Science
et dogmes[1]
Bruno Alexandre
INTRODUCTION
Science et dogme: il ne peut y avoir de domaines plus
opposés car le dogme est l'affirmation d'une vérité absolue, irrévocable du
moment qu'il a été solennellement proclamé, sous inspiration divine, à
partir de la Révélation biblique et de la Tradition. Le dogme est anhistorique.
La science par contre n'affirme que des vérités relatives
qui ne prétendent que s'approcher de la réalité. Elle est intrahistorique.
Le scientifique travaille dans le cadre de représentations théoriques que les
faits peuvent faire changer. L'histoire des sciences est ponctuée de "révolutions
scientifiques " qui conduisent à une meilleure appréhension de la réalité.
Par exemple la conception copernicienne est plus pertinente que la conception
ptoléméenne; la physique d'Einstein l'est plus que la physique de Newton et la
théorie évolutionniste, plus que la théorie fixiste... Cela ne signifie pas
qu'à chaque grand changement, tout est renié, mais que toutes les données
d'observations et d'expériences sont mieux intégrées dans le
"paradigme" du moment.
En bref les connaissances scientifiques progressent alors
que le noyau des connaissances dogmatiques est figé pour l'éternité. Ainsi
l'Eglise catholique ne pourra jamais revenir, à moins de se renier, sur le
dogme trinitaire de Dieu.
La science n'a pas grand chose à voir dans le dogme de la
sainte Trinité qui est une pure affaire de foi et d'écrits bibliques. Par
contre, lorsque le dogme touche une question dont la science peut légitimement
s'occuper, le problème est tout différent et la science ne sera pas hors de
son domaine si elle fait valoir ses conceptions face à une explication
dogmatique qui serait en contradiction ou en discordance avec elles.
Nous sommes dans ce cas de figure avec le dogme du péché
originel lié à la conception biblique de la création de l'Homme
(indirectement la rédemption est concernée – et le problème du mal).
L'affaire est fondamentale puisqu'est en cause, avec la créationnisme biblique,
le statut même de l'Homme. Et tout change suivant que l'on considère ce
dernier, ange ou bête ou ni ange ni bête mais un peu des deux.
Discuter
du péché originel implique une trinité d'acteurs:
Avant d'entrer dans le débat il convient de mieux caractériser
l'originalité, la spécificité de chacun de ces acteurs, c'est-à-dire de
circonscrire le domaine qu'ils se fixent, de droit.
Le Magistère est l'ensemble des personnes ayant
autorité pour interpréter la révélation. Cette dernière est double: écrite
(Bible) et orale (Tradition apostolique). "La charge d'interpréter de façon
authentique la Parole de Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul
Magistère vivant de l'Eglise dont l'autorité s'exerce au nom de Jésus-Christ,
soit aux évêques en communion avec le successeur de Pierre, l'évêque de
Rome." (§ 85)
.Malgré la volonté œcuménique actuelle, la déclaration
"Dominus iesus" de la Congrégation pour la doctrine de la foi
(anciennement l'Inquisition) insiste bien sur le fait que c'est l'Eglise
catholique qui a le monopole de la bonne interprétation. Cette déclaration,
petit syllabus, condamne le relativisme religieux qui douterait de "la
subsistance de l'unique Eglise du Christ dans l'Eglise catholique" (§ 4)
L'Eglise catholique est une Eglise mère, pas une Eglise sœur! "Les fidèles
sont tenus de professer qu'il existe une continuité historique, fondée sur la
succession apostolique, entre l'Eglise instituée par le Christ et l'Eglise
catholique: C'est là l'unique Eglise du Christ…" (§ 16).
La Bible. Elle est, sur le plan de la composition,
une œuvre hétérogène où de nombreux auteurs et compilateurs sont impliqués...
Par rapport aux plus anciens faits relatés, sa rédaction est récente, elle a
débuté, pour l'Ancien Testament (AT), vers le 10ème siècle av.
J.C. et s'est achevée au 2ème siècle av. J.C. Quant au Nouveau
Testament (NT), sa rédaction s'échelonne entre 50 et 125 ap. J.C. La liste des
textes considérés comme inspirés par Dieu, le canon, a été définitivement
établi, pour l'Eglise catholique, par le concile de Trente (1545-1563). Les
plus anciens manuscrits sont assez récents: 150 av J.C. pour l'AT et 125 ap
J.C. pour le NT. Ces données pourraient inquiéter le profane quant à
l'authenticité des textes mais, comme dit plus haut, ils sont la Parole de Dieu
authentique et irrévocable!
La Science: il s'agira surtout des sciences de
l'univers, de la terre (géologie) et de la vie (biologie) qui travaillent
aujourd'hui dans le cadre d'une triple évolution: évolution cosmogonique, évolution
chimique (ou prébiologique) et évolution biologique. Je restreindrai le problème
à celui de l'origine immédiate de l'Homme qui concerne donc une durée de 7 à
8 millions d'années.
