Pieuse inauguration[1]

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs,

Au nom de notre Kommandatur vaticane et de son Obertsurmführer B Sixteen (ce qui est presque un nom de bombardier), je me dois de répondre à la calomnie de l’impiété.

En cette avant-veille de la Pentecôte , où saint Raffarin vous invite au labeur, repentons-nous. Et servons-nous des exemples des béatifiés Michel Bakounine et Pierre Kropotkine. Car, contrairement aux assertions fallacieuses d’une laïcité malveillante qui accapare l’interprétation de l’histoire hagiographique, nos frères de foi Michel et Pierre furent les fers de lance d’une croisade de reconquista contre l’athéisme, l’agnosticisme, le paganisme et l’hérésie; bref contre toutes les déviances hétérodoxes et décadentes.

Rappelons objectivement les faits, et rétablissons la vérité. Halte à la calomnie des mécréants!

Michel, depuis sa tendre enfance, s’est senti attiré vers ses petits camarades – surtout plus jeunes que lui. A l’adolescence, il adhéra au scoutisme des Serviteurs du Saint Prépuce où son totem était «Phoque ravageur». Il s’orienta ensuite, par vocation, vers la prêtrise, et entra plus tard dans l’ordre des Congrégationnistes Priapiques. Devenu archevêque de Jouy-en-Rosace, il se fit progressivement reconnaître comme souverain pontife secret sous le nom d’Innocent-Benet XXIII; et son encyclique Sine dolore quo modo muscam inculare – traduite en français par Jean d’Ormesson sous le titre Comment sodomiser une mouche sans lui/sans se faire mal – n’a pas fini de faire du bruit dans quelques chaumières en Alsace! Une vie de piété donc, de méditation et de recueillement aussi; il contribua également à la thèse doctrinale selon laquelle l’Immaculée Conception avait été sponsorisée par Durex. Enfin, il ne cessa de propager le culte de sainte Thérèse de Lisier; et il est l’auteur bien connu du slogan canonique «En voiture, Simonie!».

Quant à notre frère Pierre, théologien canonique de premier plan, il fut le promoteur de l’ordre des Masturbatoriens; grand mystique de la science métachristique, il a étudié la dynamique des confessions communicantes, la systématisation du pressage à froid des hosties, la combinatoire des indulgences, les courbes statistiques périodiques de la Vierge Marie et les variations saisonnières des Evangiles, et la présence eucharistique de Dieu dans le camembert. Il a vigoureusement condamné l’avortement sous X, la sanctification in vitro et les préservatifs, particulièrement aromatisés à l’encens; et il a prôné la papauté exercée sous péridurale. Il nous a laissé un ouvrage important relié sous étui en peau de lapin, A retro Dei viae penetrabiles, dont Bernard-Henri Lévy – philosophe de Monoprix et garçon très propre sur lui! – a donné une version française sous le titre Les voies du Seigneur sont pénétrables par derrière. Il a en outre entretenu l’adoration de Bernadette Scoubidou, mieux connue sous le nom de sainte Mamie-Chirac-des-Pièces-Jaunes. Il a aussi soulevé, en particulier lors du célèbre synode de Plonevez-du-Faou, des questions eschatologiques et téléologiques chrétiennes fondamentales, comme «Le péché est-il soluble dans l’alcool?» ou «Peut-on chanter la messe en karaoké?», ou encore «Les hosties light sont-elles encore 100 % pur Dieu?».

Voilà pourquoi, mes sœurs, mes frères, je vous invite à  la repentance. Saint Bakounine, saint Kropotkine, priez pour nous! Ainsi soit-il.