Quatre articles piqués sur http://www.lemanlake.com (Association Fabula)
LA RELIGION, UNE GRAVE PSYCHOSE ?
Ou de l'Origine psychiatrique de Dieu
Prenons le décryptage philosophique qu'avait fait
Nietzsche du christianisme dans le livre "L'Antéchrist". Sortons-le
de son contexte original pour le comparer aux symptômes les plus connus de
troubles psychiques. Le jeu est enrichissant...
"Dans le christianisme, ni la morale, ni la religion
n'ont un quelconque point commun avec la réalité. Rien que des causes
imaginaires ("Dieu", "âme", "moi",
"esprit", la "volonté libre", voire la "volonté
serve") ; rien que des effets imaginaires ("péché",
"rédemption", "grâce", "châtiment", "rémission
des péchés"). Un commerce entre des êtres imaginaires
("Dieu", "esprits", "âmes") ; une science de la nature
imaginaire (anthropocentrique, absence complète de la notion de causes
naturelles) ; une psychologie imaginaire (rien que des malentendus
sur soi, des interprétations de sentiments généraux, agréables ou désagréables,
par exemple des états du nervus sympathicus, au moyen de la sémiotique
de l'idiosyncrasie religieuse et morale, - "repentance",
"remords", "tentation du Malin", la "proximité de
Dieu") ; une téléologie imaginaire ("le Royaume de
Dieu", "le Jugement dernier", "la vie éternelle") -
Cet univers de pure fiction se distingue tout à son
désavantage de celui des rêves en ce que celui-ci reflète la réalité,
tandis que lui fausse, dévalue et nie la réalité".
Nietzsche - L'antéchrist
On nage étrangement entre schizophrénie et angoisses,
entre psychose et névrose, n'est-ce pas ? Et dire que Nietzsche est pris pour
un fou par la chrétienté bien pensante.
DIEU, UNE CRÉATION DU CERVEAU ?
Ou de l'Origine Encéphalique de Dieu
Andrew Newberg et d'Eugène d'Aquili publient leurs travaux il y a un peu
plus d'un an, au cours desquels le neurophysiologiste et l'anthropologue des
religions avaient passé au scanner le cerveau de huit bouddhistes tibétains en
pleine méditation. Sur les images obtenues par un tomographe à émission de
positons, les chercheurs de l'université de Pennsylvanie avaient observé une
diminution du flux sanguin au niveau des lobes pariétaux supérieurs lors de la
méditation. À San Diego et en North Carolina, des neurologues étudient de
quelle façon l'épilepsie et les hallucinogènes produisent des apparitions
mystiques. Au Canada, un neurologue expérimente un casque magnétisé qui
provoque chez la personne qui le porte des " expériences spirituelles
".
C'est la nouvelle frontière des neurosciences aux États-Unis
: en allant chercher les origines de la religiosité, certains savants américains
en sont même arrivés à conclure que Dieu est seulement une création du
cerveau. Une conclusion qui représente un défi pour les théologiens qui ont
tout de suite engagé une nouvelle bataille contre la science : " Ces études,
a répliqué Nancey Murphy, qui enseigne la philosophie chrétienne au Fuller
Theological Seminary de Pasadena en Californie, renforcent les thèses des athées
et font apparaître la religion totalement superflue ". Selon l'avis de
Murphy, "S'il est possible d'expliquer l'expérience religieuse comme un
simple phénomène cérébral, il n'y a pas besoin de faire des hypothèses sur
l'existence de Dieu ".
Certains savants ne pourraient être plus d'accord : à
leurs yeux les recherches de Andrew Newborg à Philadelphie, de Michael
Persinger au Canada et d'autres neuro-théologiens comme eux, sont la preuve que
Dieu n'existe pas. Mais pour d'autres chercheurs, qui avec Murphy partagent la
foi, les nouvelles études ne sont pas une arme pour les athées : ils essaient
seulement de comprendre comment l'esprit humain produit le sens de la
spiritualité ".