D'autres sciences auront aussi leur mot à dire: sciences d'étude
des textes bibliques et archéologie.
Croyant ou non croyant, le scientifique d'aujourd'hui, dans
son laboratoire ou sur le terrain, est objectivement moniste - c'est à dire
qu'il s'occupe du fonctionnement de la matière sans faire intervenir une force
spirituelle qui l'orienterait. La connaissance en elle même est exclusive de
tout jugement de valeur (autre que de valeur épistémologique), disait J.
Monod, pour qui la pierre angulaire de la méthode scientifique est le
"postulat d'objectivité".
*
Les signes § suivis d'un numéro renvoient au catéchisme de l'Eglise
catholique, exceptés les § 4 et § 16 qui se réfèrent à la déclaration
"Dominus iesus"
L'ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL
Il s'agit de l'enseignement du catholicisme. Je ne
parlerai que de l'Eglise catholique car c'est la seule que je connais d'une façon
approfondie et parce que c'est certainement la plus influente au niveau mondial,
non pas tant par les convictions de ses fidèles qui, pour beaucoup, sont
superficielles, car simplement culturelles, mais surtout par son influence
politique liée au fait que le pape demeure un chef d'Etat (malgré la mort des
Etats pontificaux en 1870) et par son influence médiatique.
Pour l'athée DIEU est un concept vide, il se réduit à trois voyelles et une consonne. Pour le croyant chrétien par contre, bien que Dieu soit fondamentalement inconnaissable, il n'est plus un mot inconsistant car la Révélation, sous forme des Ecritures saintes constituant la bible, interprétée sous le sceau déclaré inspiré de l'Eglise catholique universelle romaine, va le caractériser par un certain nombre d'attributs et d'intentions qui nous permettront d'exercer notre esprit critique. Dans un premier temps il nous faut donc bien connaître l'enseignement officiel de l'Eglise. Nous nous fonderons pour cela surtout sur le "Catéchisme officiel" assez récemment paru (1998).
Tout d'abord Dieu est un être
personnel qui a toujours existé, existera toujours et qui est donc éternel.
Pour Dieu tous les moments du temps sont présents dans leur actualité. (§
600)
Dieu est un être parfaitement libre.
L'encyclique "Veritatis splendor" déclare que cette liberté
est "la liberté totale, la pure liberté, la pleine liberté. (§ 17)
Il a créé librement, c'est-à-dire
que la création n'avait rien de nécessaire; notre univers aurait pu ne pas
être. (§ 296)
Dieu est un être omnipotent,
c'est-à-dire tout puissant; c'est ce qu'indique le premier article du Symbole
des apôtres, celui du credo de Nicée/Constantinople:
"Je crois en Dieu, le Père
tout puissant, Créateur du ciel et de la terre, de l'univers visible et
invisible."
Tout ce que Dieu veut, il peut le
faire . (Ps 115:3)
Le critère majeur de sa toute
puissance est peut-être le fait qu'il a créé l'univers, de rien, (ex nihilo)
; on le voit, "rien n'est impossible à Dieu", comme l'a dit l'ange
Gabriel à Marie (Luc 1:37).
Dieu est un être omniscient.
Sa connaissance est donc universelle et absolue. Il a la connaissance, entre
autres, de ce que nous appelons l'avenir (prescience). Il "connaît
toutes choses" . (1 Jn 3:20)
Son éternité fait qu'il a tous
les moments du temps, présents à l'esprit, si bien qu'il peut établir son
dessein éternel de "prédestination" en incluant la réponse libre
de chaque homme à sa grâce. (§ 600).
Rien de la moindre action des
hommes ne peut échapper à Dieu "qui voit dans le secret". (Mat
6:6). "Toutes choses sont à nu et à découvert devant ses yeux (Heb
4:13) et il sait tout.
Maintenant que nous connaissons mieux le Dieu créateur, voyons dans le livre de la Genèse ce que dit la Bible quant aux modalités de la création.
Gen 1,2: 4 détaille la création
en six jours. Les végétaux apparaissent le troisième jour, les animaux le
cinquième, et c'est au sixième jour que Dieu crée l'homme et la femme, avec
mission de remplir la terre et l'assujettir, mais il n'est pas question ici du
jardin d'Eden.
Gen 2: 4 à 3: 24 se rapporte essentiellement à l'homme depuis sa création jusqu'à son expulsion du jardin d'Eden suite à la faute originelle. Gen 2:7 nous apprend que la création de l'homme est directe, à partir de la matière inanimée: "Le Seigneur Dieu modela l'homme avec de la poussière prise du sol. Il insuffla dans ses narines l'haleine de vie, et l'homme devint un être vivant".
Voyons maintenant ce qu'enseigne le Catéchisme au sujet de cet homme du paradis.
Dans la hiérarchie des créatures
qui va du "moins parfait au plus parfait", l'homme "est le
sommet de l'œuvre de la création". (§ 342, 343). Il est en effet le
seul capable de connaître et d'aimer son créateur, le seul que Dieu a voulu
pour lui-même et qui a été créé pour partager, par la connaissance et
l'amour, la vie de Dieu. (§ 356).
