NO HOUSE IN NEW ORLEANS
Larry Bradshaw & Lorrie Beth Slonsky
Ce témoignage à vif sur
WHERE
IS THE RISING SUN ?
Bien le bisou
Jimmy
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L'ouragan Katrina — notre expérience
Deux jours après que l'ouragan
Katrina ait frappé
L'aide promise par les gouvernements féderal, étatique et local ne s'est jamais matérialisée et les vitrines de Walgreen ont été défoncées par les pillards. Il y avait une alternative. Les flics auraient pu casser une petite vitrine afin de distribuer les cacahuètes, les jus de fruits et l'eau en bouteille d'une manière organisée et systématique. Mais ils ne l'ont pas fait. Au lieu de ça, ils ont passé des heures à jouer au chat et à la souris, chassant momentanément les pillards.
Nous suspectons les médias d'être
inondés d'images héroïques des gardes nationaux, des soldats et des policiers
luttant pour aider les "victimes" de l'ouragan. Ce que vous ne verrez
pas, ce dont nous avons été témoins, c'est que les héros et les héroïnes
du véritable effort pour résoudre les problèmes de l'ouragan ont été : la
classe ouvrière de
Le jour 2, nous étions
approximativement 500 à être restés dans les hôtels du quartier français.
Nous étions un mélange de touristes étrangers, de participants aux conférences
(comme nous deux) et de natifs de la ville en quête de sécurité à chercher
refuge dans les hôtels. Certains d'entre nous avaient un contact par téléphone
portable avec de la famille et des amis en dehors de
Nous avons décidé de nous sauver nous-mêmes. Alors nous avons mis en commun notre argent et avons réservé 25 000 $ pour faire venir dix autocars qui nous sortiraient de la ville. Ceux qui n'avaient pas les 45 $ nécessaires pour le billet étaient subventionnés par ceux qui avaient plus d'argent. Nous avons attendu 48 heures pour les autocars, en passant les dernières douze heures dehors, partagent le peu d'eau, de nourriture et de vêtements à notre disposition. Nous avons créé une zone d'embarquement prioritaire pour les malades, les vieux et les nouveaux-nés. Nous attendîmes jusque tard dans la nuit l'arrivée imminente des autocars. Ils ne sont jamais arrivés. Plus tard nous avons appris qu'à la minute où ils arrivèrent aux limites de la ville, ils furent réquisitionnés par l'armée.
Le jour 4, nos hôtels n'avaient
plus ni pétrole ni eau. L'hygiène était dangereusement abyssale. Tandis que
la frustration et le désespoir montaient, la criminalité et le niveau d'eau
montaient aussi. Les hôtels nous ont expulsé et ont fermé leurs portes, nous
disant que les "autorités" avaient demandé que nous rejoignions le
Centre de convention pour y attendre les autocars. Lorsque nous entrâmes dans
le Centre, nous avons enfin rencontré
Les gardes nous ont dit aussi que le seul autre abri de la ville, le Centre de convention, était aussi en train de devenir le chaos et que c'était interdit aux policiers de laisser entrer n'importe qui de nouveau. Naturellement, nous avons demandé : "Si nous ne pouvons pas aller aux deux seuls abris de la ville, quelle est notre alternative ?" Les gardes nous ont dit que c'était notre problème et qu'ils n'avaient pas d'eau à nous donner. Ceci était la première de nos nombreuses rencontres avec les "forces de l'ordre" ineptes et hostiles.
Nous avons marché jusqu'au
commissariat à Harrah sur Canal Street et là nous avons entendu la même
chose, que nous devrions nous débrouiller par nous-mêmes et qu'ils n'avaient
pas d'eau à nous donner. Notre groupe comptait maintenant plusieurs centaines
de personnes. Nous avons tenu une assemblée générale pour décider quelle
action poursuivre. Nous nous sommes mis d'accord pour faire du camping devant le
commissariat. Nous serions exposé aux médias et cela constituerait une
humiliation visible pour les autorités de la ville. La police nous a dit que
nous ne pouvions pas rester. Tout de même nous avons commencé à nous
installer et à faire un camp. Bien tôt, le commissaire a traversé la rue pour
s'adresser à notre groupe. Il nous a dit qu'il avait une solution : nous
devrions marcher vers l'autoroute Pontchartrain et traverser le grand pont de
Nous nous sommes organisés et
nous étions 200 à marcher vers le pont avec beaucoup d'excitation et d'espoir.
Pendant qu'on passait le Centre de convention, plusieurs natifs de la ville ont
vu notre groupe déterminé et optimiste et ils ont demandé où on allait. Nous
leur avons répété les nouvelles fantastiques. Des familles ont immédiatement
pris leur peu de possessions et nous ont rejoints. La taille de notre groupe a
doublé, puis elle a doublé encore. Nous avions avec nous des bébés dans des
poussettes, des gens appuyés sur des béquilles, des vieux et d'autres en sièges
roulants. Nous avons marché les 4-
Quand nous sommes arrivés près du pont, les policiers armés ont formé une ligne à travers les pieds du pont. Avant que nous les ayons approchés assez pour leur parler, ils ont commencé à tirer avec leur armes au-dessus de nos têtes. Ceci a fait fuir la foule dans tous les sens. Tandis que la foule s'éparpillait, quelques-uns d'entre nous se sont approchés d'eux pour les engager à discuter. Nous leur avons répété notre conversation avec le commissaire. Les policiers nous ont informé qu'aucun autocar n'attendait. Le commissaire nous a menti pour nous faire bouger.
