Le patriotisme
Paul
Henri Dietrich baron d'HOLBACH /
Victor
HUGO / Choses vues / Histoire / œuvres complètes / Robert Laffont -
Bouquins 1987 : "Ne soyons plus
anglais ni français ni allemands. Soyons européens. Ne soyons plus européens,
soyons hommes. - Soyons l'humanité. Il nous reste à abdiquer un dernier
égoïsme : la patrie."
Gustave
FLAUBERT / Correspondance I / Bibliothèque de
Ernest
RENAN / L'Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765
Flammarion 1995 : "La perfection de
l'humanité ne sera pas l'extinction, mais l'harmonie des nationalités :
les nationalités vont bien plutôt se fortifiant que s'affaiblissant ; détruire
une nationalité, c'est détruire un son dans l'humanité." "[...]
l'homme du peuple est bien plus sensible à la gloire patriotique que l'homme
plus réfléchi, qui a une individualité prononcée. Celui-ci peut se relever
par lui-même, par ses talents, ses titres, ses richesses. L'homme du peuple, au
contraire, qui n'a rien de tout cela, s'attribue comme un patrimoine la gloire
nationale et s'identifie avec la masse qui a fait ces grandes choses. C'est son
bien, son titre de noblesse, à lui. Là est le secret de cette puissante
adoption de Napoléon par le peuple. La gloire de Napoléon est la gloire de
ceux qui n'en ont pas d'autres."
Jules
RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990 : "Croire
au village, c'est donner une limite à sa vie ; c'est lui croire un sens,
et elle n'en a pas. C'est un peu sot de s'imaginer que nous avons une raison d'être
là plutôt qu'ailleurs. Continuer nos pères, pour quoi faire ? Ils ne
savaient pas. La feuille a une attache qui lui suffit. Le cerveau est nomade.
Pas de petite patrie. Une fuite résignée. Être n'importe où, ne jamais
consentir à se fixer comme si un point dans l'univers nous était réservé.
N'ayons pas d'orgueil ! Au premier éclair de lucidité nous verrions que
nous sommes dupes, et nous serions pleins de pitié pour nous mêmes.
Livrons-nous à l'universelle loi d'éparpillement. Ne pas être un homme qui
regarde son village avec une loupe. Rappelons-nous que ce monde n'a aucun
sens."
Paul
LÉAUTAUD / Passe-temps / œuvres / Mercure de France 1988 : "Vous
êtes nés dans ce pays et vous en êtes fier et vous lui êtes attaché. Vous
seriez né dans un autre pays, vous en seriez tout aussi fier et vous lui seriez
attaché de même. Mieux, même : né ici, on vous aurait aussitôt
transporté dans un autre pays où vous auriez été élevé et auriez grandi ?
Vous seriez de ce pays et c'est de lui que vous seriez fier et ce pays auquel
vous seriez attaché. Supposez que les bruns se mettent à être fiers d'être
bruns, avec une idée de prévalence, - et qui dit prévalence dit bientôt
rivalité, - sur les blonds ou vice versa ? Vous voyez si vous
êtes comique avec votre orgueil national et votre patriotisme : vous avez
eu autant de part à être de ce pays plutôt que d'un autre, que les bruns à
être bruns et les blonds à être blonds."
Ambrose
BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989 : "Patriotisme
n. Matériau combustible susceptible de servir de torche à quiconque ambitionne
d'illuminer son nom. Dans le célèbre dictionnaire du Dr. Johnson, le
patriotisme est défini comme le dernier recours du scélérat. Avec tout le
respect dû à un brillant quoique inférieur lexicographe, je me permets
d'affirmer que c'est le premier."
Georges
DARIEN /
Jean
COCTEAU / Journal (1942-1945) / Gallimard 1989 : "Une patrie c'est la rencontre d'hommes qui se trouvent instantanément
au même niveau." Écartèlement (1979) / œuvres / Quarto Gallimard
1995 : "Un homme qui se respecte
n'a pas de patrie. Une patrie, c'est de la glu.". Aveux et anathèmes
(1987) / œuvres / Quarto Gallimard 1995 : "On n'habite pas un pays, on habite une langue. Une patrie, c'est
cela et rien d'autre."
Diderot et… dieu
"Tous les peuples ont de ces faits, à qui, pour être merveilleux il ne manque que d'être vrais ; avec lesquels on démontre tout, mais qu'on ne prouve point ; qu'on n'ose nier sans être impie, et qu'on ne peut croire sans être imbécile." (Pensées philosophiques)
"Parce qu'un homme a tort de ne pas croire en Dieu, avons-nous raison de l'injurier ? On n'a recours aux invectives que quand on manque de preuves."
(Idem)
A défaut d'un cordon, pour étrangler les rois."
"L'homme est le terme unique d'où il faut partir et auquel il faut tout ramener."
"Dieu n'a fait ni maître ni serviteur, je ne veux donner ni recevoir de lois."
"Dieu : un père comme celui-là, il vaut mieux ne pas en avoir."
(Poésies diverses)