Il est bien connu que pour
l'Eglise, l'homme est un être à la fois corporel et spirituel, l'âme étant
le principe spirituel. (§ 362). L'unité de l'âme et du corps est totale:
"l'esprit et la matière dans l'homme, ne sont pas deux natures unies,
mais leur union forme une unique nature. (§ 365).
Contrairement à ce qu'avancent
beaucoup de théologiens contemporains, la Tradition enseigne la création d'un
homme unique, Adam, et d'une femme unique, Eve, créés l'un pour l'autre
et formant une "unité à deux". (§ 371). Un "premier homme (§
374) et une première femme sont donc à l'origine de l'humanité. Gen 3:20 précise
qu'Adam "donna à sa femme le nom d'Eve, car elle est mère de tous les
vivants.
Chacun sait que nos premiers
parents furent placés dans un paradis symbolisé par le jardin d'Eden. Comme
l'explique le concile de Trente, Adam et Eve furent constitués dans un état
de "sainteté et de justice originelle." (§ 375).
Ces êtres bons (§ 374), en harmonie avec eux-mêmes et la création participaient, dans leur perfection originelle, à la vie divine. (§ 375).
Cette création allait être en devenir compte tenu de l'incitation reçue par nos premiers parents. (Gen1:28). L'harmonie parfaite voulue par Dieu ne perdura pas. Le péché de nos premiers parents, le péché originel, puisqu'il faut bien l'appeler par son nom, allait apparemment faire dévier le projet divin.
Le péché originel est aussi appelé
"péché des origines" (§ 387), lui-même englobé dans le péché
tout court défini comme un "abus de la liberté que Dieu donne aux
personnes créées pour qu'elles puissent l'aimer et s'aimer
mutuellement." (§ 387).
Dans la Genèse, le récit de la
chute est considéré comme imagé mais il rend réellement compte d'un
"fait qui a eu lieu au commencement de l'histoire de l'homme. La Révélation
nous donne la certitude de foi que toute l'histoire humaine est marquée par
la faute originelle librement commise par nos premiers parents." (§
390).
L'arbre de la connaissance du bien
et du mal du jardin d'Eden veut marquer une mise à l'épreuve de la liberté
de nos premiers parents. L'arbre symbolique traduit la dépendance que devait
avoir le premier couple quant aux normes voulues par Dieu, et la nécessité
qu'il y avait de les respecter puisqu' émanant d'un créateur infiniment bon.
"Le premier péché" (§
397) est la conséquence d'un manque de confiance dans la sagesse et la bonté
du créateur. C'est un péché d'orgueil. Le premier couple a voulu se donner
la priorité, s'émanciper de Dieu, "être comme Dieu" et non
"selon Dieu" (§ 398). "Cette première désobéissance" (§
399) conduisit à la perte de la "sainteté originelle" et des
privilèges qui y sont afférents. (§ 399).
Les conséquences personnelles de
cette première faute furent, comme prévu, catastrophiques car la mort fit
son entrée comme terme de la vie humaine et les conditions de vie
paradisiaques s'éteignirent.
Les conséquences pour l'humanité tout entière ne furent pas moins grandes. Le péché originel a en effet contaminé toute la descendance d'Adam et Eve. On ne saurait mieux le dire qu'en faisant appel à l'apôtre Paul :
"Par la désobéissance d'un
seul homme, la multitude (c'est-à-dire tous les hommes) a été constituée pécheresse
"(Rom 5:19).
"De même que par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et qu'ainsi la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont péché…" (Rom 5:12).
On le constate, l'enseignement du Catéchisme est clair, fidèle
à l'enseignement séculaire de l'Eglise. Il considère le péché originel, répétons-le,
comme une faute personnelle d'un homme et d'une femme, "au début de
l'histoire de l'homme".
La profession de foi de Paul VI (1968) traduit bien la
stabilité officielle du dogme depuis le concile de Trente.
Pour la théologie catholique le péché originel est censé
résoudre l'épineux problème du mal qui est certainement la pire pierre
d'achoppement. Pour St Augustin qui est à l'origine du dogme du péché
originel, l'existence du mal n'entame pas la perfection des attributs divins.
Dieu n'a créé que des choses et des êtres bons. Le premier couple était
initialement parfait, placé dans un environnement parfait, paradisiaque. La
responsabilité du mal est strictement humaine, il est la conséquence de la
faute de nos premiers parents qui ont fait un mauvais usage de leur liberté. Le
mal n'a rien d'imputable à un Dieu qui a simplement voulu des créatures
libres.
Dans cette affaire, Dieu est donc d'une "innocence
absolue" pour reprendre l'expression de Jacques Maritain. D'autant plus
absolue que malgré l'échec de la liberté humaine, Il éradiquera le mal par
la médiation de son fils rédempteur.
