous faut les défendre chaque fois
qu'un courant philosophique se réclamant ou non du progrès de
La question que nous posons est la suivante:
La théorie moderne de l'évolution, dite Néo-Darwinienne qui affirme qu'il y a passage d'une forme de vie à une autre par mutation et sélection, vient-elle contredire notre foi chrétienne ou non? La majorité des chrétiens dans le monde avec diverses réserves et nuances pense que non.
Cependant un vigoureux courant appelé “ fondamentaliste ” ou improprement “ créationniste ” pense que oui et se manifeste bruyamment surtout aux États-Unis depuis environ cinquante ans.
Comment éclairer brièvement cette question délicate?
Certes, on peut écrire des livres sur ce problème. Nous l'avons fait nous même
il y a peu de temps dans notre livre: “ Pour lire
On peut aussi faire quelques remarques simples:
Les visions du monde changent, la foi chrétienne ne change pas.
Oui les visions du monde changent. À l'époque où
les cinq premiers Livres de
La théologie chrétienne s'exprimera à travers
cette nouvelle cosmogonie. Puis viendront N. Copernic, puis T. Brahé au XVIème
siècle, G. Galilée et J. Kepler au XVIIème siècle qui jetteront les bases de
la nouvelle vision du Système Solaire: une étoile, le Soleil, autour de
laquelle gravitent neuf planètes dont
La théologie chrétienne, expression plus élaborée de la foi, devra s'habituer non sans résistances et drames à cette nouvelle représentation du monde.
Puis vinrent les XVIIIème et XIXème siècles où naquirent les idées transformistes avec des novateurs comme Lamarck et Darwin, au début violemment combattus tant par des scientifiques comme Linné ou Cuvier, que par des hommes religieux qui crurent les fondements de la foi chrétienne ébranlés.
Au XXème siècle, l'Astrophysique fit des bonds
de géant et fut en mesure d'affirmer avec une grande certitude, à l'aide de la
théorie de
Là encore la foi chrétienne dut affirmer sa certitude que l'Univers a été tiré de rien par un acte libre d'amour de Dieu, et que l'Homme dont le corps est bien issu d'une lignée de primates est pourtant une créature tout à fait originale qu'il ne faut en rien confondre avec un singe (même nu!).
La théologie chrétienne dans son ensemble est en train de prendre acte de ces nouvelles théories et en Europe il n'y a plus de conflit aigu entre Bible et Science.
Le Pape Jean Paul II a déclaré il y a quelques
années dans un discours devant des philosophes et des théologiens réunis à
Rome le 26 avril 1985: “ La foi bien comprise dans
Les raisons d'un refus.
Alors pourquoi une minorité bien organisée aux États-Unis, en marge des grandes églises protestantes américaines, organise-t-elle une campagne anti-évolutionniste tapageuse aux allures de croisade?
Hormis certains responsables menés par des choix
idéologiques extrêmement sectaires, voire racistes, on peut admettre qu'un
grand nombre de ces “ fondamentalistes ” attachés à une interprétation
littérale de
Le drame est qu'en général leur intention est bonne: ils veulent défendre la foi de leurs pères et “ malheur à qui scandalisera un seul de ces petits qui croient en Moi ” nous dit Jésus (Math 18 v6), mais les moyens employés relèvent d'une culture dont les éléments essentiels remontent au XVIIIème siècle.
Pour nous qui avons eu la chance d'être élevés dans la culture scientifique moderne, il nous faut faire preuve de patience et de tolérance envers des frères dans la foi qui n'ont pas encore fait une mutation culturelle qui pourtant serait libératrice.
Si ces conflits entre science et théologie sont historiquement inévitables, travaillons à les surmonter de notre mieux.