Pas de poing
sur la gueule, juste quelques points sur des i (comme… informations)
Alternative libertaire, journal dissident créé sur l'initiative de l'association du 22 septembre, écrit par ses lecteurs-trices, n'est le journal d'aucune organisation, d'aucun parti. Alternative libertaire n'est donc le journal de personne. Mais ce n'est pas pour autant le journal de… tout le monde. C'est le journal d'expression d'individus qui, au-delà de leurs différences, se reconnaissent dans courant de pensée (et de valeurs, d'idéaux…) et un mouvement d'action, l'anarchisme dans toutes ses déclinaisons mais, bien entendu, autour d'un socle commun : les mêmes valeurs humanistes (liberté, égalité, fraternité, solidarité…), le même anti-autoritarisme, le même anti-étatisme… et le même projet (rêve ou utopie ?), l'anarchie.
A.L. n'est pas une maison d'édition qui servirait aux ambitions personnelles de certain(e)s écrivain(e)s aussi doué(e)s fussent-ils-elles mais qui, pour autant, n'arriveraient pas à se faire publier ailleurs, que cet ailleurs soit marchand ou militant.
Bien qu'anarchiste, A.L. n'est pas le fait ou la chose d'individus, aussi brillant(e)s soient-ils-elles : il est le fruit d'un (souvent dur, ingrat et… anonyme) labeur collectif de lecteurs-trices/rédacteurs-trices au sein duquel nul(le) n'a de préséance sur qui que ce soit. Anarchiste, A.L. n'est pas aux ordres et ne saurait être l'alibi de l'autoritarisme de qui et contre qui que ce soit. A.L. n'est pas le divan d'un psychanalyste sur lequel on viendrait étendre sa gonorrhée nombrilistique.
A.L. n'est pas un catéchisme, un livre de recettes de cuisine
(alimentaire ou idéologique), une relique, un fossile, un joujou,
un catalogue d'idées, un bottin de mondanités… Ce n'est pas non plus
un miroir dans lequel on se complairait à s'admirer, faute d'avoir été reçu(e)au
loft…
Mensuel, A.L. n'a pas vocation à être autre chose qu'un journal. Ce n'est donc pas un journal d'investigations qui auraient ses grands reporters, pour ne pas dire ses stars. Ce n'est pas non plus un succédané de publication de recherches universitaires (et, en particulier, historiques) et autres opuscules en panne… d'édition…
A.L. est un journal anarchiste militant fait, tant bien que mal – et, pour beaucoup, plutôt mal que bien, même si d'aucuns le considèrent comme de la merde, oubliant ainsi que, si des relents de merde remontent à leurs délicates narines, c'est seulement parce qu'ils-elles se complaisent à remuer… la merde, là où elle se trouve : dans les chiottes des mauvaises consciences, les fosses à purin de l'hypocrisie, dans les égouts du mensonge… -, par des militant(e)s… anarchistes.
A.L. pour reprendre son slogan, c'est :
Journal international
francophone, Alternative Libertaire est un mensuel indépendant, de critique
sociale et de débats.
Exempt de toute
prostitution publicitaire, Alternative Libertaire refuse, de même tout
subside d'État ou d'institutions tant nous sommes jaloux de notre indépendance
et de notre liberté de parole.
Ancré dans le courant
historique libertaire, Alternative Libertaire est au confluent des sensibilités
anarchiste, d'écologie sociale, syndicaliste révolutionnaire, féministe et
socialiste antiautoritaire.
Nous sommes ouverts à
toutes les démarches anti-capitalistes et émancipatrices de notre époque.
Alternative Libertaire
se veut une agora, un espace de discussions entre tous les individus et les
collectifs qui se retrouvent dans le large mouvement multiforme de celles et
ceux qui refusent la loi cannibale de l'argent et la bêtise des
"pouvoirs".
De par ses choix,
Alternative Libertaire ne vit que par la volonté agissante d'une poignée
d'activistes et le soutien, indispensable, de plus d'un millier d'abonné(e)s.
Chaque abonnement que
nous recevons est à la fois un signe d'encouragement et la base matérielle
indispensable à notre développement autonome.
Alors, si comme nous,
vous pensez qu'en cette période de confusion idéologique aucune des vérités
toutes faites du passé ne produira d'autres futurs.
Si vous avez envie d'échanger,
de communiquer, de dialoguer, de polémiquer, d'éclairer l'action par la réflexion...
abonnez-vous, abonnez vos ami(e)s...
Pourtant, depuis quelque temps, du fait de la prégnance
et du lyrisme débordant pour ne pas dire impérialiste de la plume de
certain(e)s, Alternative libertaire, insidieusement mais sûrement, se
transformait en un journal… janusien avec deux visages – et donc deux
expressions, deux lignes rédactionnelles
- ; d'un côté un visage échotier, incolore et clean, de l'autre un visage engagé, noir et (toujours) dissident et
révolté. En somme, embourgeoisement et réformisme-/- anarchisme, apaisement
de renoncement -/- agitation de révolte, B.C.B.G. -/- (mauvais) look de graine
d'ananar… !
