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Le petit chinois (Conte poétique)
Sans titre ( Le soleil doit sûrement briller dans le ciel d'azur)
(Il est des couloirs de la mort)
Moi et… un certain autre
Moi
Je suis resté celui que j'étais
Je suis toujours
Moi
Toi
L'ami
Tu es devenu
L'autre
Non pas l'autre de l'altérité
Cet autre moi en quelque sorte
Qui me ressemble par ses différences
Non
Cet autre
De la différence
Cette différence
Qui ne se partage pas et qui n'est donc pas enrichissement mutuel
Et
Au-delà
Ressemblance
Cette différence
Qui sépare
Qui distingue
Qui coupe
Qui retire
Qui oppose
Et qui
Finalement
Exclue
Le moi
Le même moi que je suis resté
Et qui n'est donc plus
Ton autre
En devenant cet autre
En te transformant
En renaissant à toi-même
Pour devenir celui que tu étais
Mais que je voulais pas voir
Tant d'amitié j'étais aveugle
Tu as laissé sur le bord de cette route
Qu'ensemble nous avions empruntée
Cette route de l'illusion
Et de la difficulté
Qui nous a fait traverser tant d'adversités
Au bord de cette route donc
Tu as laissé une page blanche
Celle de la mémoire noyée dans l'oubli
A présent
Te voilà
Tel un pantin
Agiter le hochet de ce paraître dans lequel tu te complais à être
Sans prendre gare aux ficelles
Que d'autres agitent
Pour que
Tu puisses t'agiter sur la scène de l'illusion
Ces ficelles
Qui sont autant de laisses menant à ce collier
Que;désormais tu portes
Sans savoir qu'il est
Étrangleur
Ces ficelles
Qui
Un jour
Inéluctablement
Seront coupées
Et sans lesquelles alors
Tu ne pourras plus
T'agiter
Même seulement dans le paraître
Parce que
Tout simplement
Tu auras désappris à être
TOI
Alors
Il sera trop tard
Pour revenir sur tes pas
Jusqu'au bord de cette route
Afin d'y chercher la page blanche de ta mémoire
Et d'essayer de la réécrire
Avec l'encre du souvenir des autres
Et de me faire ressurgir
Du bannissement de ton paraître
Il sera trop tard
Car
Quand bien même tu ferais revenir mon souvenir à la surface de ta mémoire
Bien qu'étant toujours
MOI
Pour toi
Parce qu'ailleurs
Je serai pour toujours
Non pas l'autre
Non pas un autre
Mais
L'ABSENT
5 juillet 2001
La solitude
La solitude, c'est…
Une blessure faite à la vie parce qu'elle est blessure et souffrance d'une vie
Un ici qui est toujours ailleurs, autrement dit nulle part
Un maintenant qui est toujours plus tard, une autre fois, c'est-à-dire jamais
Une prison dans les barreaux sont l'absence de l'autre
Une main désespérément tendue à travers la froidure d'une nuit sans lendemain
Et qui reste tragiquement ballante
Comme un pantin désarticulé
Ou bien
Que l'on retire
De cette étreinte du vide
Broyée, écrasée, meurtrie
Par celles/ceux qui ne s'en étaient saisis
Que pour mieux s'en servir
Et la rejeter leur besoin satisfait
Le silence comme seul écho aux cris que l'on lance
Et qui restent muets
Parce nul mot ne peut dire l'indicible
Une larme qui sèche au coin d'un œil aveuglé de ne plus voir
Une gare fantôme où l'on attend sur un quai vide un train qui ne viendra jamais
Parce qu'il n'est jamais parti
Le mal-être de trouver tant de sens dans la vie
Et de ne plus en trouver
Ou du moins en ressentir
Dans sa propre vie
Une page qui reste blanche parce qu'elle porte le deuil d'une histoire à inventer
Un puits sans fond
Dans lequel on a été jeté
Après avoir été expulsé de la mémoire des autres
Un chemin que l'on suit
En se demandant bien pourquoi
Et cette terrible envie qui colle au ventre
De s'arrêter
Là
Au bord de ce chemin sans fin
Pour regarder passer le temps
Pour s'écouter mourir de ce que l'on ne sait pas/plus être
La solitude c'est encore
Une plage qui n'est pas une plage mais un désert
Puisque la mer s'en est allée vers d'autres rives
Un champ qui n'est que de ruines
Et dont les seules moissons sont ceux de la peine
De l'amertume
De la colère
De la révolte
C'est un drapeau que l'on brandit sur une barricade
