Le Rimoir  

  

 

Nous ne sommes qu’une piètre contrefaçon de nous-même.

 

« Au fil de ma plume s’écrit

Le livre des morts :

Elle a lu dans mon âme avilie

Comme un aigle qui jamais ne dort. »

 

 

Par Vincent Vandon.

 

 

 

Préface :

 

Ces poèmes ne sont ni miens, ni à un autre que moi.

 

 

Patience

 

Poème de nulle part, d’ailleurs et de partout

Poème de rien, de n’importe quoi de tout

Poème sans guerre poème sans conflit,

Poème sans loi, sans règle, anarchique,

Poème d’amour, de sympathie, de haine

Poème sensuel, colérique, rugueux.

 

Amour de la vie, éternelle flamme,

Amourette qui vient, s’en va.

Antipathie de l’homme, sympathie de la femme,

Amnésie internationale des codes moraux

 

Tout va bien, tout va mal et la vie s’écoule

Telle le torrent des montagnes

Tantôt ruisselant, tantôt dévalant au galop.

Trop de sang s’y est baigné en se prélassant

Trop de cadavres y ont flotté maintenant

Trop d’armées ont piétiné ce sol.

Tyrannies,  tortures, vols, soumission

Tout est réunit pour que la mort s’y plaise.

 

Insomnie meurtrière, fâcheuse obsession,

Insupportable domination des bergers sur les moutons,

Insalubre porcherie, cercle vicieux,

Impossible problème de l’hérédité.

 

 

 

 

Énoncé mortuaire, funèbre oraison

Envolée suicidaire d’homme malades

Endoloris par le culte, la religion

Engoncés dans l’ignorance, martyrisés.

 

Naissance d’une nouvelle mort qui

N’en termine jamais, infatigable.

Nativité précoce d’un rejeton déformé

Naturelle souffrance du nourrisson

Notion d’orgueil, il est fier l’homme se suffisant.

 

Cascade éternelle, fluide mortel

Cycle de survie en amont du temps

C’est l’horreur, la misère

Cachant la joie par le malheur.

Côte abrupte, gouffre béant :

Costume de réalité, masque de vie.

Coupure cicatrisée de la nouvelle patrie…

 

 

 

Et voilà qu’il revint, il recherche la patience.  

 

 

Vandon Vincent/10/09/2003

 

 

   

Apprentissage

 

 

 

Diane chasseresse

 

 

L’eau miroitait au soleil

Telle l’écaille des poissons

Telle l’armure des guerriers de jadis

Telle la lumière du cristal.

 

Elle paraissait d’une pureté,

Je ne pus y goûter

Sans troubler l’onde cristalline

Et sa gaieté depuis longtemps oubliée.

 

Un pied maladroit vint fouler l’eau

Et troubler sa clarté,

Y déposer sa saleté

Et baigner ses pieds maculés.

 

L’homme partit, l’eau s’écoula de nouveau

Le calme reprit sa place,

Une biche vint boire dans le courant d’eau

Mais personne ne lui donna la chasse.

 

La biche était d’une beauté sans égale,

Aucune bête ni aucun animal

Ne pouvait être plus gracieux

Et d’en haut, l’envièrent les dieux.

 

Une flèche sans pitié,

Vint la pénétrer et son cœur fut abîmer,

Et sur cette terre, elle ne vécut plus jamais.

Le cœur de toute biche est à la vue de l’homme

A jamais effrayé,

Et l’eau ne retrouvera jamais sa tranquillité.

 

 

 

VandonVincent

 

 

 

L’homme, ce pêcheur,

A part milles fois démontré sa faiblesse

En commettant d’innombrables erreurs,

Il a prouvé sa lâcheté et sa bassesse.

 

Ô toi, Homme ! Maintes fois malmené,

Aux quatre coins du monde crucifié

Ne cesseras-tu donc jamais

Cette éternelle quête du saint Graal vrai ?

 

Sans repos de l’âme et de l’esprit

Le profit hante tes nuits

Sache la Vérité !

Celle qui apporte bonheur et gaieté :

 

L’Homme Est quand il le veut

La quête n’est ni le profit ni la Fortune

Elle est tolérance envers les Autres

De ne pas se comporter comme l’un des apôtres

 

Elle est sympathie de toute chose, de tout être

Celle qui ne prévient pas mais qui nous pénètre

 Avec la douleur de la Vérité ressurgissante,

Encore aujourd’hui ses fresques sont rougeoyantes.