Cette dualité n'a pas manqué d'être relevé par de
nombreux(ses) lecteurs(trices) qui ne reconnaissant plus dans l'anarchisme
originel d'A.L. ont cessé de s'y abonner. D'autres en ont fait de même
estimant que cette mutation était trop longue et que, en définitive, il valait
mieux choisir un original (Madame Figaro, Gala, Télérama, l'Equipe, C4, Image,
Reader's Digest…) à une (grise) copie.
Au sein des individus, cette déliquescence du
lectorat n'a malheureusement pas suscité un véritable débat rédactionnel
, autrement dit une confrontation idéologique, philosophique, politique… –
et non un affrontement de personnes – qui aurait sûrement eu pour effet de clarifier
les choses et d'apporter une réponse (anarchiste, il y a fort à parier) à
cette crise identitaire, ce dédoublement de la personnalité, ce
strabisme de valeurs…
Parmi les individus constituant et animant le
collectif A.L. (les rédacteurs-trices, les documentalistes, les petites
mains se tapant les pliages, la distribution…) un certain nombre et,
notamment celles et ceux de Liège réunis au sein du Groupe Anarquebuse, de
guerre (d'usure) lasse, de déceptions en démotivation ont préféré ne plus
écrire, ne plus rien dire tout en continuant de se taper les corvées
matérielles – délaissées, comme de bien entendu, par d'autres -, quelques
uns allant même jusqu'à penser à… démissionner pour, la liberté de
mouvement retrouvée, continuer d'agir… ailleurs.
C'est alors qu'Anarquebuse a subi une véritable
secousse sismique : la lapidation publique – insultes et accusations infondées
– de l'un de ses membres par un autre membre. Par décence, il ne convient pas
d'étaler les aspects personnels de cette affaire sur la place publique.
On se contentera donc de dire qu'elle a été révélatrice non plus d'une ligne
de partage entre deux conceptions rédactionnelles d'A.L. – d'une différence
en somme - mais bel et bien d'une fracture entre deux composantes du collectif
A.L., les réformistes et les anarchistes, les premiers, par cette affaire,
ayant tout simplement tenté un putsch pour évincer les seconds en
montant de toutes pièces à leur encontre un procès en sorcellerie
digne des pires (mauvais) feuilletons de l'Inquisition ou du stalinisme.
Les accusés, à la différence de leurs
accusateurs-trices, n'ont ni
déterré la hache de guerre, ni fait dans la vindicte publico-médiatique.
Après longue réflexion et force débats, ils ont tout simplement décidé de
quitter Anarquebuse pour fonder un nouveau groupe, Fratanar, qui, aussitôt, a
vu (re)venir à lui, de Belgique comme de France, plusieurs anarchistes,
(ex)membres du collectif A.L., ayant pour seul souci de continuer de
brandir bien haut le drapeau noir de l'anarchisme et, ainsi, de servir,
mais sans le moindre soupçon de docilité, de servilité et, a contrario,
d'autoritarisme, la cause anarchiste et, pour ce faire, d'œuvrer – de besogner
- pour A.L. en tant que journal d'expression, parmi d'autres, du mouvement
anarchiste.
Ainsi, si personne ne peut dire "Touche pas à mon
A.L." beaucoup, dont les membres de Fratanar, peuvent dire, voire gueuler
"Ne touchez pas à l'anarchisme d'A.L." dés lors qu'ils-elles se
revendiquent anarchistes, pensent et agissent comme tel(le)s et militent pour
A.L. afin que ce vieux journal puisse, à et de sa modeste place,
continuer d'exister et
Pour reprendre une vieille, mais explicite image :
depuis quelque temps, A.L. avait le cul entre deux chaises. Position on ne peut
plus confortable qui fait que, en définitive, A.L. n'avait plus d'assise. Il
fallait lui en retrouver une et, pour ce faire, l'asseoir sur son socle
d'origine : l'anarchisme. C'est là la seule ambition de Fratanar et, sans aucun
doute, l'attente de nombreux-ses lecteurs-trices d'A.L. auxquel(le)s il est
rappelé qu'A.L. est leur journal et que, plus que jamais, ils y exprimer
leur anarchisme, autrement dit y écrire !
Juste encore un autre point : que Fratanar dénonce
l'électoralisme – les appels à voter Chirac – ne constitue ni un
crime de lèse-majesté, ni une rébellion contre une autorité, ni l'attaque ou
l'insulte d'un individu ou d'un groupe d'individus mais bien seulement la réaffirmation
d'un principe fondateur de l'anarchisme : le refus/rejet de l'Etat, le
refus/rejet de toute collaboration avec les acteurs (politiciens, flics, animateurs
médiatiques…) et les instruments (bulletin de vote, pièces dites d'identité,
fichiers informatiques…) de cet ordre d'oppression et de répression qu'est
l'Etat ! Autrement dit, un acte… anarchiste !
Ni dieu, ni maître !
Vive l'anarchie !
*
Fratanar