Nous avons demandé pourquoi
nous ne pouvions pas traverser le pont quand même, surtout étant donné qu'il
y avait peu de circulation sur l'autoroute à six voies. Ils ont répondu que le
West Bank n'allait pas devenir
Notre petit groupe a reculé
jusqu'à l'autoroute 90 pour se protéger de la pluie sous l'autoroute. Après
avoir débattu des alternatives, nous avons décidé de construire un camping au
centre de l'autoroute Ponchartrain, sur les bords du milieu, entre les sorties
O'Keefe et Tchoupitoulas. Notre logique était qu'ainsi nous serions visible de
tout le monde, que nous aurions de la sécurité en étant sur une autoroute surélevée
et que nous pourrions attendre et regarder pour l'arrivée des autocars. Toute
la journée, nous avons vu d'autres familles, individus et groupes qui faisaient
le même trajet sur la pente dans un effort pour traverser le pont et se
faisaient toujours repousser. Certains étaient chassés par le feu des
munitions, d'autres ont entendu simplement "non", et il y en avait
d'autres qui se faisaient agresser verbalement et humilier. Des milliers de gens
de
Entre-temps, les deux seuls
abris de la ville continuaient à se dégrader. Le seul moyen de traverser le
pont était en véhicule. Nous avons vu des ouvriers voler des camions, des
autobus, des camions de déménagement et n'importe quelles voitures pouvant être
démarrées sans clés. Les véhicules étaient tous remplis de personnes
essayant d'échapper de la misère qu'est devenue
Notre petit camping a commencé
à fleurir. Quelqu'un a volé un camion de livraison d'eau et il nous l'ont amené.
Qu'on applaudisse tous les pillards! A peu près
Une femme avec une radio à piles nous a appris que les médias parlaient de nous. Exposés ainsi sur l'autoroute, chaque organisation de secours et d'information nous avaient vus en rentrant dans la ville. Ils demandaient aux autorités ce qu'elles allaient faire avec toutes ces familles qui vivaient là-haut sur l'autoroute. Les autorités ont répondu qu'ils allaient s'occuper de nous. Certains d'entre nous commençaient à avoir peur. "S'occuper de nous" avait un ton de mauvais augure. Malheureusement, cette crainte était justifiée. Au crépuscule, un policier de Gretna est arrivé, a pointé son flingue sur nos têtes et a hurlé : "Descendez de la putain d'autoroute." Un hélicoptère descendait et utilisait le vent qu'il créait pour faire s'envoler nos abris maigres. Pendant qu'on battait en retraite, le policier a rempli son camion avec notre nourriture et notre eau. Une fois encore, sous la menace du pistolet, nous fumes forcés de sortir de l'autoroute. Toutes les agences des forces de l'ordre semblaient menacées lorsque nous nous assemblions dans des groupes de 20 ou plus. Dans chaque assemblée de "victimes", ils voyaient des "émeutiers." Nous nous sommes sentis sécurisés en étant nombreux. Notre désir de "rester tous ensemble" était impossible car les pouvoirs nous forçaient à nous atomiser dans de petits groupes.
On s'était éparpillé encore
dans le pandémonium de notre camping envahi et détruit. Réduit à un petit
groupe de huit, dans le noir, nous avons cherché un abri dans un autobus
scolaire abandonné, sous l'autoroute sur Cilo Street. Nous nous cachions des éléments
criminels mais également et définitivement nous nous cachions des policiers
avec leur loi martiale, leur couvre-feu, et leur procédure de "tirer-pour-tuer".Les
jours suivants, notre groupe réduit à 8 personnes, qui marchait pratiquement
toute la journée, a pris contact avec les pompiers de
Là-bas continuaient l'humiliation et la déshumanisation de l'effort officiel des secours. Ils nous ont mis dans des cars et nous ont conduits dans un grand champ où ils nous ont faits nous asseoir des heures et des heures. Certains autocars n'avaient pas de climatisation. Dans le noir, on était des centaines à être obligés de partager deux toilettes portables qui débordaient. Ceux qui ont réussi à sortir de la ville avec des bagages (souvent quelques trucs dans les sacs plastiques déchirés) étaient assujettis à deux fouilles différentes avec des chiens. La plupart d'entre nous n'avait pas mangé de toute la journée car nos approvisionnements ont été confisqués à l'aéroport parce qu'ils déclenchaient les détecteurs de métaux. Pourtant, aucune nourriture n'a été prévue pour les hommes, femmes, enfants, gens âgés et handicapés tandis qu'ils restèrent assis des heures en attendant d'être vus par un médecin qui confirmera qu'on ne transportait pas des maladies communicables.
Cette réception officielle faisait un énorme contraste avec la réception chaleureuse et sincère que les Texans ordinaires nous avaient offerte. Nous avons vu qu'une employée d'une compagnie aérienne a donné ses chaussures à quelqu'un qui allait pieds nus. Les étrangers dans la rue nous ont offert de l'argent et des articles de toilettes avec des mots de bienvenue. Durant toute la catastrophe, l'effort de secours officiel était insensible, incompétent et raciste. Il y avait plus de souffrance qu'il n'en fallait. Des vies perdues sans nécessité...
Larry Bradshaw, Lorrie Beth Slonsky