Qui n'est pas à défendre
Puisque personne ne veut la prendre
C'est une vie
Qui
Comme une cigarette
Doit être jetée avant la fin
Pour ne pas se brûler les doigts
C'est un cercueil éventré
Jeté aux milieux d'immondices
Et qui reste vide
Lui aussi
Car pour mourir
L'un a encore besoin de l'autre
C'est une vie qui n'est pas la vie
Une mort qui n'est pas la mort
C'est une attente
Attente de la vie
Attente de la mort
C'est l'ivresse des illusions
De ces illusions qui bercent l'intelligence
De la naïveté de croire aux beaux mots que disent les autres
Pour mieux vous abuser
Pour mieux vous détruire
Pour mieux vous anéantir
Pour mieux vous aliéner de votre seule richesse
Votre humaine individualité
Ces mots qui sonnent
Amitié
Loyauté
Amour
Partage
Générosité
Honnêteté
Franchise
Bref tous ces leurres qu'on agitent sous vos yeux
Dans le creux de votre cœur
Pour que la raison endormie
Vous ne soyez même plus victime de qui/que ce soit
N'étant plus
Rien
La solitude c'est aussi
Le rêve qui prend le pas sur le réel
Et qui vous affuble des oripeaux grotesques d'un Don Quichotte
Sans horizon
Ni même le moindre moulin à combattre
Et
Bien sûr
Sans aucune Dulcinée
C'est une vigne qui ne donne plus de vin
Mais du sang
Celui de votre vie
Qui vous fuit
C'est un cœur
Qui ne cesse de battre la démesure d'un temps qui n'en finit pas de s'étirer
C'est un murmure qui hante les couloirs de la mémoire
Un murmure dont on ne sait plus s'il est question ou réponse
Tant
Inlassablement répété
Il n'est plus son
Mais bruit
Bruit d'une fureur
D'une fureur qui n'est pas celle de la vie
Mais de la mort
Cette mort
Que l'on attend
Que l'on guette
Que l'on appelle
Que l'on espère
Que l'on veut souvent précipiter
Puisqu'elle est la seule rencontre
Que l'on puisse faire
Dans
La
SOLITUDE
6 juillet 2001
Vous
Qui m'avez jeté dans le tiroir de l'oubli
Qui m'avez condamné à l'oisiveté forcée
Qui m'avez dénié toute reconnaissance
Pour tout ce que j'ai fait pour vous
A mon initiative
À votre demande
Et parfois aussi sur ordre
Qui m'avez fait douter de moi-même
Qui m'avait occulté de votre ignorance
Qui m'avez menti
Qui m'avez déçu
Qui m'avez trahi
Qui m'avez promené d'illusions en espoirs
Et de désillusions en désespoirs
Qui m'avez souillé de vos mensonges et de votre hypocrisie
Qui avez scellé de votre indifférence ma silencieuse supplique
Qui m'avez banni de cette place
Pourtant pas bien grande
Et sûrement pas gênante
Où je me tenais à croire que je pouvais être
Du moins socialement
Qui m'avez bafoué et meurtri dans ma dignité
Qui m'avez spolié de chaque moment que vous m'avez contraint à passer à attendre
Qui n'avez voulu ni me voir ni m'entendre
Et encore moins m'écouter
Qui avez toujours su me demander
Pour me prendre
Toujours et encore
Sans la moindre honte
Sans le moindre scrupule
Sans jamais partager quoi que ce soit d'autre que votre ingratitude
Que votre égoïsme
Un jour
Je vous dirai
Ma HAINE
Et ce ne sera pas qu'un simple coup de gueule
6 juillet 2001
De la naissance à la mort
Attente
Attente d'un ici
Toujours ailleurs
Attente
D'un maintenant
Toujours après
Plus tard
Attente
De l'autre
Attente
De soi
Attente
De moi qui n'en finit plus de mourir à moi
À soi
Attente de
L'attente
Attente
De la fin de l'attente
Attente
Du réveil au réel
Englué dans le cauchemar d'un rêve inventé pour fuir le réel
Attente
D'autre chose
Attente
De je ne sais quoi
De je ne sais trop qui
Attente
D'en finir avec cette attente
Qui n'en finit pas d'attendre
Le commencement de la fin
À moins que cela ne soit la fin du commencement
Attente de faim de soif
De rire de pleur
De peur de joie
De tout de rien
Attente
Aveugle
Sourde
Muette
Silencieuse
Attente
Emmurée dans le mot mort-né d'une pensée malade d'elle même
Attente
Prisonnière du battement d'un cœur rythmant la perte de sens
Muselant la main de toute étincelle d'envie de faire
