Chants révolutionnaires

 

Chant de l'Internationale

Fils du travail obscur, farouche,
Debout à la face du ciel !
Viens que ton coeur et que ta bouche
Proclament ton droit immortel.
Plus de parias, plus d'ilotes,
Regarde l'avenir prochain
Plus de tyrans, plus de despotes,
Devant le peuple souverain.

REFRAIN
Le drapeau de l'Internationale
Sur l'univers est déployé
C'est la révolution sociale,
c'est la révolution sociale,
Par le travail et la fraternité.
C'est la révolution sociale,
c'est la révolution sociale,
Par le travail et la fraternité.


Que veut dire ce mot : Patrie
Que veut dire ce mot : soldat,
La guerre n'est qu'une infamie,
La gloire un grand assassinat.
Avec l'enclume et la charrue
II faut combattre désormais :
Que l'univers entier se rue
Sous la bannière du progrès.

Le travail, c'est la loi commune,
Le devoir : aimer son prochain.
Que la misère ou la fortune
N'arment plus le bras d'un caïn !
Le hasard fait le prolétaire,
La richesse est un bien d'en-haut
Il faut citoyen sur la terre,
L'égalité pour seul niveau.

Religion, divine flamme,
Des mondes sublime flambeau,
Partout c'est l'ignorance infâme
Qui s'abrite sous ton drapeau ;
Tes ministres qu'on doit maudire,
Peuvent dérober la clarté,
Les peuples apprendront à lire
Au livre de la liberté.

Rois vous élevez des frontières
Séparant peuples et pays,
Et de tous les peuples, des frères,
Vous avez fait des ennemis ;
Ce n'est plus la bête de somme
Des tyrans subissant des lois
Le peuple avec les DROITS DE L'HOMME
Va briser le sceptre des rois.

Laboureur, paysan, la terre
C'est ton outillage, ton pain ;
L'ouvrier des villes ton frère
Ne demande pas d'autre bien.
Le travail ne veut plus d'entrave
Plus de veau d'or, plus d'exploiteur,
Le Capital n'est qu'un esclave
Le vrai roi, c'est le travailleur.


Remarques :

1871
paroles : Paul Burani et Isch-Wall
musique : Antonin LOUIS
Ne pas confondre avec l'Internationale de Pottier et Degeyter.

Selon une remarque des auteurs, on peut ne pas bisser les trois derniers vers du refrain.


Chant international

Debout les damnés de la terre !
Les despotes épouvantés
Sentant sous leurs pas un cratère,
Au passé se sont acculés.
Leur ligue folle et meurtrière
Voudrait à l'horizon vermeil
Eteindre l'ardente lumière
Que verse le nouveau soleil,

Refrain

Debout, debout, les damnés de la terre !
Ceux qu'on écrase en les charniers humains,
Debout, debout, les forçats de misère !
Unissons-nous, Latins, Slaves, Germains.

Que la troisième République
Se prostitue au tsar pendeur ;
Qu'une foule extralunatique
Adore l'exterminateur !
Puisqu'il faut que tout disparaisse,
Peu nous importe ! C'est la fin,
Partout les peuples en détresse
S'éveillent se donnant la main,

Bons bourgeois que César vous garde,
César aux grands ou petits bras :
Pape, République batarde ;
les tocsins sonnent votre glas
Rois de l'or hideux et féroces.
Les fiancés que vous tuez
Demain auront de rouges noces.
Tocsins, tocsins, sonnez, sonnez.

Les potentats veulent la guerre
Afin d'égorger leurs troupeaux :
Pour cimenter chaque frontière
Comme on consacrait les tombeaux.
Mais il vient le temps d'Anarchie
Où, dans l'immense apaisement,
Loups de France et de Sibérie,
Loups humains jeûneront de sang,


Remarques :

date : texte publié dans l'Almanach du Père Peinard de 1897
paroles : Louise Michel
musique : air de Wach am Rhein


Le Drapeau rouge


Dans la fumée et le désordre,
Parmi les cadavres épars,
Il était du parti de l'ordre
Aux massacres du Champ-de-Mars.