 

L’homme est la bête, la bête est l’homme :

Ils se sont redressés, on marché et pensé, ensemble.

Et par delà vents, marées et nuits noires,

En son âme il perdure éternellement : l’Espoir

 

Vandon Vincent/20/09/2003

 

 

 

 

Male

 

Elle a lacéré la chaire

Elle est là depuis la nuit des temps

Tranchante et brillante

Objet d’art et de mort

 

 

Comme d’habitude selon la coutume

Elle pénètre et ressort

Le coup est porté et l’animal s’écroule

Le cou n’en a pas trace, rien ne s’y écoule

Plaie ouverte refermée

Par le froid contact de la vie, de la mort

 

 

 

Vandon Vincent/16/09/2003

 

 

Espoir purgé

 

Terre, lieu d’anarchie et de préjudice

Fosse commune où règne l’avarice

Cimetière des maux et des péchés divins

Purgatoire où les bons serons démenés

                 Où lutte les diables ces fouineurs universels

Cherchant sans cesse l’appât du gain

Enfer, caverne de Satan

Paradis de mécréants

Univers de charlatans.

 

 

Mais où es-tu ?

T’es-tu lassé de notre vue ?

T’es-tu lassé de contempler notre bonheur ?

T’es-tu lassé de rectifier nos erreurs ?

Je te reconnais bien là, va tu as raison !

Tu ne trouveras dans la nature aucune désillusion

Parfaite tout comme toi vierge et belle

A la pensée universelle, à la vie éternelle

Elle croît à tout, à rien.

Fille unique de la Terre

A la fois généreuse, et aussi cruelle

L’homme n’est pas digne de fouler son parterre

Il ne fait pas parti d’elle

Elle tout.

 

 

 

Vandon Vincent/09/09/2003

 

 

 

Rêves de splendeurs dans un univers étoilé

Pâles lueurs dans cette lointaine voie lactée

Amusement infantile face aux beautés

De la vie imaginée de l’homme créé

 

 

Petites lanternes au milieu d’un océan

De petites lumières cosmiques, fille du néant

La Terre verte, bleue et grise à la fois

Belle, comme au temps jadis, vivante parfois

Neutre sans état d’âme m’emplissant de joie

L’amour présent, l’amour régnant, la seule loi

Le verdict et la sentence du juré : Aime !

Pour la seule sensation.

 

 

La source est tarie

Mais l’oiseau à peine refait son nid

Que l’œuf de la vie éclôt à nouveau

Et ainsi naquit le petit veau.

Le phénix s’est brûlé les plumes.

Il vivra cent vies d’homme l’éternel

Le seul qui connaisse le vrai sens des runes

Le seul qui sache l’origine

Ayant assez vécu pour savoir

Enfouies profondément en l’homme paresseux

Des vertus et des qualités.

 

 

Vandon Vincent/11/09/2003

 

 

 

 

Poèmes Orphiques

 

Pâris

 

 

Au pied de l’arbre, le songeur immobile

Confronté au choix le plus difficile ,

Tandis que le coursier de bois

Attend que sommeille Troyes…

 

La statue de pierre s’enfonce dans l’oubli,

Gravissant marche après marche l’escalier de la nuit.

Belzébuth veille, l’issue il révélera,

Et à jamais tout s’obscurcira.

 

Le voilà cet oiseau de grande envergure

Pauvre aigle solitaire

Qui du fond des abîmes sauvera ce songeur de pierre.

 

Ne céderas-tu pas ta place à la nature

Pauvre penseur guetté par la folie

Bientôt sur toi se refermera la nuit !

 

 

 

 

Vandon Vincent/25/09/203

 

 

Morgane

 

 

Lumière salvatrice des cristaux de verre

Eparpillée aux quatre horizons

Gaspillée à travers la Terre

La voilà qui revient la dernière saison

 

 La blanche licorne fut foudroyée

Brisée fut la lame d’Excalibur

Et pareille à la glace, elle demeura dure

Le roi seul la mania avec habileté

 

Viendra le jour bénit de la résurrection

Plantes et arbres en tout lieu repousseront

Et la belle licorne la vie retrouvera

 

La terre, la mer et les cieux seront déchaînés

La lame brisée sera reforgée

Et la lumière de l’oubli resurgira

 

 

Vandon Vincent/25/09/2003    

 

 

 

 

Âmes en péril

Dans un monde où l’on verse des larmes d’argile

Pauvres moutons égarés dans le rien,

Recherchant un divin soutient.