Défaisant ce qui n'a même pas été fait
Refaisant ce qui ne sera jamais fait
Attente
De l'être
Perdu dans le labyrinthe d'une âme malade de ne pas savoir être
Des joies simples oubliées sur le quai d'un port d'où je ne suis jamais parti
Mais où
Pourtant
Sans cesse je retourne
Pour rêver de ce voyage que je ne ferai mais
La vie
Attente
Cœur mort dans un corps mourant
Esprit mourant dans un corps trop vivant
Attente
De ce point final qui ponctuera
Enfin
Cette phrase si mal écrite
Que personne ne lira jamais
Et qui
Aura été celle d'une survie
De la survie mécanique
De cette horloge biologique
Qu'est
L'attente
10 juillet 2001
Des rires étranglés
Des sourires désappris
Des joies perdues
Un bonheur exilé de tous les possibles
Des rêves gangrenés du nécessaire réveil
Des sommeils galvaudés dans des lits de fatigue
Des larmes qui sont comme des couteaux plantés dans l'œil
Des jours sans nuit et des nuits sans jour
Du sang giclant de cette plaie béante qui ne se fermera jamais
La naissance
Des lumières obscures sondant le gouffre de la mémoire
Des nuages promenant leur ennui sur les remparts d'un horizon inaccessible
Des étoiles bruissant de tristesse
Des hurlements brisant les chaînes de la raison
Des blessures nées de l'union malheureuse de l'illusion et du mensonge
Des silences lourds de moissons qui ne seront jamais faites
Le poison visqueux d'une histoire sans fin
Des souvenirs transis du froid de la solitude
Une souffrance qui colle à la peau
Il pleut
Des mots
Des mots de révolte
De désespoir
D'amertume
De chagrin
De mélancolie
Il pleut
Des mots
Et
Seul
Je regarde cette pluie de mots
S'évanouir
Inutilement
Dans le désert de ma solitude
10 juillet 2001
Le soleil doit sûrement briller dans le ciel d'azur
Pourtant
Je ne le vois pas
Parce que je suis aveugle
Pas vraiment aveugle de cécité
Juste que mes yeux ne voient plus dehors
Mais dedans
Et qu'en moi ils ne voient que le silence et l'obscurité de ce vide infini
Qui est moi
En moi
Comment cela est-il arrivé
Je ne le sais pas vraiment
Ce que je sais seulement c'est qu'un jour
Le bruit et la fureur de la vie ont cessé de parvenir à mes oreilles
Qu'un peu plus tard
J'ai perdu le goût du sel de la vie
Que quelque temps après je n'ai plus senti les caresses du vent sur ma peau
Ainsi
J'ai perdu le sens de mes sens
Parce que j'ai perdu le sens de ma vie
C'est pourquoi
Je peuple le silence et l'obscurité de ce vide qui est en moi
De souvenirs
De souvenirs dont je bois la beauté
Non pas tant pour me rafraîchir
Que pour me nourrir de vie
De cette vie que je n'ai plus
En moi
Toutefois mes efforts restent vains
Comment apaiser cette faim de vie
Quand je n'ai que quelques miettes de beauté à lui donner
Ma vie est donc un vide
Qui
En même temps
Est un plein
Un plein de manque
Et de quelques absences aussi
Le soleil luit sans doute
Mais je ne le vois pas
Je ne vois plus rien d'autre
Que cette apparence de moi
Qui est déjà un non-moi
Un paraître et non plus un être
Celui de la simple survie
Anarchie
Dans cette traversée du désert qu'est ma vie
depuis le jour où je suis né à moi-même
et que j'ai fait le choix d'être humain
et libre
tu es cette oasis
invisible au-delà de la ligne d'horizon
et que je sais exister
puisqu'il m'arrive de la visiter en rêves
Toutefois
parfois
dans ma longue marche vers toi
Anarchie
il m'arrive de me dire que tu n'es pas
que tu ne seras jamais
parce que tu ne dois pas être
afin que les anarchistes puissent être
Les anarchistes
Mes sœurs et frères en cœur
en raison
en mécréance
en liberté
en dignité
en révolte
en bonheur
en souffrance
qui sont moi
une multitude d'autres mois
quand je suis eux
dans mon unicité
Anarchistes
qui sont l'Anarchie
les oasis de ce désert
dans lequel tant de femmes et d'hommes ont renoncés à leur humanité
préférant paraître couchés
que vivre debout
au risque de mourir couchés
quand d'autres meurent debout
Anarchie