*
Les signes § suivis d'un numéro renvoient au catéchisme de l'Église
catholique, excepté le § 17 qui se réfère à l'encyclique "Veritatis
splendor"
LA THÉORIE DE L'ÉVOLUTION
FACE À LA DOCTRINE CRÉATIONNISTE
La conception biblique véhiculée par l'enseignement
catholique du catéchisme officiel est donc un enseignement créationniste et
fixiste en ce qui concerne l'univers en général et la nature vivante en
particulier. Or la période moderne est venue bousculer complètement cette représentation
pieuse de la théologie qui avait longtemps été appelée, par usurpation,
"Reine des sciences ". La théorie de l'évolution biologique est une
des dernières grandes révolutions intellectuelles qu'ait connue l'humanité.
Elle est d'ailleurs aujourd'hui à replacer dans une vaste conception évolutive
qui déborde notre monde pour embrasser rien moins que l'univers. En effet la
cosmologie nous présente un univers en devenir, actuellement en expansion, à
partir du fameux "big-bang" qui reste pour l'instant inatteignable
(Mur de Planck) mais qui n'est sans doute pas un commencement comme le
voudraient certains créationnistes.
L'évolution cosmique voit la matière s'organiser en
particules, atomes , molécules qu'une évolution chimique complexifiante
conduira à des formes primitives de vie que l'évolution biologique, à son
tour, complexifiera en organismes de plus en plus performants comprenant, entre
autres, l'espèce humaine, elle même en évolution psycho-sociale.
Cela dit, et pour décentrer un peu l'homme que les vues créationnistes
finalistes veulent trop présenter comme un "couronnement", il est
juste de considérer que nous ne sommes pas la seule espèce qui ait réussi; on
peut tout aussi bien le dire des espèces bactériennes par exemple.
Le triomphe de l'évolution est dans le grand comme dans le
petit!
Il nous faut maintenant présenter les caractéristiques de
la conception scientifique évolutive et dire comment les sciences
"voient" l'homme en dehors de toute conception religieuse, il restera
alors à savoir si une conciliation est possible avec une vision dogmatique de
l'homme.
Où en est aujourd'hui le stade d'avancement de la théorie
de l'évolution biologique? Je m'en tiendrai effectivement à l'évolution
biologique, laissant de côté les évolutions précédentes. Cette théorie n'a
cessé de s'affiner. Après les intuitions du 18ème siècle, quatre stades
peuvent être schématiquement distingués dans la maturation de cette théorie:
Stade
du lamarckisme (1809):
Il est caractérisé par deux "lois", loi
d'adaptation et loi d'hérédité des caractères acquis... Dans la conception
lamarckienne les êtres vivants ont une tendance à la stabilité mais le les
milieu perturbe et fait évoluer en provoquant des changements adaptatifs qui se
conservent dans la descendance.
Stade
du Darwinisme (1859):
A l'influence du milieu, Darwin ajoute des variations
d'origine purement interne. Les êtres variants entrent en concurrence avec les
autres et entre eux (lutte pour la vie), dans des conditions d'un milieu donné
qui sélectionne les individus, laissant survivre les plus aptes. Dans la pensée
darwinienne les êtres vivants ont tendance à varier et c'est le milieu qui
trie.
Stade
de la théorie synthétique (1947):
C'est un darwinisme revu et corrigé en fonction des
connaissances nouvelles. Ce stade résulte d'une synthèse entre trois domaines:
la génétique (Travaux de Dobzhansky), la systématique – science de la
classification – (travaux de B. E. Mayr) et la paléontologie (travaux de G.
Simpson). Le raisonnement, dans cette conception, dépasse les individus et se
place au niveau populationnel, et les seules sources de variations héréditaires
sont les mutations.
Jusqu'à une période récente la théorie synthétique,
validée par un très grand nombre de faits, posait des problèmes d'ordre
explicatif. N'étaient bien compris que les mécanismes de la microévolution,
c'est à dire les mécanismes expliquant qu'une espèce peut être à l'origine
d'une autre espèce (spéciation), par exemple, une espèce de pinson, à
l'origine d'une autre espèce de pinson.
La macroévolution, se rapportant aux
transformations de grande ampleur (par exemple le passage de la nageoire au
membre adapté au milieu terrestre ou le passage du plan des invertébrés au
plan des vertébrés, posait des problèmes délicats. Avec les progrès de la
biologie moléculaire et le regain de l'embryologie (la grande oubliée de la théorie
synthétique) un nouveau stade est atteint que certains (F Chaline) appellent le
"stade des horloges du vivant".
Stade
des horloges du vivant
Je développerai quelque peu ce stade contemporain qui
permet dès maintenant de dire que les mécanismes explicatifs de la micro et de
la macroévolution sont du même ordre. Il n'y a qu'une seule mécanique évolutive.
L'embryologie s'occupe des étapes de l'ontogenèse c'est à
dire du passage de l'œuf à l'organisme adulte, bref, de l'actualisation
progressive des informations génétiques de l'œuf. Pour reprendre des termes
aristotéliciens, il s'agit du passage de l'être en puissance à l'être en
acte.