 

Maudits soit ces vautours sans scrupules

Qui par le monde pullulent !

Opportunistes inopportuns de la vie,

Charognards en quête de profit.

 

 Que votre absence nous ramène à la raison,

Fées, mages et chimères de tous aspects

Revenez à nous quand commencera la première saison

Revenez à nous maintenant que séjourne la paix.

 

Mal de mer à bord de la Terre

Pitoyable, l’homme belliqueux bel

Au fond du trou il se tère.

Pauvre homme naïf à tout rebelle !

 

N’entends-tu pas l’appel de ce dieu muet,

Etouffé par le sang et la chair,

Caché en ton sein par ses confrères :

Pour toujours il disparaît.

 

Car c’est qu’il fut caché

Dans le seul endroit où il ne sera trouvé

Etourdi par le battement sourd de la vie.

Allez-y. Cherchez-le tant que vous voulez, mes amis.

 

 L’Oracle disait “connais-toi toi-même ”,

L’homme fou et fainéant

Ne pense qu’en mangeant,

Il n’a pas le temps de se connaître lui-même !

 

L’esprit s’évadait au-delà de l’espace et du temps

Il avançait dans sa quête sans se retourner nullement

Pendant ce temps Pluton gagnait son du :

Les milliers d’âmes des vaincus.

 

 

 

Vandon Vincent/26/09/2003

 

 

 

L’héritage ancestral

 

 

 Qui de l’homme où du poète

Seule pourra y répondre sa muse honnête

Celle qui nous a aimé l’un comme l’autre

Celle avec qui sur le lit on se vautre

 

L’homme nourrit le poète affamé

L’abreuve de toutes sortes de boissons

De ces mets Orphée compose des chansons

Et lui ouvre toute grande sa pensée

 

Mais l’homme égoïste masque son confrère

De peur d’être railler par ses frères

De son côté du masque le poète s’ennuit

Son rôle terminé il s’endormit

 

Il a jeté sa lyre, fait bagages et provisions

Le voilà partit au pays de l’inculte

Son langage est tourné en dérision

Sa religion n’est pratiquée dans aucun culte

 

Sa mer s’est brisée comme une maison de verre

Commence la découverte de l’univers

La laine du destin est à portée de ciseaux

Le voilà prit entre l’enclume et le marteau

 

 

 

 

Vandon Vincent/05/10/2003

                                                                          

 

 

 La vie passe au cœur des hommes

Comme la brise au creux de la main

Comme l’homme dans un univers de satin

Et la vie passe au cœur des hommes

 

Alors que Bacchus me donne le gîte

L’ivresse s’empare de mon esprit inutile

Le rend gai et futile

A la portée de ma chère Aphrodite

 

La rosée amoureuse mouille mon cœur ténébreux

Et le brise comme de la porcelaine

Pour moi commence le cercle vicieux

Destiné à creuser ma peine

 

Par tes mots, par tes regards et par tes sourires

Sauve-moi du néant auquel j’aspire

 Empêche-moi de la creuser à la pelle

Apaises-moi, toi qui es belle

 

Déjà le temps me glisse entre les doigts

Comme un immense drap de soie

Le fil du destin sera coupé

Par cette vieille immortelle aux mains décharnées

 

Qui sans cesse tend et coupe

Avec cette fâcheuse obsession qu’elles ont toutes

Elles assouvissent les supplices de Pluton

Et C’est alors que tourne l’Aquilon

 

Mon esprit se reflète comme dans un cristal

Le pêcheur s’en revient seul

Sans cargaison, sans prise, pêche banale

De l’espoir il fera le deuil

 

 

Vandon Vincent/03/10/2003

  

 

 

Une lumière folâtre emplissait les lieux

Celle-là même qui illumina la louve

C’était un gigantesque brasier lumineux

Qui haut dessus le monde couve.