Refrain
Le voilà, le voilà, regardez !
Il flotte et fier il bouge
Ses longs plis au combat préparés.
Osez le défier
Notre superbe drapeau rouge,
Rouge du sang de l'ouvrier (bis)

Mais planté sur les barricades
Par le peuple de Février,
Lui, le signal des fusillades,
Devient drapeau de l'ouvrier.

Puis quand l'ingrate République,
Laissa ses fils mourir de faim,
Il rentra dans la lutte épique,
Le drapeau rouge de juin.


Sous la Commune, il flotte encore
A la tête des bataillons :
Et chaque barricade arbore
Ses longs plis taillés en haillons !


On crut qu'à Berne en république,
Il pouvait passer fièrement ?
Mais par le sabre despotique,
Il fut attaqué lâchement.

Ce drapeau que le vent balance
Devant un cortège ouvrier
C'est lui ! glorieux il s'avance
En triomphe dans Saint-Imier.


Remarques :

1877
paroles : Paul Brousse
musique : Air patriotique suisse Armons-nous enfants de l'Helvétie

Écrit à l'occasion de la commémoration de la Commune à Berne, le 18 mars 1877.
Les deux derniers couplets furent rajoutés par Brousse après des échauffourées qui eurent lieu en août à Saint-Imier lors du congrès de la fédération jurassienne de l'AIT.

On chante généralement, dans le refrain, Il flotte et fièrement il bouge


Heureux Temps

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les humains joyeux auront un gros coeur
Et légère panse.
Heureux on saura - sainte récompense -
Dans l'amour d'autrui doubler son bonheur ;
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les humains joyeux auront un gros cœur,

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
On ne verra plus d'êtres ayant faim,
Auprès d'autres ivres :
Sobres nous serons et riches en vivres ;
Des maux engendrés ce sera la fin.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Tous satisferont sainement leur faim.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Le travail sera récréation
Au lieu d'être peine.
Le corps sera libre et l'âme sereine
En paix fera son évolution,
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Le travail sera récréation

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nos petits enfants auront au berceau
Les baisers des mères ;
Tous seront choyés, tous égaux, tous frères ;
Ainsi grandira ce monde nouveau.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nos enfants auront un même berceau.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les vieillards aimés, poètes-pasteurs,
Bénissant la Terre
S'éteindront béats sous le Ciel-Mystère,
Ayant bien vécu loin de ses hauteurs.
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Les vieillards seront de bien doux pasteurs.

Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nature sera paradis d'amour,
Femme souveraine !
Esclave aujourd'hui, demain notre reine,
Nous rechercherons tes "ordres du jour".
Quand nous en serons au temps d'anarchie,
Nature sera paradis d'amour.

Il semble encore loin ce temps d'anarchie,
Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.
Une foi profonde
Nous fait entrevoir ce bienheureux monde
Qu'hélas notre esprit dessine à tâtons.
Il semble encore loin ce temps d'anarchie,
Mais, si loin soit-il, nous le pressentons.


Remarques :

date : 1895
paroles : Paul Paillette
musique : Air du Temps des Cerises

L'Insurgé

A Georges Proteau

L'insurgé !... son vrai nom, c'est l'Homme,
Qui n'est plus la bête de somme,
Qui n'obéit qu'à la raison,
Et qui marche avec confiance,
Car le soleil de la science
Se lève rouge à l'horizon.

Refrain
Devant toi, misère sauvage,
Devant toi, pesant esclavage,
L'insurgé
Se dresse, le fusil chargé !

On peut le voir aux barricades
Descendre avec les camarades,
Riant, blaguant, risquant sa peau.
Et sa prunelle décidée
S'allume aux splendeurs de l'idée,
Aux reflets pourprés du drapeau.

En combattant pour la Commune
II savait que la terre est Une,
Qu'on ne doit pas la diviser,
Que la nature est une source
Et le capital une bourse
Où tous ont le droit de puiser.

Il revendique la machine
Et ne veut plus courber l'échine
Sous la vapeur en action,
Puisque l'Exploiteur à main rude
Fait instrument de servitude
Un outil de rédemption.

Contre la classe patronale
II fait la guerre sociale
Dont on ne verra pas la fin
Tant qu'un seul pourra, sur la sphère,
Devenir riche sans rien faire,
Tant qu'un travailleur aura faim !