Les embryologistes ont mis en évidence une chronologie du développement
embryonnaire et on insiste aujourd'hui sur la valeur évolutive que peut avoir
l'altération de la chronologie du développement.. Les altérations peuvent
concerner:
La chronologie embryonnaire est certes sous contrôle génétique
mais cela n'exclut pas les influences environnementales car il existe des gènes
thermoactivables et chimioactivables (teneur du milieu en oxygène par exemple).
Une nouvelle discipline, la biologie évolutive du développement,
a justement pour but de relier la génétique et le développement.
Dans le domaine de la génétique, la découverte de "gènes
architectes" - homéogènes ou gènes homéobox - revêt une importance
capitale. Ces gènes ont la propriété de déterminer une protéine qui régule
l'activité d'autres gènes, en particulier ceux qui contrôlent les propriétés
des cellules et déterminent les structures. Ils sont responsables de la polarité
des cellules embryonnaires aussi bien dans le sens antéro-postérieur que
dorso-ventral. Ils activent les cellules embryonnaires d'une situation spatiale
donnée, à un moment donné, à une vitesse donnée, pendant une durée donnée.
Pour essayer d'être simple, si nous comparons un organisme
à une maison, les gènes architectes ne seront pas responsables de chaque
moellon mais de la position relative des différents niveaux : toit en haut,
rez-de-chaussée en bas, 1er étage entre deux et de la disposition
relative des différentes pièces...
Pour P. Chaline, ces gènes constituent "les ressorts
des horloges internes du vivant". Les gènes architectes des différents
groupes d'animaux dériveraient, par mutations, d'un complexe ancestral
remontant à 600 millions d'années. Ces gènes s'avèrent très proches malgré
l'éloignement des groupes animaux. Initialement nommés différemment, ils se
sont avérés interchangeables chez les insectes et les mammifères. Les gènes
architectes des vertébrés proviennent des gènes des invertébrés, par
mutation duplicative.
Bien que les gènes architectes n'expliquent pas encore
tout, au niveau céphalique par exemple (mais des progrès sont bien sûr
attendus), on comprend qu'ils puissent estomper les difficultés liées à la
distinction micro/macroévolution.
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Si des mutations touchent les gènes intervenant dans une
phase précoce de l'embryogenèse, les conséquences peuvent être d'une grande
ampleur, c'est à dire de type macroévolutif, jusqu'à un changement de plan
d'organisation. En effet l'embryologie classique (von Baer) a montré que les
caractères les plus fondamentaux apparaissent avant les caractères spécialisés.
Ainsi il est remarquable que les stades embryonnaires jeunes des différentes
classes de vertébrés ne puissent être morphologiquement distingués si, comme
le disait von Baer, des étiquettes n'ont pas été collées sur le flacon. Ce
n'est que plus tard que les particularités liées aux différentes classes se
différencieront.
Les mutations intervenant plus tardivement sont de type
microévolutif portant sur des caractères n'allant pas au delà de la spéciation
(formation d'une espèce nouvelle appartenant à un même genre).
Ces quelques notions étant données, il convient, en
liaison avec la problématique qui nous intéresse, d'insister sur le hasard
et la contingence qui ne peuvent s'accorder avec le finalisme
biblique.
En son temps, le livre de J. Monod : "Le Hasard et la Nécessité" eut un immense retentissement et provoqua de vives réactions chez les spiritualistes. Si la théorie actuelle considère que le hasard a été surévalué, il n'en reste pas moins le pourvoyeur de toute nouveauté génétique ; Relisons ce qu'écrivait J. Monod en 1970 :
"Nous disons que ces altérations (mutations) sont
accidentelles, qu'elles ont lieu au hasard. Et puisqu'elles constituent la
seule source possible de modifications du texte génétique, seul dépositaire,
à son tour des structures héréditaires de l'organisme, il s'ensuit nécessairement
que le hasard seul est à la source de toute nouveauté, de toute création
dans la biosphère. Le hasard pur, le seul hasard, liberté absolu mais
aveugle, à la racine même du prodigieux édifice de l'évolution...Elle est
(cette notion) la seule concevable, comme seule compatible avec les faits
d'observation et d'expérience (...). Tiré du règne du pur hasard
(l'accident de mutation), il entre dans celui de la nécessité, des
certitudes les plus implacables. Car c'est à l'échelle macroscopique, celle
de l'organisme qu'opère la sélection". J. Monod
Si nous en restons au plan scientifique, nous sommes de
jeunes enfants du hasard. "A chaque étape de l'histoire qui conduit jusqu'à
nous, les possibilités d'extinction de nos ancêtres ont été grandes. Dans l'évolution
des espèces, rien n'est obligatoire et le hasard des mutations et des
circonstances environnementales joue un rôle majeur déterminant." (F.
Chaline).