 

Au fond de cette conque enfumée

Seule repose l’eau asséchée,

Qui, régnant dans son labyrinthe déserté,

Etait couronnée d’une clepsydre cassée.

 

La prédiction de l’indicible destin :

A nous se présenta le père de l’orphelin,

De sa voix de taureau nous dévoila

La souffrance éternelle de l’au-delà

 

 

 

 

Orphée à Venise

 

 

S’avançant parmi ces vieilles âmes

Toutes de noir vêtues,

Aux visages blancs comme les monts enneigés :

Bière de la flamme,

 

Il effleura la froide joue d’une Euménide

Jouissant de la souffrance homicide…

Au milieu de cette place sombre,

Eurydice avance parmi les ombres.

 

Deux lanternes interdites brûlaient sur sa vie

Mais lui sont à jamais cachées par la nuit.

« Brave la balance et tu la perdras

Obéis lui et tu souffriras… »

 

San Marco en cette période de l’année

Voit passer un bien étrange défilé

 

 

  Vandon Vincent/décembre2003

 

 

 

L’homme à la lyre est parti,

L’homme qui aime s’enfuit,

L’homme qui pense a la peste.

Reste … 

Il s’éveil…sombre…s’éteint.

L’heure n’a de cesse de le tourmenter.

 

Voilà l’heure qui sonne…

Le cavalier ailé dans son puit descendu

Comme un fauve à tête de femme

Vient brûler sa carcasse à l’amour déchue.

 

Mains et pieds. L’homme ne marche pas.

Il ne vit ni ne meurt.

Hélas ! Que son sommeil est triste.

 

Il se sabre le flanc,

Porte ses mains à ses dents,

Son œil ne brille plus comme avant !

Du blanc au noir …

 

Pourquoi ses yeux sont-ils de verre ?

 

 

Vandon Vincent

 

Les violeuses

 

La muse de pacotille

 

 

Mon imagination, ce terrain

Trop longtemps laissé en jachère,

Où j’ai cultivé en vain

Mais tu l’as rendue fertile cette terre.

 

Toi belle au yeux d’amande

Au visage de l’enfant que l’on réprimande

Toi belle en tout heures, en tout lieux

Que l’horloge n’effacera pas des cieux.

 

Sais-tu que je t’aime femme

Ma bien-aimée au cœur de pierre,

Ma muse aux yeux voilés, sans états d’âme,

Est-ce mon cœur que tu enterres ?

 

Ma belle rose au doux parfum de mai

Présence divine, aura bénit,

Je t’aime pour ce que tu es

Allez va, ma patience est infinie

 

A tes pieds je m’incline

Et baise tes pieds, ô reine d’Egypte

Aimes-moi et je t’appellerai divine

De l’autel jusqu’à la crypte.

 

 

Ô ma bien-aimée.

 

Vandon Vincent/30/09/2003

 

 

Pourquoi ?

 

  Qui es-tu demoiselle mélancolique

    Qui de par milles éclats m’éblouit ?

N’aimes-tu pas la vie

Pour la vouloir quitter de façon si tragique ?

 

Mon corps est le tien pour un mot

De ma porte tu possèdes la clef

Entre, vient être ma dame de pique

Viens et essuies ce sanglot

 

Versatile, la pauvre elle qui m’a inspiré

Son rimmel lui caresse la joue

Ses yeux d’enfant de tristesse sont cernés

Lunatique, la pauvre moi qui l’ai aimée comme un fou

 

Allez va je te pardonne

Puisses-tu me garder sur tes lèvres en feu

Puisses-tu accepter les baisers que je te donne

Pour toi je vaincrai les déesse.

 

 

 Vandon Vincent/30/09/2003

 

 

Élixir

 

Coups portés dans la nuit

Doucement se vide la clepsydre

Les eaux du Styx se déchaînent

L’Enfer accueille un amoureux du cidre

 

Voilà l’homme orgueilleux

Qui rentre là où il est le mieux

Le voilà content dans sa niaiserie,

La savourant comme une bonne nuit.

 

Ce soir il a couché avec la plus fidèle des compagnes

La serrant à ses côté, froide comme un cadavre déterré

Toujours en elle coule l’ivresse de l’assoiffé.

