Pourquoi je
m'inscris en Anarchie
Une grosse part de chacun échappe à toute socialisation, et toute tentative de
socialisation de chacun tourne donc rapidement à la répression.L a personnalité-
ce qui fait l'Etre dans son intégralité- est une riche et immense
constellation de faits historiques, de gènes différenciés, de réalisations,
d'états intimes, de potentialités. Elle comporte des zones de non mise en
"société": l'amour, l'amitié, l'émotion, la tendresse, la créativité,
le désir, l'art, la jouissivité, la souffrance, le doute, la peur, l'angoisse,
tous subjectifs. L'utopie néfaste de vouloir faire abstraction de ces zones ou
la tentation de les éradiquer par quelque moyen que ce soit, amène à la négation
de l'entité "individu" et finalement à son extermination. Dans tous
les états totalitaires , on en trouve des exemples. L'état français est un état
totalitaire comme le sont toutes les soi-disant démocraties.
L'intégrisme et son complément "la moralisation" des sociétés
socialistes, religieuses, fascistes, et même simplement régionalistes ou
patriotiques, patriarcales ou homophobes, ont fait que nous, Anarchistes
convaincus (étym : con = con avec et vaincu = écrasé) essayons de le
rejeter violemment comme une expurgation de notre Moi entier et souverain.
La morale doit jaillir de l'individu. Elle est morale issue de la conscience
individuelle et non d'une pseudo conscience sociale. Seul, moi, en fonction de
la richesse et de la variété des composantes de ma "constellation",
sais, sens et fais. Si je ne sais, ne sens ni ne pratique que les règles, règlements,
édits et ukases d'une société accidentelle, temporaire et imparfaite,
historiquement présente et demain dépassée, je nie plus ou moins cette
richesse. Je me nie.
Je m'aliène à moi-même. Et je poursuis les moutons précédents en bêlant
idiotement derrière des Panurges dictatoriaux. Je suis traître et Narcisse de
pacotille.
2 exemples :
Comment est-il possible que l'art, issu de la créativité individuelle soit une
denrée normalisée par les pontes, les intellos, les écoles, les tendances,
les critiques d'art et la télé. On nous rebat les couilles avec des œuvres
nulles, compassées, normalisées, unifiées comme on nous rebat les couilles,
dans les supermarchés, avec les kiwis, les nikes et les slips kangourous. On
n'apprend plus dans les écoles primaires à s'exprimer mais à suivre des
programmes.
La moralisation ( l'unification et la planification) des rendus humains faite de
survivances mythiques, de comportements historiques ou événementiels m'est
donc interdite. Seule, ma foi en l'Anarchie qui n'est que mécréance absolue
est source d'espoir de réalisation personnelle, de responsabilité et de reste
de vie .
Dans un précédent courrier, j'affirmais que j'étais atteint d'une maladie honteuse -probablement sexuellement transmissible- : la sensiblerie ou sensibilité exacerbée. Cette sensiblerie n'est que l'extériorisation de ma révolte contre la socialisation normalisée que j'ai subie . La famille, la communauté rurale, la communauté éducative, la patrie, la communauté ecclésiastique, la communauté soldatesque m'ont flanqué sur les épaules un fardeau de règles et règlements tellement lourd que , seule, la pression interne peut compenser, mal d'ailleurs, à la limite de la névrose. Maintenant, je me rends compte de l'ineptie de la morale sociale issue de la machine à broyer les sociétaires.
Alors, je me tourne vers des havres de non-obéissance, des poches de résistance, des listes de libertaires. Et je cherche les vrais écrits, les vrais langages, ceux qui me conviennent. Sachant qu'ils ne conviennent pas à tous et toutes. Quand, j'en trouve un, je déguste, savoure et m'imprègne. "….Là où des individus libres savent qu'il "faut vouloir" ( André Gortz) A la question morale du " puis-je vouloir cela?, l'individu aliéné répond toujours : "ce n'est pas moi qui… il fallait que….on n'a pas le choix…"
Il ne peut y avoir de moralité ni de moralisation des rapports que s'il existe
une sphère d'activités autonomes dans laquelle l'individu est l'auteur
souverain de ses actes, sans nécessité ni alibi ni excuse…."
Et ces havres de non-obéissance, de non-aliénation, de non-vol du moi, ces
listes libertaires, ressemblent souvent à des paniers où des crabes se
bouffent entr'eux, sous prétexte d'origine , de lieux de pêche, de longueur de
pinces, de profondeur du regard crustacien, de sensibilité politico-abyssale.
Le problème de la recherche de la solution pour sortir des paniers est le nôtre
pour éviter la casserole bouillante.
Ne cherchons pas où se trouvent nos individualités, ni en quoi elles consistent. Nous sommes tous immensément riches. Même riche de notre pauvreté. Surtout riches de notre unicité. Le problème consiste à réfléchir ensemble et communiquer pour voir où le panier commence à être fatigué, où le rotin s'effrite, où la liberté apparaît pour s'évader, les uns avec leurs coupantes pinces, les autres avec leurs profonds yeux, les derniers avec leur belle queue.
Maï
Ps1) Je reste sur nos listes.
Ps2) Si vous projetez de parcourir la France, cet été, sachez que dans mon
jardin, il y aura des framboises, pour vous.
L'unité existera un jour. Chez les
Anars-les vrais- et chez les Anars-les
faux.
Elle existera quand, sous la domination d'une pensée unique dictant sa loi à des actions iniques, dans un langage insipide mais guttural, nous serons tous et toutes, poussé(e) dans le même autobus.
Nous n'en sommes pas très loin. Il suffit effectivement de savourer
les odeurs pestilencielles de la haine, de l'agressivité, de l'inconscience de
certains-uns et certaines-unes.
Pour moi, puisqu'il faut quand même partir de soi pour s'exprimer, je prends ma
joie en ouvrant de multiples fois ma boîte de mails. Je suis un artiste,
atteint d'une sensibilité extrême (une sensiblerie- comme disait mon père) et
je vibre à chaque message.
Quand des personnes s'engueulent, je vibre sous les gueulantes; mais quand
quelqu'un affirme ses croyances profondes , je les fais miennes. Et ce n'est pas
aisé à vivre car les contradictions pleuvent. Les paradoxes fleurissent. Les
manques abondent.
Mais je sens les mensonges, les méchancetés gratuites, les faux-fuyants.
Parfois, j'envoie un petit message. Il vient du fond du fond de mes tripes
et je n'en suis pas responsable. Mes mythiques ancêtres n'ont pas à se tordre
de douleur et de honte dans leur sommeil, car je n'ai, sur nos listes , jamais
eu une parole d'agressivité, de haine, de condescendance, et donc, je
n'ai même pas réussi à trouver le prétexte de vous quitter.
Et Nan!!!
Maï