Si donc nous sommes enfants du hasard et de la contingence,
la question de l'apparition de l'homme sur la terre est en totale contradiction
avec l'enseignement biblique selon lequel l'homme apparaît d'un coup, voulu par
Dieu qui d'un souffle anime la matière (de même d'ailleurs pour les autres espèces,
animales et végétales.
La paléontologie humaine apporte de nombreuses
preuves de la réalité de l'évolution. Le fait le plus parlant est la
constatation que sur 5 ou 6 millions d'années (à partir d'Australopithecus
afarensis, jusqu'à l'homme moderne, les espèces fossiles retrouvées sont
de moins en moins simiesques donc de plus en plus humaines. Même si le progrès
est parfois brusque, la paléontologie nous offre de nombreuses marches entre la
première, (l'ancêtre le plus lointain) et la dernière (celle d'Homo
sapiens). L'escalier des évolutionnistes avec ses nombreuses marches n'a
rien à voir avec l'escalier à deux marches des théologiens modernes: la
marche de l'animalité d'une part et la marche de l'humanité d'autre part,
avec, entre les deux, intervention de Dieu pourvoyeur d'âme fondatrice de la spécificité
humaine.
On attend toujours des théologiens progressistes qu'ils
situent parmi les homininés fossiles la coupure animal/homme. Leurs écrits à
ce propos, par ailleurs si prolixes dans la démoniaque tentative d'accorder
leurs dogmes à la science de l'évolution, sont lumineusement parlants par leur
brièveté. Ce problème de frontière est devenu un énorme casse- tête théologique
voire une quadrature du cercle théologique car les progrès de l'éthologie
animale sont venus pulvériser la plupart des critères humains annoncés.
Parlons-en brièvement.
L'éthologie de laboratoire, mais surtout
celle de milieu naturel, cette dernière en particulier initée par des femmes
éthologues (Les "anges de Leakey" : Jane Goodal pour les chimpanzés,
Diane Fossey pour les gorilles et Biruté Galdikas pour les orang-outans) ont
fait tomber le mur que la pensée judéo-chrétienne avait érigé entre
animalité et humanité. La réflexion contemporaine sur les critères annoncés
du propre de l'homme a conduit à une véritable révolution, tant il devient
difficile de trouver chez l'homme des spécificités absolument inédites et
originales. C'est ainsi que des critères comme la conscience, le rire,
les outils, le langage, la culture ont été relativisés, tant les données
actuelles parlent contre une discontinuité, un hiatus entre animalité
simiesque et humanité. Presque tout ce qui est typiquement humain est en germe
chez les singes qui sont biologiquement les plus proches de nous. (Cette absence
de frontière est évidemment un fort argument en faveur de la conception évolutive.)
Par ailleurs les données de la biologie moléculaire, avec
l'étude comparative de l'ADN et des protéines qu'il détermine, ont bien mis
en évidence la très proche parenté entre les chimpanzés les bonobos et
l'homme.
Les conséquences scientifiques de tout cela ont été un
affinement de la classification zoologique. Nous ne sommes plus les seuls représentants
de la famille des hominidés, les systématiciens y ont inclu les grands singes,
chimpanzés et bonobos en tête. [Voir le tableau de classification des
primates].
D'un point de vue philosophique cela va très loin; j'en
donne une preuve qui vous surprendra peut-être: c'est que des débats des plus
sérieux ont eu lieu sur le statut éthique des grands singes afin de savoir si
on pouvait les faire bénéficier des droits de l'homme!
Quoi qu'il en soit de cette question, bien des scientifiques
et des philosophes battent en retraite. Par exemple Elisabeth de Fontenay,
philosophe, écrit:
"Affirmer que l'homme ne peut et ne doit pas être défini
apparaît donc comme la seule façon, éthiquement, politiquement et
scientifiquement convenable de procéder."
Toutes ces données modernes sur l'homme sont autant de
"gifles" à l'encontre de la conception biblique.
Unissant leurs résultats, la paléontologie et la biologie
moléculaire proposent des sortes d' arbres généalogiques (arbres phylogénétiques)
de plus en plus précis.
Essayons justement, maintenant, de raconter la longue émergence
de l'homme à partir de l'animalité. Plus nous remontons dans le temps plus
notre vision des origines devient floue; le manque de fossiles au-delà de 8
millions d'années rend le discours très conjectural.
Entre -8M et -5M (millions d'années), on situe la
bifurcation ayant conduit d'une part aux singes les plus proches de l'homme,
gorille, chimpanzé, bonobo (sous-famille des Paninés) et d'autre part à la
sous-famille des Homininés dont nous sommes actuellement les seuls représentants
vivants.
L'hominidé fossile le plus ancien connu aujourd'hui (car
tout n'est que provisoire dans cette vaste construction phylogénétique) est le
"fossile du millénaire" trouvé au kénya; Orrorin tugenensis,
le critère d'humanisation étant ici une bipédie nettement affirmée. (Nous
laissons de côté le récent fossile Tumaï dont le statut est encore
discuté.)