Avec elle on fête les grandes campagnes…

 

Le goulot laisse fuir les songes infinis,

Qui lui rendent la douceur de ses rudes nuits,

Par gouttelettes s’échappe son élixir.

 

 

 

Vandon Vincent/03/10/2003

 

 

Fantasme d’un poète

 

 

Derrière son masque de vie, nue,

Deux lunes jaunes pâles miroitent

Renvoyant l’inhumaine image que revête

Une immonde carcasse dévêtue

 

De sa peau coule un liquide visqueux

Le visage décrépi, lisse sans aucune ride    Sa face est comme un désert aride

Où trônent quelques rares cheveux belliqueux

 

De ses orbites tombent des yeux plein de chagrin,                Elle suinte abondamment.

La démarche hasardeuse, butant contre l’indicible destin,

Elle avance malgré elle contre le temps.

                          

Chaque saison elle revint me hanter

Jusque dans mes velours elle vient me trouver.

Sombre esprit ! la nuit me talonne

Maintenant que minuit sonne.

 

Tes supplices ne seront me détournés

Du chemin plein de ronces que j’ai emprunté.

Je la savoure jusqu’à l’extraction

Cette douleur que me procure l’épine de la désillusion

 

Laisses-moi rentré dans mon lit de terre

Laisses-moi retourné dans mon cimetière

Je t’invite pour la saison prochaine,

Ma chère ombre, à agrandir ma peine.

 

 

Vandon Vincent/09/10/2003

 

 

 

Sombre rêve d’une éveillée

Arpentant le chemin de l’oubli.

Sa couche, encore salie

Par la terreuse trace d’un mort déterré,

 

Suite l’insomnie volontaire.

Là, au milieu des ombres elle erre

Pauvre Delfica endormie

Par l’hypnotisant chant de la nuit.

 

Dans son univers obscurcit

D’un suaire tendu au-dessus de sa vie,

Elle va par-delà le chemin

Sans toutefois en connaître la fin.

 

Son esprit est une matrice universelle,

Engouffrant en son sein le meurtrier d’Abel,

Prise par la main d’une inconnue sans vie,

Précipitée avant l’heure dans la crevasse de la nuit…

 

 

Vandon Vincent/17/10/2003

 

 

Poèmes Infinis

 

 

Amour, pourquoi tant de larmes versées ?

Amour, pourquoi tant de cœur blessés?

Tu viens quand l’on reprend haleine

Et part en laissant souffrance et haine.

 

Amour, petite flèche arrivant impromptue

Amour, goulettes troublant la vue.

 

2002

v    

Dieu sur son pont nuageux

Voit passer la gondole des amoureux,

Les soldats qui, la tête sous l’eau moisie,

Etouffent dans cette épaisse têt de lit.

 

La lumière est le commencement de la nuit

Là où la poussière nage parmi les débris.

La serrure est la main de Dieu…

Mais la toile du temps se tisse haut dans les cieux.

v    

Novembre 2003

Barque de l’incompris

Voguant sur les flots du temps,

Paisible au milieu de cet océan assombrit

Sur lequel ne souffle plus aucun vent.

 

Forteresse personnelle de son esprit

Assiégée au cours de nombreuses guerres,

Eternellement mutilée par l’amant de Cybèle

Pour lui seul elle est l’espoir universel

Novembre 2003

v    

Au fil de ma plume s’écrit

Le livre des morts :

Elle a lu dans mon âme avilie

Comme un aigle qui jamais ne dort.

Novembre 2003

 

Le regard posé au loin,

Cherchant dans la brume une chandelle

Le cœur suppliant sa cruelle belle,

Embrassant la lueur de pitié sur chacun de ses seins.

 

Ses pas s’éloignent de la rive obscure,

Voûté, le pas hasardeux,

Trébuchant dans ce terrain pierreux

Semant à sa suite en guise de nourriture

Le fruit de son chagrin,

Les larmes de son désespoir.

Esquivant les endroits noirs.

Son visage s’éclaire…

 

 

 

v

 

   

Elle est seule au monde

Face à la lumière de l’interrogatoire

Qui l’aveugle comme une fumée noire.

Nous la lui avons généreusement creusée…

 

Elle s’est mutilée.

De sa chaire originelle

Ne subsistent que des lambeaux, verts et bleus.