A la Bourgeoisie écoeurante
II ne veut plus payer la rente :
Combien de milliards tous les ans ?...
C'est sur vous, c'est sur votre viande
Qu'on dépèce un tel dividende,
Ouvriers, mineurs, paysans.

Il comprend notre mère aimante,
La planète qui se lamente
Sous le joug individuel ;
II veut organiser le monde,
Pour que de sa mamelle ronde
Coule un bien-être universel.

Paris, retour d'exil, 1884.


Remarques :

paroles : Eugène Pottier
musique : Pierre Degeyter


Leur bon dieu

Au citoyen Joseph Durand, de Lyon

Dieu jaloux, sombre turlutaine,
Cauchemar d'enfants hébétés,
Il est temps, vieux croquemitaine,
De te dire tes vérités.
Le Ciel, l'Enfer : fables vieillottes,
Font sourire un libre penseur.
Bon dieu des bigotes,
Tu n'es qu'un farceur.

Tu nous fis enseigner par Rome
En face du disque vermeil,
Que Josué, foi d'astronome,
Un jour arrêta le soleil.
Ton monde, en six jours tu le bâcles,
0 tout-puissant Ignorantin.
Bon dieu des miracles,
Tu n'es qu'un crétin.

La guerre se fait par ton ordre,
On t'invoque dans les deux camps.
Comme à deux chiens prêts à se mordre,
Tu fais kss kss à ces brigands.
Les chefs assassins tu les sacres,
Tu les soûles de ta fureur.
Bon dieu des massacres,
Tu n'es qu'un sabreur !

On connaît tes capucinades
Et l'on te voit, mon bel ami,
Te pourlécher des dragonnades.
Humer les Saint-Barthélémy.
Bûchers flambants font tes délices,
Tu fournis la torche à Rodin.
Bon dieu des supplices,
Tu n'est qu'un gredin.

Macaire t'a graissé la patte.
Larrons en foire sont d'accord.
Saint Pierre tire la savate
Sitôt qu'on s'attaque au veau d'or.
Des compères de Bas-Empire,
C'est encor toi le plus marlou,
Bon dieu des vampires,
Tu n'es qu'un filou.


Remarques :

1884
paroles : Eugène Pottier
musique : Émile Bouillon


Ni dieu ni maître

Nous ne voulons ni dieu ni maître
Entravant notre liberté,
Mais nous voulons voir apparaître
Le soleil de l'égalité.
Pendant que le peuple sommeille,
Le canon vient de retentir,
Mais l'insurgé se réveille
Et sa bombe est prête à partir.

Refrain :
Debout, frères de misère !
Debout et plus de frontières !
Révoltons-nous contre les affameurs !
Pour écraser la bourgeoisie,
Et supprimer la tyrannie,
Il faut avoir du cœur,
Il faut avoir du cœur,
De l'énergie !

Ceux qui possèdent la richesse,
En ce monde pour nous fatal,
Ont seuls le droit à la paresse
En détournant le capital.
Grâce à la valeur monétaire,
Le travail se voit accablé,
Lève-toi donc prolétaire,
Et reprends ce qu'on t'a volé !

Pour les vampires de la patrie,
Nous sacrifions notre bonheur.
Propageant cette idolâtrie,
Ils voudraient pourrir notre cœur.
Serons-nous toujours les victimes
Des dirigeants, des vils coquins ?
Non, non. Arrêtons tous ces crimes
Par la mort des chefs assassins !

Allons debout Jacques Bonhomme,
Lève ton front plein de sueur ;
A toi, qui fus bête de somme,
A toi le prix de ton labeur !
Vieux révolté que rien n'effraie,
Pour te faire un sort plus heureux,
De tes champs arrache l'ivraie
Fauche les épis orgueilleux !

A bas les revenants de Coblence,
Les Pandores, les Prétoriens !
A bas cette criminelle engeance
De fusilleurs de Flamidiens !
Sur tous les fauteurs de carnage,
Frappe encor, frappe, justicier ;
Car seul finira l'ouvrage
Un quatre-vingt treize ouvrier !


Remarques :

date : 1892
paroles : Anonyme et ajouts d'Achille Le Roy
musique : ?


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