Une remarque s'impose ici à l'adresse des croyants ; La bipédie
est très ancienne; Elle est apparue subitement, certainement dictée par des gènes
architecte. Le cerveau, par contre, n'était pas à la hauteur de ce
bouleversement morphologique. Il est d'abord resté petit, un peu plus
volumineux que celui du singe. La grosse tête est venue après la bipédie, ce
qui n'a pas manqué de heurter la sensibilité judéo-chrétienne et a fait dire
au grand préhistorien Leroi-Gouhran, non sans humour, que nous étions prêts
à tout accepter, sauf d'avoir commencé par les pieds. Le croyant adepte
de l'évolution doit donc penser que cela a été voulu par Dieu, peut-être
pour l'appeler à plus d'humilité!
Après -5M la multiplication des fossiles de genre
australopithèque (dont la célèbre Lucy est l'exemple emblématique), est
venue singulièrement compliquer la construction phylogénétique. Je laisserai
donc de côté les discussions entre spécialistes pour ne mentionner qu'une
conception (qui bien sûr demeure hypothétique), celle d'Y. Coppens qui sépare
les homininés en deux lignées: la lignée des australopithèques et
la lignée humaine.
Alors quand peut-on admettre que l'homme (le genre Homo)
ait émergé de ses prédécesseurs encore tant simiesques? Si cela est un énorme
problème pour le théologien, c'en est aussi un pour le paléoanthropologue car
tout va dépendre de la représentation qu'il se fait de l'homme! La bipédie
dont je parlais ci-dessus n'est évidemment pas un caractère suffisant. Il ne
suffit pas d'être un mammifère bipède pour être un homme! La grosse
difficulté actuelle est que le monument des critères propres à l'homme se
fissure de partout. Il sera donc nécessaire d'associer le plus grand nombre
possible de critères pour conclure au statut d'humanité. Au niveau des seuls
fossiles il s'agira de passer en revue toutes les caractéristiques anatomiques.
Un autre critère sera précieux, celui de l'outillage associé aux fossiles;
suivant son degré de complexité la position systématique sera affiné. Encore
que l'outil ne soit plus le propre de l'homme. Les chimpanzés effeuillent des
branches afin de sélectionner une brindille qui servira à la capture de
termites. Une stratégie est donc ici mise en œuvre. Des galets sont utilisés
pour casser des fruits secs. Ces outils, abandonnés après usage, peuvent même
être réutilisés, lors d'un retour sur les mêmes lieux. Chimpanzés et
bonobos montrent donc l'absence de coupure, de discontinuité, de hiatus
entre paninés et homininés; ce fait milite donc pour une parenté évolutive.
Si l'on voulait que l'outil soit le propre de l'homme il faudrait en donner une
définition appropriée. L'outil humain est un objet issu d'une matière première
travaillée, transformée en vue d'une fin précise. C'est aussi un objet que
l'on cherche à améliorer et à conserver: Leroi Gourhan disait que l'outil
"résume et prolonge la pensée de toutes les générations précédentes".
Depuis la classification de Linné (1858), il a fallu
ajouter des critères suite à la découverte, au 20ème siècle,
d'hominidés fossiles, les australopithèques en particulier. On se fonde
surtout sur les caractéristiques de la tête: crâne, face, le volume crânien
étant déterminant et devant être, en moyenne, supérieur à 600 cm3.
L'outillage associé consiste en outils en pierre taillée, encore rudimentaires
(galets peu retouchés).
Selon les critères retenus les formes les plus anciennes
ayant été dignes de mériter le nom de genre Homo, remontent à –2,5
milliards d'années; ce sont : Homo habilis et Homo
rudolfensis (mais le statut d'Homo est encore fragile et discuté,
au regard d'une découverte récente d'Australopithecus garhi associé à
des outils de pierre taillée).
Les premiers hommes incontestables
sont les Homo ergaster apparaissant vers –2M d'années suivis
des Homo erectus et Homo heidelbergensis puis enfin
des Homo neandertalensis et Homo sapiens. Que le
lecteur étudie la figure ci-dessous et il se convaincra que la réalisation d'Homo
sapiens ne s'est pas faite d'un coup de baguette magique créatrice.
Apparition |
> 6 MA |
> 2,5 MA |
> 1,3 MA |
> 100 000 ans |
> 35 000 ans |
|
Australopithecus
sp. |
Homo habilis |
Homo erectus |
Homo (sapiens) neandertalensis |
Homo sapiens sapiens |
Taille |
120 |
120 |
140 - 160 |
165 - 175 |
165 |
Volume du cerveau (en cm3) |
450 |
650 - 800 |
800 - 1200 |
1600 |
1450 |
Outillage |
|
¬
Premiers outils façonnés |
¬
Bifaces |
¬
Bifaces et outils en éclat de silex |
¬
Outils en os et bois de renne, de pierre polie et de métal |
Faits
de civilisation |
|
¬
Vie en petits groupes |
¬
Dans toutes les régions, même tempérées |
¬
Développement des rites funéraires |
¬
Peintures, sculptures, gravures |
En pensant au récit de la Genèse, il serait maintenant intéressant
de savoir à quel moment et pour quelle forme fossile le croyant parle d'homme
digne de ce nom, de l'homme considéré comme voulu par dieu, doué de cette
liberté et de cette responsabilité, en faisant un interlocuteur à part entière,
dans ses relations spirituelles avec son créateur!