Vous l’avez ombragée d’une stèle !

 

Et comme une chienne agonisante,

Elle rampe et se campe aux pieds d’or.

Elle est Prométhée et son supplice, lassante,

S’entaillant le flanc, dans sa chaire elle mort

 

Tu l’as couronnée d’une belle croix.

 

   

v    

 

 

 

Le Mort sort de sa retraite marbrée.

 

Et comme un spectre errant

Au milieu des vivants ne le voyant,

Il s’avance, son pas retentit

Sur le marbre de la dalle jaunit ;

 

Sa voix ne trouve aucun échos

Et tombe dans un profond oubli,

Comme la pierre jetée au fond du puit.

 

 

 

v    

 

 

Le messager ailé s’envole pour sa course lointaine

Tandis que, adossé au mur de ses espérances,

Le poète attend le voyageur avec méfiance.

L’Ulysse des cieux infinis doit subir la haine.

 

Dans sa patte une plume.

Il effleure de la main l’écume.

Dans les yeux la passion de Diane,

Dans la main sa vieille canne.

 

Les ailes déployées dans le vent,

Attiré malgré lui par un doux chant

Vers les écueils de son amour :

Il est le souffle de vie du vent.

 

Sur un navire naufragé il a navigué

 

En un temps je nageais

En un temps je mourrais

 

 

v    

 

 

 

L’espoir a été plongé sans hésitation

Dans l’océan de mes passions

Et comme le sable fin,

Dans ma main s’est éteint.

 

Il est le souffle de vie du vent.

   Il est la vaguelette du grand océan.

 

 

 

v    

 

 

Les dix dernières pensées d’un condamné:

 

v      

 

Tu dans un rêve

 

v      

 

 

  Sphinx à mon corps,

Chimère à mon sort,

Chacun de tes regards

Est à mon âme un coup de poignard

Qui m’entaille le sein.

Ô malheureux dessein !

Chacune de tes pensées est un feu qui me damne

Chaque espoir est une foi qui me condamne

 

Tu es le feu de mon incertitude

Et le bourreaux de ma quiétude.

Pas un instant sans que mon esprit ne songe à toi

Ô Cybèle à mon corps en émoi.

Pas une seconde sans que ton souvenir

Ne harcèle mon pauvre esprit pour toi martyr.

Pas une minute je ne voudrais

Détourner mon âme de tes attraits.

Pas une heure sans que je ne veuille voir ton visage

Qui dans mes yeux se reflète comme une sainte image

 

 

 

Chacune de mes pensées fait sur moi tomber la nuit.

Le soleil d’un rouge se couchant

Me rappelle le pauvre bougre qui me suit…

 

Chacun de mes songes est pour moi une mort.

Le soleil d’un bleu se levant

Me désigne comme celui qui se résigne au sort…

 

Chacun de mes pas m’éloigne un peu plus des tiens.

Le soleil de plomb me chauffant

Cache un être difforme à ma suite venant…

 

Vandon Vincent/29/11/2003

 

v      
 

Je et Tu comme une inspiration

 

v      
        Utopie
[Hommage à un certain Eluard]

 

 

Le sang, noircit par la cendre fumante encor,

Creuse la Terre retournée et son herbe rougit.

Comme l’alchimiste change la boue en or,

Le sabre et le canon font du temps un beau charnier.

 

Je trébuche sur les ruines de ce désastre.

Ce champ où je marchais à la lueur des astres.

Cette herbe, cet arbre, cette pierre qui habitaient ma vie

Avaient été coupée, brûlé, détruite par des torches humaines.

 

Ici, la terre gorgée de notre sang.

Là, des monceaux de cadavres entassés

Nous vomissons al carne y al vino por el tiempo

Comme une corne d’abondance cassées.

 

Partout, une immense étendue écarlate

Dont les flots porteraient mes pieds ressuscités.

A leur âmes perdues, à leur sang immaculé.

Un pieux dans mon corps enfoncé délivre mon âme croyante.

 

Il n’y a pas de morts, il n’y a que des hommes.

 

Vandon Vincent Mars 2004

 

 

v      

 

 

Tu et Je comme un mirage

 

 

v      

 

 

 

Celle qui sans nom parcourt les pays,

Celle aux innombrables noms passe les frontière.