tu es en moi
et je suis en toi
Quand le vent de l'histoire souffle vers moi
je sens tous tes parfums
j'entends ton bruit et ta fureur
mais aussi le silence de ta sérénité
de ta paix
Alors je te sais possible
et donc réelle
comme un fruit mûr s'offrant à la main de celle ou celui qui a faim
Faim de justice
d'égalité
de fraternité
de liberté
d'humanité
Mais le vent de l'histoire prend parfois d'autres directions
et s'en va se perdre dans les dédales du mensonge
de l'imposture
des croyances
du renoncement
de l'asservissement
de l'ordre assassin
liberticide
humanicide
Et de toi
je n'aperçois alors plus que cette faible lueur
cette imperceptible et impertinente étincelle
qui déchire la nuit de l'obscurantisme
et se nomme espoir
révolte
rébellion
et parfois
Révolution
Et se fait rires et larmes
joie et tristesse
sang et miel
envie et désir
singularité et solidarité
femmes et hommes
enfants et vieillards
vivants et morts
deuils et noces
combat et repos
fête et légende
Même alors
je te sais belle et désirable
quand je te devine sur le visage moqueur d'un enfant
dans le cri de celle ou celui que l'on assassine
dans la mort du résistant
dans le regard fou du poète
derrière et entre les mots
dans la hargne d'un poing levé
dans le claquement de ce drapeau noir
qui flotte comme une constante provocation
comme un refus qui s'affirme à la face de la résignation
et qui partage le sel de l'amitié
dans ce pavé jeté contre une horde de zombies uniformisés
dans la lame qui vient lécher la digue
histoire de lui dire que si elle le voulait elle pourrait la briser
dans ce chant qui monte de gorges lointaines et pourtant si proches
Et quand le doute se fait assaillant redoutable
alors
je laisse mes rêves chevaucher la vague débridée de l'instant
et je te nomme sur les murs des prisons
sur les portes de tous les interdits
sur les bûchers de l'intolérance
sur l'autel de l'ordre
sur le miroir des bonnes consciences
sur le linceul de la morale
sur la stèle des apôtres de la vérité
qui est toujours leur vérité
jamais la mienne
et
Te libérant de mon cerveau
je te fais chaos
force destructrice accoucheuse de vie
Je te fais incendie
raz-de-marée
cyclone
ouragan
séisme
rire rugissant d'une révolte désespérée de tous les espoirs
porteuse de l'espérance de tous les désespoirs
Je te fais PEUR
pour que du choc de ta force libératrice
tel le soc d'une charrue traçant le sillon d'un avenir radieux
naissent celles et ceux qui restent à naître
qui ne sont toujours pas humains
et qui ne savent rien de toi
mais qui de toi ont
PEUR
Toi
Anarchie
qui est si belle
si désirable
qui est partout et nulle part
qui est ce rire joyeux
cette rage de vivre
cet émerveillement de toutes choses
cette perpétuelle invention
cette dignité indestructible
cette révolte méthodique
ce désespoir parfois
rayonnant dans et de celles et ceux dans lesquelles/elles je me reconnais
puisqu'ils sont toi
toi
Anarchie
qui est ce moi dans lequel je me reconnais
et sans lequel je ne pourrais être
11 août 2001
Il est des couloirs de la mort
Qui ne sont pas dans des prisons
Mais dans le quotidien de la solitude
La vie n'y est pas vie
Mais survie
Passée à attendre la mort
Et à compter le temps qui passe
Un temps qui comme une source que l'on aurait ni captée ni canalisée
Irait se perdre dans les sables du désert de l'attente
Alors qu'il pourrait sans doute (re)donner vie
Au jardin secret d'une de ce belles et mystérieuses oasis
Où nul voyageur ne s'aventure plus
Attendre une mort qui ne vient pas
Parce que la vie s'accroche à cette survie
Comme le lierre aux murs d'une maison abandonnée
Et qui la détruit lentement en même temps qu'il prétend l'orner de son feuillage
Attendre la mort en subissant la vie
Qui serait un voyage sans destination ni escale
Que l'on ferait avec pour seuls bagages les souvenirs d'une autre vie
Un voyage dans un wagon plombé
Sans fenêtre sur le monde