La science nous apprend une hominisation progressive alors
que la création est immédiate; On ne voit pas comment ces deux conceptions
pourraient être conciliables! Paul Chauchard dans son ouvrage: "La Science
détruit-elle la Religion?" écrit ceci: "Pratiquement à l'origine,
l'homme paraît très proche de l'animal parce qu'il n'a pas encore appris à se
servir culturellement de son cerveau; il n'a pas un vrai langage développé,
mais une simple possibilité d'articulation qui permettra ce langage et le
permettrait déjà si le langage social existait. On sait mal où l'homme
commence, mais il est certain qu"il a commencé; biologiquement il n'y a
pas de transitions s'il y a des espèces intermédiaires. On est homme, c'est-à-dire
on a les aptitudes cérébrales humaines ou on ne l'est pas". Alors, parmi
les espèces fossiles citées, lesquelles seraient humaines? Le critère du
"langage social" désignerait les néandertaliens et les hommes de
Cro-Magnon, ces derniers à plus forte raison, vu leur activité artistique.
Mais il faudrait alors laisser dans l'animalité les Homo erectus
manifestement humains comme en témoignent les outils qu'ils ont laissés,
bifaces retouchés, outils sur éclats. Aujourd'hui tous les paléontologues
sont d'accord pour accorder avec certitude, le genre Homo, au moins à partir d'Homo
ergaster, d'apparition plus ancienne qu'Homo erectus.
|
De plus, dans l'optique catholique, doit exister une vaste
unité du genre humain du fait de l'existence d'un unique couple originel, Adam
et Eve: le créationnisme biblique est monogéniste. Ce monogénisme a
participé au modelage de notre mentalité collective et jusqu'à une période récente
la schématisation phylogénétique a été marquée par le postulat de l'ancêtre
commun. L'accumulation de fossiles retrouvés a conduit à des représentations
actuelles sans doute plus conformes à la réalité. A la conception d'une évolution
linéaire, quoique ramifiée, succède aujourd'hui une conception buissonnante.
Bien que rien ne soit prouvé, la tendance actuelle est plutôt au polygénisme.
La science est en train de se dégager du monogénisme biblique.
Si le polygénisme apparaît anti-biblique car atteignant
l'unité du genre humain, une autre discussion moderne menace la Bible également;
elle a trait au statut actuel des hommes de Néandertal par rapport aux hommes
modernes. [voir
page "Deux espèces humaines"]
Pie XII a traité de la question du monogénisme/polygénisme. Dans l'encyclique "Humani Generis" (1950) il écrit :
"Mais quand il s'agit d'une autre vue conjecturale
qu'on appelle le polygénisme, les fils de l'Église ne jouissent plus du tout
de la même liberté. Les fidèles en effet ne peuvent pas adopter une théorie
dont les tenants affirment ou bien qu'après Adam il y a eu sur la terre de véritables
hommes qui ne descendaient pas de lui comme du premier père commun par génération
naturelle, ou bien qu'Adam désigne tout l'ensemble des innombrables premiers pères"...
En effet on ne voit absolument pas comment pareille affirmation pourrait
s'accorder avec ce que les sources de la vérité révélée et les actes du
magistère de l'Eglise enseignent sur le péché originel, lequel procède
d'un péché réellement commis par une seule personne, Adam, et qui
transmis à tous par génération, se trouve en chacun comme sien."
Pie XII a très bien vu le problème: si les scientifiques
ont raison, l'Eglise a tort, or en matière de doctrine elle est infaillible!…Si
l'homme n'a pas été voulu d'emblée parfaitement réussi, placé dans les
meilleures conditions terrestres pour exercer sa liberté, le dogme du péché
originel s'effondre, entraînant dans sa chute, celui de la rédemption qui lui
est intimement lié. C'est donc le cœur de l'édifice dogmatique qui s'écroule
et ses promoteurs deviennent alors des mystificateurs. Dès la publication
du livre de Darwin l'Église a bien sûr tout de suite repéré le danger et a
commencé par honnir ce fruit de la "fausse science", la vraie étant
celle qui est en accord avec les dogmes de l'Eglise. (Le concile Vatican I est
sans ambiguïté là-dessus)
Il est donc aisément compréhensible que l'Eglise ait
commencé par tirer à boulets rouges sur la théorie de l'évolution.
***
Illustrations
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Scène
australopithecus |
Scène néanderthal |
Scène
cro-magnon |
Crâne néanderthal |
Chapitres à venir :
[1] Trois chapitres restent à venir. Texte piqué sur : http://www.lemanlake.com/french/sciences_bruno_1.htm