Celle qui marche est sans jambe,

Celle qui fauche est sans bras ni faux.

 

 Pas un os, pas un bout de chair

Sans l’ombre d’une pensée ou d’un sentiment,

Mécanique implacable, dénudée, décharnée.

 

Elle vint me trouver, moi, adossé au mur de pierre,

Elle qui est unique et pourtant multiple.

 

Mon enveloppe charnelle était liée à un pilier,

Plus léger et simple que ceux des temples sacrés,

Mais plus dur le roc lui-même.

 

Mes pieds creusaient la terre pour y trouver asile,

Mes ongles raclaient le bois du pilier,

Mes yeux avaient été bandés d’un ruban noir.

Au loin…le son entraînant d’un roulement de tambour.

 

J’entendis une détonation. Je vis une ombre approcher.

Elle me délia pieds et poings,

Dévoila mes yeux aveuglés,

Et m’entraîna à sa suite dans une course frénétique.

 

Je cours encor…

 

Je n’étais pas le premier, je ne serais pas le dernier.

 

Vandon Vincent 22/03/2004

 

 

v      

 

 

Tu est un autre Je

 

 

v      

Arborescence

 

 

Le faiseur de mot dans l’herbe allongé,

Le faiseur de mot dans l’eau va nager.

Descends de ton socle et tombe ce manteau de pierre

Qui pèse plus les années s’entassent sur ta chaire.

 

Montres aux passantes tes bras reflorissants,

Ne leur caches pas tes tiges embourgeonnées,

Vois tes racines dans les siècles enfoncées,

Tes frêles jambes aux roseaux s’apparentant.

 

Donnes leur à sentir les parfums de ta peau.

Comme le conteur aux spectateurs silencieux,

Laisses-les percevoir le murmure de l’eau

Priant dans tes veines comme un ermite pieux,

 

Et dans ta poitrine en écorce de bouleau,

Le léger gazouillis paisible et apaisant

Du timide rossignol, de ton cœur d’œuf sortant,

Parvient à leurs oreilles de vilains corbeaux

 

Pour une mélopée claire et enivrante,

Tu jettes à leurs esprits en délire,

Le fruit de ta vieille vie passionnante,

Ainsi se dessine sur leur cri de joie un timide sourire.

 

Quand bien même aurais-tu milles ans,

Quand bien même seraient-ils en sang,

Ils ont été corbeaux et resteront corbeaux

Sacrés pour garder leurs manteaux de plumes chauds.

 

Et toi, les yeux clos et le bouche refermée,

Ton enveloppe charnelle a désormais muée ;

Les pieds dans une mare de sang fraîche encor

Pleurant toutes la sève de ton corps,

 

Tu regrettes de leur avoir léguer ton savoir,

Car ils se mettent à boire comme à croire.

Tu entonnes à leur corps endoloris

Une comptine qui pour toujours les endormis.

 

Dans ta peau de bois nous les avons déposés

Depuis, avec toi, ils se mettent à chanter.

Tes racines sont coupées, diseur de remords.

Dans la sciure étendu un vieux diseur est mort.

 

 

Vandon Vincent 24/02/2004

 

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Je dans la peau et les pensées de Il

 

 

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Une amour morte

 

 

En un songe apaisant,

L’horloge s’est arrêtée dans sa course frénétique.

Les aiguilles ont fondu comme une dame de pique,

Le cadran brillant et m’aveuglant…

 

La machinale infernale dans son cercueil d’ébène est enfermée.

Dans un bruit de rouage, j’ai vu deux mains

S’avancer pour me tordre le cou et le cœur me percer.

L’horloge d’ébène dans un brasier voit brûler sa fin.

 

La balance a perdu l’équilibre.

En son cœur d’or et d’argent fut coupée sa fibre.

Dans un fracas elle s’est écrasé au sol,

En gémissant mais personne ne l’entend.

 

Pas même vous chimères à mon âme ouverte.

Ma face blême de mon sang recouverte,

Le long et lourd pendulier

En mon être vint se figer,

 

Comme une hache vengeresse

Maniée par le guerrier amoureux

Défendant son royaume avec ardeur.

Et le sang coule de ma blessure comme un élixir.