(Journal La Repubblica, par le Professeur Renato Busich, associé FABULA)
"La religion est une épidémie mentale que l'on
peut attraper avec une certaine probabilité" - Pascal Boyer
Les spécialistes du cerveau ont commencé à étudier la
question des croyances religieuses. Premières conclusions : Notre tendance à
rejeter l'illogique et l'absurde est parasitée par les propositions religieuses
qui arrivent tout de même à infiltrer notre cerveau. Celui-ci présenterait
une perméabilité particulière aux idées religieuses.
"Et l'homme créa les
dieux, comment expliquer la religion" éd. Robert Laffont, 2001.
Cet ouvrage de Pascal Boyer, anthropologue du CNRS, détaché à l'université
Washington à Saint Louis (États-Unis) suscite le débat. Résumé à l'extrême,
son propos peut paraître brutal : la religion, prise au singulier peut être
comparée à une épidémie mentale. Ainsi, à la manière de virus prenant
souche ou périclitant, les idées religieuses se répandraient dans une
population par le bouche à oreille, les plus " virulentes " se
fixant, les autres tombant dans l'oubli. Certes, le contexte culturel joue un rôle
déterminant dans la production et la circulation des idées "
potentiellement " religieuses au sein d'une société humaine.
L'anthropologue cognitif pense néanmoins que les aspects les plus généraux de
la religion peuvent être compris par la seule étude du cerveau. Son propos
n'est pas d'élucider les modifications physiologiques à l'œuvre chez les
croyants, mais d'expliciter la manière dont les idées à connotations
religieuses nous imprègnent en actionnant des engrenages particuliers de notre
machinerie cérébrale. Des mécanismes mentaux stables et universels qui
seraient alors à même d'expliquer la relative stabilité et universalité
croyances religieuses.
(Extrait de Science&Vie n° 1019 Août 2002)
L'homme créa les dieux à son image
La découverte d'un galet
doté par l'érosion d'un faciès presque humain et qui fut ramassé par un
australopithèque voilà 3 millions d'années plaide en faveur d'une apparition
précoce de cette faculté mentale. L'existence de ce système "
anthropomorphique " expliquerait que dans nombre de religions les dieux
sont façonnés à l'image des hommes ou tout au moins affectés d'un esprit très
humain. Ces concepts auraient été retenus précisément parce qu'ils
sollicitent l'un des plus puissants de nos systèmes d'inférence. L'expérience
de Justin Barrett menée auprès de sujets chrétiens en est une illustration.
Il leur demanda d'imaginer comment sauver des gens d'une catastrophe du type de
celle du Titanic, en priant Dieu. Trois possibilités d'intervention divine
s'offraient à eux : demander de maintenir le paquebot à flot malgré sa voie
d'eau, de donner aux naufragés la force de supporter un bain glacé ou
d'inspirer au commandant d'un navire proche un changement de cap pour qu'il
vogue vers les eaux du drame. La toute puissance de Dieu n'empêcha pas les
sujets de marquer une nette préférence pour la troisième solution, la
modification des desseins d'autrui étant plus facile à envisager que des
entorses aux lois physiques et biologiques. Dans sa thèse, citée par Boyer,
Barrett explique que ces chrétiens, comme beaucoup d'autres croyants, privilégient
spontanément l'intellect humain de Dieu plutôt que son omnipotence.
(Extrait de Science&Vie n° 1019 Août 2002)
LA FOI, UN PROCESSUS D'ENDOCTRINEMENT
"Mortifie ton intellect, écoute ton coeur et
pleure sur les blessures du Christ". Comment
outrepasser le cadre, rigide et hermétique, fixé par des concepts et valeurs
inculquées durant l'enfance sinon en le brisant ? Par la douceur, la
compassion, la tolérance, les démonstrations, la raison, la logique ? Ces
gouttelettes glisseront sur le manteau huileux des croyances. " Et toutes
ces raisons disparaîtront dans la nuit, comme les larmes sous la pluie ".