Et donc sur un possible
Possible
Avec pour seule lumière
La lueur d'une pensée qui s'évertue à penser
Comme pour mieux faire souffrir du vide et du silence dont elle est le tragique reflet
Dans ce couloir sans fin
Dont on a oublié l'entrée
Mais aussi le pourquoi le comment et le quand de cette entrée
Chaque pas fait en avant
N'est qu'un enlisement de plus dans l'immobilité de l'attente
Une attente qui n'est qu'attente sans fin
Puisque rien ni personne ne sont plus attendus
Exil intérieur au fond de soi-même
Et pourtant non loin mais à côté
Tout à côté
Dans un à coté de transparence de silence d'insipidité
D'anonymat
De ces autres dont on est irrémédiablement hermétiquement séparé par un mur
De silence
La vie est devenue une sorte de machine folle
Qui s'entête à continuer de fonctionner alors qu'elle n'a plus ni usage ni usager
Balancier qui égrène les secondes
Comme autant d'éternités
Et qui
Muet
Ni ne résonne ni ne sonne
Rien ne peut commencer puisqu'il n'y a plus de fin
Rien ne se passe tout passe
Dans un trépassement d'une infinie lenteur
Rien ne se passe ici
Puisqu'il n'y a plus d'ici quand celui-ci est devenu l'ailleurs du temps et de l'espace
Marque de l'absence de l'inexistence de la virtualité
Condamnation à mort sans accusation ni procès
Sans juge ni bourreau
Au point que son exécution devient l'espérance
L'unique espérance
L'espérance obsédée et obsédante de l'attente
Espérance qui usurpant la drapeau de la liberté
Se fait mort fine
Héroïne
D'une libération
De l'évasion du couloir de la mort
D'une mort qui se vit sans s'achever
Dans l'attente de la mort
De la vraie mort
La délivrance
Dans ce couloir de la mort
Je suis condamné à l'attente
Parce que la vie m'a mis sous perfusion
Une perfusion non létale mais vitale
Qui me fait vivre et souffrir d'une mort qui n'est pas la mort
Mais celle de l'attente
De l'attente sans fin
De l'attente vaine qui coule dans mes veines comme un cauchemar dont je ne peux m'extraire
Qui viendra jamais me débrancher
Et ainsi me sauver de ce mal qui me ronge
Nul n'entend et n'entendra mes hurlements de désespoir
Mes cris de douleur
Mes appels au secours
Mes sanglots d'horreur
Il est des morts
Dans certains couloirs de la mort
Qui ne viennent pas
Alors que la vie se dépense inutilement à l'attendre
Dans certains couloirs de la mort
Il est une mort
Qu'il faut prendre
Quand
on ne veut pas vous la donner
1er octobre 2001
A mes sœurs et
frères en anarchie
Vous que je connais pas
Qui ne me connaissez pas
Qui êtes ici ou ailleurs
D'aujourd'hui
D'hier
Ou de demain
De partout comme de nulle part
De chair et de sang
De mots et de musique
De signes et d'expressions
De joies et de bonheur
Comme de peines et de tristesse
De plaisir parfois
De souffrances souvent
De rires et de pleurs
De mains tendues et toujours
En définitive
Serrées bien fort par d'autres mains
De murmures et de hurlements
Noir(e)s comme votre drapeau qui claque au vent
Et qui fait peur parce qu'il est
Promesse
De révolte contre toutes les injustices
Toutes les inégalités
Toutes les oppressions
Toutes les répressions
Toutes les misères
Filles et fils de la liberté
En ayant toujours à cœur que votre liberté soit toujours et d'abord celle des autres
De courage
Ce courage qui vous fait assumer votre peur
Debout
Toujours debout
Quand tant d'autres se plaisent à se coucher
Du partage
De la solidarité
De la fraternité
Les amant(e)s passionné(e)s
Et passionnant(e)s
De l'humanité
Cette humanité qui est votre seule
Condition
La seule prison
Dans laquelle
Librement
Vous vous êtes enfermé(e)s
Pour résister
Au cannibalisme de l'ordre
De tous les ordres
Et pour laquelle vous êtes prêt(e)s à mourir
Afin que d'autres puissent continuer de vivre
Et de rester humain(e)s
Oui
Vous
Je vous aime
Parce que de vous aimer
Me permet de
M'aimer
13/02/2002
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