 

Pourquoi boire ce sang si triste et malheureux ?

Ne l’écoutez pas puisque personne ne le peut !

Seules ennemies à son cœur déclarées,

En traîtresse dans ses yeux vous êtes entrées.

 

Pourquoi la douleur lui parvient

Tandis qu’à moi n’arrivent que ses échos lointains ?

Testament…Prophétie…Serment…

A moi derniers songes de serpent !

 

 

 

Je t’offre une corde pour aller mourir plus haut,

Tu es le bois pourrit qui contient l’eau

Et la mince corde moisie qui te remonte,

C’est moi.

 

Je t’offre ma volonté en guise de couteau,

Eguisée elle est prompte à tout trancher.

Uses-en, donnes-lui ta chaire en cadeau,

Pourquoi ne veux-tu pas m’y aider ?

 

En ma poésie je le cherche ce remède,

En vain l’espoir d’un temps fait les larmes d’un autre.

Chevauches-les donc ces mirages

Puisque tu adores les images !

 

Je ferme mes yeux. Une lame dans mon cœur y

Dérègle l’infernale machinerie

Au bout d’une corde la délivrance il a trouvé,

Oublié, charogne aux vautours abandonnée.

 

Le soleil cuisant le reste de ta chaire.

Le bout de tes pieds évite la terre,

Où ton sang mêlé au cracha

Dessine une étrange croix.

 

M’abandonnant, tu m’oblige à errer.

De toi maintenant affranchi,

Je vole la retrouver, ma muse sans vie.

Heureux, tu semble à nouveau rêver.

 

Vandon vincent27/02/2004

 

 

v      

 

 

Je n’est rien d’autre que Il

 

 

v      

 

 

Je Tu. Il nous veut. Vous me noyez

 

 

v      

 

 

Quant à Vous, achève moi

 

 

v      

 

Un festin d’oracle

 

 

Et dans la mort comme un damné.

Et dans la vie comme un châtié.

 

L’aveugle, attablé pour un repas final,

Voit comme dans une boule de cristal

Le festin étoilé s’offrant à ses yeux crevés,

Comme un liquide noir que ne peuvent saisir ses mains trouées.

 

Pénétrant ses paumes dans cette chaire tragique,

Plongeant désespérément le récipient percé de ses croyances

Dans un morne breuvage qui encense,

Dans la visqueuse substance énigmatique.

 

Le visage, comme un enfant joyeux,

Malgré les sphères arrachées de ses yeux,

Ployant sous la fatigue, fait naître un timide sourire

Qui, l’instant suivant, laisse échapper un dernier soupir.

 

Le voile noir, pareil à une chaude couverture,

Est tiré sur son tombeau mourrant :

Son feu qui désormais le brûle s’affaibli, se dénature

Petite étincelle dans un suaire de néant.

 

Le linceul s’étend sur la panse de la femme enfantant,

Traînant et effaçant les pas de l’adolescent,

Essuyant le glaive taché de sang du parent,

Voilant le regard du vieux mourrant.

 

Seul, héros déchu, roi foudroyé, homme nu et coupable

Sous le rayon incandescent des Dieux impitoyables,

Rouage solitaire submergé par ses contraires,

Fils parricide, fils inceste : il est sans pair ni mer.

 

Et dans la vie comme un accusé.

Et dans la mort comme un condamné.

 

Vincent Vandon 04/02/2004

 

v      

 

 

Je n’est qu’une main

 

 

v            

 

 

Je est universel ou néant

 

 

 

Mais que m’importe, je suis déjà mort.

 

Le Miroir

 

 

 

Préface :

Ce recueil, malgré le fait qu’il vive par lui-même, est dénué de toute volonté critique ou satirique envers la société, quoi que puisse en dire les probables lecteurs. Ces poèmes sont une quête, une quête de l’identité, du style mais aussi du beau, car, du premier au dernier poème, ma seule volonté a été de distraire, de faire passer un  bon moment. Je n’ai pour habitude de prendre position, d’autant plus maintenant parce que je n’est nulle envie que des espèces d’intellectuel habillés de grands mots viennent déformer mes propos et il me semble que dans notre société où le moindre secret est filmé, nous avons de moins en moins de secret à garder, ainsi je pense laisser close ma boîte de pandore

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