Dans l'immense majorité des
cas, nous ne choisissons pas notre religion : nous sommes élevés dans un
certain pays, par une certaine famille qui a déjà sa religion et y tient. Dès
le plus jeune âge, l'enfant prendre l'habitude de faire sa prière, le soir
avant de s'endormir et le matin à son réveil. On lui parlera du petit Jésus,
qu'il faut beaucoup aimer, de la Vierge, de Saint-Joseph ; un peu plus tard, de
Dieu. Il accompagnera bientôt ses parent à la messe ; à 7 ans, il suivra les
leçons de catéchisme et apprendra l'Histoire Sainte. Ce sera ensuite la première
communion ; on lui expliquera l'immense amour qu'il faut avoir pour le Christ,
qui s'est sacrifié pour lui et pour les hommes et qui a tant souffert parce
qu'il a tant aimé les hommes créés par Dieu le Père.
À une âge aussi tendre, l'enfant ne peut que croire ce que ses parents et les
grandes personnes lui expliquent ; il prend l'Histoire Sainte et les Testaments
à la lettre, s'émerveille de ce monde enchanté, un peu comme lorsqu'il écoute
l'histoire de Cendrillon ou du Petit Poucet. Mais on ne prend pas soin de lui préciser
qu'il ne faut pas prendre à la lettre la création d'Adam, celle d'Ève à
partir d'une côte d'Adam, le paradis terrestre, Abel et Caïn... Ni que le
Monde fut créé en 6 jours et que le 7me, Dieu se reposa...
Cependant, l'enfant grandit et, dès 10 ou 12 ans, il commence à s'inquiéter
un peu de ce qu'il y a de fantastique dans tout cela, de l'analogie avec les
contes de fées, dont on prend au contraire bien soin de lui souligner le caractère
irréel, de créations de l'imagination " afin qu'il ne croie pas au
surnaturel ". Mais entre les doutes qui peuvent entrer dans son esprit sur
la Genèse telle qu'elle est dépeinte dans l'Ancien testament, il reste à
l'enfant les scènes plus humaines, plus proches de la vie des tous les jours,
plus compréhensibles, de l'Histoire d'Israël, de la vie du Christ, de la
Passion.
S'il est sentimental (et qui ne l'est à cet âge?), il ne pourra s'empêcher de
ressentir de l'amour pour cet Homme, pour ce Dieu qui fut crucifié, qui a fit
don de sa vie pour l'humanité. C'est ce coté sentimental qui, vers 15/18 ans,
rendra difficile le triomphe de la raison lorsque certaines impossibilités,
certaines contradictions lui apparaîtront et que certaines évidences feront
jour à leur tour.
Ceux qui, vers 15 ans, parfois un peu plus tard, ont réussi à échapper à ce
processus, ont de la peine à comprendre comment d'autres enfants, d'autres
jeunes gens, souvent intelligents, ont pu s'y laisser prendre. Si l'esprit
critique apparaît trop tard, les idées se seront déjà enracinées et, à 18
ans, la jeune personne considérera que quiconque ne partage ses idées est dans
l'erreur, et elle les défendra avec la fermeté et la fougue qu'on met dans ses
opinions à cet âge. Après, on s'enfermera inexorablement, toujours davantage
: on lira de préférence les ouvrages dont l'esprit et les conclusions sont
conformes à ses propres idées ; en enrichissant ainsi sa provision d'arguments
favorables. On s'enfoncera un peu plus, de jour en jour, dans ses convictions.
L'esprit humain est comme un clapet : il admet aisément les idées et les faits
qui confortent ses inclinaisons, mais il arrête ou refoule toutes celles qui se
présentent en sens contraire. L'homme "s'installe" dans ses croyances
: c'est une conséquence du fonctionnement de l'esprit humain et de l'influence
du sentiment sur la raison.
H. GOUTEMIEL. (La Pensée Universelle)